C'est un petit symbole, qui montre l'importance des agriculteurs dans toutes leurs spécialités... qui font des métiers très durs et qui galèrent alors qu'ils sont essentiels... Depuis quelques jours ils manifestent et depuis ce matin ils assiègent Paris,
On a justement Henri, 28 ans, agriculteur en Charente, éleveur d'agneaux et il fait aussi des pommes de terre... pour nous parler de cette manif et de leurs revendications
Ecoutez Cartman sur Fun Radio du 26 janvier 2024 avec Cartman, Marion, Gueguette et Florent Florent.
On a justement Henri, 28 ans, agriculteur en Charente, éleveur d'agneaux et il fait aussi des pommes de terre... pour nous parler de cette manif et de leurs revendications
Ecoutez Cartman sur Fun Radio du 26 janvier 2024 avec Cartman, Marion, Gueguette et Florent Florent.
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00:00 *Générique*
00:05 *Générique* - On accueille quelqu'un qui ce soir va nous parler d'un mouvement qui est en train de gagner un peu de... chaque jour un peu plus de place et dans les médias et aussi dans l'opinion des français parce que c'est vrai qu'on les soutient. On est beaucoup, je crois qu'il y a énormément énormément de français qui les soutiennent et c'est normal c'est leur cause évidemment leur combat il est juste et on se demande même comment ils ont tenu jusque là. Je parle évidemment des agriculteurs, on est avec Henri qui est avec nous, salut Henri.
00:29 Comment ça va ? - Bonsoir, ça va. - On est content de t'avoir avec plaisir. T'as 28 ans Henri, c'est ça ? - C'est ça, oui. - T'es agriculteur dans quelle région et tu produis quoi ?
00:38 - Alors je suis agriculteur en Charente et donc je fais de la brebis, donc pas pour le lait, c'est pour la viande. - D'accord, ok. Bon de toute façon c'est l'agriculture, c'est ce qui arrive dans nos assiettes régulièrement. On se doute bien que ça n'arrive pas de nulle part évidemment.
00:53 Heureusement d'ailleurs que les agriculteurs sont là, on le dit souvent dans l'émission et Marion particulièrement qui habite maintenant un peu plus loin de Paris, c'est vrai que toi t'es sensible là aussi à ce moment là parce qu'il y a des agriculteurs autour de chez toi beaucoup.
01:04 - Tout part d'eux. - Tout part d'eux, c'est vrai. Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui pour les agriculteurs ? Pourquoi ce mouvement a eu lieu ? Est-ce que c'est un ras-le-bol général ou est-ce qu'il y a eu un événement particulier ?
01:14 - Alors moi ça fait que 5 ans que je suis installé mais ce malaise dure depuis très très longtemps. Mon père qui était déjà agriculteur, je l'ai toujours entendu se plaindre que ce soit les charges, les prix de vente, tout ça.
01:28 Donc c'est un malaise qui dure depuis bien longtemps mais arrivé à un moment où quand plus personne n'arrive à boucher les trous, surtout que là ces dernières années ont été très compliquées, que ce soit par rapport au Covid, la guerre en Ukraine, les intempéries, où les charges ont augmenté et les produits ont plutôt eu tendance à diminuer.
01:48 Donc arrivé à un moment, c'est sûr qu'on ne peut plus y arriver. - Quand tu fais une bonne année, ton salaire c'est quoi ? C'est juste pour que les auditeurs comprennent, c'est pas par curiosité que je demande ça.
01:59 Mais par exemple quand tu estimes que tu as fait un bon mois, tu peux te dégager combien par mois ?
02:04 C'est compliqué à dire. Comme je dis, ça fait 5 ans que je suis installé, je ne suis pas encore en rythme de croisière comme on dit. Mais sincèrement, ça fait depuis le mois d'août que je n'ai rien sorti.
02:20 Donc évidemment le problème est énorme, il est très très profond. Avant de t'avoir, j'ai essayé d'écouter différents sons de cloche et d'essayer aussi, parce qu'il y a beaucoup de presse autour des agriculteurs.
02:34 Il n'y a pas de doute sur le fait que vous n'êtes pas assez payés. Et puis il y a un énorme problème, c'est que ce qu'on pourrait produire en France, les règles sont tellement dures, elles sont tellement compliquées par rapport à beaucoup de choses.
02:44 Que ce soit fiscal, que ce soit sur ce qu'on peut utiliser ou pas comme engrais, les terres qu'on doit mettre en jachère ou pas. Alors qu'à l'étranger, pas loin de chez nous, on peut le faire.
02:54 Ça fait qu'il y a une concurrence d'éloïel qui arrive de l'étranger, parfois très proche de chez nous. Et donc en fait, ceux qui payent, c'est vous, c'est ça ?
03:00 Oui, tout à fait. Vous parliez des engrais, on entend surtout parler des phytos. D'ailleurs, je reviens là-dessus, il faut vraiment insister sur ce point-là, c'est que la France, on est vraiment un pays exemplaire au niveau de l'agriculture.
03:14 On a une excellente agriculture, très saine, il faut le dire.
03:16 Bien sûr. On recycle tous nos plastiques. Je pense qu'il y a beaucoup d'industries qui devraient prendre exemple sur l'agriculture.
03:23 Bien sûr.
03:24 Et au niveau des phytos, on n'est pas des très gros...
03:27 Alors le phyto, c'est quoi pour quelqu'un qui ne sait pas ce que c'est ? Comment tu l'expliquerais ?
03:31 Le phyto, c'est la protection des cultures, donc que ce soit herbicides, infecticides ou affongicides.
03:37 C'est ça.
03:38 C'est exactement la même chose que quand on prend un médicament. C'est exactement pareil.
03:43 C'est ça.
03:44 Et il y a beaucoup de règles qui ne sont pas les mêmes, on peut le dire. C'est vrai, au niveau européen, ce n'est pas du tout la même chose.
03:49 Tu vas en France, en Belgique, en Suisse, et puis après encore plus loin.
03:52 Quand tu vas vers des pays comme l'Ukraine, dont on parlait il y a quelques minutes, c'est encore complètement différent.
03:57 Mais c'est vrai que parfois, on se retrouve à importer des produits qu'on pourrait très bien fabriquer en France,
04:00 et qui sont moins bons en plus que ceux qu'on aurait fabriqués nous.
04:03 Le souci de la France, c'est qu'on veut être plus blanc que blanc.
04:06 Et du coup, on a déjà les règles de l'Union européenne.
04:10 Et en plus de ça, il y a la France qui veut se montrer exemplaire et qui rajoute de la réglementation supplémentaire.
04:16 Et donc, la France interdit... On a eu le cas il y a quelques années avec les néoplatinoïdes.
04:21 La France l'a interdit, tandis que les pays de l'UE ont continué de l'utiliser.
04:30 Donc, ça a complètement tué la filière française, alors que la France était l'un des plus gros producteurs de betteraves à sucre en France.
04:37 Et du coup, ça c'est quelque chose qu'on est en train de faire.
04:40 Marion a une question dans deux minutes qu'elle va te poser.
04:42 Moi, je me pose la question, c'est quoi la solution ?
04:45 Est-ce qu'il faut plus d'argent ? Est-ce qu'il faut assouplir les règles ?
04:47 Ou est-ce qu'il faut un petit peu de tout ?
04:49 C'est-à-dire qu'il faut qu'on vous aide plus et que de l'autre côté, on assouplisse certaines règles pour que vous puissiez produire dans de bonnes conditions.
04:54 Et on est d'accord qu'on ne parle pas de juste...
04:56 C'est-à-dire juste que ce que je dis de bonne condition, c'est que juste pour vous dégager un salaire.
05:00 Je crois que le montant, ce n'est même pas 2000 euros au maximum.
05:03 Il y a beaucoup d'agriculteurs qui gagnent 500 ou 600 euros par mois.
05:07 Je le dis pour les éditeurs qui nous écoutent.
05:09 Comme vous dites, c'est un peu de tout.
05:12 Alors, je sais bien que le débat, il est souvent sur les primpacks où j'entends souvent dire que les agriculteurs touchent beaucoup.
05:18 Alors déjà, il faut réexpliquer les primpacks.
05:22 C'est juste pour que le consommateur paye un peu moins le produit final.
05:27 C'est ça.
05:28 Donc, en fait, c'est la redistribution.
05:30 Mais finalement, pour vous, ce n'est pas plus.
05:32 Non, non, non.
05:33 Parce que, en fait, je parlais de mon cas en particulier.
05:37 Donc, déjà, vous disiez plus d'aide.
05:39 Oui, parce que ça fait 5 ans que je suis installé.
05:41 Je n'ai eu que 23 000 euros d'aide pour mon installation.
05:44 Ce n'est pas beaucoup en 5 ans.
05:45 Voilà. Donc, pour une entreprise, 23 000 euros, tout en sachant que l'exploitation n'est pas là.
05:51 Enfin, elle n'était pas là à mois.
05:52 Et ça fait 200 euros par mois.
05:53 Même pas.
05:54 Ce n'est même pas ça.
05:55 Et encore, je crois que je suis encore en dessous.
05:56 Voilà.
05:57 C'est dérisoire.
05:58 Donc, il y a un peu d'aide.
05:59 Il faut inciter les jeunes à vouloir s'installer parce que la relève, il n'y en aura bientôt plus en agriculture.
06:06 Dans mon département, je ne sais plus combien de milliers d'hectares sont sans repreneurs.
06:11 Bien sûr.
06:12 Donc, il y a déjà ça.
06:14 Bien sûr.
06:15 Après, il faut réduire tout ce qui est le côté réglementaire parce que, vous voyez, par exemple, moi, je fais du mouton.
06:21 On me demande de mettre une boucle, enfin, deux boucles même, une boucle électronique et une boucle conventionnelle normale.
06:27 Et si jamais j'ai une breville qui perd une boucle, il faut que je la re-boucle au plus vite avec une boucle provisoire.
06:35 Donc, c'est une boucle rouge.
06:36 Quand j'aurai recommandé la nouvelle boucle, donc avec son identification, je vais devoir couper cette boucle provisoire pour remplacer avec sa vraie boucle.
06:46 Et ça multiplié par le nombre d'animaux qui peuvent partir.
06:50 En fait, j'ai l'impression que tous les process sont compliqués, non ? C'est ça ?
06:54 C'est compliqué.
06:56 C'est surtout qu'à mettre en œuvre, on ne peut pas être derrière chaque boucli.
07:00 Bien sûr.
07:01 Et puis, on le paye.
07:04 Bien sûr. Ça ne coûte pas zéro euro.
07:07 Et Henri, qu'est-ce que vous pensez ? Parce que moi, à mon niveau, j'ai l'impression qu'il est plutôt bien accueilli et qu'il a pris un peu le problème directement à bras-le-corps.
07:14 L'implication de Gabriel Attal, ce qu'il a déjà annoncé, ce qu'il compte annoncer, est-ce que vous êtes plutôt content ou déçu ?
07:20 Non, du tout. Sincèrement, c'est...
07:23 C'est bien qu'il soit venu, mais il n'y a rien qui en est sorti.
07:25 Oui, mais je pense qu'il est venu parce qu'il était obligé, parce qu'il voyait bien que ça ne risquait pas de dégénérer dans le sens où ça allait finir en éleute.
07:34 Mais plutôt...
07:35 Dans les pignons publics, quoi.
07:36 Voilà. Ils sont montés sur Paris, ils ont tout bloqué, il est obligé de faire quelque chose.
07:40 Bien sûr.
07:41 Ces mesures sont dérisoires par rapport à l'ampleur de...
07:45 Du problème, oui.
07:46 Non, c'est d'autant.
07:48 Franchement, je te le dis, nous, vraiment, on est de tout cœur avec vous.
07:52 Même si... C'est vrai, franchement, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup, beaucoup de Français qui sont comme ça.
07:58 On ne vous remercie jamais, en fait, dans les moments où on pourrait le faire.
08:02 Et on le dit franchement, de la part de toute l'équipe, merci, merci de vous occuper de nous, merci de faire ce que vous faites pour nous.
08:07 Ce n'est pas un métier facile.
08:09 Et franchement, tout le soutien que vous aurez besoin d'avoir, vous l'aurez sur Fun Radio, dans notre émission, si vous avez besoin de vous exprimer, si vous avez même envie de venir.
08:16 Voilà, vous êtes les bienvenus.
08:17 Et je voudrais vraiment qu'on les applaudisse très fort, toi et tous tes amis agriculteurs.
08:21 Parce que vraiment, voilà...
08:22 Je salue tous, d'ailleurs, ceux qui sont sur les pointes de vos galeries à Paris.
08:26 On les embrasse.
08:27 Bon courage à eux.
08:28 Et puis, on leur souhaite bon courage, parce qu'on sait qu'il y a Karine Lemarchand qui est venue, elle va faire des blagues de cul.
08:32 Et je sais que ça ne va pas être facile à supporter pour vous.
08:35 Vous écoutez Fun Radio
08:37 Plein Radio