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Revoir le discours de l’ex-ministre de la Culture Rima Abdul-Malak lors de la passation de pouvoir avec Rachida Dati

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Transcription
00:00 Je disais que devenir ministre n'était pas un rêve pour moi.
00:04 Je disais que mon rêve, c'était de devenir libre
00:06 et de le rester.
00:08 En acceptant cette magnifique responsabilité
00:11 que m'avaient confiée le président de la République
00:13 et la première ministre Elisabeth Borne,
00:15 le président de la République
00:16 et la première ministre Elisabeth Borne,
00:19 je me suis mise au service d'une ambition pour la France
00:22 à laquelle j'ai cru totalement, ardemment.
00:26 Mais je suis restée libre.
00:29 Libre de mes engagements,
00:31 libre de mes prises de position,
00:34 libre dans mon amour pour les artistes.
00:38 20 mois, c'est court
00:40 à l'échelle de la riche histoire de ce ministère,
00:44 mais mon dévouement à notre politique culturelle
00:47 sous l'égide d'Emmanuel Macron avait commencé bien avant,
00:50 en novembre 2019, depuis l'Elysée.
00:52 J'étais dans l'ombre, mais déjà dans l'action,
00:56 en appui à Franck Riester, puis à Roselyne Bachelot.
01:00 Ces années ont permis de grandes avancées.
01:02 La création du Centre national de la musique, par exemple.
01:05 Un soutien inégalé à la culture pendant la crise sanitaire.
01:09 L'année blanche pour les intermittents,
01:11 devenue une année et demie.
01:12 Un plan de relance pour toutes les filières culturelles.
01:15 Près de 260 projets artistiques
01:18 réalisés dans le cadre du programme "Monde nouveau"
01:20 partout sur le territoire.
01:22 Des nominations féminisées, diversifiées.
01:26 A la tête de nos institutions,
01:28 un pass culture transformé, amplifié.
01:31 Des efforts inédits aussi pour la lecture,
01:34 érigée grande cause nationale.
01:37 Depuis mai 2022,
01:40 j'ai été extrêmement heureuse à la tête de ce ministère.
01:44 Chaque journée avait son lot de problèmes à résoudre,
01:47 évidemment, et de batailles à mener.
01:49 Mais chaque journée a eu ses moments éblouissants
01:52 et transformateurs,
01:54 notamment lors de mes multiples déplacements sur le terrain,
01:57 à la rencontre des forces vives de la culture,
02:00 des élus, des associations.
02:02 Mes boussoles, ici, ont toujours été claires.
02:06 Développer l'appétit de culture de notre jeunesse.
02:09 Défendre la souveraineté culturelle de la France
02:12 face à l'hégémonie des plateformes numériques.
02:15 Préserver et transmettre notre patrimoine.
02:19 Apaiser les mémoires par la culture.
02:22 Défendre l'audiovisuel public
02:24 et lutter contre la désinformation.
02:26 Agir enfin pour la transition écologique.
02:29 À chaque déplacement international,
02:33 j'ai pu constater à quel point
02:35 ces enjeux résonnaient fortement à l'étranger,
02:37 à quel point la France était montrée en exemple
02:41 et les mutations de notre modèle culturel
02:43 scrutées avec attention.
02:45 Ces grandes priorités, je les ai portées avec une équipe
02:49 à l'énergie incroyable, visionnaire, passionnée,
02:52 qui ne comptait jamais ses heures, une équipe héroïque.
02:56 Je tiens à les remercier très sincèrement,
02:58 ainsi que notre comité de direction,
03:00 si soudé, si talentueux.
03:02 Remercier, bien sûr, nos directeurs régionaux
03:05 des affaires culturelles,
03:06 les dirigeants de nos quelques 80 établissements
03:09 et opérateurs,
03:11 et l'ensemble des agents du ministère.
03:14 J'ai pu mesurer au quotidien la force de leur engagement,
03:17 la qualité de leur expertise
03:19 et leur sens du service public.
03:22 Je suis fière de tout ce que nous avons pu accomplir ensemble.
03:26 Achever, par exemple, des chantiers majeurs,
03:28 comme celui de la BNF Richelieu, après 12 ans de travaux,
03:31 tout de même,
03:32 ou celui de la transformation du château de Villers-Cotterêts
03:35 en cité internationale de la langue française.
03:39 Passer deux lois historiques
03:41 pour faciliter les restitutions des biens scoliers
03:44 aux familles juives
03:45 et celles des restes humains appartenant à nos collections.
03:49 Réussir à mettre à contribution
03:51 les plateformes de streaming
03:52 pour participer au financement de la filière musicale.
03:56 Étendre le pass culture dans sa version collective
03:58 aux élèves de 6e et de 5e,
04:01 ou encore redoubler d'efforts pour nos écoles d'architecture,
04:05 qui sont de véritables pépites pour l'avenir.
04:08 Ces réalisations, elles ne sont pas éphémères.
04:13 Elles sont structurantes.
04:14 Elles sont durables.
04:17 Je suis fière d'avoir obtenu les budgets les plus élevés
04:19 de l'histoire de ce ministère, en hausse de 7% en 2023
04:23 et à nouveau de 6% pour 2024,
04:26 avec la création de 125 emplois supplémentaires
04:29 et la sauvegarde de nombreux crédits d'impôts
04:31 qui sont indispensables à la vitalité du secteur de la culture.
04:36 Après la suppression de la redevance,
04:39 je me suis battue bec et ongle
04:41 pour sécuriser le financement de l'audivial public
04:44 et négocier une trajectoire budgétaire en hausse,
04:47 donnant une visibilité aux entreprises jusqu'à 2028
04:51 et fixant le cap de plusieurs transformations.
04:54 Tu avais raison, cher Rachida, quand tu disais l'an dernier
04:57 que l'audiovisuel public fait partie du parcours républicain
05:01 et de l'égalité des chances,
05:03 à l'heure où notre société est bousculée par la désinformation,
05:07 par une défiance croissante des Français vis-à-vis des médias,
05:10 par, je dirais, une simplification trop fréquente de la pensée.
05:15 Les entreprises de l'audiovisuel public,
05:18 dont les équipes travaillent avec rigueur
05:21 et en toute indépendance,
05:22 ont un rôle crucial à jouer
05:25 pour préserver notre démocratie.
05:27 Quand j'ai été nommée ministre,
05:32 je n'avais jamais fait d'interviews dans les médias,
05:34 je n'avais jamais été au banc à l'Assemblée
05:37 et j'avais ma carte dans aucun parti.
05:40 On me disait novice en politique.
05:42 Mais la politique a toujours été liée à ma vie.
05:47 Parce que tout est politique.
05:50 Tenter de comprendre une guerre civile
05:53 qui déchire son pays quand on est enfant, c'est politique.
05:57 Habiter une autre langue que sa langue maternelle,
06:00 l'aimer, la défendre, grandir avec elle, c'est politique.
06:05 Organiser des spectacles dans des camps de réfugiés
06:07 ou des bidonvilles avec les clowns sans frontières, c'est politique.
06:11 Le rire lui-même est politique, le rire est subversif,
06:13 le rire est résistance.
06:16 Servir pendant six ans l'ambition culturelle
06:19 de Bertrand Delanoë, mon mentor absolu, c'est politique.
06:24 Promouvoir la culture française à New York,
06:27 n'est-ce pas aussi politique ?
06:29 Défendre les droits des femmes,
06:31 la lutte contre le harcèlement et les violences sexuelles
06:34 et sexistes, aussi.
06:37 Soutenir la culture arménienne
06:40 ou accueillir des artistes exilés d'Iran, d'Ukraine
06:44 ou d'Afghanistan, c'est là encore politique.
06:47 C'est même civilisationnel.
06:50 Bref, je n'ai pas compris pourquoi on me collait si souvent
06:53 l'étiquette de techno, moi qui n'ai jamais passé
06:56 un seul concours administratif de ma vie
06:59 et qui n'ai jamais travaillé dans la haute fonction publique.
07:02 (Applaudissements)
07:06 En tout cas, le président m'a fait confiance,
07:09 la première ministre aussi,
07:11 et je ne les en remercierai jamais assez.
07:14 Je me suis jetée corps et âme dans cette fonction
07:17 en me disant qu'il était possible
07:19 d'être une femme politique autrement,
07:22 avec toutes mes différences.
07:25 Je veux d'ailleurs remercier ici les parlementaires
07:27 avec qui j'ai travaillé tout au long de ces 20 mois
07:30 et précédemment, quand j'étais conseillère culturelle à l'Elysée.
07:33 C'était un bonheur d'échanger avec vous,
07:35 de vivre la réalité de vos circonscriptions
07:38 et de faire évoluer nos travaux
07:40 en tenant compte de vos avis.
07:44 Je dois vous faire un aveu.
07:46 J'espérais parvenir à déjouer la malédiction
07:50 qui s'est abattue sur le ministère de la Culture
07:52 depuis plus de 10 ans,
07:54 qui fait que les ministres restent moins de 2 ans à leur poste.
07:58 Mais cette malédiction est décidément tenace.
08:02 J'ai plusieurs regrets en vous quittant.
08:05 Je regrette de ne pas voir les 101 visages de la Relève,
08:09 ce programme que j'ai imaginé pour élargir et diversifier
08:12 le vivier des nominations dans la culture
08:14 où on était à la dernière phase de sélection.
08:17 De ne pas pouvoir déployer encore davantage
08:19 le plan pour les métiers d'art
08:21 que j'ai porté avec Olivia Grégoire.
08:24 De ne pas défendre la 3e loi cadre
08:26 sur les restitutions des biens culturels usurpés
08:30 ou mener les combats européens
08:32 pour la protection du droit d'auteur
08:34 et la liberté de la presse,
08:36 qui venait tout juste de commencer.
08:39 J'aurais aussi aimé poursuivre le travail
08:41 sur des projets qui me tiennent à coeur.
08:43 La maison du dessin de presse,
08:45 l'Institut de la France et de l'Algérie,
08:48 la maison des mondes africains,
08:50 tous trois annoncés par le président de la République,
08:53 tous trois nous reliant à notre histoire
08:56 et à une part de notre humanité.
08:59 J'avais aussi de magnifiques poètes à vous faire découvrir
09:02 dans mon tout jeune RIMA Poésie Club.
09:05 Et, figurez-vous, j'avais déjà écrit un texte en alexandrin
09:09 pour répondre à une éventuelle interpellation
09:12 à la prochaine cérémonie des Molières ou des Césars.
09:16 Plus sérieusement, dans le domaine du patrimoine,
09:19 je sais, cher Rachida, que tu vas veiller
09:21 au destin du pavillon des sources de Marie Curie.
09:25 Et je ne doute pas que tu aideras...
09:27 -C'est la passation des pouvoirs de Mme Rima Abdoulmalak.
09:31 Je devine qu'il y a un petit peu d'ennui
09:36 chez ceux qui nous écoutent en ce moment,
09:38 parce que ça n'en finit pas.
09:39 Ça en dit peut-être d'ailleurs beaucoup
09:41 sur le caractère de Mme Rima Abdoulmalak.
09:45 C'est un passage obligé, bien évidemment.
09:48 Nous allons écouter Mme Dati dans quelques instants aussi.
09:52 Je pense qu'on aura peut-être plus d'intérêt
09:53 à écouter les nouveaux mots de Mme Dati.
09:55 Je ne m'attendais pas à ce que Mme Rima Abdoulmalak
09:59 nous fasse la légende des siècles.
10:00 Malheureusement, c'est ce qu'elle a préféré à l'instant
10:04 et que, effectivement, ça continue toujours.
10:07 Donc je propose de l'écouter encore quelques secondes
10:11 et surtout d'écouter les premiers mots de Mme Dati,
10:14 qui sans doute seront plus courts que ceux de Mme Abdoulmalak.
10:19 -Le parcours à lui seul dit tout de la force de la culture.
10:23 Sachant qu'elle nous sera ôtées,
10:28 je m'émerveille de croire en notre saison
10:31 et que nos cœurs chaque fois refusent l'ultime naufrage,
10:35 que demain puisse compter quand tout est abandon,
10:39 que nous soyons ensemble, égarés et lucides,
10:43 ardents et quotidiens,
10:45 et que l'amour demeure après le discrédit.
10:48 Je m'émerveille du rêve qui sonde l'avenir,
10:53 des soifs que rien ne désaltère,
10:56 que nous soyons chasseurs et gibiers à la fois,
10:58 gladiateurs d'infini et captifs d'un mirage.
11:02 L'aider étant formel et la mort souveraine,
11:08 je m'émerveille de croire en notre saison.
11:11 Merci.
11:12 (Applaudissements)
11:14 (...)

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