Des milliers d’opposants à la loi immigration sont descendus dimanche 14 janvier dans les rues à Paris, Marseille, Bordeaux, Lyon et ailleurs en France pour réclamer son « retrait total » et maintenir la « pression » avant la décision du Conseil constitutionnel le 25 janvier. Dans la capitale, Le HuffPost a rencontré des Français immigrés et descendants d'immigrés qui racontent comment ils vivent cette période politique.
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00:00 La loi immigration passe à tel le test du Conseil constitutionnel.
00:03 Avant la décision des Sages, le 25 janvier, les manifestations se poursuivent
00:06 contre ce projet de loi controversé voté en décembre.
00:09 Et dans la rue, il y a de nombreux Français immigrés ou descendants d'immigrés.
00:12 Voici comment ils vivent l'adoption de cette loi
00:14 et surtout les débats politiques en ce moment.
00:16 Moi j'ai mon père qui est sud d'immigration, sénégalais.
00:19 On se sent concernés, parce qu'on se dit que c'est des lois qui étaient passées un peu plus tôt.
00:24 Notre vie serait toute autre.
00:25 Je suis d'origine algérienne.
00:27 Mon père était sidérurgiste dans l'Est.
00:30 Comment vous avez vécu ces débats-là ? Ce que vous avez entendu ?
00:33 C'est la honte. C'est la honte.
00:35 Je ne reconnais plus la République.
00:37 Maintenant c'est le Front national qui gagne.
00:39 Moi je suis descendant immigré.
00:40 Mes deux parents viennent de l'étranger.
00:44 Là, ça vous prend aux tripes quand même.
00:48 C'est quelque chose qui n'est pas très…
00:53 Je ne vais pas mettre deux mots là-dessus.
00:56 On n'essaie pas de le prendre personnellement,
00:57 même si on se doute bien que de toute façon, avec le débat qui s'installe,
01:00 on est vraiment sur du moment où on n'est pas franco-franco-français.
01:03 Si cette génération, on pose problème,
01:06 après nous on sait ce qu'on veut, on sait ce qu'on a apporté à la France.
01:08 Ce n'est pas la France.
01:09 C'est craché à la gueule de Manoukian,
01:12 craché à la gueule de tous ces gens qui ont donné leur peau
01:15 aux 14, aux tirailleurs nord-africains.
01:18 Les sénégalais, c'est la honte.
01:20 Nos parents sont venus pour bosser.
01:21 Nous on est là, on est dans la continuité.
01:23 Moi, c'est surtout que j'ai peur pour l'avenir de mes enfants.
01:26 Je suis avec mon fils.
01:27 J'ai envie de créer un monde nouveau pour nos enfants.
01:32 Clairement, ce n'est pas ce qui est en train d'arriver.
01:35 Là, on est en train de régresser.
01:36 Ça fait peur, ça craint,
01:37 parce que je comprends que la France est un pays de liberté,
01:41 un pays de droits.
01:42 Que l'extrême droite prenne autant de pouvoir
01:45 dans des trucs très délicats comme le droit à l'existence.
01:50 Moi, je trouve ça pénible.
01:53 Les mesures adoptées sont nombreuses.
01:54 Dorénavant, il y aura un débat annuellement à l'Assemblée
01:57 pour discuter des quotas d'immigration.
01:59 Il y aura aussi un durcissement des conditions du retournement familial.
02:03 Et aussi, il faudra habiter au moins 5 ans en France
02:05 pour obtenir certaines aides sociales.
02:07 C'est une loi dégueulasse.
02:08 Si on s'en prend aux migrants, c'est...
02:10 Enfin, on s'en prend surtout aux pauvres.
02:11 Il y a des ultra-riches qu'on ne fait pas chier
02:13 quand ils installent en France.
02:15 C'est juste dégueulasse.
02:16 C'est une politique de division et c'est juste horrible.
02:19 Mais c'est dangereux, cette loi.
02:22 Non pas que pour les immigrés,
02:23 mais pour l'avenir des Français aussi.
02:26 Ce qui était acquis par les luttes,
02:29 ça va être dessous par l'extrême droite et par la droite.
02:34 On est là aussi pour faire passer ce message
02:37 qu'on a pas mal de choses à apporter à cette société.
02:41 On continue à le faire.
02:42 On a dû quitter notre pays,
02:44 mais on est là pour construire des choses plus belles.
02:48 Sous-titrage Société Radio-Canada
02:52 Un film par Yves-François Asselineau
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