Emmanuel Macron: "Le Rassemblement national est la parti du mensonge"

  • il y a 7 mois
Emmanuel Macron a présenté ce mardi soir "le nouveau cap" donné au gouvernement de Gabriel Attal lors d'une grande conférence de presse organisée dans la salle des fêtes de l’Élysée, avant de répondre aux questions des nombreux journalistes sur place
Transcript
00:00 je regarde autour de nous, dans toutes les démocraties européennes,
00:03 y compris chez nos voisins allemands,
00:05 où on pensait impossible le retour de l'extrême droite,
00:07 elle est là.
00:08 Donc je pense qu'il ne faut pas le voir simplement
00:11 avec nos yeux franco-français.
00:13 Quelque chose se passe.
00:15 Moi, je pense qu'il faut, pour éviter le retour des extrêmes,
00:19 mais en particulier de l'extrême droite,
00:20 s'attaquer à ce qui fait voter pour eux.
00:23 La première chose, c'était le chômage de masse.
00:26 C'était une spécificité française.
00:29 Nous étions à coup sûr la grande économie
00:31 qui n'avait pas réussi à endiguer celui-ci.
00:34 On est en train de le faire.
00:36 Et on va continuer.
00:38 La désindustrialisation, on le voyait dans nos territoires
00:40 de l'Est comme du Nord, avait beaucoup nourri
00:41 le Rassemblement national, le Front national, d'ailleurs.
00:44 On est en train d'y répondre, on améliore d'ailleurs
00:46 les choses dans ces territoires.
00:47 Est-ce que c'est suffisant ? Non.
00:50 Deuxième élément, l'immigration.
00:54 Lutter contre l'immigration clandestine,
00:58 c'est, je pense, une des réponses au Rassemblement national.
01:01 C'est pourquoi j'assume totalement la politique
01:03 au niveau européen et français qu'on a menée.
01:05 Pas de naïveté, mais le faire dans le cadre
01:07 de notre République, nos principes,
01:09 ce que je défends.
01:11 Mais il faut s'attaquer à ce qui, dans certaines régions,
01:14 les nourrit.
01:15 Puis la troisième chose qui, je pense, les nourrit,
01:16 c'est une forme de sentiment de dépossession.
01:19 Beaucoup de nos compatriotes se disent,
01:20 au fond, le pays ne marche plus,
01:22 on a tout essayé, on ne les a pas essayés.
01:24 Et ma crainte, et ce contre quoi je me bats,
01:26 parce que je ne suis pas là pour craindre, vous me direz,
01:29 c'est que tout le monde s'habitue à ça.
01:31 Et plus personne ne dit que le Rassemblement national,
01:34 comme toutes les extrêmes droites en Europe,
01:36 c'est surtout et avant tout le pays de l'appauvrissement collectif.
01:40 C'est le pays, c'est le parti de l'appauvrissement collectif.
01:44 C'est le parti du mensonge, et ça continue de l'être.
01:46 C'est le parti qui a le programme
01:48 qu'il a complètement piqué à l'extrême-gauche.
01:50 C'est le parti qui continue à vous expliquer
01:51 que la retraite à 60 ans est possible
01:53 sans vous expliquer comment la financer.
01:54 C'est le parti qui vous explique qu'il faut augmenter le SMIC
01:57 sans vous expliquer comment ça désindustrialisera pas le pays.
02:00 C'est le parti qui continue de vous expliquer
02:03 des choses impossibles sur le plan économique et social
02:05 pour affaiblir.
02:06 Si on ne s'attaque pas pied à pied à l'incohérence de leur programme,
02:12 les gens se disent des trucs faciles.
02:14 L'opposition, c'est beaucoup plus facile que le gouvernement.
02:17 Donc il faut aller au réel sur ce qu'ils proposent.
02:20 Et ça, c'est notre responsabilité collective,
02:22 ce n'est pas que la mienne seule.
02:24 Mais tant qu'on continuera à avoir un discours politique
02:26 qui, parfois, est déréalisé,
02:29 c'est pas populaire de faire une réforme des retraites
02:30 ou de l'assurance chômage.
02:32 Mais si on continue à aller voir les gens
02:33 et qu'on trouve que c'est formidable
02:34 et que c'est une réponse politique de leur dire
02:37 "On va continuer de vous aider,
02:38 "on va vous remettre la retraite à 60 ans
02:40 "et tout va bien se passer", ou à 62 ans maintenant.
02:42 Puis la 2e chose, c'est le parti du transformisme.
02:46 C'est-à-dire qu'il y a 6 ans et demi,
02:49 il était pour sortir de l'Europe et de l'euro.
02:51 Et maintenant, il est pour y rester,
02:53 mais pour ne plus en respecter les traités,
02:54 comme l'extrême-gauche.
02:56 Même programme.
02:58 C'est le Frexit caché.
03:00 C'est l'appauvrissement de la France aussi.
03:01 C'est-à-dire que c'est des gens qui vous disent
03:03 "Je suis plus trop sûr de vouloir sortir de l'euro
03:04 "et de l'Europe comme Naguère."
03:07 Mais enfin, nous, on respectera pas les traités.
03:09 Avec nous, rassurez-vous.
03:10 Vous pensez que vous connaissez vos décopropriétés
03:13 où on continue à vous payer l'eau et le gaz,
03:15 mais vous respectez rien ?
03:17 C'est ça, leur programme.
03:19 Il faut le dire.
03:21 Il faut se battre.
03:22 Et dans un monde en bascule, comme je viens de l'évoquer,
03:24 face à la Chine, aux Etats-Unis d'Amérique,
03:25 vous pensez qu'une France toute seule
03:27 dans une Europe affaiblie, c'est une bonne chose ?
03:29 C'est ça, le programme du Rassemblement national.
03:32 Mais si tout le monde s'habitue en disant
03:33 "Ils sont devenus sympathiques",
03:35 en fait, ils disent plus des choses qui nous heurtent,
03:39 parce qu'on sait plus trop ce qu'ils disent.
03:41 Moi, je vois le débat public, on sait plus trop ce qu'ils disent.
03:43 Mais enfin, ils sont contre ce que fait le gouvernement,
03:44 ça a l'air sympa.
03:47 Alors là, à ce moment-là, on rentre dans une forme
03:53 de zone de danger qu'on voit dans tous les pays européens,
03:56 parce qu'on ne se bat plus pied à pied
03:57 sur ce qui est la réalité de nos principes.
03:59 C'est pour ça que moi, j'assume
04:02 de continuer à présider au réel avec un certain sens de l'idéal,
04:06 et de dire quand les gens ont un problème,
04:07 on essaie de le résoudre, au concret, au réel,
04:10 qu'on essaie de tendre le coup aux mensonges,
04:12 qu'on a besoin en effet d'une France plus forte et plus juste,
04:14 mais qui s'appuie sur des réalités,
04:16 d'une politique économique qui a des résultats
04:18 parce qu'elle a un sens et une cohérence,
04:20 que ne propose pas un rassemblement national,
04:22 d'une politique écologique qui a un sens et une cohérence
04:24 parce qu'elle est compatible avec la création d'emplois,
04:26 d'une politique d'ordre républicain, juste et ferme,
04:31 et qui respecte nos traités et notre Constitution.
04:33 C'est tout l'inverse du rassemblement national.
04:35 Donc on va continuer de se battre,
04:36 mais je vois partout en Europe celui-ci qui monte
04:39 par une forme de fascination du désastre,
04:41 mais par un affaiblissement du débat collectif,
04:44 parce qu'on oublie tous de revenir au réel
04:46 à la réalité de leurs arguments.
04:48 Et là, on va avoir un vrai débat européen.
04:52 Je suis pas heureux de les voir en tête des sondages,
04:54 parce que moi, j'ai beaucoup fait pour qu'on soit plus forts,
04:57 nous, Français, en Europe, depuis 5 ans,
05:00 et que notre Europe a beaucoup avancé.
05:02 Mais rassurez-vous, l'Europe du rassemblement national,
05:04 c'est pas celle qui vous permettra d'avoir les vaccins.
05:07 Or, je le rappelle, pendant la crise Covid,
05:08 on a eu des vaccins dans notre pays parce qu'il y avait l'Europe.
05:11 On a pu faire un plan de relance parce qu'il y avait l'Europe.
05:14 On peut aujourd'hui peser face à la Chine,
05:16 aux Etats-Unis d'Amérique, parce qu'il y a l'Europe.
05:19 Parce qu'il y a une Europe qui porte nos valeurs,
05:21 où on s'est poussé nos projets et notre ambition,
05:23 mais parce qu'elle est là.
05:24 C'est l'inverse de ce que porte le rassemblement national.
05:26 Et au fond, le rassemblement national
05:28 est devenu le parti de la colère facile.
05:33 "Dieu, on n'a pas tout essayé", ça paraît sympathique.
05:37 Ne nous habituons pas.
05:39 Agissons.
05:41 Faisons.
05:43 Bousculons les choses et les habitudes
05:44 pour montrer qu'en effet, ce bloc central
05:47 qui rassemble les démocrates, les républicains,
05:50 les écologistes qui croient dans l'Europe,
05:52 peut agir et changer les choses et le quotidien des gens.
05:55 Ayons parfois l'honnêteté de dire quand ça marche,
05:57 la lucidité de dire quand ça marche pas et avançons.
05:59 C'est ça, pour moi, la bonne réponse.
06:00 Je me battrai jusqu'au dernier quart d'heure.
06:02 Je me suis toujours battu comme ça,
06:04 pas avec des leçons de morale,
06:06 en regardant le pays tel qu'il est,
06:07 en essayant de convaincre avec des arguments,
06:09 des actions et du réel.
06:11 C'est ça, le meilleur moyen d'éviter les extrêmes.

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