• il y a 10 mois
Cette semaine, l'Agence internationale de l'énergie, institutions créée à l'origine en 1974 pour conseiller les pays développés frappés par le choc pétrolier et qui conseille aujourd'hui les Etats sur leur transition, a publié son nouveau rapport sur les énergies renouvelables. Il fait état d'un bond historique en 2023, notamment pour le solaire. Faut-il y voir une bonne nouvelle ?

Pour en parler, Alexandra Bensaid reçoit ce samedi Fatih Birol, le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie. Il sera aussi question du regain du nucléaire dans le monde, de la continuation du forage pétrolier, du bilan de la COP28 et des réserves de gaz occidentales face à la vague de froid actuelle.

La traduction de l'entretien est assurée par l'interprète Marguerite Capelle.

On n'arrête pas l'éco (09h10 - 13 Janvier 2024 - Fatih Birol)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Notre invité, c'est le directeur de l'Agence Internationale de l'énergie.
00:04 Bonjour et bienvenue, Fatih Birol.
00:07 Bonjour.
00:08 L'AIE, cette institution créée en 1974 pour conseiller les pays développés frappés par le choc pétrolier.
00:15 50 ans plus tard, le double choc pour nous les Européens, c'est l'urgence de s'émanciper de la Russie,
00:22 qui après l'invasion de l'Ukraine,
00:24 et puis l'urgence pour toute la planète de la lutte contre le réchauffement climatique.
00:29 A ce sujet, Fatih Birol, vous venez ce matin avec votre tout dernier rapport sur les énergies renouvelables.
00:35 Ce rapport met en lumière un bond que vous qualifiez d'historique en 2023, pour le solaire surtout.
00:42 Est-ce que ça n'est pas la meilleure nouvelle de ce début d'année 2024 ?
00:46 Oui, je pense que ce début d'année a montré beaucoup d'actualités géopolitiques.
00:59 Et je crois que celle que nous avons annoncée hier était une bonne nouvelle.
01:04 Parce qu'à quoi nous assistons ?
01:07 Ce que nous constatons, c'est que déjà l'année dernière, en 2023, au niveau mondial,
01:13 les énergies renouvelables ont augmenté jusqu'à atteindre 510 gigawatts,
01:19 ce qui veut dire 50% de plus de production d'énergie renouvelable par rapport à l'année précédente.
01:24 C'est une augmentation importante.
01:27 On voit l'augmentation de beaucoup de phénomènes néfastes,
01:30 mais quand il y a de beaux phénomènes comme ça, c'est une excellente nouvelle.
01:33 Et c'est principalement l'énergie solaire qui est en pointe, et aussi les éoliennes.
01:38 Donc voilà une bonne nouvelle.
01:41 Et la deuxième bonne nouvelle, c'est que, encore une fois, quand on compare avec l'année dernière,
01:47 toutes les centrales électriques construites dans le monde, sur l'ensemble de ces centrales,
01:53 plus de 85% des nouvelles centrales construites étaient des centrales renouvelables,
01:59 dont une partie d'énergie nucléaire.
02:02 Et seulement une toute petite partie de ces centrales repose sur l'énergie fossile.
02:06 La Chine, le pays le plus pollueur de la planète, le pays le plus émetteur de gaz à effet de serre,
02:11 est au premier rang de ces pays qui installent à vitesse grand V des renouvelables.
02:16 Fatih Birol, est-ce qu'en fait le monde n'est pas en train de changer plus vite que ce que nous, nous croyons ?
02:20 Ce qui se passe, c'est que beaucoup de gens pensent, quand on parle de la Chine,
02:30 que c'est un pays où il y a beaucoup de charbon, beaucoup d'émissions de gaz à effet de serre, beaucoup de pollution.
02:34 Ça c'est un aspect de la Chine.
02:37 Mais la Chine d'aujourd'hui, pour être tout à fait sincère,
02:41 est aussi le pays champion des énergies propres et des énergies vertes, de toutes ces technologies.
02:47 Ils sont numéro un sur l'énergie solaire, ils sont numéro un sur l'éolien,
02:52 ils sont numéro un sur les voitures électriques, ils sont numéro un sur les nouvelles énergies nucléaires.
02:58 Toutes ces nouvelles formes d'énergie, ils avancent très vite.
03:02 Et bien sûr, c'est une bonne nouvelle, parce que c'est aussi un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre.
03:10 Mais ils ont aussi des services électriques et énergétiques à assurer.
03:15 Et donc en développant ces nouvelles technologies, ils rendent aussi ces technologies plus accessibles pour eux et pour l'ensemble du monde.
03:21 Ça rend donc ces nouvelles technologies plus accessibles pour la planète.
03:24 Donc c'est aussi un contributeur positif la Chine.
03:27 Même si en même temps, il faut bien préciser qu'un seul pays dominant le secteur de l'énergie,
03:34 ce n'est pas forcément une bonne chose.
03:35 Et c'est ce qu'on a vécu avec la Russie récemment.
03:37 Justement, vous en parlez, la Chine, les batteries électriques, les métaux critiques, les panneaux solaires,
03:44 environ 80% de ces outils-là sont contrôlés par la Chine.
03:48 Est-ce que la transition énergétique n'est pas en train de nous faire retomber dans une nouvelle dépendance ?
03:53 Vous avez complètement raison.
03:55 C'est l'une des principales sources d'inquiétude.
04:01 Parce que plus on va vers l'énergie verte, plus peut-être on s'endette ou en tout cas on dépend.
04:08 Et donc il faut qu'on fasse très attention.
04:11 La Chine, comme d'autres pays dans le monde énergétique,
04:18 en fait tous les pays doivent avoir en tête l'idée de la diversification.
04:23 La principale erreur, ce serait de ne reposer que sur un seul pays.
04:28 C'est ce qu'on a fait avec la Russie.
04:30 Il ne faut pas refaire la même erreur.
04:32 Ce qu'on doit faire en Europe, c'est d'une part évidemment développer l'utilisation des batteries,
04:41 des panneaux solaires, etc.
04:43 Mais on doit aussi en même temps développer leur production en Europe.
04:47 On a besoin aussi d'une filière de production d'outils d'énergie propre,
04:52 de technologies d'outils propres pour l'hydrogène, pour le nucléaire en Europe.
04:55 En France, on pense à ces gigafactories, ces giga-usines de batteries électriques.
05:02 Il y en a aussi ailleurs, en Allemagne bien sûr.
05:04 Est-ce que vous avez le sentiment que nous prenons le bon chemin pour ne pas dépendre exclusivement de la Chine ?
05:09 Est-ce qu'on est au niveau ?
05:11 La politique française en ce qui concerne les batteries est très bonne.
05:16 En France, ce qu'on verra en France, c'est que les voitures électriques,
05:24 comme partout en Europe, vont se développer très vite.
05:26 Et donc, il ne faut pas qu'on ait les batteries,
05:34 on est à importer les batteries dans notre pays, il faut les produire ici.
05:37 Pour moi, développer la fabrication, la production des batteries électriques est tout à fait essentiel,
05:45 avec en même temps l'encouragement aussi de l'énergie nucléaire.
05:48 Le nucléaire, justement, avant cet entretien, nous avons entendu le reportage sur les start-up
05:53 qui proposent du nucléaire de quatrième génération.
05:55 Des pays essaient de relancer le nucléaire, la France en tête.
06:00 Cette semaine, il y a deux jours, le Royaume-Uni dit qu'il veut une troisième centrale nucléaire.
06:04 Fatih Birol, qu'en pensez-vous à l'Agence internationale de l'énergie ?
06:08 Est-ce que pour aller vers l'énergie décarbonée, les pays ont tous besoin de nucléaire ?
06:13 Ou est-ce qu'ils ont le choix ? Est-ce qu'ils peuvent faire sans ?
06:16 Ça fait un an que je répète que l'énergie nucléaire est une partie essentielle de nos réseaux électriques,
06:26 pour deux raisons.
06:27 La première, c'est pour la sécurité électrique,
06:30 parce que l'énergie nucléaire est présente 24 heures sur 24,
06:36 simplement en poussant un bouton.
06:37 C'est très bon pour la sécurité énergétique.
06:40 La deuxième, c'est que c'est une énergie qui est générée sans émissions,
06:44 contribuant aux changements climatiques.
06:47 Mais bien sûr, en France, l'opinion sur l'énergie nucléaire a varié,
06:50 et je pense que le pays a trouvé la bonne trajectoire.
06:54 Je vois une renaissance au niveau mondial de l'énergie nucléaire.
06:58 C'est le cas du Japon, c'est le cas de la Corée, même en Australie.
07:03 Bien sûr, la Chine est aussi leader, le Royaume-Uni, la France, la Suède, la Finlande, les États-Unis, le Canada.
07:12 Il y a vraiment un mouvement de renaissance pour le nucléaire.
07:15 Et c'est très important qu'ici, en France, on continue à soutenir cette industrie nucléaire.
07:20 Et il faut aussi qu'on exporte ces technologies vers d'autres pays,
07:27 parce qu'il y a beaucoup de pays dans le monde qui vont devoir compter sur une production fiable,
07:34 et des exportateurs fiables d'énergie, et la France est un très bon candidat pour tenir ce rôle.
07:40 Mais bien sûr, pour pouvoir exporter, il faut commencer par développer au niveau domestique.
07:44 Fatih Birol, il y a aussi la question du pouvoir d'achat des populations.
07:48 Est-ce que ce chemin que vous décrivez vers les énergies propres,
07:52 ça va faire de l'énergie toujours plus chère pour les ménages ?
07:56 Je pense que le monde entier est en train de passer d'un système énergétique fondé sur les énergies fossiles depuis des années,
08:09 le charbon, le pétrole, le gaz, vers une transition qui n'est pas simple,
08:14 et qui va avoir une trajectoire qui n'est pas forcément la plus linéaire.
08:18 Aujourd'hui, les énergies renouvelables sont plutôt peu onéreuses,
08:23 mais la transition va apporter des coûts additionnels.
08:27 Donc le plus important pour les gouvernements, c'est que ces coûts transitionnels
08:33 n'impactent pas le niveau de revenu des populations.
08:37 Et donc ça veut dire prendre des mesures économiques et fiscales pour que cette population soit protégée,
08:43 de façon à ce qu'avec le gouvernement, avec tous, on puisse combattre le changement climatique.
08:49 On ne peut pas le faire en dépit, malgré ou contre les gens, on doit le faire avec la population.
08:53 Sinon, ce qu'on verra, ce sont les plus extrêmes du spectre politique qui en profiteront pour lutter contre ces priorités,
09:05 de lutte contre le changement climatique, pour les repousser.
09:07 Donc c'est très important que les gouvernements continuent à développer les énergies propres,
09:13 mais aussi qu'ils s'assurent qu'il n'y a pas d'impact négatif sur la population à cause de cette transition.
09:19 Et pour ça, il faut des mesures économiques et fiscales.
09:22 Fatih Birol, ce matin vous nous décrivez un monde qui change des énergies renouvelables en expansion.
09:27 Vous parlez d'un monde qui s'éloigne des énergies fossiles.
09:31 On a des objectifs. La neutralité carbone en 2050, limiter le réchauffement à 1,5 degré,
09:37 et puis tripler les renouvelables, ça c'est la dernière décision, la COP 28.
09:42 Est-ce qu'avec ce que vous nous dites ce matin, on peut se dire, ça y est, nous sommes sur la bonne trajectoire, on va y arriver ?
09:47 Bien sûr, c'est très difficile d'atteindre les cibles, les objectifs que nous nous sommes fixés en matière de lutte contre le changement climatique.
09:59 Ce n'est pas impossible, mais il y a des obstacles à lever.
10:02 Si je devais décrire un de ces obstacles, pour moi, c'est que j'observe qu'en Europe, aux Etats-Unis, au Canada, au Japon,
10:12 les énergies vertes et les projets d'énergie verte coïncident avec l'investissement, plus ou moins, mais ça coïncide.
10:24 Le problème principal, c'est que dans les grands pays en développement et dans les grands pays émergents,
10:29 en Afrique, en Amérique latine, en Asie, il y a un grand potentiel d'énergie verte, mais il y a une vraie difficulté à les financer.
10:36 Donc il faut qu'on trouve un moyen, au niveau planétaire, pour que les pays riches aident les pays émergents et les pays en développement à financer leurs énergies vertes et leurs transitions.
10:49 Le président Macron, lors du sommet auquel il a participé récemment sur la finance climatique, a dit des choses très importantes là-dessus.
11:01 Mais il faut que ça aille plus loin.
11:03 Tout ce qui se passe en Afrique, en Amérique latine, en Indonésie, ça compte, parce que le problème, c'est que les émissions, par exemple, de l'Indonésie, de Jakarta, de Paris, peu importe d'où ça vient,
11:15 les émissions de gaz à effet de serre n'ont pas de passeport, elles ont un effet sur tous.
11:19 Donc même si on est arrivé à l'objectif zéro émissions en Europe, on sera toujours vulnérable au changement climatique si on ne résout pas le problème au niveau planétaire.
11:29 Il faut vraiment une vision mondiale.
11:31 Et il y a aussi une responsabilité morale des pays riches à soutenir les énergies vertes dans les pays en développement.
11:37 Les pays en développement, ils parlent carrément de l'égoïsme, l'égoïsme aveugle des pays développés.
11:43 C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de mots, en effet, il y a des sommets, mais les financements sont difficiles à trouver.
11:48 Pour les pays en développement, pour la transition verte, vous le regrettez ?
11:52 Vous pensez qu'il faut être plus dur avec les pays développés et leur dire qu'ils courent un grand danger ?
11:58 Je pense que c'est vraiment un sujet extrêmement important, et d'ailleurs on pourra en parler pendant des heures.
12:05 Je vous donne un seul chiffre qui me semble particulièrement parlant, particulièrement dramatique dans le secteur de l'énergie.
12:16 En Afrique, 4 familles sur 5 cuisinent avec des petits fourneaux primitifs.
12:27 Simplement pour préparer leur repas, ils utilisent des petits réchauds.
12:32 C'est principalement les femmes qui les utilisent.
12:36 Les émissions de ces petits réchauds provoquent des maladies respiratoires, chez ces femmes en particulier.
12:43 Et c'est l'une des premières raisons de mort prématurée chez les femmes en Afrique.
12:48 Chaque année, un demi-million de femmes africaines meurent de façon prématurée à cause de ces maladies respiratoires.
12:54 Et ça c'est quelque chose qu'on peut résoudre en investissement de très peu d'argent.
12:59 On parle énormément actuellement des questions de genre, de discrimination de genre.
13:04 C'est très important.
13:06 Mais ça se traduit vraiment par ce genre de chiffre aussi.
13:10 Un demi-million de femmes africaines qui meurent à cause d'un tout petit investissement qui n'est pas fait.
13:16 Moins de 2 millions de dollars par an, de 2 milliards de dollars par an pour faire ça.
13:21 Si on peut les aider, l'Afrique n'oubliera pas ça.
13:28 C'est vraiment un sujet particulièrement important.
13:33 On doit vraiment avoir une approche beaucoup plus globale et beaucoup plus holistique pour soutenir les pays pauvres.
13:38 Et Fatih Birol, si nous parlons du chemin encore à parcourir pour atteindre la neutralité carbone,
13:43 il faut aussi poser la question du pétrole et du gaz.
13:46 Les pays producteurs, les compagnies pétrolières, Total en tête, annoncent toujours de nouveaux projets d'exploration.
13:53 Ils comptent sur un monde qui va continuer à avoir soif de pétrole et pendant longtemps.
13:57 Pensez-vous vraiment qu'ils ont tort ?
14:00 Lors de la COP 28 qui a eu lieu le mois dernier à Dubaï aux Émirats arabes unis,
14:10 l'une des décisions qui a été prise et signée par 200 pays, c'est que le monde doit s'éloigner, doit tourner le dos aux énergies fossiles.
14:22 Tout le monde a signé pour ça. Et je crois que tous les pays doivent assumer leurs responsabilités après avoir signé cet accord.
14:32 Ça c'est la première chose. La deuxième, c'est que l'avenir, en particulier celui du pétrole et celui du gaz,
14:44 c'est qu'on va atteindre un pic dans la décennie qui vient et qu'ensuite ces énergies vont décliner.
14:50 Pensez au pétrole qui sert à l'essence des voitures. Il y a seulement 3 ans, une voiture sur 25 vendues dans le monde était électrique.
15:02 Aujourd'hui c'est une voiture sur 5. En 2030, toutes les voitures seront électriques.
15:08 Et donc la demande de pétrole sera de plus en plus faible.
15:11 Je pense qu'investir pour le pétrole à grande échelle, non seulement c'est risqué pour le climat, mais c'est aussi risqué d'un point de vue économique
15:21 parce que le monde n'aura sans doute pas autant besoin de pétrole à l'avenir.
15:25 Et en plus, il y a le risque aussi lié à cette responsabilité qu'ont les pays qui ont signé l'accord de la COP 28.
15:33 Donc le mauvais calcul, dites-vous, des pays pétroliers et des compagnies pétrolières.
15:37 Est-ce que c'est ça le message que vous allez délivrer à partir de lundi ? Vous serez à Davos face aux puissants de la planète.
15:43 Qu'allez-vous leur dire ? Vous ferez un discours quasiment tous les jours pendant toute la semaine.
15:47 En Davos, je vais aborder ces sujets d'énergie et de réchauffement climatique avec les dirigeants des pays producteurs et consommateurs d'énergie.
16:04 Mon message sera très clair. Si nous voulons tous une planète qui soit à peu près comme aujourd'hui, à l'avenir,
16:16 nous devons absolument veiller à ce que les énergies vertes se développent.
16:22 Et se développent bien plus que les énergies fossiles qui, elles, au contraire, doivent régresser.
16:29 Les conséquences du changement climatique ne feront aucune distinction entre les riches et les pauvres, entre les producteurs et les consommateurs d'énergie.
16:38 Ils affecteront tout le monde. Et nous voyons déjà les événements climatiques extrêmes qui s'intensifient.
16:43 Et leur fréquence aussi augmente. Et s'accélère même. Donc il faut vraiment faire très attention.
16:51 La plupart des technologies vertes sont en train de devenir de moins en moins chères.
16:59 Et les pays qui ne tiendront pas à leurs responsabilités après l'accord signé à Dubaï, on ne les oubliera pas. Ni cette génération, ni la suivante.
17:07 Mais est-ce que ça change vraiment les choses, Davos ? Vous y allez depuis de nombreuses années. Davos, on parle des inégalités, on parle du climat.
17:16 Est-ce que c'est un endroit qui change le monde ?
17:19 Je pense que Davos seul ne changera pas le monde. Mais nous avons des chiffres.
17:27 Et nous allons veiller à ce que les pays représentés respectent leurs responsabilités.
17:37 Et nous allons aussi partager avec le reste du monde, révéler, diffuser au reste du monde qui a fait quoi.
17:45 Nous avons ces chiffres. Ce qui concerne aussi bien les gouvernements que les grandes entreprises.
17:52 Et ces chiffres, c'est une véritable épée de Damoclès au-dessus de leur tête.
17:56 A vos côtés à Davos, il y aura l'Azerbaïdjan. C'est là que se tiendra la prochaine COP29.
18:01 Fatih Birol, expliquez-nous. Encore un pays pétrolier. Il y aura ce président de la COP29 qui sera encore une figure du monde pétrolier.
18:08 L'Azerbaïdjan, après les Emirats Arabes Unis, ça n'est pas neutre.
18:13 Dans le système des Nations Unies, à ce que je comprends, il y a un agenda et après le Moyen-Orient,
18:28 il faut que la prochaine COP ait lieu en Asie centrale. L'Azerbaïdjan est candidate.
18:35 Je ne suis pas sans espoir. Il y a eu beaucoup de débats autour de ce choix, beaucoup de questions et c'est tout à fait légitime.
18:45 Mais nous travaillons de très près avec la présidence de la prochaine COP et nous discutons avec tous les pays participants.
18:55 Je crois que le résultat de Dubaï a le potentiel d'orienter le monde sur la bonne trajectoire.
19:08 Cet accord a été signé par 200 personnes. Vu les circonstances, je pense que c'est quand même un très bon résultat et que nous pouvons faire la même chose en Azerbaïdjan.
19:17 Nous allons parler à Davos avec le président de ce pays et avec d'autres personnes, ministres.
19:28 J'espère que nous pourrons orienter cette rencontre, cette COP d'Azerbaïdjan dans la bonne direction.
19:36 Le pays à accueillir la COP suivante sera le Brésil. Dans deux semaines, je vais au Brésil pour discuter avec le président Lula et ses ministres
19:46 parce que non seulement le Brésil va accueillir la COP suivante, mais ils vont aussi accueillir le G20 cette année qui est aussi très important et c'est un pays qui a un rôle important à jouer.
19:56 La dernière question. En ce moment, nous subissons nous en Europe et en France une vague de froid. Parlez-nous de cet hiver fatibirole.
20:04 Est-ce que nous pouvons être sereins sur notre approvisionnement en énergie ou sommes-nous encore vulnérables quasiment deux ans après l'invasion de l'Ukraine par la Russie ?
20:14 Eh bien, il y a deux ans, au mois de février, l'Europe s'est retrouvée confrontée à une grosse difficulté posée par la Russie, une grande question,
20:31 puisque la Russie était le principal fournisseur d'énergie de l'Europe. La question qui se posait, c'était de savoir ce que les pays européens allaient faire.
20:38 Et nous avons établi un plan de transition qui a très bien fonctionné. On a toujours tendance à critiquer l'Europe, mais quand il s'agit de faire des compliments, on est plus timide.
20:52 Et il faut le faire. Les dirigeants européens étaient dans une situation très délicate il y a deux ans, parce que les gens de Moscou menaçaient l'Europe de geler, d'avoir froid et d'un effondrement économique.
21:06 Non seulement nous n'avons pas eu si froid, l'économie ne s'est pas effondrée, nous avons traversé les derniers hivers sans difficultés majeures.
21:20 Et je pense que nous allons aussi pouvoir supporter celui-ci. Nos réserves de gaz sont pleines, nous avons une puissance nucléaire qui est en train de repartir en France,
21:31 alors que c'était en difficulté l'année dernière. Notre capacité hydraulique aussi est au maximum. Donc je pense que nous aurons des bonnes surprises dans la gestion de cet hiver.
21:44 Le directeur de l'agence internationale de l'énergie, Fatih Birol, merci d'avoir accepté l'invitation d'En Arrête Pas L'Echo.
21:50 Merci beaucoup.

Recommandations