Le motard espagnol Carles Falcon, grièvement blessé après une chute lors de la deuxième étape du Dakar, est décédé, a annoncé son équipe TwinTrail ce lundi. Le pilote de 45 ans était placé dans le coma artificiel depuis son accident survenu le dimanche 7 janvier. David Castera, directeur de course du Dakar, a réagit après cette triste nouvelle.
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00:00 Il s'appelait Carles Falcon, il avait 45 ans et il portait le numéro 135.
00:04 Dimanche dernier, dans la deuxième étape du Dakar, il a chuté au kilomètre 448 sur 463.
00:11 C'est toujours con la mort en course, mais il était à 15 kilomètres de l'arrivée.
00:14 Vous connaissez la solidarité des gens de la course, la solidarité des motards sur le Dakar,
00:19 ce n'est pas un vain mot, ceux qui sont arrivés derrière lui se sont arrêtés pour l'aider.
00:23 Ils ont appelé instantanément le service médical qui a envoyé l'hélicoptère,
00:26 qui est venu élytreuiller Falcon, ils l'ont emmené à l'hôpital de Al-Douadimi.
00:32 Là, il a été opéré de la vertèbre C2, c'est cervical qui était cassé, il avait un oedème au cerveau.
00:40 Il a été opéré immédiatement après son arrivée à l'hôpital et il a été maintenu dans le coma pendant plusieurs jours.
00:48 La décision a été prise en accord avec la direction de course, les services médicaux, sa famille,
00:54 de le rapatrier il y a 24 heures à peu près chez lui à Tarragone en Espagne.
00:59 Mais les dommages neurologiques qui avaient été causés, je reprends les termes exacts,
01:03 je ne vais pas vous dire de bêtises, les dommages neurologiques causés par un arrêt cardio-respiratoire étaient irréversibles.
01:09 Donc on l'a appris il y a moins d'une heure, le décès de Carles Falcon,
01:13 qui était un ingénieur informaticien de formation et aussi un passionné, un instructeur de moto,
01:19 un guide de voyage à moto.
01:20 Sa passion, c'était d'emmener ses copains, d'emmener des amis, voire des clients,
01:24 faire des grandes randonnées à moto.
01:25 Et lorsqu'il est venu ici au Dakar, il a dit "moi ce que je veux, je ne suis pas là pour faire la course",
01:29 il faisait la mal moto, c'est-à-dire l'original by-motul, ceux qui sont sans assistance.
01:35 Il venait vivre une aventure, il venait rencontrer des gens, il venait se régaler.
01:40 Et malheureusement pour lui cette course s'est arrêtée.
01:44 Les mots sont bêtes, on dit toujours "la course est cruelle" bien sûr,
01:47 mais nous on s'éclate, on s'enthousiasme tous les jours dans le grand direct à midi sur la course,
01:53 sur Van Beveren, sur hier une seconde d'écart entre Brabec et Branch au général,
01:57 après 2800 km de course, etc.
01:59 Ça nous rappelle que d'un côté c'est cruel et de l'autre ces gars-là, c'est des héros.
02:04 C'est des héros parce qu'ils mettent leur vie en danger.
02:06 Dans le sport mécanique, on met sa vie en danger tous les jours.
02:09 Évidemment en auto, peut-être moins qu'en auto, il y a eu des progrès de la technique,
02:13 il y a eu des progrès de protection des pilotes, le Hans, la constitution des voitures, etc.
02:20 Mais en moto, la chute peut être fatale et malheureusement c'est le cas pour Falcon.
02:24 On est en direct avec David Castera qui est le directeur de course du Dakar.
02:29 Bonjour, merci d'être avec nous.
02:31 Je passe la main à Marc afin qu'il puisse vous poser quelques questions.
02:35 Oui David, bonsoir. Merci beaucoup encore d'être avec nous sur ce Dakar.
02:40 Le paddock vient donc d'apprendre la mauvaise nouvelle.
02:44 D'abord, votre première réaction à vous et ce que vous allez organiser ce soir avec les concurrents ?
02:50 Forcément c'est de la tristesse, beaucoup de tristesse.
02:54 Donc ce soir on va organiser un moment, tout simplement je vais prendre la parole avant le briefing
03:00 pour parler de Carles et lui rendre un dernier hommage.
03:04 Ça va impacter le reste de la course ?
03:08 Dans nos cœurs ça va l'impacter.
03:10 Après au niveau sportif et de la course en elle-même, nous allons la maintenir.
03:15 On va la maintenir aussi pour lui et on passera à lui tous les jours de course qui reste.
03:20 Mais on continue la course telle qu'elle était prévue pour les jours à venir.
03:26 On rappelait à l'instant David Castera le côté cruel bien sûr de la course
03:31 mais le côté héros de ces motards.
03:32 On a presque tendance à l'oublier mais tous les jours,
03:35 eux sont en danger, peuvent se mettre en danger, vont chercher un résultat et vivent leur passion.
03:43 Oui, il y en a qui vont chercher le résultat et d'autres qui vont chercher simplement la passion
03:47 mais cette passion elle a un risque et on le sait tous.
03:51 Aujourd'hui les motards savent quand ils partent sur le Dakar que le risque il est là, il existe.
03:56 Il ne faut pas l'occulter et nous on en parle avec beaucoup de transparence aussi.
04:00 Quand on va en mer, un skipper seul il sait qu'il y a des risques.
04:04 Quand on monte en montagne ou l'Everest ou autre, il y a des risques.
04:08 Et nous sommes un sport à risque, le motard n'a très peu de protection, vous le disiez vous-même.
04:12 Aujourd'hui les voitures ont fait des progrès colossaux, ça n'arrive quasiment plus ou très rarement.
04:17 Le motard, on a beaucoup évolué aussi, on a beaucoup travaillé sur les airbags,
04:20 il y a encore des évolutions qui vont arriver.
04:22 Il faudrait que le motard réagisse à lui-même, quand il tombe c'est le corps qui évoluera tout de suite.
04:28 Donc les risques sont énormes et ça peut encore arriver.
04:34 - Je vous passe Georges Quirineau qui est journaliste à l'équipe qui a une question à vous poser.
04:37 - Oui bonjour David Castellar, c'est vrai que votre rôle en étant patron du Dakar,
04:41 on imagine, est justement difficile dans ces moments-là.
04:44 Et on sait que l'histoire du Dakar, elle est faite aussi de ces drames malheureusement.
04:48 Donc on s'y prépare mais on ne s'y habitue jamais totalement.
04:51 Moi j'aimerais juste savoir vous, justement, comment vous vivez en tant que directeur de course ?
04:56 Je ne sais pas, avant qu'une étape part par exemple, on sait que ça peut arriver ce genre de choses.
05:00 J'imagine qu'on ne dort pas beaucoup, on a beaucoup de stress quand on est directeur de course sur ce genre de choses.
05:06 - Oui oui la question, on ne me la pose pas souvent mais vous avez complètement raison.
05:10 Les 15 jours de course pour moi, pour le Dakar, j'ai conscience plus que les autres que ça peut arriver.
05:15 Et oui je l'évite très très mal en fait.
05:17 Je n'arrive pas à prendre le plaisir d'être organisateur toujours à cause de ce risque-là
05:20 parce que je sais qu'il est là, il est présent.
05:23 Et tous ces gars, moi je les amène ici pour le plaisir et pour la découverte.
05:27 Donc quand ça arrive, voilà, ce n'est pas le but.
05:30 Donc on fait tout ce qu'il faut pour essayer de les entourer.
05:33 On a des moyens colossaux mais on ne peut pas pallier à tout.
05:37 Et c'est vrai que c'est difficile à vivre, on ne s'y habitue pas.
05:39 J'ai perdu des copains et je suis là aujourd'hui à parler de tous ces concurrents qui prennent des risques et ceux qui s'en vont.
05:49 Donc ce n'est pas un rôle facile mais je l'assume aussi.
05:54 Mais c'est vrai que c'est toujours difficile.
05:57 Mais je crois qu'au fond, j'ai beau avoir perdu aussi beaucoup d'amis, c'est en nous, c'est notre passion.
06:04 Tous ces gars qui viennent connaissent les risques et c'est un besoin en fait au fond de nous aussi qui existe
06:09 que certains ne comprendront jamais.
06:11 Mais on a besoin aussi de vivre cette adrénaline malgré qu'on sache qu'elle a des risques.
06:17 Bertrand Latour.
06:18 Oui, bonsoir David Cacera.
06:20 Vous parliez des risques inhérents justement à la pratique de cette discipline.
06:25 Loin de moi, l'idée de vous poser une question où je vous demanderais qu'il y ait le risque zéro.
06:29 Mais est-ce qu'il y a encore un matière à ce que la sécurité progresse et avance
06:33 où là on est déjà au maximum de ce qui peut être fait pour ce qui est de la moto ou pas ?
06:39 Non, il y a encore des progrès à faire.
06:41 On est en train de travailler sur les nouvelles normes de casque
06:44 qui sont en train d'évoluer très fortement et surtout au-delà de ça, les airbags évoluent énormément.
06:50 Là, on a fait des airbags aujourd'hui qui entourent plus que la partie basse.
06:53 Aujourd'hui, il y a un travail qui est fait sur des airbags qui enveloppent aussi la tête.
06:57 Donc je pense qu'on a encore beaucoup d'évolution à voir venir
07:01 et j'espère qu'on va d'ailleurs nous-mêmes travailler fortement pour continuer à le faire
07:06 comme on l'a fait jusqu'à maintenant pour essayer de continuer à faire évoluer ces normes de sécurité.
07:11 Merci David Castellar.
07:12 Merci beaucoup d'avoir été disponible très rapidement pour évoquer cette triste nouvelle avec nous.