Sécurité des transports à Grenoble : le syndicat FO réclame une "vraie brigade avec une cinquantaine d'agents"

  • il y a 8 mois

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00:00 7h46 et vous avez la parole ce matin Théo H, on prend les transports en commun.
00:04 Oui, avec peut-être un peu de crainte.
00:06 On parle sécurité dans les transports ce matin.
00:08 Les chiffres de la préfecture montrent une hausse, effectivement,
00:11 de 200 à 300 incidents par an.
00:14 Le début d'incendie d'un bus à Ventire à Grenoble, par exemple,
00:17 quartier Tesserre le montre bien.
00:19 Alors qu'en pensez-vous, que voyez-vous sur le terrain ?
00:22 On attend vos appels.
00:23 Et est-ce que vous prenez les transports en commun sans problème
00:26 ou bien est-ce que vous avez une crainte, parfois ?
00:28 Venez nous le raconter où que vous soyez dans l'agglomération grenobloise
00:30 mais aussi bien à Bourgoin-Jailleux, Vienne, qu'ailleurs en Isère.
00:34 Nous sommes à votre écoute 0476 46 45 45.
00:36 Et pour en parler, notre invité,
00:38 Georges Garcia, secrétaire force ouvrière chez MTAC.
00:41 Bonjour M. Garcia.
00:42 Oui, bonjour à tous et toutes.
00:43 Merci d'être avec nous ce matin.
00:45 Alors les chiffres sont là, je le disais, des incivilités en hausse,
00:48 200 à 300 par an.
00:49 Ça se manifeste comment concrètement pour vous et vos collègues ?
00:53 200 et 300, donc ça c'est les chiffres de la police.
00:56 Nous en interne, on a à peu près 1400 faits par an.
00:58 Donc je vous laisse calculer par rapport à 365 jours,
01:01 ce qui fait 4 ou 5 faits par jour.
01:03 Alors entre les atteintes au bien...
01:04 Les faits, on parle de quoi ? Parce qu'il y a beaucoup de choses.
01:06 Il y a beaucoup de choses dedans, bien sûr.
01:07 Il y a les atteintes au bien, les atteintes entre clients,
01:09 les atteintes vis-à-vis du personnel,
01:11 les incivilités d'une manière générale.
01:13 Donc au quotidien, on est impacté justement par,
01:15 non pas ce sentiment de sécurité, mais ce sentiment d'insécurité.
01:18 Ce sentiment d'insécurité qu'on voit,
01:20 qu'on ressent aussi au standard de France Bleu Isère.
01:22 Mathieu ?
01:22 - Nous allons commencer cette discussion avec vous
01:24 en accueillant Paul qui nous appelle de Fontaine.
01:26 Bonjour Paul !
01:27 - Oui bonjour, non je ne tremble pas en prenant le tram,
01:30 ni le bus malgré mes 86 ans et ma canne.
01:34 - Mais Paul, vous avez des connaissances qui travaillent
01:37 dans le milieu des transports en commun.
01:39 - Je le prends tous les jours.
01:40 Bon, encore une fois, je ne tremble pas du matin au soir
01:44 en prenant le bus et le tram.
01:46 Grenoble n'est pas pire que les autres agglomérations,
01:49 mais je connais des conducteurs, qu'ils soient de bus ou de tram,
01:53 et effectivement ils sont en EVC pour un oui ou pour un non.
01:55 Voilà, c'est tout ce que je voulais dire.
01:57 - Mais vous, quand vous prenez les transports en commun,
01:59 ça se passe plutôt bien, Paul ?
02:02 - Écoutez, je ne vous cache pas qu'avec ma canne,
02:05 je suis parfois un peu gênant pour certains,
02:07 mais on arrive disons à s'entendre.
02:11 Bon, il est vrai que certains,
02:13 et certaines sont très très occupées par leur portable,
02:17 effectivement, et ne voient pas parfois des personnes
02:20 qui ont des difficultés pour se déplacer.
02:22 Ceci est une chose.
02:23 Mais pour ce qui est de l'insécurité,
02:26 moi je veux surtout faire allusion aux conducteurs,
02:32 aux conductrices, qui elles effectivement,
02:34 moi j'en connais pas mal, que ce soit de bus ou de tram,
02:37 et effectivement, plus ça va, plus il semblerait que ça s'aggrave.
02:41 Enfin, c'est pas qu'il semblerait, c'est la réalité.
02:43 - C'est plus eux les victimes, semble-t-il,
02:45 de toutes ces incivilités ? Selon vous ?
02:47 - Oui. À mon avis, oui.
02:48 Mais non, il y a des incivilités de personnes également âgées.
02:52 Il faut voir, je le prends tous les jours, le bus, le tram,
02:55 bon, j'en ai plus de voitures,
02:56 donc je sais un petit peu de quoi je parle.
02:59 Bon, l'insécurité, c'est surtout vis-à-vis des conducteurs, des conductrices.
03:03 - Et on va leur poser la question.
03:04 - Merci beaucoup, Paul.
03:05 - Merci, Paul, effectivement.
03:06 Je reviens vers vous, Georges Garcia, secrétaire force ouvrière.
03:10 Où et quand se produisent la plupart des incidents ?
03:13 Est-ce qu'il y a des moments et des lieux peut-être plus propices, plus problématiques ?
03:18 - Non, on est impacté un petit peu sur toutes les lignes au fur et à mesure.
03:22 Alors après, une année, c'est une atteinte plutôt au bien,
03:24 l'autre année, c'est une atteinte au personnel semi-taïg.
03:28 Donc, bien évidemment, on a des agressions qui sont régulières.
03:31 Le créneau horaire le plus important, c'est entre 16h et 19h,
03:35 et ça touche l'ensemble des lignes.
03:37 Il n'y a pas une ligne qui est plus ou moins impactée suite à une contrariété.
03:39 Ça va malheureusement dégénérer et on remercie l'auditeur Paul
03:43 qui rend hommage aux conducteurs qui, évidemment, subissent tout ça.
03:47 - Lundi soir, effectivement, il y a un bus, par exemple, quartier Tesserre,
03:50 qui a reçu un projectile enflammé vers 19h30.
03:53 C'est à peu près là le point de crispation ?
03:56 - Oui, c'est ça.
03:57 Malheureusement, nous, on a une information à l'interne qui nous dit un jet de projectile.
04:01 C'est tout simplement, je pense, un cocktail Molotov qui est jeté sur le bus.
04:04 Heureusement, on n'a pas trop d'antécédents ou de situations du même genre.
04:09 La dernière fois qu'on a eu un cocktail Molotov, c'était sur un bus articulé sur la ligne 26 à Tesserre.
04:14 C'était en 2000 et le bus avait cramé.
04:16 Le jeune avait jeté un cocktail Molotov à l'intérieur du bus alors qu'il y avait des clients.
04:21 - Mais c'était il y a plus de 20 ans.
04:23 - C'était il y a plus de 20 ans.
04:24 - Ça reste quand même rare.
04:25 - C'est ça.
04:26 La tendance aujourd'hui, c'est plutôt les tirs de mortier qui sont en croissance constante depuis deux ans.
04:32 - Et on retourne au standard de France Blue.
04:33 - Oui, exactement.
04:35 Anne-Marie est avec nous de Coran.
04:37 Bonjour Anne-Marie.
04:38 - Oui, bonjour.
04:39 - Alors Anne-Marie, si je comprends bien, vous allez prendre un peu le contre-pied de ce qu'on a pu entendre juste avant en termes d'ambiance, dirons-nous.
04:47 - Oui, parce que bon, disons que je suis sur une ligne qui est quand même assez sociable.
04:52 On va dire qu'il y a beaucoup de jeunes, il y a beaucoup de personnes qui prennent le bus et qui sont comme moi.
04:59 - Vous prenez quelle ligne, Anne-Marie, si ce n'est pas indiscret ?
05:03 - Le 16.
05:04 - Et là, ça se passe bien.
05:05 Vous n'avez pas constaté de soucis ?
05:08 - Pas vraiment, non.
05:10 Pourtant, vous savez, je le prends plus ou moins, on ne va pas dire tous les jours, mais une bonne partie de la semaine.
05:17 - Donc voilà, c'est aussi une manière de dire que ça peut aussi bien se passer.
05:20 Vous n'avez pas peur de prendre les transports ?
05:23 - Non.
05:24 Par contre, la seule chose qui m'entiquine en ce moment, et excusez l'expression, c'est la voie sur Berge qui est fermée.
05:32 Ça fout un foutoir impossible.
05:36 Alors, je reste une heure, une heure et demie dans le bus.
05:40 Là, vous savez, on marche au ralenti un peu.
05:43 - La conséquence des inondations, effectivement.
05:47 - Quand on n'est pas coupé en deux, parce que si on ne passe pas avant quatre heures et demie à la place de Verdun,
05:55 on est obligé d'attendre que l'autre, que le quart du Grésil-Vaudan, il vienne nous récupérer.
06:00 Alors là, c'est mortel.
06:02 - Un autre suivi.
06:03 - Le Grand Orquois va en tout cas, du réseau, en l'occurrence.
06:06 Mais merci de votre appel.
06:07 - J'aimerais, Georges Garcia, vous faire entendre un responsable de la police nationale.
06:12 Il s'appelle Jérôme Chappat.
06:13 Il est directeur interdépartemental de la police.
06:16 Il nous parle de cette promesse faite en novembre 2024 par le ministère de l'Intérieur et par la préfecture de l'Isère
06:22 d'une brigade de sécurisation des transports.
06:26 C'était prévu dans 67 villes, dont Grenoble.
06:29 Cette brigade, 15 mois après l'annonce, elle n'est toujours pas là.
06:32 Mais ça progresse tout de même.
06:33 Écoutez, Jérôme Chappat.
06:34 - On a déjà des équipages, en général, 4 fonctionnaires, 2 titulaires et 2 réservistes qui patrouillent régulièrement dans les transports en commun.
06:45 Je prends aussi le temps de voir les lieux les plus incidentogènes, on va dire, pour être le plus efficace possible et le plus performant possible.
06:53 Surtout le plus visible possible.
06:55 - Il nous dit qu'il y a 4 agents de titulaires, de remplaçants qui sont désormais sur le réseau.
07:01 Est-ce que ça, vous le voyez concrètement sur le terrain, M. Garciol ?
07:04 - Pas spécialement.
07:05 On ne peut que remercier le bon relationnel qu'on a vis-à-vis des forces de l'ordre,
07:09 que ce soit la gendarmerie, la police municipale ou la police nationale, qui intervient très rapidement une fois qu'on a eu incident.
07:16 Malheureusement, en termes de prévention, par rapport à toutes les personnes que l'on transporte,
07:21 vous pensez bien que sur un réseau grenoblois qui fait 80 millions de voyages à l'année, 4 personnes, c'est insipide malheureusement.
07:30 On ne peut que remercier.
07:32 - Vous réclamez combien de personnel ?
07:34 - Pour une brigade des transports qui se tient, il faudra au moins une cinquantaine de personnes.
07:37 Par rapport aux annonces qui ont été faites vis-à-vis des Jeux olympiques, on l'attend avec impatience.
07:42 - On devrait arriver à une douzaine. On est loin de la cinquantaine que vous attendez.
07:45 - On est loin de la cinquantaine.
07:47 Après, c'est un effort qu'on peut saluer bien évidemment, mais il faut continuer dans cette voie-là.
07:50 Sachant que nous, on a un contrat local de sécurité des transports en commun qui a une particularité à Grenoble.
07:55 On a une réunion par an où est réunie l'éducation nationale, la ville de Grenoble, différentes mairies, la police nationale, gendarmerie, police municipale.
08:05 Et malheureusement, tous ont sur les épaules ce qu'on appelle un budget.
08:11 Et malheureusement, ils n'ont jamais pu dégager le budget nécessaire et la législation qui va avec pour avoir justement cette brigade des transports en chair et en os.
08:18 - C'est quoi qui manque ? La volonté pour mettre le budget sur la table ?
08:21 - Non, je ne pense pas que ce soit une volonté parce qu'il était prévu justement des réservistes dans ce cadre de contrat local de sécurité.
08:28 Réservistes qu'on n'a jamais vu. Et puis, vous pensez bien que d'un point de vue législatif, si c'était des policiers municipaux qui venaient renforcer justement cette brigade,
08:37 d'un point de vue législatif, elle est obligée de s'arrêter au niveau de sa collectivité territoriale.
08:41 Donc bien évidemment, il faut un effort politique et il faut un effort financier de la part de l'ensemble des intervenants.
08:47 - Et on entend votre demande ce matin. On retourne au standard de France Blue Is Air Mathieu.
08:51 - On vous entend également au 0476-46-45-45. Oui, c'est ça. Christelle qui habite à Grenoble est avec nous. Bonjour Christelle.
08:58 - Oui, bonjour.
09:00 - Alors Christelle, on a eu des témoignages avant vous qui étaient plutôt en mode "bon ben ça va, ça se passe bien".
09:06 Je crois que ça ne va pas trop être votre point de vue à vous.
09:09 - Moi je prends le crâne assez souvent parce que j'ai du mal à marcher. Donc les problèmes, voilà.
09:17 Il y a eu dernièrement une personne qui ne voulait pas me donner la place handicapée. Je suis tombée à l'envers. Je me suis tapée la tête.
09:26 Maintenant j'ai très mal à la tête, j'ai des voix de trouble. Je dois faire des examens en clinique.
09:30 Mais ce n'est pas la première fois. Parce qu'il y a eu auparavant, je crois que c'est l'année dernière, ça a été pire.
09:37 Parce que la personne m'a frappée. Elle m'a frappée, donné des coups, tout ça parce que j'ai besoin de m'asseoir.
09:43 Alors je ne comprends pas que les personnes handicapées soient un peu mieux surveillées ou leur mettre un panneau en plus de l'icône qui est là,
09:50 qui montre que c'est bien réservé.
09:54 - Et est-ce qu'à l'époque, Christelle, quand vous avez été frappée, vous le racontez, est-ce que quelqu'un a pu vous venir en aide ?
10:02 Est-ce qu'il y a eu une réaction ? Est-ce qu'il y a eu une intervention ?
10:05 - Alors quelqu'un d'autre m'a donné une place. Donc j'étais assise ailleurs.
10:09 Mais ça s'est tellement mal passé, j'ai pris un malaise. Je n'avais plus mes clés, ni mes cannes, ni mon châc. Rien du tout.
10:15 Je ne m'en suis pas aperçue. C'est quelqu'un qui m'a apporté ça.
10:18 Et la bonne femme hurlait de là où elle était. Il y avait deux personnes pour la tenir, mais elle était dangereuse.
10:25 Et c'est une horreur.
10:27 Alors elle disait "hurlez, je vais lui casser la tête" avec le pouce.
10:32 Elle plaignait son doigt sous la gorge, là, pour faire ce que je voulais.
10:36 - Est-ce que ça veut dire qu'aujourd'hui vous avez encore les transplants communs ?
10:40 - Pour aller à l'hôpital, il faut que j'en prenne trois. Trois trams différents, depuis mon domicile.
10:45 Mais dans le B, j'ai jamais rien constaté. Autrement, c'est le C et le A.
10:50 La dernière fois, ce que j'ai vu dernièrement, le chauffeur a été adorable. Il est descendu pour me voir.
11:00 Je voulais donc sortir du tram pour rentrer chez moi, mais il est venu me trouver. Il m'a dit "je vais appeler les pompiers, etc."
11:08 Et puis, bon, je n'étais pas tellement partante pour ça, pour pas déranger les pompiers.
11:12 Il m'a dit "revenez dans le tram, vous asseoir." Enfin, non, mais charmant.
11:16 D'ailleurs, je vais lui faire un courrier pour le remercier, parce que c'est tellement gentil.
11:20 Je ne sais pas son nom, je ne sais pas si mon courrier va lui arriver, mais j'ai quand même besoin de le dire.
11:25 Je suis très heureuse de voir des gens comme ça.
11:28 - On entend votre témoignage, Christelle. - Merci beaucoup, Chronelle.
11:30 - Merci, Christelle, effectivement. J'imagine que ce message-là, M. Garcia, il vous va droit au cœur.
11:35 Mais il souligne aussi la mobilisation constante des conducteurs qui sont mis à l'épreuve.
11:41 On dit qu'on en manque, des conducteurs. J'imagine que ça accentue les problèmes de recrutement.
11:44 - Vous avez tout à fait raison, oui. Ça va au cœur et au cœur de mes collègues de travail qui, au quotidien,
11:50 on est à peu près 1 460 dans l'entreprise et il y a à peu près 900 conducteurs.
11:54 J'ai déjà lu un de vos articles, vous étiez au courant des faits.
11:57 On a un taux d'absentéisme qui est à la hauteur de 14 %, ce qui est énorme pour une entreprise, depuis le Covid.
12:04 Donc, bien évidemment, l'entreprise a du mal à recruter des conducteurs receveurs, comme des contrôleurs et des personnes des ateliers.
12:13 Alors après, c'est lié, bien évidemment, à ce sentiment d'insécurité, mais ce n'est pas le fait majeur.
12:19 C'est surtout les conditions de travail. Et dans ces conditions de travail, bien évidemment, il y a la sécurité que nous doit notre employeur.
12:25 - Et des messages aussi sur notre page Facebook, soyez-y.
12:27 - Oui, effectivement, des messages pour les conducteurs, justement, de la part de Marie, qui a peur, qui dit qu'elle a peur pour les chauffeurs qui ne sont pas à l'abri,
12:37 effectivement, et qui sont souvent pris pour cible. Ça peut dégénérer, selon elle, pour un peu rien.
12:43 Et puis Christian aussi, qui nous écrit. Christian Augranlin, qui a été chauffeur de bus à l'attaque pendant 18 ans,
12:49 lui dit qu'il y avait déjà des incivilités à son époque, mais que maintenant, elles sont peut-être un petit peu plus violentes.
12:55 - Et on voit que le problème et le chantier est encore devant nous.
12:58 Merci beaucoup, Georges Garcia, d'avoir été avec nous ce matin sur les réformes forces ouvrières chez Entag. Belle journée, merci.

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