Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 - Vous avez entendu le témoignage de Nicolas qui est monté d'agin, vous êtes éleveur de chèvres, vous avez 150 chèvres que vous avez laissées,
00:07 puis vous nous avez dit vos difficultés, et notamment les difficultés financières, parce que je crois que vous gagnez 350 euros par mois.
00:14 Vous nous avez aussi raconté les vacances que vous prenez, trois jours simplement avec vos deux filles,
00:20 et puis vous avez cette expression étonnante d'ailleurs "je passe des vacances de divorcés" puisque votre épouse et vous ne pouvez pas prendre des vacances ensemble
00:28 parce qu'il faut garder les chèvres, donc on voit la difficulté de votre métier.
00:32 Vous avez terminé cette nuit en garde à vue, je voudrais savoir pourquoi, qu'est-ce qui s'est passé hier à Rungis, et qu'est-ce qui s'est passé au moment de l'interpellation ?
00:42 - Alors pour vous dire, nous avons pénétré dans Rungis sans rien casser, en levant les bras en l'air, il y a eu une bousculade, mais vraiment une bousculade,
00:52 sans aucune, on avait les bras en l'air, donc une bousculade avec les CRS, face à des agriculteurs de Macarur, vous voyez,
01:01 ils n'ont pas pu nous retenir, nous sommes rentrés sans rien casser, dans une, en fait à contresens de la circulation, mais routière à pied,
01:12 donc on a réussi à pénétrer dans Rungis, et là on a simplement essayé d'ouvrir des portes, donc on a à chaque fois tiré les portes,
01:19 et au bout d'un moment, dans un des bâtiments, une porte était ouverte, des, plusieurs manifestants, donc on est rentrés, moi j'en fais partie,
01:29 je suis rentré, entouré de trois CRS, je suis rentré dans le bâtiment, j'ai vu une personne qui était là, je lui ai serré la main, je lui ai dit bonjour,
01:36 et là les CRS m'ont demandé de sortir, je n'ai pas fait un refus d'obtempérer du tout, puisque les CRS étaient très sympathiques,
01:45 ce sont des gens formidables, ils nous ont entourés tout le long du convoi, on a joué au chat et à la souris avec eux, ça n'a pas toujours été facile,
01:53 mais il n'y a eu aucun débordement, vous imaginez, 400 personnes, je ne sais plus, 200 tracteurs, des gens qui sont à bout, fatigués,
02:04 qui ont fait des heures et des heures de route, et qui arrivent devant les CRS, et à chaque fois ça se passe bien, parce que aussi bien du côté des agriculteurs,
02:13 aussi bien du côté des CRS, tout le monde était responsable, tout le monde était calme, tout s'est bien passé.
02:19 Alors les CRS interviennent quand vous rentrez à ce moment-là ?
02:21 Les CRS interviennent, ils nous demandent de sortir, nous avons fait des photos, on était heureux, on était entourés, il y avait là, Bravem est arrivé,
02:28 des gars super souriants, on a serré la main, j'en ai même, vous aurez certainement vu les vidéos, j'en ai même, on s'est empoigné.
02:37 Il est 17h, 18h, il est à ce moment-là, qu'est-ce qui se passe ensuite ?
02:40 Là ça dure un petit peu, et puis au bout d'un moment, on nous averti qu'on va être mis en garde à vue, et qu'on va passer la nuit.
02:50 Alors je veux vous dire, c'est vraiment une fin en soi, et on trouve que c'est très très bien.
02:56 Parce que, bon déjà, je vais vous dire, si la manifestation s'était finie comme ça, ça allait finir comme ça.
03:04 Parce que si on avait voulu casser, on avait deux gros tracteurs de 200 chevaux, on serait rentré dedans, on aurait tout pété.
03:10 L'idée elle n'était pas là, l'idée elle était le symbole, on avait été jusqu'au bout du convoi.
03:14 Donc on est arrivé, on allait repartir quoi, en fait voilà.
03:18 Donc on vous annonce que vous êtes mis en garde à vue, donc dans ces cas-là vous montez dans des fourgons de police, j'imagine ?
03:24 On ne vous a pas menotté j'espère ?
03:27 Non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non.
03:29 Je vous le dis parce que moi j'ai voulu la totale, je vous dis, je suis venu jusqu'au bout, j'ai dit je veux la totale, je veux être avec, j'ai été menotté, on m'a pris mes empreintes. J'ai eu la totale.
03:39 Les empreintes c'est encore autre chose, c'est dans la procédure, mais les menottes on n'est pas obligé de vous passer des menottes.
03:44 Alors d'abord on a fait un petit voyage, on était 13 ensemble agriculteurs dans une camionnette, on a chanté, c'était très bon enfant.
03:52 Et donc là vous arrivez où ?
03:54 On est arrivé au commissariat de Créteil, très bien accueilli, les gens sont gentils.
03:57 Donc là vous n'étiez que 13, parce que j'imagine vous avez été dispersé forcément ?
04:03 Alors non, non, non, on était 13 ensemble.
04:05 Non mais 13 ensemble et puis d'autres étaient ailleurs, c'est ce que je veux dire.
04:08 Parce que c'est très long la procédure, on remplit tout en papier, mais nous vous savez agriculteurs, les papiers, les procédures, les machins, on connaît, on fait ça toute la journée.
04:15 Vous gardez le sourire. Donc vous arrivez dans ce commissariat, il était quelle heure lorsque vous êtes arrivé dans ce commissariat ?
04:20 Après j'ai pu le téléphone, j'ai éteint tout de suite parce que j'avais peur de ne pas avoir de batterie, j'ai plus de notion d'heure, je vous dis franchement.
04:27 Et là qu'est-ce qui se passe, vous êtes entendu ?
04:29 Alors on est parqué comme des animaux, mais c'est pas la police, les gens viennent nous voir, ils nous disent "on ne comprend pas, on ne comprend pas pourquoi vous êtes là, là vraiment on est étonné, on est avec vous, on ne comprend pas".
04:46 Ça c'est des policiers qui vous disent ça ?
04:47 Des policiers mais gentils, mais d'une gentillesse.
04:49 Ils vous donnent de l'eau j'imagine, peut-être quelque chose à manger ?
04:51 Tout, tout, n'importe quoi.
04:53 Après nous on a fini à Sainte-Mort-les-Fossés, on a été embarqué, alors là j'ai demandé aux policiers qui s'en laissaient beaucoup rire d'être menottés parce que je voulais aller jusqu'au bout.
05:06 Donc vous partez pour Sainte-Mort-les-Fossés ?
05:08 On partait en voiture à fond, girofards, mais on était vraiment les bandits.
05:13 Et là on arrive, en tout temps rigolant avec les policiers, mais pour nous c'était vraiment, on était dans l'action, c'était génial.
05:21 Et là ils nous ont mis en garde à vue, on a passé la nuit à Trois-Amourois avec deux de mes collègues que je ne connaissais pas, qui avaient participé à l'action, mais je ne connaissais pas, donc on a bien discuté toute la nuit.
05:36 Donc là vous n'avez pas dormi du tout cette nuit ?
05:38 Alors eux ils ont bien ronflé, oui.
05:40 Mais là vous êtes dans quoi ?
05:42 Je vous explique pourquoi j'ai tapé.
05:44 Vous êtes dans un commissariat ? Vous étiez en cellule ?
05:47 On était en cellule et à côté de nous il y avait des enfants de 15 ans.
05:51 Moi ça m'a vraiment choqué.
05:54 Il y avait le monsieur qui s'occupait, alors on appelle ça chef de poste.
06:01 Il y avait un monsieur là, chef de poste, il y avait un policier.
06:04 Il appelait les parents des enfants, ils ne répondaient pas, ils s'en foutaient.
06:08 Et lui là, la maman des enfants, ça m'a choqué.
06:11 Et pourquoi ils étaient là ces jeunes de 15 ans ?
06:14 Je fais une bêtise, je ne sais pas, il ne nous a pas expliqué.
06:16 Mais ils avaient mal à la tête, il allait leur donner de l'eau.
06:19 Il disait "ouais on va aller aux toilettes", il les a amenés.
06:22 Il y en a un qui a dit "je ne me sens pas bien, je n'arrive pas à respirer", il l'a amené dehors.
06:26 C'était la maman.
06:28 Et ce monsieur là, je vous dis, c'est mort les fossés.
06:33 Mais c'est des gens, toute l'équipe là, des jeunes, que des jeunes, formidables.
06:39 Des policiers formidables.
06:41 - Vous passez donc la nuit.
06:43 - Oui, mais après, je serais resté à Rangis, j'aurais dormi dehors dans mon fourgon au froid.
06:50 J'étais au chaud.
06:51 Je vous dis en France, il faut vraiment mieux être un délinquant qu'un agriculteur.
06:54 Vous êtes mieux.
06:55 On était au chaud, ils nous avaient tout bien installés, ils nous ont même fait des crêpes.
06:59 Oui, ils nous ont fait des crêpes, les policiers nous ont fait des crêpes.
07:03 - C'est la chandeleur André.
07:05 - Des gens formidables.