L'invité de la rédaction - 12/01/2024 - Vincent Louault
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00:00 *Générique*
00:06 Mais pour l'instant, on va évoquer un autre projet qui divise également l'instauration d'heures d'activité obligatoire pour les gens qui touchent le RSA, le revenu de solidarité active.
00:15 Cette prestation s'élève à 598 euros par mois pour une personne seule et sans ressources.
00:21 Pour en parler, Boris Compin, vous recevez ce matin Vincent Louot.
00:24 Bonjour Vincent Louot.
00:25 Bonjour.
00:26 Vous êtes aujourd'hui sénateur horizon d'Indre-et-Loire mais jusqu'à l'année dernière, vous étiez conseiller départemental chargé justement de ce dossier du RSA.
00:34 En 2025, pour toucher le RSA, il faudra travailler 15 heures par semaine et si on vous invite ce matin, c'est parce que c'est une mesure que vous aviez voulu mettre en place en Indre-et-Loire il y a quelques temps.
00:44 Qu'est-ce que vous proposiez vous précisément ?
00:46 Alors moi je n'allais pas sur 15 heures par semaine ce qui est assez fort. J'étais beaucoup plus soft.
00:53 C'était 4 heures par semaine basées sur du bénévolat pour permettre aux bénéficiaires du RSA de sortir du fait de l'isolement et de sortir de la société.
01:02 Et là du coup c'était plus facile pour eux d'aller en proximité de chez eux pour donner un coup de main sur des choses qui ne s'étaient pas remplacer des salariés pour les entreprises.
01:15 Ils étaient donnés un petit coup de main vraiment pour sortir de chez soi.
01:19 Bon force est de constater, moi je l'avais dit parce que j'ai eu la chance de travailler avec Thibault Guyly qui est maintenant le directeur de France Travail qui remplace Pôle Emploi.
01:30 Et c'était au moment du plan de pauvreté qu'on a négocié toutes les évolutions sur le RSA.
01:35 L'arbitrage a été rendu par le président, c'est une volonté présidentielle.
01:39 Mais je trouve ça assez injuste parce que vous passez deux ans à Pôle Emploi et on ne vous demande pas de travailler.
01:45 Vous suivez la logique et à la fin de vos deux ans à Pôle Emploi vous tombez dans le RSA.
01:49 Parce que je rappelle, vous tombez dans le RSA.
01:51 Le RSA c'est le dernier parachute avant la rue.
01:53 On a entendu un de vos auditeurs qui dit "j'ai la chance d'avoir un squat".
01:57 La réalité c'est que le RSA est nécessaire malheureusement et c'est un droit pour la population.
02:06 La difficulté c'est que ce RSA aujourd'hui, on a à peu près 50% des bénéficiaires qui rentrent et qui sortent tous les ans.
02:15 C'est-à-dire que vous avez un stock qui reste 50% tout le temps et ceux-là vous avez des personnes en très grande difficulté.
02:22 Des problèmes de santé, des problèmes d'addiction, plein de problèmes de vie parce que la vie est difficile dans notre pays.
02:28 Et ceux-là bien évidemment, leur demander de travailler c'est complètement stupide.
02:32 Le département d'Indre-et-Loire est le seul département en France à avoir créé une exonération de suivi de RSA.
02:39 C'est-à-dire c'est une exonération pour éviter de voir un conseiller qui vous dit "alors c'est quoi votre projet de travail ?"
02:45 "Ben non mon projet c'est déjà d'arrêter de boire, de me soigner, de résoudre un divorce qui est difficile, de voir mes enfants."
02:52 Et ceux-là il faut leur foutre la paix.
02:55 Il ne faut pas hésiter, nos personnels de l'insertion ont autre chose à faire que d'écouter des gens qui s'adaptent en fait.
03:01 Parce qu'ils vous disent ce que vous avez envie d'entendre.
03:04 "Ah oui mon projet ça serait ci, ça serait ça."
03:06 Mais ils savent très bien qu'ils ne sont pas en capacité de le faire.
03:08 Donc l'exonération de suivi c'est une efficacité pour nos services et donner du temps aux personnes.
03:13 10% des bénéficiaires du RSA du département sont exonérés de suivi.
03:17 Bien sûr ils voient les assistantes sociales pour tainter ce sujet.
03:20 Mais le suivi pour le retour à l'emploi, il est soulevé le temps qu'ils puissent se remettre de leurs difficultés.
03:26 - Il y a en France 1 900 000 bénéficiaires du RSA à peu près.
03:31 Vous disiez que vous trouviez 15 heures, ça fait beaucoup ?
03:33 - 15 heures il faut imaginer et il faut beaucoup méconnaître le monde de l'entreprise.
03:38 Parce que le temps de former la personne à la sécurité,
03:42 le temps de former les personnes au process pour 15 heures par semaine,
03:46 mais les chefs d'entreprise ils ont autre chose à faire.
03:48 C'est ça la réalité aussi.
03:50 Encore une fois, pourquoi les chômeurs eux n'ont pas 15 heures à donner et à faire de façon obligatoire ?
03:56 Cherchez la logique.
03:57 Vous passez deux ans à Pôle emploi avant de tomber dans le RSA.
04:00 - Donc vous êtes sénateur de la majorité, vous étiez favorable à ce qu'on propose d'une activité aux gens au RSA
04:08 et pour autant vous pensez que le projet adopté n'est pas le bon ?
04:11 - Non le projet adopté n'est pas le bon et à force de dire le en même temps j'ai encore le droit de dire ce que je veux.
04:16 Donc le en même temps ça s'applique pour tout le monde.
04:20 Quand c'est bien on le dit, quand c'est mal on le dit et on avance.
04:23 Et je ferai des propositions à Thibault Guyly parce que ça va être difficile.
04:28 Si c'est pour juste exclure les gens, excusez-moi,
04:30 vous ne pouvez pas habituer notre population à être suivie par Pôle emploi de façon assez facile,
04:37 c'est assez simple avec SMS, mail, pour faire croire que vous cherchez du travail.
04:43 Et d'un autre côté, arriver au RSA, c'est comme si vous tombiez dans un monde
04:48 où on vous tire comme les lapins au milieu de la cour.
04:50 Donc moi je suis très ferme pour l'application du retour à l'emploi pour les bénéficiaires du RSA,
04:58 mais il faut déjà que le job soit fait à Pôle emploi de façon correcte.
05:02 - Très bien. Vous venez de parler du en même temps, cher Emmanuel Macron,
05:05 on a un nouveau gouvernement depuis hier et pour beaucoup le en même temps c'est terminé,
05:08 maintenant c'est un gouvernement très marqué à droite, c'est aussi votre avis ?
05:12 - Oui, alors vous m'excusez mais je sors déjà du budget, de l'immigration,
05:18 donc la droite, la gauche, j'ai un peu de mal à m'y retrouver.
05:22 Par contre ce qui est clair c'est qu'on a un nouveau Premier ministre
05:26 qui m'a soutenu pendant cette campagne des sénatoriales, un des seuls,
05:30 dont je suis assez proche et je suis content que ce soit un jeune.
05:33 Après tout ne sera pas parfait, tout est difficile, il faut croire un peu.
05:37 Moi j'ai souvert en mon temps de subir le fait d'être jeune,
05:41 donc il faut aussi avoir quelques espoirs dans un monde qui est difficile
05:45 et dans un contexte qui est extrêmement difficile.
05:48 - La santé et l'éducation nationale qui n'ont plus de ministre à temps complet,
05:53 ça vous semble faisable ça ?
05:55 - Après c'est toujours difficile de se séparer, je pense qu'ils ont bien calculé
05:59 et puis il y aura des secrétaires d'État qui vont être nommés.
06:02 Le tout c'est qu'on retrouve du pragmatisme, de l'efficacité
06:05 et sur des vrais sujets de société qu'on avance.
06:09 Nos populations en ont un peu rien à faire de notre problème de parisianisme
06:14 et de parti politique.
06:16 Donc je peux vous dire, moi ma tâche au Sénat, c'est de faire valoir notre ruralité,
06:21 notre façon d'être, notre façon de faire, nos spécificités
06:25 et le fait qu'aussi à Tours on a le droit d'avoir des idées à Paris.
06:30 Et ça c'est pas facile parce que le parisianisme est une réalité dans ce monde politique.
06:34 - Parfait, merci Vincent Lowe, merci d'avoir répondu à cette invitation.