L'adjoint chargé de la politique du logement de la Ville de Marseille et de la lutte contre l'habitat indigne est cette semaine dans Rue de la République. ...
Vidéo publiée le : 28/01/2024 à 12:30:00
Lien vers l'article de Maritima.info :
https://www.maritima.info/actualites/politique/marseille/15804/patrick-amico-printemps-marseillais-une-ville-ne-se-decrete-pas-.html
Vidéo publiée le : 28/01/2024 à 12:30:00
Lien vers l'article de Maritima.info :
https://www.maritima.info/actualites/politique/marseille/15804/patrick-amico-printemps-marseillais-une-ville-ne-se-decrete-pas-.html
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:10 Bonjour à tous, nous allons évoquer Airbnb, l'habitat indigne, les conditions de logement des Marseillais
00:16 dans cette émission en compagnie de notre invité ce dimanche, Patrick Amico, bonjour.
00:20 Bonjour à tous.
00:21 Alors vous êtes adjoint chargé de la politique du logement de la ville de Marseille,
00:24 de la lutte contre l'habitat indigne et je suis aux côtés d'Eléo Purguet,
00:27 le président et le directeur éditorial de la Marseillaise qui nous accompagne et qui m'accompagne aujourd'hui.
00:31 Bon je recommence par quoi ? Peut-être par Airbnb, dont une loi va être votée pour tenter de réguler un peu les excès.
00:38 Marseille est quelque part un peu victime de son succès, je crois que c'est la deuxième ville de France
00:42 en termes d'attractivité pour Airbnb et les craintes qu'on peut recevoir, qu'on peut percevoir un peu partout,
00:48 c'est d'en faire une ville musée, c'est en tout cas dans laquelle les habitants n'arriveraient plus à se loger.
00:53 Qu'est-ce que vous avez à dire Patrick Amico pour essayer de réguler un peu cette situation ?
00:57 Effectivement une loi va être présentée demain, à laquelle la ville de Marseille s'est d'ailleurs associée,
01:01 très en amont avec les députés, Yannick Echanise, Yannick Lemaire et même avec Julien Bayou au départ
01:07 lorsque les premiers projets sont apparus.
01:10 Et oui, on a un vrai problème, un vrai danger sur un développement non-contrôlable ou non-contrôlé
01:19 des résidences ou des tourismes, pas uniquement Airbnb, Airbnb est une plateforme, on en a d'autres,
01:23 ce qui symbolise en tout cas se loger, etc.
01:27 Donc on ne peut agir sur les résidences ou les tourismes que par le biais de deux types d'actions,
01:34 des actions au plan local, ça a été fait puisque nous avons en 2021 voté en Conseil municipal
01:41 une refonte complète du règlement de changement d'usage qui maintenant n'autorise plus qu'une seule résidence secondaire
01:49 transformable sans compensation, qui ne l'autorise plus que pour quatre années,
01:54 c'était six années éventuellement renouvelables dans l'ancien système.
01:57 Donc nous avons fait au niveau ville de Marseille déjà ce que nous pouvions faire dans le cadre légal qui est le nôtre
02:04 pour déjà essayer de maîtriser et sinon contrôler tout au moins encadrer.
02:10 C'est dur à avoir en ce moment, des autorisations Airbnb.
02:13 C'est extrêmement dur à avoir, actuellement on refuse à peu près 80%, 75 à 80% des autorisations de changement d'usage qu'ils nous sont demandées.
02:21 - Ça c'est au niveau local donc ? - C'est au niveau local.
02:23 Mais pour pouvoir travailler correctement...
02:26 - Qu'est-ce qui va changer avec cette loi ?
02:28 - Ce qui va changer avec cette loi, c'est globalement... Elle est très simple, elle a trois articles.
02:32 Le premier, c'est l'obligation pour les résidences ou les tourismes de fournir un diagnostic de performance énergétique.
02:41 Ça paraît accessoire mais ça ne l'est pas du tout.
02:44 - C'est en lien avec le logement et l'habitat.
02:45 - C'est parfaitement en lien avec la problématique d'interdiction de louer les passoires énergétiques dans les années qui viennent.
02:52 Pour éviter que l'on ait un transfert notamment sur les petits logements,
02:55 de logements aujourd'hui loués à des familles, de logements familiaux, vers ce dispositif de résidences ou des tourismes,
03:03 les résidences ou les tourismes échappant à la réglementation sur le logement aujourd'hui.
03:08 Le deuxième aspect, le deuxième article de cette loi, porte plutôt sur les moyens qui vont être donnés aux collectivités locales notamment.
03:15 Et ça touche principalement, à vrai dire, les communes rurales ou les petites communes,
03:19 pour pouvoir prendre des règlements de changement d'usage.
03:22 Certaines communes dans les Pyrénées et Atlantique disent qu'elles ont 30% de leurs logements
03:28 qui sont aujourd'hui des résidences secondaires maîtrisées par des investisseurs.
03:31 Donc qui permet à ces communes de prendre des mesures encadrant le dispositif.
03:37 Et le troisième aspect, qui est l'aspect pour nous qui me paraît le plus intéressant,
03:42 c'est le fait que les conditions de déduction fiscale vont être largement modifiées.
03:48 Aujourd'hui, vous pouvez bénéficier de 71% de déduction des revenus de votre résidence ou de tourisme jusqu'à un plafond de 188 700 euros.
03:59 Nous voulons ramener ça à 30% de déduction avec un plafond de 30 000 ou 50 000 euros en fonction du statut de la résidence ou de le tourisme.
04:08 Ça change tout. Ça change tout.
04:10 Et avec bien sûr des dispositions spécifiques concernant les territoires ruraux, les gîtes ruraux, les stations de ski, etc.
04:19 Donc on est vraiment dans un dispositif national qui va permettre d'encadrer les choses.
04:23 Au plan local, nous sommes déjà allés plus loin que la simple modification de règlement de changement d'usage,
04:30 puisque depuis le mois d'octobre, on nous a remis en place ce qu'on a appelé une brigade
04:34 qui nous permet à la fois d'avoir une étude de données, c'est ce que nous faisons aujourd'hui,
04:41 une étude administrative des dossiers, une étude des annonces qui sont passées sur les plateformes.
04:46 Il faut savoir que cet été, on a détecté 1500 annonces qui étaient des annonces non conformes.
04:51 Alors je ne veux pas dire illégales ou autres, mais annonces non conformes, avec des faux numéros d'enregistrement,
04:55 avec des numéros de téléphone à placer de numéros d'enregistrement, et des tas de choses qu'on ne peut pas imaginer.
04:59 On les a fait supprimer.
05:01 Et nous allons maintenant procéder à des contrôles de terrain, puisque nous avons des agents assermentés maintenant
05:06 dans les services pour faire ça, avec les données que nous allons avoir, qui vont revenir de cette étude qui pourrait être installée sur le dossier,
05:12 qui vont nous permettre de dresser des procédures, de transmettre au procureur.
05:15 Alors est-ce que ça va être de nature à vraiment maîtriser ce problème selon vous ?
05:20 On sait qu'il y a des collectifs qui se sont montés, qui sont allés un peu loin d'ailleurs,
05:24 avec de l'affichage de propriétaires dans la voie publique, avec parfois même des biens qui ont été volés, etc.
05:36 Alors, déjà, est-ce que vous comprenez cette colère ? Et puis est-ce que ça va être de nature à la paiser ?
05:41 On peut comprendre toutes les colères.
05:43 On ne comprend pas et on ne peut pas du tout ni approuver ni soutenir des actions qui sont des actions illégales.
05:48 Lorsqu'on est aux manettes d'une collectivité locale.
05:50 De ce point de vue-là, il faut être très clair, je l'ai été, je continue à l'être,
05:53 nous ne cautionnons en aucune manière les actions qui ont été faites par ces collectifs.
05:57 Même si je comprends totalement la colère qui les motive.
06:01 De ce point de vue-là, c'est très clair.
06:03 Les résidences publiques de tourisme que nous avons aujourd'hui, elles ne datent pas d'aujourd'hui.
06:06 C'est des résidences, il y a à peu près 12 800 annonces qui tournent actuellement sur Marseille.
06:13 C'est des résidences qui pour la énorme majorité sont nées entre 2015 et 2020, à la période de Covid.
06:22 Donc on est vraiment dans la gestion d'un dispositif que nous n'avons pas créé.
06:29 On en hérite de ce dispositif.
06:31 Bien entendu pour nous, il faut qu'on ait les moyens de contrôle, il faut qu'on ait les moyens d'encadrement.
06:37 Mais je le redis, nous ne sommes pas contre le principe des résidences publiques de tourisme.
06:42 Notamment quand on revient au fondement même de Airbnb,
06:46 qui était le partage des résidences principales pendant l'absence du propriétaire.
06:51 Au départ l'échange, puis ensuite l'allocation.
06:53 Nous ne sommes pas contre le fait que des propriétaires complémentent leurs revenus,
06:59 notamment des propriétaires peu fortunés complémentent leurs revenus en louant leur propre logement
07:03 pendant qu'ils ne sont pas là en résidence publique de tourisme.
07:06 Tout ça nous sommes parfaitement pour.
07:07 Ce que nous voulons éviter absolument, c'est le développement d'une activité économique
07:11 qui n'est pas régie par des dispositifs d'une activité économique,
07:15 mais qui en plus fragilise complètement le logement familial,
07:19 alors que Marseille est une des villes de France qui vit la crise du logement la plus dure,
07:23 avec les besoins les plus énormes.
07:24 On va y venir évidemment dans quelques instants.
07:26 Je voudrais qu'on reste dans le domaine législatif si vous voulez bien Patrick Amicot,
07:29 pour évoquer la loi contre les marchands de sommeil qui a été votée cette semaine,
07:32 avec un durcissement des sanctions notamment.
07:34 On a vu le maire de Marseille, on vous a vu également monter au créneau,
07:37 j'imagine que vous êtes satisfait.
07:38 C'est Léonel Royer-Perrault qui rapportait ce projet de loi.
07:41 Alors c'est Léonel Royer-Perrault et Guillaume Vuittet,
07:43 je ne vous souhaite qu'on n'oublie pas Guillaume Vuittet.
07:45 Je ne l'oublie pas, je parlais du régional de l'État.
07:47 Voilà, Guillaume Vuittet qui est quand même aussi un grand spécialiste des problématiques d'habitat indigne,
07:51 qui a fait passer déjà pas mal de textes là-dessus.
07:53 Effectivement c'est Léonel Royer-Perrault qui a défendu ce texte.
07:55 Ce texte, il est le fruit d'un travail qui a été un travail acharné au sein de la ville,
08:01 avec le maire qui a vraiment souhaité avancer très vite là-dessus,
08:04 qui était un travail qui a été mené aussi en liaison avec d'autres collectivités,
08:08 je pense notamment à Saint-Denis et tout ce qui a été vu dans le rapport Lutz-Annotin
08:13 sur le traitement de l'habitat indigne,
08:16 qui a amené, avec le travail qui avait été fait les précédentes années sur des prises de conscience
08:21 sur les problématiques de copropriété en difficulté
08:23 et les leviers qu'il fallait modifier pour améliorer le dispositif,
08:28 dire que ce projet de loi va, ou cette loi maintenant puisqu'elle est votée à l'Assemblée,
08:33 mais pas encore général, pas tout réglé, non, absolument pas.
08:36 On est très conscients qu'on aurait pu aller beaucoup plus loin,
08:39 on souhaitait aller beaucoup plus loin,
08:41 on a défendu de nombreux amendements, certains sont passés,
08:44 ce que je remarque quand même c'est que cette loi a été votée à la quasi-unanimité,
08:48 126 voix pour, une voix contre, une seule,
08:51 je ne sais pas qui c'est, je ne sais pas qui est l'auteur de la voix contre,
08:55 et donc de ce point de vue-là,
08:57 on estime que cette loi quand même améliore,
08:59 nous permet d'améliorer des dispositifs, nous permet d'aller plus loin,
09:03 mais ce n'est qu'un début, il faudra aller beaucoup plus loin pour être très efficace,
09:07 dans le grand champ de souvenirs notamment.
09:08 – Alors on va y venir sur comment on peut aller plus loin,
09:10 mais tous ces changements législatifs se font en l'absence d'un ministre du logement,
09:15 est-ce que vous considérez cette situation comme étant une anomalie ?
09:22 – C'est pour moi en tout cas une anomalie absolue,
09:24 puisque la crise du logement est aujourd'hui une crise qui touche le logement,
09:30 qui touche le BTP, qui touche la promotion immobilière,
09:33 qui touche les bailleurs sociaux, qui touche vraiment tout un aspect économique.
09:38 Le logement coûte 40 milliards je crois par an à l'État, mais en rapport de 80,
09:42 donc on a vraiment un énorme problème de ce point de vue-là.
09:46 – Qu'est-ce qui fait qu'il y a cette instabilité
09:47 chez les ministres du logement de la Macronie ?
09:50 – Les ministres du logement de la Macronie tiennent un an et des poussières en moyenne,
09:53 voilà pas plus, beaucoup moins pour certains.
09:56 Il y a eu je crois 9 lois sur le logement depuis le début des années 2000,
10:00 en 23 ans c'est quand même assez extraordinaire
10:02 parce que c'est un domaine sur lequel on voit que ça bouge beaucoup.
10:05 Je pense qu'on a au niveau du sommet de l'État
10:09 une vision qui est réellement coupée du terrain, réellement coupée du terrain.
10:12 C'est-à-dire qu'on a une vision strictement économique du problème,
10:15 biaisée d'ailleurs à mon sens,
10:16 parce qu'on ne voit pas tout ce que le logement rapporte à côté,
10:20 et on a une vision économique dans laquelle le marché doit tout résoudre.
10:27 Il est clair que le logement, notamment le logement social coûte cher,
10:29 pas tellement dans sa production, mais surtout dans sa gestion avec l'APL,
10:35 ça c'est très clair.
10:35 On a vu le gouvernement déjà baisser le montant de l'APL il y a quelques années,
10:41 aller chercher chez les bailleurs sociaux des fonds par la réduction du loyer social,
10:45 essayer de trouver des solutions qui permettent
10:49 de désengager beaucoup l'État de la question du logement.
10:53 Or, il faut intervenir, il n'y a pas de souci, il faut intervenir,
10:58 parce que les besoins en logement,
11:00 ce ne sont pas les besoins que produit la promotion immobilière.
11:03 Les besoins en logement aujourd'hui, et notamment à Marseille,
11:05 ce ne sont pas les besoins en logement intermédiaire, même s'il en faut.
11:10 Le logement désactif est extrêmement important, il en faut.
11:13 Action Logement fait un travail remarquable de ce point de vue-là,
11:16 mais on ne peut pas uniquement raisonner en production de logements à Marseille
11:19 sur du logement locatif intermédiaire,
11:22 parce qu'il signifie moins d'engagement de l'État.
11:25 Donc on a vraiment un problème de production de logements sociaux à Marseille,
11:28 on le sait, on l'a abordé dans le programme local de l'Habitat.
11:32 - Alors venons-en à cela. - Un problème.
11:35 - Effectivement, ce problème a notamment amené votre majorité aux affaires.
11:41 Qu'est-ce qui a réellement changé depuis 2020 ?
11:44 - Ce qui a réellement changé depuis 2020, je vais vous donner deux chiffres très simples.
11:47 En 2020, vous aviez 620 agréments de logements sociaux
11:50 qui avaient été déposés auprès de la métropole et de l'État.
11:55 Sur 2023, nous en avons déposé plus de 2700.
11:58 Ça, je crois qu'il faut le dire.
12:00 Nous avons complètement changé de période.
12:03 Sur 2023, je vais prendre cette année-là,
12:06 parce qu'on a eu des tas de restructurations qui ont dû être effectuées.
12:09 - Vous avez frisé la carence ?
12:11 - On a frisé la carence sur des chiffres qui étaient autour de 2020 et 2022.
12:15 Parce qu'une opération immobilière, ça met 5 ans.
12:18 Ce que nous avons récupéré en 2020 et qui nous a mis en situation potentiellement de carence,
12:24 ce sont des opérations qui ne se sont pas montées entre 2015 et 2020.
12:29 - Vous voyez, le précédent responsable, c'est ça que vous nous dites.
12:32 - Je dis qu'une opération immobilière, ça prend 5 ans.
12:34 Je ne dis pas que c'est la faute à A, je dis voilà.
12:36 - Sur ce plateau, Mme Karadec disait qu'il se faisait plus de logements sociaux
12:39 sous son mandat que sous le vôtre.
12:42 - La métropole a donné 1 600 agréments de logements sociaux en 2016.
12:47 Ce chiffre a baissé systématiquement chaque année, chaque année, chaque année,
12:51 jusqu'en 2020, jusqu'à ce qu'on prenne les manettes de l'Amérique.
12:54 Donc, Laurent Escaradec peut prendre les chiffres ou les moyennes qui l'arrangent,
12:59 je peux le comprendre, mais la réalité, elle est là.
13:01 Les chiffres, ils sont consultables n'importe où.
13:04 On est passé de 1 600 agréments en 2016 à moins de 700 en 2020.
13:11 En connerie.
13:12 - Aujourd'hui, Marseille, c'est 22,5% de logements sociaux.
13:15 On n'est encore pas tout à fait dans les clous de la loi.
13:18 Pour autant, Marseille est une ville qui est en difficulté,
13:20 dans laquelle il faut qu'on ait aussi une réflexion sur un parcours résidentiel, j'imagine.
13:24 Est-ce que le préfet satisfait des réponses que vous lui avez apportées
13:28 en termes justement d'harmonie de la ville ?
13:30 Parce que voilà, ça se réfléchit, une ville,
13:32 ça ne se décrète pas finalement des pourcentages comme ça sur le papier.
13:36 - Alors une ville, ça ne se décrète pas.
13:38 Une ville, c'est la conjonction et c'est le croisement d'actions diverses
13:42 de la part de l'État, de la part de la métropole, de la part de la ville.
13:45 Une ville, ça se construit avec des documents administratifs
13:48 qui s'appellent le plan local d'urbanisme,
13:49 qui s'appellent le programme local de l'habitat.
13:51 La métropole n'en était plus dotée depuis des années.
13:53 Et qui s'appelle aussi l'application au titre de la loi sur le renouvellement urbain,
13:57 la loi SRU, par l'État de mesures, notamment de mise en carence
14:01 et de reprise de pouvoir de l'État sur la production de logements.
14:04 Donc c'est tout ce collectif qui doit fonctionner ensemble.
14:07 Je crois que le préfet a parfaitement bien compris,
14:09 lorsque les discussions ont eu lieu sur la carence,
14:11 qu'il y avait bien deux sortes de villes, dans la métropole et dans la région.
14:16 Celles qui, pour des raisons diverses, ne pouvaient pas du tout faire de logement.
14:20 - Le foncier par exemple.
14:21 - Il en existe, il en existe.
14:22 Les petites communes notamment qui sont dans des situations très complexes.
14:25 Mais les dernières lois permettaient aussi ces exonérations,
14:29 la loi ELA en notamment.
14:30 Et des communes qui ne voulaient pas produire.
14:33 Et entre les deux, vous avez des communes qui voudraient bien produire,
14:36 mais qui pour des tas de raisons différentes,
14:38 sont confrontées à des problématiques de foncier,
14:41 des problématiques d'aménagement,
14:43 des problématiques de disponibilité de terrain,
14:45 tout ce qu'on peut imaginer derrière.
14:46 C'était le cas de Marseille.
14:47 Marseille a toujours affirmé,
14:49 et dans le programme du printemps marxiste c'était clair,
14:52 qu'il fallait produire à Marseille de l'ordre de 4 700 logements par an.
14:54 C'est ces chiffres que nous avons repris
14:56 dans le programme local de l'habitat qui a été voté,
14:59 et qui sera définitivement voté exécutoire au mois de février prochain à la métropole.
15:04 Ces chiffres, c'est un constat, c'est des chiffres indiscutables.
15:07 Pour y arriver,
15:09 ce n'est pas la ville de Marseille toute seule qui va pouvoir y arriver.
15:11 C'est aussi un travail sur lequel la métropole doit
15:14 embrayer les demandes de la ville de Marseille,
15:16 notamment en termes de modification et de révision du plan local d'urbanisme.
15:19 Laurence Cardel le sait parfaitement.
15:21 C'est l'État qui doit intervenir
15:24 pour signer avec nous assez rapidement le contrat de mixité sociale
15:27 que nous allons voter au mois de février en conseil municipal,
15:31 qui définit justement la trajectoire de rattrapage
15:34 en matière de logement social.
15:36 Donc c'est un ensemble de partenaires qui doivent se mettre autour de la table
15:39 et travailler ensemble. Ce n'est pas toujours simple.
15:41 Alors il y a une tension, on l'a dit, très forte sur la question du logement.
15:44 Avant de venir à l'habitat indigne,
15:45 je voulais vous interroger sur la question des logements vacants.
15:48 La Marseillaise a d'ailleurs publié récemment un dossier montrant que
15:51 ils étaient en forte augmentation sur la région dans son ensemble
15:55 et à Marseille également.
15:57 Est-ce que vous êtes favorable, notamment, à la proposition de loi de Yann Brossat
16:02 sur la réquisition de ces logements ?
16:04 Alors, nous serions dans la situation parisienne aujourd'hui,
16:07 je serais extrêmement favorable à la proposition de Yann Brossat.
16:10 Si l'on regarde de manière plus détaillée ce qui se passe à Marseille,
16:14 c'est nettement plus fin que ça.
16:18 Nous avons fait faire une étude, justement pour avoir, nous, une vision très précise
16:22 de ce qu'était la vacance à Marseille, par le CRMA, c'est un étude universitaire
16:26 qui vraiment a plongé, pendant plusieurs semaines,
16:28 à travailler de façon très détaillée toutes les données que l'on pouvait avoir,
16:32 non pas uniquement par l'INSEE, mais par toutes les autres sources
16:35 qui existaient sur le territoire et qui ne dit pas tout à fait la même chose
16:41 que les chiffres bruts les laisseraient apparaître.
16:44 Les chiffres bruts de l'INSEE, c'est 30 000 logements vacants.
16:47 Caricature à peine.
16:49 Là-dedans, vous avez des logements qui sont vacants parce que des successions,
16:51 parce qu'ils sont vides en attendant peut-être d'être loués, ou des tas de raisons.
16:55 Lorsqu'on ressort de ces logements, toute cette vacance dite "frictionnelle",
17:00 on tombe à 17 800 logements par an.
17:04 C'est encore considérable ?
17:05 C'est encore considérable, mais ce chiffre n'est pas incohérent du tout
17:09 avec ce que vivent d'autres communes.
17:12 Ce chiffre est comparable à celui, par exemple, de Lyon ou d'autres communes,
17:16 mais ce qui est très spécifique à Marseille, par contre,
17:19 c'est que dans ce chiffre-là, il y a une parfaite cohérence
17:22 lorsqu'on superpose la carte de la vacance avec la carte du logement indigne.
17:27 Alors, venons-y.
17:28 Comment vous allez agir sur ce logement indigne ?
17:33 On sait qu'il y a dans la population beaucoup d'attentes,
17:36 un peu d'insatisfaction sur la lenteur du processus.
17:40 Donc on le voit, ça touche des familles qui sont dans le logement indigne,
17:42 et ça touche aussi des familles qui voudraient accéder à l'élogement,
17:45 mais ces logements sont vacants parce qu'ils sont indignes.
17:48 Tout à fait.
17:49 Mais d'abord, nous avons déjà beaucoup agi en matière de logement indigne.
17:51 Je rappelle qu'en 2020, il n'y avait pas grand-chose qui se faisait,
17:54 sinon une panique absolue suite aux effondrements et drames de la rue d'Aubagne.
17:58 Nous avons restructuré complètement l'approche du logement indigne,
18:01 et nous avons été la première ville de France à avoir un dispositif
18:04 qui maintenant fonctionne, je mets Paris à part toujours,
18:08 qui maintenant fonctionne, dans lequel la direction du logement
18:12 et de la lutte contre l'habitat indigne regroupent tous les dispositifs
18:15 de lutte contre tous les cas d'indignité du logement.
18:18 C'est-à-dire l'indécence avec la caisse d'allocations familiale,
18:20 c'est-à-dire l'insalubrité avec les services de l'État,
18:22 et c'est-à-dire la sécurité des immeubles au titre des pouvoirs de police du maire.
18:25 Nous avons en main, effectivement, dans un service qui aujourd'hui compte plus de 120 agents,
18:30 la main sur la totalité des dispositifs.
18:34 Il faut avoir dans l'idée que le logement indigne à Marseille aujourd'hui,
18:36 c'est encore 200 signalements par mois.
18:38 200 signalements par mois.
18:40 - Les arrêtés de péril derrière. - Je signe derrière chaque mois
18:43 une trentaine d'arrêtés de mise en sécurité,
18:47 et on évacue chaque mois entre 7 et 10, voire 15 immeubles.
18:52 - Alors que ça va s'accélérer, justement.
18:53 - Ça continue à s'accélérer. Pourquoi ?
18:55 Parce que nous sommes non pas dans un stock de logements
18:58 comme ça avait été supposé à l'époque du rapport de Christian Nicole.
19:02 C'est pas 40 000 logements comme ça identifiés qu'on veut résoudre.
19:05 C'est un flux permanent de logements qui deviennent indignes
19:08 et d'autres qui sortent parce qu'on a fait des travaux.
19:10 - La balance va devenir positive à quel moment ?
19:13 - La balance est en train de s'améliorer, elle n'est pas encore positive.
19:16 Pour l'instant, on a encore plus de logements qui rentrent dans le dispositif
19:19 que ceux qui en sortent.
19:20 Mais par contre, ce qu'il y a quand même de satisfaisant,
19:23 c'est que les logements qui rentrent aujourd'hui
19:25 sont beaucoup moins dans des pathologies
19:29 qui sont des pathologies qui nécessitent des évacuations.
19:32 Des pathologies avancées.
19:33 C'est ce que nous traitons en urgence.
19:35 Nous avons globalement cette année 206 arrêtés de mise en sécurité urgente en 2023.
19:43 A l'inverse, on a 268 arrêtés qui sont des arrêtés
19:47 qui sont plus ce qu'on appelle sur des travaux pérennes
19:49 mais qui ne nécessitent pas la sortie, l'évacuation.
19:54 Mais en même temps, on a 174 immeubles
19:57 qui sont sortis de ces procédures de mise en sécurité ou de péril dans le même temps.
20:01 Donc on voit quand même qu'on a énormément progressé là-dessus.
20:04 La Ville va continuer à encadrer complètement ces problématiques,
20:07 notamment d'évacuation de relogements et de suivi des procédures.
20:11 2024, 2025, ça va accélérer à priori.
20:15 Les Marseillais vont voir les choses changer ou pas ?
20:16 Les Marseillais vont voir les choses changer dès 2024.
20:19 Ils l'ont déjà vu en 2023.
20:20 Mais je le redis une fois de plus, la lutte contre l'habitat indigne,
20:23 ce n'est pas six mois, ce n'est pas un an, ce n'est pas cinq ans.
20:24 C'est des décennies sur Marseille.
20:26 Il faut rattraper.
20:27 Il faut rattraper.
20:28 En particulier du côté de la rue d'Aubagne.
20:30 Question signature de cette émission, si vous voulez bien Patrick Amico.
20:33 Qu'est-ce que la République pour vous ?
20:35 Ah, qu'est-ce que la République pour moi ?
20:37 La République est un bien commun, d'abord.
20:39 Et comme tous les biens communs, il est rare et il doit être préservé à tout prix.
20:43 Voilà, c'est ma réponse.
20:45 C'est une réponse qui est parfaitement valable.
20:47 Merci beaucoup d'avoir été en notre compagnie Patrick Amico,
20:49 maire adjoint, chargé de la politique du logement et de la lutte contre l'habitat indigne.
20:53 Merci d'avoir été en notre compagnie, dans la rue de la République, ici même,
20:57 en compagnie de Léo Purguet.
20:59 Passez un bon dimanche et à la semaine prochaine pour une autre émission.
21:01 Merci beaucoup.
21:03 [Musique]