• il y a 10 mois
Les raisons qui poussent Emmanuel Macron à appeler à un « réarmement démographique » et la peur d’une baisse de la natalité française trouvent en partie leurs origines dans une histoire démographique singulière.

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Transcription
00:00 Faire moins d'enfants, est-ce que c'est si grave pour un pays ?
00:03 Constat alarmant ce matin,
00:05 c'est le niveau le plus faible depuis la seconde guerre mondiale.
00:07 Les Français ne veulent-ils plus faire d'enfants ?
00:10 Alors c'est vrai, le nombre de naissances baisse en France.
00:12 Depuis 2010, on est même passé de 832 800 naissances par an à 678 000.
00:18 Bon, cette baisse, elle peut être expliquée par plein de facteurs.
00:21 Mais nous, ce qu'on va se demander, c'est est-ce que c'est vraiment rationnel de s'alarmer ?
00:25 Eh bien dans l'histoire, ça l'a été. Et d'abord pour faire la guerre.
00:29 La France est le premier pays européen à la fin du XIXe siècle à avoir sa population baissée.
00:35 Et ça l'inquiète.
00:36 La France vient de sortir d'une guerre contre l'Allemagne.
00:39 Un des arguments avancés, c'est qu'il n'y ait pas assez de soldats pour se battre
00:44 contre notamment les soldats allemands qui ont alors une natalité plus élevée
00:48 et donc un nombre de jeunes gens plus élevés également.
00:51 En réaction est créée la première association nataliste de France,
00:56 une alliance transpartisane créée pour influencer le gouvernement.
00:59 Une natalité assez forte reflète déjà à l'époque une certaine vigueur du pays,
01:05 une bonne santé du pays.
01:07 Incitation financière, médaille pour les familles nombreuses,
01:09 interdiction des publicités pour la contraception,
01:12 les mesures natalistes se multiplient et se durcissent jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
01:17 Puis, quand on n'a plus besoin de faire la guerre, le deuxième argument, c'est l'économie.
01:21 D'abord pour la croissance.
01:23 Plus il y a de naissances, plus il y a d'actifs sur le marché du travail
01:26 et donc plus il y a de richesses produites.
01:28 Et puis après-guerre, on crée la sécurité sociale,
01:31 un système qui repose tout entier sur la solidarité entre les générations.
01:36 Pour financer les dépenses des plus âgés et de ceux qui ne travaillent plus,
01:39 l'État puise les fonds chez ceux qui travaillent.
01:41 Concrètement, les actifs d'aujourd'hui cotisent pour payer les dépenses des actifs d'hier et ainsi de suite.
01:47 C'est ce qu'on appelle le système par répartition.
01:50 Aujourd'hui, c'est OK puisqu'il y a plus d'actifs que de retraités.
01:54 Mais à long terme, moins de bébés, ça fait moins de travailleurs
01:57 et les comptes sociaux pourraient ne plus être à l'équilibre.
02:00 Aujourd'hui, en 2024, le monde a changé.
02:03 Alors, est-ce qu'on doit toujours s'inquiéter d'une baisse de la natalité ?
02:06 Il n'y a pas de raison aujourd'hui de s'inquiéter de la baisse du nombre de naissances
02:11 si la situation actuelle devait perdurer.
02:13 Si la fécondité restait au niveau actuel de 1,67
02:17 et si le sol migratoire restait au niveau actuel de 180 000,
02:20 les perspectives montrent une population qui continuerait à augmenter.
02:25 Donc, pas de diminution de la population.
02:27 Effectivement, en plus des naissances,
02:29 l'immigration, c'est l'une des façons d'augmenter la population de travailleurs
02:32 et donc de compenser le vieillissement de la population.
02:35 Ensuite, la richesse potentielle d'un pays ne se compte plus seulement en nombre de bras.
02:40 Par exemple, les progrès technologiques ont tout changé.
02:43 Aujourd'hui, un Français est 28 fois plus productif qu'en 1830.
02:47 Et cet écart va sûrement continuer de se creuser.
02:50 Enfin, la baisse de la natalité, ça concerne plus ou moins tous les pays du monde.
02:54 Et dans ce mouvement général, la France fait même plutôt figure d'exception,
02:58 avec le taux de fécondité le plus haut d'Europe.
03:01 Cette histoire particulière de la démographie française et de la natalité française
03:05 et donc des mesures natalistes qui ont suivi,
03:08 expliquent peut-être cet intérêt qu'on voit toujours aujourd'hui pour la natalité
03:13 et notamment pour le fait de conserver une natalité élevée
03:17 sans forcément toujours expliquer pourquoi une baisse de la natalité,
03:22 aujourd'hui encore, est un mauvais signe.
03:24 [Bruit de bouche]

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