• il y a 10 mois
La nouvelle ministre de l'Éducation nationale Amélie Oudéa-Castéra a déclenché la polémique en disant qu'elle avait préféré mettre ses enfants dans un établissement privé, notamment pour éviter le non remplacement des professeurs absents. Pour en parler, Lisa Kamen-Hirsig, enseignante dans une école privée et auteure de "La grande garderi"" aux éditions Albin Michel.
Regardez L'invité de RTL Midi du 15 janvier 2024 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi. Agnès Bonfillon, Éric Brunet. Clore le chapitre des attaques personnelles.
00:09 Voilà ce que demande Amélie Oudea Castera. Ce matin, la nouvelle ministre de l'éducation nationale a déclenché une polémique
00:16 en disant qu'elle avait préféré mettre ses enfants dans un établissement privé, notamment pour éviter le non-remplacement des professeurs absents.
00:24 Pour en parler avec nous aujourd'hui, Lisa Kamen Hirsig. Bonjour.
00:28 Oui, bonjour. On vous connaît bien sur RTL. Vous êtes enseignante dans une école privée.
00:32 Avant de vous donner la parole, je me tourne vers Nerissa Emani, notre spécialiste éducation.
00:36 Bonjour Nerissa. Bonjour.
00:37 Pour faire un point sur l'enseignement privé aujourd'hui en France, d'abord, combien d'élèves sont scolarisés dans ce type d'établissement en 2024 ?
00:46 Alors, selon les derniers chiffres du ministère de l'éducation nationale, en 2022, vous avez 2 millions d'élèves scolarisés dans le privé.
00:53 Ça représente 17% des élèves français. Ils sont plus présents dans l'ouest de la France et issus en majorité de milieux favorisés.
01:01 Alors, on compte au total 7500 établissements privés sous contrat, ce qui veut dire notamment que les profs sont payés par l'État
01:08 et que les élèves sont tenus de suivre le programme défini par l'éducation nationale.
01:13 Ces écoles font partie en majorité, en très grande majorité, de l'enseignement catholique, 96%.
01:20 Il y a aussi d'autres écoles confessionnelles, musulmanes, juives et des écoles qui font partie d'un réseau de langue régionale, par exemple des écoles basques.
01:28 Et concernant le coût d'une scolarité dans le privé, Nerissa, j'imagine que ça dépend de l'établissement ?
01:32 Oui, ça varie beaucoup selon le lieu, le prestige de l'établissement.
01:37 Mais selon la Fédération nationale de gestion de l'enseignement catholique, les frais de scolarité pour une année vont de 430 euros pour un élève de maternelle
01:45 à 1200 euros pour un élève en lycée, des frais qui servent surtout à payer l'entretien de l'établissement.
01:52 On est avec Lisa Kamen Hirsig, que l'on connaît sur RTL. Bonjour !
01:57 Bonjour !
01:58 Merci d'être avec nous. Vous êtes enseignante, on le disait tout à l'heure, dans une école privée.
02:02 Vous avez publié "La grande garderie" chez Albain Michel.
02:06 Est-ce qu'on a des données sociologiques précises ?
02:10 Quelles sont les raisons avancées par les parents pour scolariser leur enfant dans le privé ?
02:16 Les données sociologiques ne sont pas tout à fait celles que j'ai entendues tout à l'heure.
02:21 C'est-à-dire que la répartition entre ce que vous appelez les enfants des milieux favorisés ou défavorisés dépend beaucoup de l'endroit.
02:28 Par exemple, en province, on sait que l'indice de position sociale, c'est-à-dire en gros, la moyenne des indices de position sociale des élèves d'une école
02:36 est un petit peu inférieure dans le privé par rapport au public. Donc tout ça, c'est très variable et ce n'est pas si schématique.
02:41 Moi, j'ai été scolarisé dans le Grand Ouest, à Nantes, et je me souviens qu'il y avait...
02:46 Bon, le privé est très puissant, il y a beaucoup d'enfants de familles modestes qui, par tradition familiale,
02:52 allaient dans cet établissement privé. Rien à voir avec le niveau social.
02:55 Et je sais que dans les écoles dans lesquelles j'ai travaillé, on récupère, entre guillemets, souvent des petits garçons
03:01 qui ont du mal à suivre dans le public parce que parfois la discipline est un petit peu moins forte.
03:08 Les motivations des parents pour mettre leurs enfants dans les écoles privées sont très variables.
03:13 Aujourd'hui, on ne peut pas dire que la motivation confessionnelle soit la plus importante, je ne crois pas.
03:20 Et d'ailleurs, on le voit aussi dans la création des écoles qui ne sont pas sous contrat, puisque quand une école se crée,
03:25 elle n'est pas sous contrat avec l'État, elle est dite libre.
03:28 La création des écoles libres aujourd'hui n'est plus du tout majoritairement confessionnelle.
03:33 - Effectivement, en plus en ces dernières années, et notamment depuis 20-30 ans, ça a complètement changé.
03:39 Il y a une époque où on allait suivre un enseignement catholique, aujourd'hui ce n'est absolument plus le cas, ou presque.
03:46 - Ça arrive encore. Et je vous dis, c'est à peu près entre 15 et 20% des écoles qui se créent aujourd'hui
03:53 qui sont des écoles confessionnelles catholiques, ou d'ailleurs juives ou musulmanes.
03:57 Il n'y a pas que les catholiques qui créent des écoles.
03:59 Mais majoritairement, je dirais que les parents scolarisent leurs enfants dans le privé pour d'autres raisons,
04:03 notamment pour des raisons de contenu des enseignements et pour des raisons de discipline.
04:10 - Et aussi, le sujet invoqué par la ministre Mme Oudéa Kacéra, c'est-à-dire que les professeurs absents sont remplacés.
04:20 Il y a un sentiment que chez les parents, en tout cas, est-ce vrai, je ne sais pas, mais que dans le privé,
04:24 pour parler trivialement, la baraque est mieux tenue ?
04:29 - Oui.
04:31 - C'est le sentiment des parents qui le disent.
04:33 - Oui, mais c'est mon sentiment aussi. Moi, ça fait 20 ans que je travaille dans l'enseignement privé.
04:38 J'ai scolarisé mes enfants en partie dans le public.
04:42 Et dans les écoles dans lesquelles je suis passée, quand il y a un enseignant absent,
04:46 on se débrouille entre collègues pour que quelqu'un assure l'intérim.
04:49 Je n'ai jamais vu des classes entières livrées à elles-mêmes, disons.
04:52 Alors que dans les écoles publiques dans lesquelles j'ai scolarisé mes fils, ça s'est déjà produit.
04:57 Et d'ailleurs, j'ai fini par les scolariser eux aussi dans des écoles privées.
05:00 Je ne peux pas faire de statistiques là-dessus sur des exemples comme ça,
05:04 mais il me semble que les parents, ce n'est pas juste une impression, ce n'est pas juste un ressenti,
05:08 il me semble que c'est assez réaliste, oui.
05:10 - Encore, faut-il avoir les moyens de scolariser ses enfants dans le privé ?
05:14 - C'est tout le problème.
05:16 - Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que des parents aimeraient le faire, mais ne peuvent pas le faire ?
05:20 - Alors, il y a un sondage qui est sorti il y a quelques mois, je dirais en mai ou en juin 2023,
05:25 qui a été fait par l'IFOP sur les souhaits des parents, des familles,
05:30 par rapport à la scolarité de leurs enfants, qui montre très clairement, à 56%,
05:34 les parents disent "nous souhaiterions que le financement public suive nos choix, y compris nos choix privés".
05:42 Et on sait que dans une scolarité, en moyenne, disons qu'il y a 40% des élèves qui passent dans le privé
05:48 une fois dans leur scolarité. Donc on sait qu'en gros, les gens voudraient avoir le choix,
05:52 en tout cas une grande majorité d'entre eux, qu'ils ne l'ont pas, parce que financièrement,
05:56 ça représente une dépense supplémentaire. Pour la plupart d'entre eux, ils sont déjà contribuables,
06:00 ils ont déjà payé l'école par l'impôt, donc c'est pour ça que je défends l'idée,
06:05 soit d'une défiscalisation, soit d'un système de chèque scolarité qui permettrait aux parents
06:10 de choisir l'école qui convient le mieux à leurs enfants.
06:12 - Merci Lisa Kamenircig, merci de toutes ces précisions.
06:16 Nous y reviendrons tout à l'heure dans "Les auditeurs ont la parole"
06:20 sur cette ministre qui a scolarisé ses enfants dans le privé.
06:24 Dans un instant, c'est RTL Midi, votre vie. Alors ça, ça me fascine.
06:28 Certaines personnes, au lieu de vivre les événements, je ne sais pas, un concert,
06:33 préfèrent les filmer. Ils ont la tête sur leur smartphone et ils oublient presque de vivre l'événement.
06:38 C'est fascinant ça. A tout de suite.
06:40 (Générique)
06:44 de l'Ontario.
06:45 [SILENCE]

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