• il y a 11 mois
La FNSEA a remis ce mercredi une centaine de revendications à Gabriel Attal. Parmi elles: des réponses immédiates sur la rémunération, des aides d'urgence pour les secteurs les plus en crise ou encore la réduction des normes. Une semaine après le début du mouvement, les agriculteurs intensifient les actions coups de poing, en attente des réponses du gouvernement. 

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Transcription
00:00 Ce mouvement de colère des agriculteurs entre aujourd'hui dans sa deuxième semaine.
00:03 Les premiers barrages dans le sud-ouest, c'était jeudi dernier.
00:06 Une image ce matin d'une opération coup de poing menée par les agriculteurs de la Drôme
00:10 sur l'autoroute A7 au niveau de Montélimar.
00:13 Ils étaient en convoi sur cette autoroute et ont vu passer un camion espagnol.
00:17 Ils ont décidé de vider son chargement des légumes espagnols, mais aussi marocains, sur la chaussée.
00:22 Alexis Pluyet et Hélo là-bas, ils nous ont raconté ce matin cette opération qui est toujours en cours.
00:27 Une centaine de revendications de la part de la FNSEA.
00:30 Ces revendications ont été remises aux premiers ministres hier.
00:32 Évidemment, on ne peut pas toutes les détailler, on va le faire quand même.
00:35 Mais voici les grands axes, en tous les cas celles qui sont très importantes.
00:39 Des réponses immédiates sur la rémunération, des aides d'urgence pour les secteurs les plus en crise
00:43 et à plus long terme, la réduction des normes.
00:46 Christophe Chambon, secrétaire général adjoint de la FNSEA, est en direct avec nous.
00:51 Avant de vous entendre, je vous dis qu'on fasse un crochet par ajeun avec José Pérez,
00:55 qui est agriculteur et qui est lui coprésident d'un syndicat un peu concurrent, la coordination rurale.
01:03 José Pérez, dans évidemment le département du Lot-et-Garonne.
01:07 José Pérez, est-ce que vous vous retrouvez dans les revendications de la FNSEA ?
01:11 - On se retrouve... On est tous agriculteurs là aujourd'hui.
01:17 Aujourd'hui, il n'y a pas de syndicat.
01:19 Aujourd'hui, on cherche tous la même chose, on cherche du revenu,
01:22 on cherche moins de normes, moins de contraintes environnementales.
01:27 Je crois qu'aujourd'hui, ce n'est pas une histoire syndicale,
01:29 c'est vraiment une histoire d'agriculteurs et de paysans.
01:33 - Sur la forme, on a vu qu'il y avait une forme d'intensification d'abord de la mobilisation.
01:38 On a vu ce matin des camions étrangers vider de leur cargaison du côté de Montélimar.
01:44 Est-ce que vous pensez qu'il faut aller jusque-là ?
01:49 - Bien entendu. Aujourd'hui, on rentre des camions de fruits et de légumes de l'étranger
01:56 qui ne rentrent pas du tout avec les mêmes normes que nous.
01:59 Nous, on est contraints tous les jours à faire attention,
02:04 on a de moins en moins de produits, on est tout le temps embêtés
02:08 avec plein de contraintes environnementales.
02:11 Et à côté de ça, on rentre des fruits et des légumes qui sont, on va dire, traités
02:18 avec des produits qui sont interdits chez nous.
02:21 Donc c'est important bien sûr de le faire.
02:25 - Vous-même du côté d'Agen, vous produisez des prunes, des pommes,
02:28 comment est-ce que vous arrivez à faire face à la concurrence des fruits espagnols juste à côté ?
02:33 - On a beaucoup de mal à faire concurrence.
02:38 Cette année, par exemple, l'abricot en France ne s'est pas vendu,
02:42 alors qu'à côté, en Espagne, ils arrivent à des prix beaucoup moins élevés.
02:48 Et tout ça parce qu'ils ont une main d'oeuvre qui est beaucoup moins chère,
02:52 parce qu'ils ont des produits phytosanitaires qui sont interdits en France.
02:56 Et ils arrivent à produire, nous en France aujourd'hui, vu qu'on ne nous laisse pas travailler
03:00 et qu'on ne veut que des contraintes environnementales,
03:03 on est vraiment en train de déproduire.
03:05 - Alors on va évidemment détailler les propositions de la FNFA dans quelques instants,
03:10 mais c'est vrai qu'on a le sentiment ce matin que les opérations prennent différentes formes,
03:13 et notamment celle dont vous êtes le témoin à Castelnaudary, Jean-Louis de Fritz Forquès,
03:17 contre une centrale d'achat, centrale d'achat Leclerc.
03:20 - Oui, c'est ça, effectivement, qui se trouve juste derrière nous,
03:24 et c'est un lieu stratégique, Jean-Pierre Allaud, c'est ça ?
03:27 - Oui, alors ici vous êtes donc à Castelnaudary,
03:31 la Socamil est là, implantée depuis quelques années,
03:33 la Socamil alimente 80 magasins de Leclerc,
03:37 donc c'est pour ça que nous sommes là, fait dégir.
03:40 - Mais le message, il est pour Michel-Edouard Leclerc,
03:42 vous voulez vous en servir comme porte-parole ?
03:45 - Oui, alors tout à fait, le message il est pour Monsieur Leclerc,
03:49 pour la simple raison, c'est que ce monsieur est le plus grand influenceur pour nous
03:55 en ce qui concerne la grande distribution.
03:57 - Et le message c'est quoi ? Dénoncer la concurrence des loyennes, vous me disiez ?
04:01 - Alors, bien sûr, il y a beaucoup de messages sur toutes ces manifestations,
04:05 mais ici, on est très clair, on a nos pays voisins, européens, l'Espagne, l'Italie,
04:15 qui peuvent travailler dans des conditions autres que les nôtres,
04:17 c'est-à-dire qu'ils peuvent utiliser des programmes phytosanitaires
04:21 qui permettent de travailler et la rentabilité, et la production, et la qualité.
04:26 - Et qui font que vous, vous vous retrouvez soudain, subitement,
04:29 depuis quelque temps, en grande difficulté,
04:31 et c'est ce que vous dénoncez au quotidien ici,
04:33 sur place, Christophe Hadline, il y a des céréaliers, il y a des éleveurs,
04:37 il y a également des viticulteurs, et ça c'est nouveau,
04:40 des viticulteurs qui depuis quelques jours rentrent dans la danse,
04:43 et qui annoncent des actions spectaculaires à partir de demain.
04:45 - Christophe Chambon, une centaine de revendications ont donc été remises
04:50 par la FNSEA au Premier ministre, c'est beaucoup, ces revendications.
04:54 - C'est beaucoup, c'est même énorme, ça montre vraiment aussi justement
04:58 où on en est sur l'ensemble de notre territoire français,
05:02 par rapport à la crise agricole.
05:03 - Parce que ce que vous dites, c'est pas entrer plat dessert,
05:06 vous voulez dire quoi ?
05:07 - C'est un ensemble de mesures, mais si on les reprend,
05:10 comme vous l'avez dit, on ne va pas avoir le temps de les reprendre une par une,
05:12 mais il y a les trois axes principaux, ça a été dit,
05:15 si on part déjà sur le revenu, ça veut dire qu'aujourd'hui,
05:19 on vient de voir les images sur le blocage d'une GMS,
05:23 pourquoi ? Tout simplement, la demande qui est faite,
05:25 c'est la mise en application de la loi EGalim.
05:27 La loi EGalim, elle a été votée, elle doit être respectée,
05:31 et ça sera le premier point pour construire le prix sur la marche avant.
05:34 - Elle n'est vraiment pas respectée, cette loi Gaëtan Mena, la loi EGalim.
05:36 Le président de la République a poussé un coup de gueule en ce sens,
05:39 en Conseil des ministrières. En quoi elle n'est pas respectée ?
05:41 - C'est ce que disent aujourd'hui les agriculteurs,
05:43 il faut qu'il y ait des contrôles, Bruno Le Maire a indiqué
05:45 qu'il y allait y avoir davantage justement de contrôles
05:49 pour voir si les distributeurs et les industriels
05:52 poussaient les prix de la matière première agricole vers le bas.
05:55 Aujourd'hui, ils n'en ont pas le droit, puisque justement,
05:57 ils sont protégés par les lois EGalim 1 et EGalim 2.
06:01 Mais force est de constater que vraisemblablement,
06:04 pour obtenir des prix les plus bas pour les consommateurs,
06:07 on essaie de toucher au prix de la matière première.
06:10 - Ça paraît évident, et en fait, finalement, ça ne paraît pas si simple,
06:12 cette loi EGalim, ça c'était le premier axe.
06:14 Vous disiez qu'il y en a trois, c'est quoi le deuxième ?
06:15 - Le deuxième axe, c'est revenir aussi sur les mesures.
06:19 On vient de voir aussi tout de suite,
06:22 on parle sur la crise, le moral des agriculteurs.
06:25 Le moral des agriculteurs, vous le voyez, notamment
06:27 les images sur les produits qui ont été déversés.
06:31 C'est de l'alimentation, on ne cautionne pas surtout
06:33 le gaspillage alimentaire, mais en même temps,
06:36 ça a été dit auparavant également, chaque année,
06:38 lorsqu'on a de la surproduction et qu'il n'y a pas de vente en face,
06:41 malheureusement, on voit, on a ces mêmes déchets
06:44 de produits agricoles qui sont perdus, mais c'est chez nos producteurs.
06:47 Et aujourd'hui, on le réclame souvent,
06:48 n'apportons pas l'alimentation que nous ne voulons pas en France.
06:52 - Je vais très clairement, en fait, les normes.
06:55 Aujourd'hui, sur les normes, c'est qu'il nous faut
06:57 les mêmes normes au niveau européen que français.
07:00 Aujourd'hui, on a une surtransposition et ça,
07:02 c'est plus acceptable par rapport au moral de nos agriculteurs.
07:04 - Là aussi, il faut vraiment l'expliquer, la transposition,
07:06 qu'est-ce que ça veut dire et quelles conséquences
07:09 ça a pour nos agriculteurs ?
07:10 Qu'est-ce que ça veut dire, la surtransposition d'une norme européenne ?
07:13 - C'est un empilement de normes qui sont toujours beaucoup plus importantes.
07:17 Et aujourd'hui, les agriculteurs n'en peuvent plus.
07:19 Il y a le code rural, il y a les normes européennes,
07:24 il y a les normes environnementales.
07:25 - Mais pourquoi l'administration française éprouve ce besoin de le faire ?
07:28 - C'est l'administration française,
07:30 mais dans tous les secteurs d'activité, c'est exactement la même chose.
07:33 Ça fait des années qu'on nous parle d'une simplification administrative.
07:36 - En fait, c'est une complexification.
07:37 - Et on n'en voit pas, nous, exactement aujourd'hui,
07:39 ce que veulent finalement les agriculteurs.
07:41 Ce n'est pas qu'on revienne en arrière,
07:42 c'est un accompagnement pour mettre en place toutes ces normes.
07:45 - On a lu les revendications de la FNSA.
07:48 Dans votre viseur, il y a les règles
07:50 relatives à l'utilisation des produits phytosanitaires.
07:53 Est-ce que ça veut dire que vous voulez pouvoir de nouveau utiliser
07:58 des produits qui sont aujourd'hui interdits ?
08:00 Oui ou non ?
08:01 - Alors, la réponse, c'est vrai que c'est une question assez dure.
08:05 Moi, je vais être franc avec vous, on est en direct aussi.
08:07 Aujourd'hui, on a 90% de la population qui soutient nos mouvements.
08:11 On n'est pas là, justement.
08:12 On est la première agriculture française
08:15 avec la qualité reconnue au niveau mondial.
08:17 - Mais la vérité, c'est ça.
08:18 - La vérité, c'est que c'est de pouvoir...
08:21 Aujourd'hui, nous, qu'il y ait des molécules
08:22 qui soient interdites dans le temps,
08:24 si on a des solutions en face, ça ne sera pas un problème.
08:27 On dit toujours pas de proposition sans solution.
08:32 Et le problème qu'on a aujourd'hui,
08:33 moi qui viens de la région Bourgogne-Franche-Comté,
08:35 on a quand même notre moutarde de Dijon qui est bien reconnue.
08:38 On est en train de la perdre parce qu'on a mis tout de suite des molécules,
08:42 on a interdit des molécules et on ne peut plus la produire
08:45 parce qu'on n'a pas su s'adapter en attendant.
08:47 On est bien sûr, sur le volet environnemental,
08:49 les premiers prêts à s'organiser pour répondre aux attentes.
08:52 Et là, pour l'instant, on n'a pas de réponse qui permette de sauver
08:55 l'exemple que je viens de vous donner, la moutarde de Dijon.
08:57 - On continue cette discussion avec vous.
08:59 On voudrait vous montrer une image aussi,
09:01 c'est celle qui nous parvienne de Bretagne.
09:04 Les agriculteurs bretons, avec les pêcheurs bretons,
09:06 se dirigent en ce moment vers Rennes,
09:08 où ils ont appelé à un rassemblement
09:10 aux abords de la préfecture de Rennes.
09:12 C'est Alizé Boissin qui est sur place pour BFMTV
09:15 avec le cortège de tracteurs.

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