L'A16 est depuis ce mardi bloquée par les agriculteurs de l'Oise. RTL a suivi l'installation du campement et la première journée du blocage. Difficile de trouver une unique revendication, c'est plutôt un bouillonnement de colère qui s'y exprime. Plusieurs générations d'agriculteurs se rejoignent sur ce barrage.
Regardez RTL Evènement du 24 janvier 2024 avec Valentin Boissais.
Regardez RTL Evènement du 24 janvier 2024 avec Valentin Boissais.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL événements. Et c'est bien sûr, vous l'aurez compris encore, le grand titre ce matin, cette colère des agriculteurs. On l'a vu à l'instant
00:11 dans le journal, les blocages se multiplient.
00:13 Et événements, ce matin RTL a décidé de vous emmener au coeur de l'un de ces points de blocage, en immersion.
00:19 Bonjour Valentin Boisset. Bonjour Amandine, bonjour à tous. Vous avez passé la journée d'hier à Beauvais, sur l'autoroute A16, première étape,
00:27 l'installation. Oui l'opération est périlleuse, 50 tracteurs s'élancent depuis une bretelle d'accès.
00:32 Il faut que les premiers tracteurs avancent un petit peu.
00:34 Tu viens avec moi pour bloquer les vagnoles derrière ?
00:36 Puis ils s'arrêtent d'un seul coup, sous un pont, sur l'autoroute. Les automobilistes sont pris de court, certains font demi-tour, quatre voies bloquées
00:43 dans les deux sens. Il y a une femme derrière là, qui en pleure, qui va à l'enterrement. Après on ferme.
00:48 Un brasero est allumé, une cuisine de fortune s'improvise. Alors sur l'organisation, on est là, on y reste.
00:55 Régis Desmureaux chapote l'opération, il préside la FDSEA de l'Oise.
00:59 De toute manière, on s'installe dans la durée. On a de la nourriture qui arrive.
01:02 Qui apporte la nourriture ? C'est nous, on apporte la nourriture. On a aussi des marchands qui ont décidé de faire venir de la viande.
01:09 Je peux vous demander ce que vous êtes en train de faire ? On est en train de préparer la bétaillère pour rester cette nuit.
01:13 On a prévu de mettre de la paille, des matelas pour dormir. Et après on arrivera à se relayer, parce qu'il faut aussi repartir notre boulot sur les exploitations entre deux.
01:20 Vous êtes de quel âge ? 19 ans. Moi je suis là pour défendre mon métier. On est vraiment en détresse, il faut faire quelque chose, parce qu'on ne va pas tenir comme ça des années.
01:27 La gendarmerie ne se montre à aucun moment sur les lieux à quelques kilomètres. La circulation a été déviée. Une centaine d'agriculteurs vont donc se relayer ici jour et nuit.
01:36 Et maintenant que ce barrage est installé, il est bien sûr question des revendications. On parle beaucoup, Valentin, ces derniers jours de ces normes qui pèsent sur le quotidien des agriculteurs.
01:45 Mais la colère va clairement au-delà. Absolument un premier coup d'œil permet de se rendre compte que la plupart des éleveurs présents sont des jeunes.
01:51 Les heures passent et certains, plus tribun que les autres, se jonchent sur leur tracteur en combinaison de travail pour prendre la parole.
01:57 Sur la manœuvre aujourd'hui, ça va du simple au double. Là où on est à 12 sur le smic pour récolter des fruits et des légumes aujourd'hui, on est à 6 euros en Espagne, on est à 8 euros en Allemagne.
02:06 Ça, ça va pas. Trou de paperasse pour Thierry, éleveur beauvent de 60 ans. On est enfoui dans les papiers. Alors il y a tellement de papiers à faire que maintenant, ça, est-ce qu'on nous a tombé ?
02:15 On nous a tombé. On nous a mis en formation. Une crise des vocations pour Mathieu, jeune éleveur de 30 ans. Quand on a un jeune qu'on s'installe, on fait un projet de vie là-dessus.
02:21 Maintenant, on se bat pour avoir un peu de considération. Aujourd'hui, je le dis haut et fort, mais je serais peut-être pas éleveur toute ma vie à cause de tous ces problèmes-là.
02:28 Mais eux, les jeunes, là, maintenant, quand ils reviennent le week-end, ils disent "mais attends, Papor, tu gagnes que ça ?"
02:33 Difficile donc de trouver un mot d'ordre commun. Il s'agirait plutôt d'un bouillonnement de revendications selon Régis Desmures.
02:39 C'est quoi le mot qu'on peut poser sur ce type de mouvement ?
02:42 C'est une révolte agricole. Un sentiment de mal-être qui existe aujourd'hui dans le monde agricole. La colère, elle existe. Les agriculteurs sont déterminés. Je dis bien déterminés. Il nous faut des actes rapides.
02:52 Des agriculteurs, on l'entend, en colère, déterminés. Valentin, qu'ont-ils prévu pour la suite ?
02:58 Eh bien d'abord, de rester ici le plus possible. La mort d'Alexandra Sonnac en Ariège, agricultrice fauchée sur un barrage hier, résonne comme un symbole.
03:06 Une personne a perdu la vie aujourd'hui pour défendre son revenu. Donc c'est dramatique. On va faire s'il vous plaît une minute de silence.
03:13 Un hommage organisé par Luc La Cinquantaine, éleveur à Beauvais.
03:17 Elle ne doit pas être morte pour rien. Si elle est sortie de son exploitation, si elle était sur les barrages depuis quelques jours, c'est juste parce qu'elle est comme nous tous.
03:24 Visuellement, le nombre de tracteurs est différent. Dans les deux sens de la Cèse, vers Beauvais, il y en a 9. Vers Paris, il y en a 40.
03:31 Je pense qu'on est prêts à aller jusqu'au bout. Vous savez, quand vous regardez, vous la connaissez cette route ? Là-bas, c'est quoi ? Par là-bas ?
03:37 Paris.
03:38 Voilà, vous avez tout convaincu.
03:39 Les organisateurs prévoient d'avancer le campement de plusieurs kilomètres chaque jour vers la capitale.
03:44 Immersion au cœur d'un blocage sur l'autoroute A16. Reportage signé Valentin Boisset.
03:49 [SILENCE]