La bande de "Julie jusqu'à minuit" réagit à la discrétion du ministre de l'Intérieur face à la mobilisation des agriculteurs
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00:00 À vous de prendre le pouvoir, Christophe Barbier. On a vu évidemment ces images ce soir,
00:05 ces images marquantes à Agen, la préfecture aspergée de Lisier, le symbole de la République visée.
00:13 Et ce qui est assez marquant quand même aujourd'hui, c'est le silence de Gérald Darmanin.
00:17 Oui bien sûr, et puis les forces de l'ordre n'interviennent pas.
00:19 Il y a évidemment deux points de mesure dans ce pays.
00:21 Hier, le ministre nous dit "mais les autoroutes sont occupées, mais comme il n'y a pas de dégradation,
00:25 c'est pas la peine d'envoyer la force publique".
00:27 Ben tiens, on va aller tous les cinq, tout à l'heure, bloquer le périphérique sans rien dégrader.
00:31 On va voir combien de temps on met avant de nous envoyer la police.
00:33 Évidemment, le pouvoir a peur des agriculteurs.
00:36 Je vous accompagne pas, Christophe.
00:38 Pourtant, je suis sûr que vous les tiendriez en respect.
00:40 Ça, vous iriez, vous.
00:41 Donc voilà, c'est pour dire simplement qu'il y a deux points de mesure.
00:44 Le gouvernement a peur d'une généralisation de la colère,
00:46 parce qu'une corporation comme les agriculteurs, ça peut bloquer le pays demain.
00:49 Et donc, quant à Extinction Rébellion, bloquez le périph', on les dégage.
00:53 Ils sont populaires et ils sont nombreux.
00:54 Ils sont populaires.
00:54 En 1959, en novembre, les syndicats agricoles mettent 300 000 paysans
01:00 dans les rues, dans des manifs, dans des meetings.
01:02 À l'époque, c'était 10 % de la population agricole.
01:05 Aujourd'hui, c'est 100 % de la population agricole, ou presque ces 300 000.
01:09 Eh bien, le gouvernement tient.
01:11 Michel Debré dit "non, je refuse leur revendication".
01:14 C'était l'indexation des prix agricoles sur l'inflation.
01:17 Il y a des mois et des mois de conflit avant que le gouvernement finisse quand même par céder un petit peu.
01:21 Donc, vous voyez, aujourd'hui, on a beaucoup plus peur.
01:24 Mais ils étaient moins populaires, les agriculteurs, à l'époque.
01:27 Ils étaient beaucoup plus majoritaires.
01:28 Oui, mais maintenant, les gens les voient comme la partie faible du pays
01:32 et leur apportent leur compassion, leur soutien.
01:34 Parce qu'il y a une sorte...
01:35 87 % des Français soutiennent la mobilisation.
01:38 92 % ont une bonne image des agriculteurs.
01:40 On voit qu'ils sont pauvres.
01:41 Et par ailleurs, il y a, je crois, en chaque citoyen, notamment urbain,
01:45 un remord de la vie rurale perdue, qui nous semblait un monde plus équilibré,
01:50 plus en phase avec la nature et peut-être plus sable.
01:53 C'est sans doute une illusion.
01:54 La France n'a pas existé, mais c'est réel.
01:56 Surtout, quand même, une envie, un désir, à mon avis, profond,
02:00 que la France reste un pays agricole, qu'on ne bascule pas définitivement
02:05 dans ce que Houellebecq, là encore, nous promet,
02:07 à savoir de devenir un parc d'attraction pour les riches du monde entier.
02:11 C'est quand même malheureusement un peu ce qui est en train de devenir la France.
02:14 Ce n'est pas quelque chose qu'on peut souhaiter.
02:16 C'est ce qui se joue là.
02:17 C'est ne pas être la carte et le territoire.
02:18 Si on garde une agriculture, on est encore un pays.
02:21 Sinon, on devient un parc d'attraction.
02:22 On arrive peut-être à un nœud important sur les normes, sur cette écologie.
02:27 On va pouvoir faire des grands choix.
02:29 Mais encore une fois, il faudra repenser tout le modèle.
02:31 Il ne faudra pas continuer à mettre de l'argent à fond perdu dans un modèle épuisé.
02:34 C'est rare, d'un mot, Guillaume Fard, que les autorités n'interviennent pas
02:37 sur ce type d'action lors des manifestations ?
02:39 Non. Le maintien de l'ordre, encore une fois, c'est un art d'escalade, de désescalade,
02:43 de fixer des lignes rouges.
02:44 Les violences contre les personnes, c'est une ligne rouge absolue.
02:47 Les dégradations importantes de bâtiments publics, c'est une ligne rouge.
02:51 On n'a pas incendié la préfecture.
02:52 C'est une ligne rouge, en tout cas, fixée par Gérald Darmanin.
02:54 Oui, mais là, il n'y a pas de blessés aujourd'hui.
02:57 Et la préfecture, elle est souillée, si vous voulez, mais elle n'est pas incendiée.
03:03 Ce n'est pas la préfecture du Puy-en-Velay, pendant les manifestations de Gilets jaunes.
03:08 Quant au bandeau où est passé Gérald Darmanin, il se concentre sur un événement
03:11 qui démarre le 26 juillet, qui s'appelle les Jeux olympiques.
03:14 Auparavant, il y a le parcours de la flamme, c'est le 8 mai.
03:17 Et puis demain, il y a la loi immigration qui passe au Conseil constitutionnel.
03:20 On imagine aussi qu'il a un petit peu peur de ce qui est en train de se passer, non ?
03:22 Il n'est pas un peu tétanisé par les événements qui se jouent là
03:26 et qui peuvent se dérouler dans les prochains mois ?
03:28 Oui, lui, personnellement, j'en sais rien.
03:30 Le ministère de l'Intérieur a connu quand même bien pire, en termes d'ordre public,
03:34 que les manifestations d'agriculteurs.
03:36 Les routiers, les agriculteurs, la police, les attaquants.
03:39 Oui, mais c'est l'issue de la crise.
03:40 Si la crise tourne vinaigre, c'est en fonction des...
03:44 Mais décidément, Ously...
03:46 Peut-être qu'il faudrait que vous le mettiez en avion, Ously.
03:49 Mais c'est ce que j'ai fait !
03:50 La crise dérapera ou non, en fonction de ce que le gouvernement va annoncer.
03:55 C'est ça qui va déterminer l'issue de la crise.
03:57 Soit ils ont des annonces suffisamment courageuses
04:00 pour que les agriculteurs rentrent chez eux,
04:03 soit ils font des demi-annonces et ce sera le bordel.