Revoir les discours de Rima Abdul Malak et de Rachida Dati lors de la passation de pouvoir ce matin au ministère de la Culture - Regardez
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00:00 Je me suis mise au service d'une ambition pour la France à laquelle j'ai cru totalement, ardemment.
00:07 Mais je suis restée libre, libre de mes engagements, libre de mes prises d'opposition, libre dans mon amour pour les artistes.
00:19 20 mois, c'est court à l'échelle de la riche histoire de ce ministère, mais mon dévouement à notre politique culturelle sous l'égide d'Emmanuel Macron avait commencé bien avant, en novembre 2019, depuis l'Elysée.
00:34 J'étais dans l'ombre, mais déjà dans l'action, en appui à Franck Riester, puis à Roselyne Bachelot.
00:41 Ces années ont permis de grandes avancées. La création du Centre national de la musique, par exemple. Un soutien inégalé à la culture pendant la crise sanitaire.
00:50 L'année blanche pour les intermittents, devenue une année et demie. Un plan de relance pour toutes les filières culturelles.
00:56 Près de 260 projets artistiques réalisés dans le cadre du programme Monde Nouveau Partout sur le territoire.
01:03 Des nominations féminisées, diversifiées, à la tête de nos institutions. Un pass culture transformé, amplifié.
01:13 Des efforts inédits aussi pour la lecture, érigée grande cause nationale.
01:19 Depuis mai 2022, j'ai été extrêmement heureuse à la tête de ce ministère.
01:25 Chaque journée avait son lot de problèmes à résoudre et de batailles à mener.
01:30 Mais chaque journée a eu ses moments éblouissants et transformateurs, notamment lors de mes multiples déplacements sur le terrain,
01:38 à la rencontre des forces vives de la culture, des élus, des associations.
01:43 Mes boussoles, ici, ont toujours été claires.
01:47 Développer l'appétit de culture de notre jeunesse, défendre la souveraineté culturelle de la France face à l'hégémonie des plateformes numériques.
01:56 Préserver et transmettre notre patrimoine, apaiser les mémoires par la culture, défendre l'audiovisuel public et lutter contre la désinformation.
02:07 Agir enfin pour la transition écologique.
02:11 À chaque déplacement international, j'ai pu constater à quel point ces enjeux résonnaient fortement à l'étranger,
02:19 à quel point la France était montrée en exemple et les mutations de notre modèle culturel scrutées avec attention.
02:27 Ces grandes priorités, je les ai portées avec une équipe à l'énergie incroyable, visionnaire, passionnée, qui ne comptait jamais ses heures, une équipe héroïque.
02:37 Je tiens à les remercier très sincèrement, ainsi que notre comité de direction, si soudé, si talentueux.
02:44 Remercier bien sûr nos directeurs régionaux des affaires culturelles, les dirigeants de nos quelques 80 établissements et opérateurs, et l'ensemble des agents du ministère.
02:55 J'ai pu mesurer au quotidien la force de leur engagement, la qualité de leur expertise et leur sens du service public.
03:03 Je suis fière de tout ce que nous avons pu accomplir ensemble.
03:07 Achever par exemple des chantiers majeurs, comme celui de la BNF Richelieu après 12 ans de travaux, tout de même,
03:13 ou celui de la transformation du château de Villers-Cotterêts en cité internationale de la langue française.
03:19 Passer deux lois historiques pour faciliter les restitutions des biens spoliés aux familles juives et celles des restes humains appartenant à nos collections.
03:30 Réussir à mettre à contribution les plateformes de streaming pour participer au financement de la filière musicale.
03:37 Étendre le pass culture dans sa version collective aux élèves de 6ème et de 5ème, ou encore redoubler d'efforts pour nos écoles d'architecture, qui sont de véritables pépites pour l'avenir.
03:49 Ces réalisations, elles ne sont pas éphémères, elles sont structurantes, elles sont durables.
03:58 Je suis fière d'avoir obtenu les budgets les plus élevés de l'histoire de ce ministère, en hausse de 7% en 2023 et à nouveau de 6% pour 2024,
04:07 avec la création de 125 emplois supplémentaires et la sauvegarde de nombreux crédits d'impôts qui sont indispensables à la vitalité du secteur de la culture.
04:17 Après la suppression de la redevance, je me suis battue bec et ongle pour sécuriser le financement de l'audiovisuel public et négocier une trajectoire budgétaire en hausse,
04:28 donnant une visibilité aux entreprises jusqu'à 2028 et fixant le cap de plusieurs transformations.
04:35 Tu avais raison, cher Rachida, quand tu disais l'an dernier que l'audiovisuel public fait partie du parcours républicain et de l'égalité des chances.
04:44 À l'heure où notre société est bousculée par la désinformation, par une défiance croissante des Français vis-à-vis des médias, par, je dirais, une simplification trop fréquente de la pensée,
04:56 les entreprises de l'audiovisuel public, dont les équipes travaillent avec rigueur et en toute indépendance, ont un rôle crucial à jouer pour préserver notre démocratie.
05:10 Quand j'ai été nommée ministre, je n'avais jamais fait d'interview dans les médias, je n'avais jamais été au banc à l'Assemblée et je n'avais ma carte dans aucun parti.
05:20 On me disait novice en politique. Mais la politique a toujours été liée à ma vie.
05:28 Parce que tous tes politiques tentaient de comprendre une guerre civile qui déchire son pays quand on est enfant, ces politiques.
05:37 Habiter une autre langue que sa langue maternelle, l'aimer, la défendre, grandir avec elle, ces politiques.
05:45 Organiser des spectacles dans des camps de réfugiés ou des bidonvilles avec les clowns sans frontières, ces politiques.
05:51 Le rire lui-même est politique, le rire est subversif, le rire est résistance.
05:56 Servir pendant six ans l'ambition culturelle de Bertrand Delanoë, mon mentor absolu, ces politiques.
06:04 Promouvoir la culture française à New York, n'est-ce pas aussi politique ?
06:09 Défendre les droits des femmes, la lutte contre le harcèlement et les violences sexuelles et sexistes, aussi.
06:17 Soutenir la culture arménienne ou accueillir des artistes exilés d'Iran, d'Ukraine ou d'Afghanistan, c'est là encore politique, c'est même civilisationnel.
06:30 Bref, je n'ai pas compris pourquoi on me collait si souvent l'étiquette de techno, moi qui n'ai jamais passé un seul concours administratif de ma vie et qui n'ai jamais travaillé dans la haute fonction publique.
06:42 En tout cas, le président m'a fait confiance, la première ministre aussi, et je ne les en remercierai jamais assez.
06:54 Je me suis jetée corps et âme dans cette fonction en me disant qu'il était possible d'être une femme politique autrement, avec toutes mes différences.
07:05 Je veux d'ailleurs remercier ici les parlementaires avec qui j'ai travaillé tout au long de ces 20 mois et précédemment quand j'étais conseillère culturelle à l'Élysée.
07:13 C'était un bonheur d'échanger avec vous, de vivre la réalité de vos circonscriptions et de faire évoluer nos travaux en tenant compte de vos avis.
07:23 Je dois vous faire un aveu. J'espérais parvenir à déjouer la malédiction qui s'est abattue sur le ministère de la Culture depuis plus de 10 ans,
07:35 qui fait que les ministres restent moins de deux ans à leur poste. Mais cette malédiction est décidément tenace. J'ai plusieurs regrets en vous quittant.
07:46 Je regrette de ne pas voir les 101 visages de la Relève, ce programme que j'ai imaginé pour élargir et diversifier le vivier des nominations dans la culture,
07:55 on était à la dernière phase de sélection. De ne pas pouvoir déployer encore davantage le plan pour les métiers d'art que j'ai porté avec Olivia Grégoire.
08:05 De ne pas défendre la troisième loi cadre sur les restitutions des biens culturels usurpés, ou mener les combats européens pour la protection du droit d'auteur et la liberté de la presse,
08:17 qui venait tout juste de commencer. J'aurais aussi aimé poursuivre le travail sur des projets qui me tiennent à cœur. La maison du dessin de presse,
08:27 l'Institut de la France et de l'Algérie, la maison des mondes africains, tous trois annoncés par le président de la République, tous trois nous reliant à notre histoire et à une part de notre humanité.
08:40 J'avais aussi de magnifiques poètes à vous faire découvrir dans mon tout jeune RIMA Poésie Club. Et figurez-vous, j'avais déjà écrit un texte en alexandrin pour répondre à une éventuelle interpellation
08:54 à la prochaine cérémonie des Molières ou des Césars. Plus sérieusement, dans le domaine du patrimoine, je sais, cher Rachida, que tu vas veiller au destin du pavillon des sources de Marie Curie.
09:06 Et je ne doute pas que tu aideras à faire une meilleure chose.
09:09 C'est la passation des pouvoirs de Mme Rima Abdoulmalak. Je devine qu'il y a un petit peu d'ennui chez ceux qui nous écoutent en ce moment, parce que ça n'en finit pas.
09:21 Ça en dit peut-être d'ailleurs beaucoup sur le caractère de Mme Rima Abdoulmalak. C'est un passage obligé, bien évidemment. Nous allons écouter Mme Dati dans quelques instants aussi.
09:33 Je pense qu'on aura peut-être plus d'intérêt à écouter les nouveaux mots de Mme Dati. Je ne m'attendais pas à ce que Mme Rima Abdoulmalak nous fasse la légende des siècles.
09:42 Malheureusement, c'est ce qu'elle a préféré à l'instant et que, effectivement, ça continue toujours.
09:48 Je vous propose de l'écouter encore quelques secondes et surtout d'écouter les premiers mots de Mme Dati, qui sans doute seront plus courts que ceux de Mme Abdoulmalak.
10:01 Elle a fait un discours à lui seule, dit tout de la force de la culture. "Sachant qu'elle nous sera ôtée, je m'émerveille de croire en notre saison et que nos cœurs chaque fois refusent l'ultime naufrage,
10:16 que demain puisse compter quand tout est abandon, que nous soyons ensemble, égarés et lucides, ardents et quotidiens, et que l'amour demeure après le discrédit.
10:31 Je m'émerveille du rêve qui sonde l'avenir, des soifs que rien ne désaltère, que nous soyons chasseurs et gibiers à la fois, gladiateurs d'infini et captifs d'un mirage.
10:45 L'aider étant formel est la mort souveraine. Je m'émerveille de croire en notre saison." Merci.
10:53 (Applaudissements)
11:22 (Applaudissements)
11:35 Madame la Ministre, Madame la Ministre, cher Rima, Mesdames et Messieurs,
11:45 André Malraux, le fondateur de ce ministère, avait une brillante formule. Le ministre de la Culture a pour mission de rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres capitales de l'humanité et d'abord la France.
12:04 C'est dans cette belle tradition que je m'inscris en arrivant rue de Valois, où je suis à la fois très fière, très fière, mais aussi très émue d'avoir été nommée par le président de la République sur proposition du Premier ministre.
12:24 Rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres de nos écrivains, de nos artistes, de nos acteurs. C'est en effet un impressionnant projet.
12:39 Alors permettez-moi de dire que je sais personnellement, c'est d'ailleurs pour ça que ça surprend, permettez-moi de dire que je sais personnellement ce que je dois à la culture française.
12:52 Et vous l'avez dit, Madame la ministre, chère Ima, et nous avons cela en commun, une liberté de penser, notamment pour les femmes, une liberté de parler, notamment pour les femmes, une liberté de créer, notamment pour les femmes, et une liberté de diffuser, aussi pour les femmes.
13:19 Je veux saluer ici tous mes prédécesseurs qui ont travaillé ici et en particulier, c'est vrai que j'ai une attention particulière pour vous, chère Ima Abdelmalak.
13:33 Je veux vous remercier pour votre action, pour votre disponibilité, et je sais que je pourrai compter sur vous dans les jours à venir, pour votre courage, pour votre travail.
13:48 Vous l'avez rappelé, nous avons en commun d'incarner la diversité culturelle qui fait la richesse de notre société. Nous savons l'importance d'avoir une culture en partage pour se sentir pleinement appartenir à un pays.
14:03 Grâce à elle, grâce à tous nos prédécesseurs, la Ve République a permis qu'en France, la culture ne soit pas un bien comme un autre. C'est ce que nous appelons l'exception culturelle.
14:18 Alors chacun sait que j'aime me battre, n'ayez pas peur. Je serai donc toujours là pour défendre cette exception culturelle.
14:30 Je vais maintenant, mon tour, prendre ma part dans cette histoire. Élue de Paris, je sais combien la capitale est riche en offres culturelles.
14:40 Je veillerai à les maintenir en m'intéressant de près, et vous l'avez rappelé, à son patrimoine, et en particulier à une réalisation formidable,
14:49 qui est un défi, mais qui est un moment aussi historique, celui qu'avait lancé le président de la République en 2019, la réouverture de Notre-Dame cette année.
14:59 Mais je veux rendre la culture encore plus présente dans toutes les villes, toutes les régions, dans tous les territoires, et vous en avez parlé.
15:08 Il nous faut bâtir une nouvelle culture populaire pour tous. Ce n'est pas un va-mots, ce ne sont pas que des mots. Des quartiers à la ruralité.
15:16 Cela ne peut se faire qu'en liaison étroite avec les collectivités territoriales, de métropole et d'outre-mer.
15:22 Ils pourront compter sur moi pour les soutenir à fond. J'irai les rencontrer sur le terrain.
15:31 Nous aurons, avec l'accueil du Sommet de la francophonie à Villers-Cotterêts, l'occasion de rappeler l'importance de notre langue, de son exceptionnel rayonnement dans le monde.
15:41 Elle est un patrimoine que nous avons en partage. Et nous l'avons en partage avec des peuples, des nations, sur tous les continents.
15:51 Lors de ses voeux pour 2024, le président de la République a parlé du réarmement de la France. Dans ce réarmement, la culture a une place essentielle.
16:02 Les industries culturelles, les industries créatives, les nouvelles technologies, l'éducation artistique et culturelle.
16:10 Il est important que la culture soit accessible à tous, et en particulier aux jeunes. C'est la finalité du pass culture, cher Rima.
16:19 Il faut que ce soit un instrument d'éducation, un instrument d'éducation populaire, qu'elle participe de la défense des valeurs auxquelles nous tenons.
16:29 J'ai trop vu de jeunes se couper de tout. Ne plus vouloir regarder la télévision, ne plus vouloir regarder des films, ne plus vouloir lire,
16:38 ne plus vouloir écouter de la musique. Celle-ci sera l'une de mes priorités, que je partagerai avec ardeur avec ma collègue ministre de l'Éducation nationale.
16:50 Je crois aussi que le socle essentiel de l'Europe, c'est la culture. Et c'est ce que nous avons en partage, et que nous devons faire vivre ensemble.
16:58 C'est notre constitution qui le dit. La nation garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à la culture. Tout est dit.
17:08 Ma nomination ici m'en rend comptable. Je comprends qu'elle puisse surprendre cette nomination.
17:15 Moi, elle ne me surprend pas. Elle répond à un véritable besoin. Le besoin de la France, que souvent on dit populaire,
17:31 parfois avec un petit peu de mépris, je dois le dire, qui doit se sentir représentée. Par mon parcours, la culture est un combat.
17:43 C'est un combat de tous les jours, dans un monde où les défis sont nombreux. Je ne mentionnerai pas ici la radicalisation, le communautarisme, le séparatisme.
17:54 On voit où tout cela peut mener. Ma grande arme est la combattivité. Et je vais la mettre au service de la culture, de ses représentants, de ses professionnels, de ses artistes.
18:08 Et plus largement des Français qui ont besoin de plus de culture, de plus accès à cette culture.
18:15 Vous l'aurez deviné, mais vous n'avez peut-être pas besoin de vous le dire, je suis déterminée. Déterminée à agir, déterminée à écouter.
18:26 On parlait tout à l'heure d'étiquette. C'est que le début, Rima. Je suis déterminée à agir, effectivement, et à écouter tous les écouteurs de la culture de notre pays.
18:40 Je veux, pour terminer mon propos, saluer tous les agents de ce ministère. Vous l'avez rappelé, des établissements publics.
18:48 Ils peuvent compter sur mon énergie, sur ma ténacité, sur ma détermination à travailler au service de la République pour ce magnifique bien commun qu'est la culture. Je vous remercie.
19:02 (Applaudissements)
19:11 Applaudissements pour Rachida Dati. Après, on a senti le monde culturel dans la salle de Valois qui faisait la claque à Mme Rima Abdullah.