Fabienne Thibeault, égérie de Starmania et petite-fille de paysan, était l'invitée de BFM Story pour évoquer son attachement aux territoires ruraux
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00:00 On connaissait la chanteuse, la star, on connaissait moins cet attachement au monde agricole.
00:07 Oui, ça fait 25 ans que je circule dans les territoires ruraux et que j'essaie d'apporter
00:15 simplement mon savoir-faire de femme de spectacle, de créatrice, de femme curieuse pour participer
00:25 avec les paysans à faire valoir leur savoir-faire, les races de patrimoine, leurs démarches
00:35 de qualité, les besoins qu'ils ont parfois de se battre pour avoir des petits budgets
00:42 de leur département pour créer des fêtes, des choses comme ça.
00:45 Ça vient d'où cet amour du terroir des paysans ?
00:50 Un grand amour pour mon grand-père qui était sur une ferme québécoise difficile, qui
00:57 avait une grosse famille, qui aimait la terre profondément, une curiosité personnelle
01:04 aussi.
01:05 Et on le voit votre grand-père, c'est vous devant ?
01:06 Non, ça, mon grand-père, non moi j'étais pas née, ça c'est ma...
01:10 Non, il est très jeune effectivement.
01:12 C'est la fin de la semaine, pardonnez-moi.
01:14 C'est mon grand-père Armand qui était le plus bel homme du comté et en bas c'est ma
01:19 petite tante Rachel qui aurait aujourd'hui 90 ans.
01:23 Donc c'est dans le magnifique pays de Charlevoix.
01:27 Et c'est lui donc notamment qui vous a transmis cet amour, des valeurs aussi que vous aimez,
01:33 vous en avez parlé.
01:34 Oui, tout à fait.
01:35 C'est quoi ces valeurs ?
01:36 La poésie, l'amour de la terre, le travail bien fait, le courage, tout ça quoi.
01:43 Vous avez même chanté cet amour.
01:44 Alors vous sortez un nouvel album qui sort donc en mars.
01:47 Oui.
01:48 Et parmi les chansons, il y en a une qui est intitulée, je vais y arriver, "Ferme de France".
01:55 Oui, "Ferme de France" est un hommage aux fermes de ce pays.
01:59 Un texte que j'ai écrit à 25 ans.
02:02 Vous l'avez écrit à 25 ans mais il ne sort qu'aujourd'hui.
02:04 Oui, parce que voilà, c'est une question de...
02:07 Je faisais un nouvel album avec des thèmes différents, beaucoup de jo.
02:12 J'ai fait aussi ce que vous avez là sur des cd pédagogiques.
02:17 Oui, plein de...
02:18 Sur les races agricoles.
02:20 Vous avez ici le noir de Villeneuve.
02:21 Quand un porc noir part au combat.
02:22 Oui, de sa survivance.
02:23 Allez, on va regarder un extrait.
02:24 Les fermes de France sont filles de la terre.
02:36 Et les gens qu'elles abritent sont fils de paysans.
02:41 Quand elles ouvrent leurs portes au cœur de l'hiver, la chaleur nous invite à entrer
02:52 dedans.
02:53 Il y a tant d'espoir dans leur rêve éveillé.
02:54 Et leur âme élégante.
02:55 Et leur temps d'esprit immense raconte cette terre encore mieux que les mours.
03:11 Voilà, ça c'est donc l'extrait de votre nouvel album "Fer de France".
03:16 Noël, ma mère, vous avez vous aussi poussé la chansonnette ?
03:19 Ah oui, une fois.
03:21 En peignoir au bord d'une piscine.
03:24 Oui, je pense que c'était le sommet du mauvais goût.
03:27 Ah bon ?
03:28 Et vous l'assumez plutôt ?
03:29 Trop tard.
03:30 Trop tard ?
03:31 C'était en 1982, à l'époque des Mérovingiens à peu près.
03:32 Et puis des années plus tard arrive Internet et un internaute retrouve ça.
03:42 Et donc le diffuse sur la toile.
03:44 Et donc chaque fois que j'allais dans une émission, on vous metait sur politique.
03:47 Et alors nous, on est un peu dégoûtés parce qu'on s'en est rappelé, mais beaucoup trop
03:51 tard.
03:52 Donc on n'a pas les images.
03:53 Alors à la fin, on me disait "Monsieur, ma mère, je vais vous faire une surprise".
03:54 Et j'ai dit "répondez, je connais la surprise, c'est cette chanson dans la piscine".
03:58 Qu'est-ce que vous chantiez ?
03:59 Une chanson que j'avais écrite avec un garçon qui s'appelait Dominique Gallopin.
04:02 Que j'avais écrite il y a longtemps.
04:03 Au bord d'une piscine, chauffée ou non ?
04:05 Oui, mais enfin, chanter en peignoir, c'est quand même pas génial.
04:09 Donc vous n'assumez plus tout à fait ?
04:10 Si, j'assume bien sûr, mais je trouve que c'est terrain gare.
04:14 Est-ce que c'est important que des artistes comme Fabienne Thibault s'engagent auprès
04:20 des agriculteurs ?
04:21 Oui, auprès des agriculteurs, mais pas simplement auprès des agriculteurs.
04:24 C'est bien quand les artistes s'engagent, même si quelquefois on leur demande un petit
04:28 peu trop.
04:29 Quand je vois les fermes de France, Fabienne Thibault, elle chante une agriculture, une
04:35 campagne qui pratiquement n'existe plus aujourd'hui.
04:38 C'est ça que l'on peut déplorer.
04:39 Je trouve que c'est bien qu'elle rappelle cette forme de poésie qu'il y avait, cette
04:44 relation du paysan à la terre.
04:46 D'ailleurs, aujourd'hui, on ne dit plus paysan, on ne parle plus de paysannerie, on ne parle
04:50 même plus d'agriculteur, on parle d'exploitant.
04:52 On est donc entré dans une autre logique qui a complètement effacé le système agricole
04:58 dans lequel on était.
04:59 D'ailleurs, quand on regarde de près ce qui s'est passé depuis la révolution verte
05:03 dans les années 60, dont les triptyques étaient engrais, pesticides, mécanisation, c'est
05:09 le plus grand plan social qu'ait connu la France qui a liquidé beaucoup d'agriculteurs.
05:13 Si je peux me permettre, ce pays possède un patrimoine de races extraordinaires que je
05:20 vois chez les chevaux de trait, les races bovines, les races porcines, les races ovines
05:29 qui sont des races propres à des terroirs spécifiques, avec des conduites d'élevage
05:36 spécifiques, de qualité.
05:38 Et moi, c'est ces gens-là que j'ai défasé.
05:41 On a complètement perdu.
05:42 Non, ils se battent.
05:44 Ça restait un peu de la démarche du musée, presque, aujourd'hui.
05:47 On est quelques exploitants qui continuent d'avoir cette passion de certaines variétés.
05:52 Aujourd'hui, quand vous vous baladez dans les campagnes françaises, il y a deux variétés
05:55 de vaches, les primolstein en très grande majorité, qui sont là parce qu'elles produisent
06:00 énormément.
06:01 On se bat pour que les autres existent.
06:03 On est toujours sur la même logique de la production.
06:05 J'étais dans le sud-ouest, à côté de ma ville, il y a une ville qui s'appelle
06:09 Cadaujac, qui sont des prés de zones humides.
06:13 Aujourd'hui, on célèbre la journée internationale des zones humides.
06:16 Il y avait une race de vaches qui s'appelait la cadaujacaise, qui malheureusement a disparu
06:20 sous l'effet de la bétonisation.
06:22 On est très très petit chez Pell, ils ne peuvent pas tous résister, mais quand même.