• il y a 11 mois
Lisa voudrait que les gens comprennent que "Passeport" c’est une histoire de gens. Sauf que quand c’est des blancs qui essaient de s’en sortir, c’est une histoire universelle et quand c’est un noir, c’est une histoire de noirs…

Retrouvez la chronique de Lisa Delmoitiez dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter

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😹
Amusant
Transcription
00:00 - Elisabeth Motti !
00:02 (applaudissements)
00:04 - Et vous n'auriez pas fait une pièce comme ça sur l'empathie, sur la tolérance ?
00:07 - Non, non, non !
00:08 Et oh Alexis Michalik là, une pièce sur l'immigration, en pleine période de loi sur l'immigration !
00:13 Cherchez les emmerdes, c'est ça ?
00:15 C'est quoi le problème ? Ça commence à vous lasser d'être le jeune prodige du théâtre français ?
00:19 Si je peux vous rassurer, la partie jeune c'est bientôt fini !
00:21 (rires)
00:23 Vous voulez pas choisir un thème plus consensuel ? Vous voulez du bad bus, c'est ça ?
00:27 Si vous voulez faire parler de vous, faites comme tout le monde dans le milieu, hein !
00:30 Plotter une actrice, dites que c'était mieux avant, mais laissez les Erythréens en dehors de ça, merde !
00:33 (rires)
00:34 Non, écoutez, je comprends le besoin en tant qu'artiste de coller à l'actu,
00:37 mais vous pouvez pas faire une pièce de théâtre sur, je sais pas moi, la Starac ?
00:41 C'est bien ça, ça met tout le monde d'accord, hein !
00:43 On a aussi des jeunes qui poursuivent un rêve, et on a Nikos en plus !
00:46 Immigration en Europe comme Staracademy, tout le parcours passe par la Grèce, quoi !
00:49 (rires)
00:50 Bon, c'est le seul parallèle que j'ai trouvé !
00:52 Je suis à l'abri, moi !
00:53 Attention, moi j'ai adoré votre pièce, mais j'ai peur que si on la résume à son pitch,
00:57 donc à savoir un jeune Erythréen entame une longue quête pour obtenir son titre de séjour
01:01 et ainsi sortir de la jungle de Calais, parce que oui, dans le livre de la jungle,
01:04 il suffit d'un peu d'eau fraîche et de verdure pour être heureux,
01:06 mais dans le vrai monde, ça aide d'être français, quand même !
01:08 Il est con, Balou !
01:09 (rires)
01:10 Toi, ça nous apprendra à écouter un ours !
01:12 (rires)
01:13 Mais j'ai peur que certaines personnes se disent,
01:15 "Oh pitié, pas une heure trente de plus sur l'immigration."
01:17 Alors qu'une histoire d'immigration, c'est juste une histoire de gens, hein !
01:20 Dire que Passport, c'est une pièce sur l'immigration, c'est comme dire que Titanic,
01:23 c'est un film sur les dangers de la navigation.
01:25 Non, en réalité, Titanic, c'est une histoire de deux humains.
01:27 Mais quand c'est des blancs qui essayent de s'en sortir, c'est une histoire universelle.
01:30 Quand c'est un noir, c'est une histoire de noirs.
01:32 On a quand même de l'audace de s'appeler les Blancs, hein !
01:34 Quand je vois nos gueules de mois de janvier à Daniel, Laura, Tanguy, Alexi et moi,
01:37 c'est quand même plus cinquante-neuf degrés, hein !
01:39 (rires)
01:40 Mais au moins excitant, quoi !
01:42 Il faut que les gens comprennent que Passport, c'est une histoire de gens, voilà.
01:45 Mais pour être capable de voir l'humain derrière le sans-papier, il faut avoir de l'empathie.
01:49 Faculté qui se développe chez l'humain, le saviez-vous, dès le quatorzième mois,
01:52 quand le bébé commence à imiter ses parents.
01:55 Par exemple, c'est à quatorze mois que l'enfant de Leïla est passé du lait maternel au bélaise.
01:59 (rires)
02:01 Tout comme maman !
02:02 Avant ça, le bébé, il pense qu'à lui, hein !
02:04 Sachez-le, tous les jeunes parents, votre nouveau-né, c'est un putain de psychopathe.
02:07 La première de tes yeux, c'est juste être Bondy en culotte courte.
02:10 Mais la nature est bien faite.
02:11 Normalement, t'apprends l'empathie avant de savoir parler.
02:14 Et ça, le temps que t'aies acquis assez de vocabulaire pour pouvoir dire "étranger",
02:17 "rentrer chez vous", t'as compris que l'étranger, c'est un humain comme toi.
02:20 Nagui, déjà, bon...
02:22 Il vient pas d'ici, mais ça pourrait être moi !
02:24 En tout cas, c'est ce que je me tue à dire à la direction.
02:26 (rires)
02:27 On est interchangeable, quoi.
02:28 (rires)
02:30 Après, moi, je viens pas d'ici non plus, Nagui, mais "nonante et une fois",
02:33 c'est un peu plus facile à cacher qu'un bronzage en plein mois de janvier.
02:36 Mais bref, tout ça pour dire qu'il y a des gens qui sont pas capables d'empathie
02:40 envers quelqu'un qui fuit son pays.
02:43 Et bien joué, vous avez l'intelligence émotionnelle d'un nourrisson.
02:46 Et c'est ok, mais les bébés, ils ont pas le droit de vote.
02:48 Alors, prochaines élections, relancez-vous un épisode de "La Pas de Patrouille"
02:51 puis laissez les adultes décider.
02:53 Alors, laissez pas, s'il vous plaît, les débats actuels sur l'immigration nous diviser.
02:56 Il y a une raison scientifique pour laquelle certains partis veulent qu'on ait peur de l'étranger.
03:00 En fait, si on a peur, on se tient à l'écart.
03:02 C'est prouvé, pour développer de l'empathie, il faut regarder les gens dans les yeux et les toucher.
03:06 Par une bise, en serrant la main ou par un chèque du coude, si t'es coincé en 2020.
03:10 Parce qu'en fait, il n'y a que comme ça que le cerveau libère de l'oxytocine, hormone du plaisir,
03:14 comme quand t'as un orgasme, qui favorise l'empathie.
03:16 Moi, je suis pas raciste, mais c'est pas pour les étrangers.
03:19 C'est juste pour moi, c'est parce que j'adore le plaisir.
03:21 Le vivre ensemble, c'est comme le chocolat ou le coït.
03:23 Que tu le veuilles ou non, ton corps, il aime ça.
03:25 Alors allez-y, vous ne privez pas d'hormones du plaisir.
03:27 Écoutez les histoires des étrangers, à commencer par celle de Passport.
03:30 Une pièce sur l'immigration, mais pas que.
03:32 C'est aussi un bon moyen de kiffer.
03:34 (applaudissements)

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