Femme, Je Te Tue 2022 DOC S03E01 : Exploration des Tragédies et des Triomphes Féminins

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00:00 ♪ ♪ ♪
00:04 En 2021, année marquée par la pandémie de COVID-19,
00:07 pas moins de 24 femmes et filles ont été assassinées au Québec.
00:12 La jeune Rebecca Harry fait partie des victimes
00:15 de cette vague catastrophique de féminicides.
00:19 Dans la nuit du 19 mars 2021,
00:21 alors que toute la province était confinée,
00:24 un homme a décidé de brutalement battre à mort cette mère
00:27 de 29 ans dans un appartement de Montréal.
00:30 Le féminicide de Rebecca Harry est le septième à survenir
00:33 au Québec depuis le début de l'année 2021.
00:36 On parle ici de sept féminicides en moins de sept semaines.
00:40 En succombant à ses blessures,
00:42 Rebecca a laissé derrière elle un petit garçon de 9 ans,
00:46 ainsi qu'une grande famille tricotée serrée,
00:49 dont elle était la Benjamin.
00:52 Rebecca et l'agresseur ne se fréquentaient
00:54 que depuis trois mois.
00:56 La vitesse fulgurante à laquelle ce meurtrier
00:58 a exercé son emprise sur sa victime n'a pas laissé le temps
01:01 à ses proches de déceler des signes de violence conjugale.
01:04 Pour saisir l'ampleur de leur choc,
01:07 je suis allée recueillir leurs témoignages.
01:10 Et moi, je suis partie à la recherche des faits
01:12 pour remonter le fil de ce meurtre ignoble
01:14 qui a été commis par un récidiviste
01:16 en matière de violence conjugale.
01:18 Ce crime d'une violence sans équivoque n'a pas empêché
01:21 la justice de réduire son chef d'accusation
01:23 à un homicide involontaire.
01:25 Si Sarah et moi avons choisi de vous raconter cette histoire,
01:29 c'est tout simplement parce que le féminicide de Rebecca Harry,
01:33 on n'a pas le droit de l'oublier.
01:36 ♪ ♪ ♪
01:39 ♪ ♪ ♪
01:44 ♪ ♪ ♪
01:47 ♪ ♪ ♪
01:53 (tocs de téléphone)
01:56 - Allô! Allô! - Allô!
01:58 - Salut! - Salut! Ça va bien?
01:59 - Ingrid! Ah, ça me fait plaisir! On se fait accueillir.
02:01 - Ah oui!
02:03 - Ah oui, on arrive.
02:05 - Ah mon Dieu! Je suis donc bien touchée!
02:07 - Des petits souvenirs que j'ai de ma soeur.
02:11 Des effets personnels un peu, comme son manteau.
02:14 Là, c'était sa pinceau pour se faire à jour.
02:17 - Dans notre famille, on a pas mal de choses.
02:19 Chacun chez nous, on a comme des souvenirs d'elle,
02:21 un peu comme ça.
02:23 - Comme on appelle ça en anglais un "memorial".
02:25 - "Einstein". - "Einstein".
02:27 ♪ ♪ ♪
02:30 - Je suis contente de rencontrer les parents de Rebecca.
02:33 - Merci beaucoup.
02:34 - Et là, j'arrive puis je vois le beau chandail,
02:36 c'est Becky qui est dessus.
02:37 - C'est Rebecca. - Oui.
02:39 - C'est ma Becky amoureuse.
02:40 - Avec le numéro d'association de violences conjugales,
02:42 un 800-363-9010.
02:45 Il faut le dire, on est fort.
02:47 - Oui, fort, ça, c'est vrai.
02:50 - Comment était Becky? C'est la plus jeune, hein?
02:53 - Bien, c'était une petite fille agitée,
02:55 elle était toujours de bonne humeur,
02:57 elle se réveillait avec un sourire,
03:00 elle se couchait avec un sourire.
03:01 - C'est une guerrière, oui, absolument.
03:25 - C'est une rassembleuse.
03:30 - Peu importe l'événement, peu importe ce qui se passait,
03:32 elle voulait toujours avoir du monde autour d'elle.
03:33 Tu sais, on est vraiment comme une grosse famille
03:35 puis on a beaucoup de...
03:36 - Vous êtes combien dans votre famille?
03:38 - On est six enfants.
03:40 - Six enfants, oui, puis 14 petits-enfants.
03:42 - Petits-enfants.
03:43 - Oui, donc beaucoup d'enfants.
03:46 - C'était une maman lionne.
03:48 - Maman lionne.
03:49 Elle avait une amitié puis une relation très spéciale
03:52 avec son enfant, puis c'était sa best friend.
03:56 Elle était une bonne maman.
03:57 - Une bonne maman. - Une bonne maman.
03:59 Tu sais, elle n'était pas parfaite,
04:01 mais elle était une bonne maman.
04:03 Ça, elle l'était.
04:04 Elle aimait son rôle de maman.
04:10 - Elle rencontre ce gars-là.
04:12 Elle tombe sur un gars qui...
04:15 qui ne représente pas vos valeurs,
04:16 mais vous ne le savez pas encore.
04:18 - Non, vraiment pas.
04:19 - Est-ce que vous l'avez rencontré plusieurs fois?
04:22 Est-ce qu'elle vous l'a présenté?
04:24 - Bien, comme moi, je peux te dire, la première fois
04:25 que je l'ai rencontré avec la ronde,
04:26 il y a un gars qui la suit.
04:28 Puis là, je suis comme...
04:30 Puis elle ne me présente pas souvent des gars, tu sais.
04:32 Fait que là, il rentre, puis après ça,
04:34 il y a une petite fille qui rentre.
04:35 Fait que c'était sa fille à lui.
04:37 Fait que là, déjà là, quand j'ai vu sa petite fille,
04:39 ça m'a comme un peu mis plus à l'aise.
04:43 À première vue, il a l'air d'un gars bien normal,
04:45 bien gentil.
04:46 Il parle fort, mais il parle fort comme...
04:49 - Il prenait de la place.
04:50 - Il prend de la place, mais genre,
04:51 il essaie de faire des jokes, comme de se faire aimer.
04:53 - Oui.
04:55 - Fait que c'est sûr qu'après, quand tu regardes ça
04:57 d'un autre oeil, tu regardes toutes les choses
04:59 qui t'arrivent et tu vois genre les tendances d'un abuseur.
05:03 - Bien, le paraître est très important.
05:05 - Le paraître est très important.
05:07 - Puis il était très... très serviable,
05:09 que je pourrais dire.
05:11 - Non, moi, je l'ai vu trois fois.
05:13 Puis il était venu à la maison.
05:15 Et puis, bonjour, bonjour, de grand sourire.
05:18 Il était poli.
05:19 Je peux pas dire qu'il était impoli.
05:21 Puis elle avait l'air tellement heureuse.
05:23 ♪ ♪ ♪
05:25 - Le 20 mars 2021, un vendredi vers 6 h 50 du matin,
05:29 l'SPVM reçoit un appel pour une intervention d'urgence
05:32 dans un édifice résidentiel de l'arrondissement de Lassalle,
05:36 sur la rue des Aubes.
05:38 Sur place, ils découvrent un homme et deux femmes.
05:41 L'une d'elles se trouve dans un piètre état.
05:43 Elle porte des contusions sur tout le corps,
05:45 ce qui laisse croire qu'elle a été rouée de coups.
05:47 Tu reçois un coup de fil de ton père?
05:50 - Oui. Puis il me dit...
05:53 "Something happened, something happened.
05:55 Something's wrong with her brain."
05:56 Il me dit ça.
05:58 - Quelque chose est arrivé, quelque chose est arrivé.
05:59 - Il a de quoi avec son cerveau.
06:01 "I don't understand, I don't understand.
06:03 Il a de quoi qui se passe avec son cerveau.
06:05 Elle s'en va en opération."
06:06 Là, je suis comme... "Mais qui, qui?"
06:08 Il me dit "Becky, Becky."
06:09 Je dis "Bien non, pourquoi tu parles Becky?"
06:11 J'étais avec, là, une coupe d'or.
06:14 Impossible, là.
06:15 - Il y a un médecin qui sort de la salle opératoire.
06:19 Puis il me dit que ta soeur est rentrée hier soir.
06:22 Elle a eu de trauma à la tête.
06:24 Il y avait tellement de sang.
06:25 Il dit "C'est le plus que j'ai vu dans ma vie."
06:28 - Il dit "She's gone."
06:31 I said "What?"
06:33 I was shocked!
06:34 ♪ ♪ ♪
06:41 - En mars 2021, en allant passer la soirée
06:44 chez l'ex-conjointe de sa nouvelle fréquentation,
06:47 Rebecca Harry ne pouvait pas se douter
06:49 qu'elle allait y laisser sa vie.
06:52 - Est-ce que vous avez une idée, à ce moment-là,
06:54 que c'est peut-être lui ou...
06:56 - Non, zéro, zéro, zéro, zéro.
06:57 Rien, rien.
06:59 - Tu sais, comme dans ce temps-là, tu penses...
07:01 Peut-être qu'elle a eu un accident à l'auto
07:03 ou quelque chose comme ça.
07:05 Peut-être... On n'a aucune idée, là, de ce qui se passe.
07:07 - Aucune idée.
07:08 - Le 19 mars 2021, la victime et l'accusé,
07:10 qui est son copain des trois derniers mois,
07:12 se rendent chez l'ex-conjointe de celui-ci
07:14 pour passer la soirée.
07:16 Alors, ils font la fête, ils boivent, dansent
07:18 jusqu'aux petites heures du matin.
07:19 Et c'est au moment du coucher
07:21 qu'une chicane éclate entre Rebecca et son agresseur.
07:24 Alors, elle va se réfugier dans la chambre de l'ex-conjointe.
07:27 Lui, il est furieux, il entre dans la chambre
07:30 et c'est là que tout bascule.
07:32 Il insulte et il gifle Rebecca,
07:35 puis il la soulève et la projette contre un meuble
07:38 dans le coin de la chambre.
07:39 Son corps frappe violemment le sol
07:41 et il se met à s'acharner sur elle
07:43 pendant qu'elle tente tant bien que mal de se protéger.
07:46 Il lui donne des coups de poing, des coups de pied,
07:48 il la lance par terre à plusieurs reprises
07:51 et il frappe sa tête contre le sol.
07:53 - Il y a un médecin qui sort de la...
07:55 de la salle opératoire. - Oui.
07:57 - Déjà là, je le sais, on est dans une petite chambre.
08:00 It's not good.
08:01 Elle a eu beaucoup de trauma à la tête.
08:03 On lui a dit de l'amener en salle d'opératoire.
08:06 Une fois que j'ai enlevé la crampe
08:09 pour voir qu'est-ce qui se passe,
08:10 il y avait tellement de sang, tellement d'enflure.
08:14 Il dit, c'est le plus que j'ai vu dans ma vie.
08:16 And he says, "I'll be surprised if she makes it tonight."
08:20 That was his words.
08:21 - Pendant ce temps-là, il y a l'ex-conjointe
08:23 qui le supplie d'arrêter et qui vient même
08:25 à la défense de la victime, mais elle aussi,
08:27 elle encaisse des coups à son tour.
08:29 L'agresseur finit par arrêter, il dit, "It's enough"
08:32 et il sort de la chambre.
08:35 Quelques instants plus tard,
08:36 Rebecca rejoint son conjoint dans le salon.
08:38 Étonnamment, elle est encore consciente.
08:41 Vers 4 h du matin, l'ex-copine appelle un taxi pour Rebecca,
08:45 mais celle-ci s'endort sur le sofa.
08:48 Et c'est plus tard dans la nuit, par inquiétude,
08:51 que l'ex-conjoint en question va aller vérifier l'état de Rebecca
08:54 qui semble dormir et c'est là qu'elle va remarquer
08:57 qu'elle a de la salive et du sang qui s'écoule de sa bouche.
09:00 À ce moment-là, elle décide d'appeler le 911.
09:04 Rebecca n'a plus de coups à l'arrivée des policiers
09:07 vers 7 h du matin.
09:08 Et un détail important, c'est qu'au moment d'appeler le 911,
09:11 on apprendra que Brandon McIntyre l'a supplié
09:14 de tenter de faire passer l'agression sur le dos
09:18 de quelqu'un d'autre.
09:19 Et c'est dans un moment de vivacité d'esprit
09:22 qu'elle va s'empresser d'aller accueillir seuls
09:24 les policiers à la porte pour leur glisser subtilement
09:27 l'information que c'est lui l'agresseur
09:29 qui l'a agressé, Rebecca Harris.
09:31 ♪ ♪ ♪
09:36 - Mais j'ai dit au médecin, j'ai dit,
09:38 "Mais c'est vous qui va dire ça à mes parents,
09:40 parce que je serais pas capable de dire ça à mes parents,
09:42 mais je vais aller les chercher."
09:45 - On savait pas ce qui se passait.
09:46 Il y avait Teddy puis Sarah qui est allée voir les docteurs.
09:50 Puis elle nous a amenées dans l'ascenseur.
09:52 Bien, elle, elle voulait pas nous dire.
09:55 ♪ ♪ ♪
10:00 ♪ ♪ ♪
10:05 - C'est surtout son cri à ma mère qui vient vraiment me chercher.
10:29 Parce que je suis mère.
10:32 Puis... on entend vraiment...
10:37 Il y a pas une maman qui crie pas comme ça.
10:42 À moins qu'elles aient perdu un enfant. Puis...
10:47 (soupir)
10:50 - Toute la famille de Rebecca Harris était maintenant
10:53 au courant de sa mort tragique.
10:54 Il fallait désormais l'apprendre à son petit garçon de 9 ans.
10:58 - On a appelé son père, à lui, pour lui expliquer.
11:02 Il dit "Je vais aller le chercher, puis après ça,
11:04 je vais me revenir à l'hôpital à notre."
11:06 - Il y avait aussi la question de...
11:10 Est-ce qu'on lui laisse dire bye-bye à l'hôpital?
11:12 Parce que l'état, comment dire,
11:15 l'apparence de Rebecca n'était pas...
11:20 C'était très difficile à voir.
11:23 On est qui, nous, pour enlever cette chance
11:27 ou cette... - Option.
11:30 - Option de dire bye-bye,
11:33 donner ses derniers câlins et ses derniers bisous.
11:36 ♪ ♪ ♪
11:47 - On apprend qu'au moment de récupérer le corps de Rebecca,
11:50 les policiers ont procédé à l'arrestation de l'homme
11:52 qui était sur les lieux, un certain Brandon McIntyre.
11:55 Il est connu des policiers.
11:58 C'est qu'il y a eu une escalade excessivement rapide.
12:02 - Oui, très rapide. - Très, très, très rapide.
12:04 Souvent, ça s'installe surnoisement, tranquillement,
12:07 puis ça prend du temps.
12:09 Mais ils déménagent chez eux hyper rapidement.
12:11 - Comme du jour au lendemain.
12:13 - C'est durant le temps du COVID, fait que là,
12:15 c'est comme... avec le recul qu'elle se regarde ça,
12:17 t'es comme "Eille, c'est bizarre ça, tu sais, le gars,
12:19 elle le rencontre, puis du jour au lendemain,
12:21 il habite chez eux." Mais avec le COVID, c'est comme...
12:24 il se rend compte, "Ah, je m'aime bien,
12:26 elle nous dit qu'il y a une place,
12:28 mais t'sais, tant qu'à rester chez eux tout seul,
12:30 bien, t'sais, il est aussi bien de rester avec elle."
12:32 - C'est tellement dangereux pour les femmes.
12:34 - Je pense que c'est un peu pour ça qu'il y a eu
12:36 dans cette période-là, il y en a eu tellement
12:38 des bacs à bacs à bacs. - C'était une vague
12:40 de féminicide. - Oui, parce que là,
12:42 il y a personne qui peut interrompre
12:44 qu'est-ce qui se passe. Fait que là, le contrôle,
12:46 l'abus, toutes ces affaires-là, ça fait vraiment comme...
12:49 hard, là.
12:51 - En observant la montée des cas de féminicide,
12:53 au Québec, depuis le début de la pandémie,
12:55 la police émet un communiqué officiel pour rappeler
12:57 à la vigilance de tous pour que la violence conjugale cesse,
13:00 parce que plusieurs personnes sont privées
13:03 de leur réseau de soutien habituel.
13:06 Si le problème existait déjà et qu'il était connu,
13:09 là, tout ça est exacerbé par la pandémie,
13:12 et le meurtre de Rebecca Harry a été un peu la goutte d'eau
13:15 qui a fait déborder le vase.
13:17 - Maintenant que la société voit les féminicides
13:20 pour ce qu'ils sont, tout le monde le voit,
13:23 c'est-à-dire pas un dérapage dans un couple,
13:28 mais un meurtre par des hommes qui veulent garder
13:32 le contrôle sur une femme et qui sont partis souvent
13:35 d'une chaîne de comportement que la société
13:38 identifie mieux maintenant.
13:40 J'ai l'impression que la justice est un peu plus avertie
13:43 face à ça parce qu'il fut un temps où on tendait
13:47 à minimiser la gravité de ces crimes-là,
13:49 en disant que c'est un crime passionnel,
13:52 que ça s'est fait dans un moment d'intensité, de folie.
13:58 Et donc, c'est comme si c'était un meurtre,
14:01 mais pas vraiment un meurtre.
14:03 - Ses proches ont ressenti le besoin de sortir dans la rue
14:06 pour pleurer sa perte, mais aussi pour s'insurger
14:09 contre cette épidémie de violence faite aux femmes.
14:12 Et même le jeune fils de Rebecca est là.
14:16 Il milite aussi au centre de la foule,
14:19 en faisant une affiche percutante qui dit
14:21 "Love you, mommy".
14:23 La photo de Rebecca Harry sera relayée partout
14:25 dans les médias au printemps 2021.
14:27 Tous les Québécois connaissent son visage,
14:30 un visage qui représente toutes les autres femmes
14:33 qui sont parties avant elle et qui souligne
14:35 l'indignation des gens.
14:37 ♪ ♪ ♪
14:39 Mais dans un cas comme celui-là, moi, pour moi,
14:52 le résultat est choquant.
14:54 - La seule personne qu'une sentence demande,
14:56 c'est Monsanto.
14:57 ♪ ♪ ♪
15:03 - En mars 2022, on est toujours en attente du procès à venir
15:06 de Brandon McIntyre pour le meurtre au second degré
15:09 de Rebecca Harry, quand un article du Devoir
15:11 vient révéler le passé de cet homme-là,
15:14 qui clairement n'en était pas assez premier
15:16 démêlé avec la justice.
15:18 En fouillant un peu, les journalistes ont découvert
15:21 que Brandon McIntyre harcelait depuis 12 ans son ex-conjointe
15:24 en faisant complètement fi des conditions du tribunal,
15:27 qui lui interdisait de communiquer avec elle
15:30 ou de se trouver en sa présence.
15:33 - C'est là que toutes les histoires commencent à sortir.
15:36 Tu sais, ah, ce gars-là, c'était pas un bon gars,
15:38 c'était un ci, c'était un ça, puis c'était un drogué,
15:40 puis il a déjà battu d'autres femmes,
15:42 puis on a entendu des histoires de ci,
15:44 puis là, c'est comme, OK, c'est bien beau, là,
15:46 mais pourquoi qu'il y a personne qui nous a dit ça
15:48 quand on l'a rencontré, tu sais?
15:50 - Donc, lui, il était en libération conditionnelle.
15:52 - Oui.
15:53 - Il devait rester chez sa mère.
15:54 - Pas chez Rebecca.
15:56 - Il devait avoir un agent de libération conditionnelle
15:58 qui valide les informations, puis qui valide où il dort,
16:02 fait que...
16:04 c'est passé dans les craques.
16:06 - Malheureusement.
16:07 ♪ ♪ ♪
16:09 - Le procès de Brandon McIntyre devait s'amorcer
16:12 au début du mois de mai 2023, soit deux ans
16:15 après le meurtre de Rebecca, mais l'accusé a coupé court
16:20 au processus judiciaire en enregistrant sa culpabilité
16:23 à un chef réduit d'homicide involontaire.
16:26 ♪ ♪ ♪
16:28 - We saw him when he pleaded guilty to manslaughter,
16:34 which I do not approve of that.
16:37 That's not manslaughter.
16:39 That is murder.
16:40 - On a souvent l'impression que la justice,
16:43 c'est des procès devant jury, comme on voit souvent
16:46 au cinéma ou à la télévision, mais la grande, grande majorité
16:50 des dossiers, 80, peut-être 90 % des causes,
16:54 c'est fini par une négociation entre la Défense
16:58 et le ministère public.
17:00 La Couronne, les avocats du DPCP,
17:02 savent jamais comment une cause va se terminer,
17:07 comment les faits vont être interprétés,
17:10 et on n'est jamais certain du résultat.
17:13 Chaque partie fait un calcul de risque.
17:16 Ce qui choque souvent les gens, c'est qu'on a l'impression
17:20 qu'on minimise la gravité d'un crime en acceptant
17:25 que l'accusé s'avoue coupable et obtienne une sentence
17:28 qui n'est pas à la hauteur de la gravité du crime
17:31 telle qu'on l'a perçue au début.
17:33 ♪ ♪ ♪
17:36 - Il y aura pas de cours de justice?
17:39 - Non.
17:40 - Parce qu'il va y avoir un "play bargain", qu'on appelle,
17:42 une entente hors cours, qui fait en sorte qu'il écope
17:45 de 14 ans de pénitentiaire, 14 ans de prison.
17:49 - Oui.
17:50 - Comment est-ce que vous apprenez la nouvelle?
17:53 - Commencez par dire qu'il y a une journée, 100 ans,
17:58 20 ans, 40 ans, whatever.
18:01 Ça va pas rien changer.
18:03 Ça va jamais ramener masseurs.
18:05 Tu sais, la seule personne qu'une sentence demande,
18:07 c'est masseur.
18:09 ♪ ♪ ♪
18:11 - Bien, mon avis, c'est que dans un cas comme ça,
18:13 moi, c'est ce qui m'apparaît choquant là-dedans,
18:16 c'est que s'il y a une chaîne de progression dans la violence,
18:20 bien, c'est un meurtre qui a été commis, là.
18:22 Maintenant, je sais bien qu'il y a un calcul de risque
18:25 sur le ministère public et que, bien là, il y a
18:28 des circonstances.
18:30 Qu'est-ce qui a vraiment causé la mort?
18:33 Il y a toute une plaidoirie qui se fait hors cours.
18:36 C'est-à-dire que l'avocat de la défense va plaider ses points
18:39 à l'avocat de la poursuite.
18:41 Et là, avec le même dossier, bien, deux avocats peuvent
18:44 arriver à des conclusions différentes.
18:47 C'est accepté ou pas une entente.
18:49 Mais dans un cas comme celui-là, moi, pour moi, le résultat
18:52 est choquant parce que... surtout quand on tient compte
18:55 de l'ensemble du portrait de violence de l'accusé.
18:59 ♪ ♪ ♪
19:03 - Qu'est-ce qui vous manque d'elle?
19:05 - Sa présence.
19:07 - Hum!
19:08 - Son sourire.
19:10 - Hum!
19:11 - Oui, son...
19:13 ♪ ♪ ♪
19:16 - Je pense que c'est comme...
19:17 c'est très difficile à décrire parce que c'est vraiment
19:20 toute elle, tout qui compose Rébekah.
19:24 Son sourire, la façon qu'elle parle, sa peau,
19:27 ses mains qui étaient toujours mouettes, genre...
19:30 Juste d'être avec elle sur le divan
19:32 puis écouter des émissions à la télé...
19:34 J'ai manqué ma petite soeur.
19:37 - Oui.
19:38 - Toutes les petits-enfants, avec mes parents,
19:40 avec ses amis, tout le monde avait comme un moment spécial
19:43 avec elle. Puis c'est sûr que, tu sais, souvent,
19:47 il y a plein de clichés qui se font quand tu parles
19:50 à quelqu'un qui est décidé, mais pour elle, c'est vraiment
19:53 la réalité. Tout le monde a comme un moment...
19:56 - Hum!
19:57 - Spécial.
19:58 - Spécial avec elle.
19:59 - Oui.
20:00 - Tout le monde.
20:01 - Moi, mon truc, c'est que je veux pas vivre avec la haine.
20:05 Je veux pas vivre avec...
20:08 Ah! le... je veux le tuer.
20:11 Je veux pas vivre avec ça.
20:13 Je veux pas lui donner ce fait de pouvoir-là.
20:16 Moi, mon but, c'est que le nom de ma fille n'est pas en vain,
20:20 que le monde se rappelle d'elle, mais c'est toutes les autres.
20:24 C'est pas juste elle, c'est toutes les autres femmes
20:27 qui ont souffert parce qu'il y a quelqu'un qui a perdu
20:30 une maman, il y a quelqu'un qui a perdu une soeur.
20:33 Ça fait qu'on parle de notre vie, mais il y a beaucoup
20:36 de monde qui a la même douleur que nous.
20:39 - Absolument.
20:40 - Même si c'est juste une vie.
20:41 On peut sauver, c'est une vie.
20:42 - Oui.
20:43 - Tu comprends?
20:44 - Oui.
20:45 - C'est vrai qu'elle n'a pas perdu son enfant.
20:47 - Oui.
20:48 - Oui.
20:49 - Oui.
20:50 - Absolument.
20:51 - Absolument.
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21:23 Sous-titrage Société Radio-Canada

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