• il y a 10 mois
Transcription
00:00 Donc moi, mon activisme est plutôt basé sur la transmission du savoir et le partage des connaissances.
00:07 J'ai débuté avec l'SBI Bananboca que j'ai créé il y a plus de dix ans aujourd'hui,
00:14 qui m'a permis justement de pouvoir mettre les pieds à l'étrier, de rencontrer mes aînés qui sont ici,
00:19 avec qui j'ai collaboré, qui m'ont beaucoup apporté, qui m'ont permis de me construire dans mon activisme,
00:24 mon panafricanisme, et ça m'a permis d'aller dans une direction, comme j'ai dit, qui est celle du savoir,
00:29 c'est-à-dire de nous connaître, de connaître les choses, de connaître les contextes,
00:32 et aussi de partager cette information avec ceux qui le connaissent moins et ceux qui sont quasiment ignorants de la chose.
00:39 Et cet activisme-là m'a conduit à l'écriture, parce que je suis aussi auteur,
00:44 d'Épic Fantasy, de Science Fiction Infro et d'autres livres que j'écris aussi toujours dans la même optique du « nous »,
00:50 comme je dis, le « nous primordial », c'est-à-dire le « nous » que nous sommes réellement avant d'avoir été hybridé
00:56 par la colonisation, l'esclavage et tout ce qui s'en suit.
00:58 Et ça m'a emmené dans une direction qui est celle, toujours, du partage du savoir,
01:03 parce que depuis le premier confinement, j'ai commencé à leur donner des cours d'histoire à des enfants et à des adultes,
01:11 ce que je faisais déjà avec mes propres enfants.
01:13 Là, je me suis vraiment structuré en me disant que c'est une demande qu'il y a au niveau de la communauté,
01:17 parce qu'un frère m'avait fait la demande en me disant que « moi, je vois ce que tu fais avec tes enfants,
01:21 est-ce que tu accepterais de pouvoir donner ces cours à des enfants ? »
01:26 Ici, Autre Famille, c'est ce que j'ai accepté. Du coup, ça fait trois ans quasiment que je suis là-dedans.
01:31 Je donne des cours au point où, actuellement, je donne des cours à une école à Kinshasa.
01:35 Je donne des cours à des enfants en Guyane, en France, aux Antilles, au Canada, en France, en Belgique et ailleurs.
01:43 Et je me suis vraiment découvert cette passion parce que je me suis dit que c'est vraiment une transmission qu'il y a eu,
01:47 je dirais même depuis mon père, parce que mon père a été le premier à transmettre ce qu'il connaissait sur nos origines et autres.
01:53 Et moi, j'ai commenté le travail avec mes enfants.
01:56 Et en voyant les autres enfants africains, je me suis dit « ce sont aussi mes enfants, quelque part, à qui je dois transmettre ce même savoir ».
02:02 À un moment donné, ils se disent « mais on a un ennemi commun, qu'est-ce qui nous empêche de nous réunir et de discuter de comment est-ce qu'on organise cette libération ? »
02:11 C'est la conférence de Bandung. Ce jour-là, Africains, Asiatiques, Nord-Africains, Antillais, Afro-Américains se sont retrouvés pour se dire
02:19 « l'ennemi commun, il est connu, comment est-ce qu'on s'organise politiquement pour résister et se libérer ? »
02:26 Et tout est parti, en tout cas au niveau politique et historique pour l'Afrique, les pays africains en tant qu'État ou peuple,
02:33 tout est parti, je pense, de Bandung, là où ils se sont tous rencontrés.
02:36 Donc on a eu des conférences, des intels, des congrès d'intels.
02:39 À Bandung, c'est la terre, les insoumis, les non-alignés qui se sont dit que nous ne sommes ni de l'Ouest ni de l'Est,
02:47 nous sommes nous et nous avons face à nous le même ennemi.
02:50 Donc cette fois-ci, on s'organise et tout est parti de là au niveau politique, ce besoin de se libérer, de s'organiser.
02:57 Et c'est, je pense, ce qui a aussi marqué le panafricanisme de base, c'est-à-dire l'union, la solidarité des peuples sur le continent africain.
03:07 Parce que l'Occident ne s'est pas laissé faire, ils se sont dit qu'on va s'adapter.
03:11 Et leur adaptation, ça a été de diviser pour mieux régner.
03:13 C'est ainsi qu'on a eu des coups d'État ici, dans tel pays il y avait Sankara, on a débarqué Sankara,
03:18 là il y avait une Crouma, on a débarqué le Kumba, là il y avait le Mumba, on a débarqué le Mumba.
03:23 Et ainsi de suite pour casser le mouvement panafricain de manière, on va dire, subtile,
03:27 parce qu'ils vont dire "ah non, c'est pas nous, c'est un coup d'État". Non, non, c'est qu'ils étaient eux.
03:31 Ils se sont adaptés, ils se sont dit qu'on ne veut pas perdre la main au niveau de ces pays.
03:35 Mais le problème, comme je dis, c'est qu'ils ont peut-être tué le concept, l'idée, la motivation politique,
03:42 mais l'esprit est resté.
03:44 Le premier État africain à avoir fait son coup d'État pour chasser la France afrique, ça a été le Burkina Faso.
03:50 L'esprit de Thomas Sankara était toujours là.
03:52 Mais l'Occident n'a aucune prise sur l'esprit de libération des peuples.
03:57 Ils n'ont aucune prise dessus.
03:58 Alors tant que les jeunes vont transmettre cet esprit, et je pense même que c'est très important que,
04:03 vu qu'on parle de panafricanisme, de rappeler à nos jeunes ici, maghrébins et africains,
04:08 que vos ancêtres se sont battus pour une même cause,
04:13 vous devez aujourd'hui mettre de côté ces différences, si je puis dire, un peu stupides et idiotes,
04:17 entre maghrébins et noirs, pour vous concentrer sur quelle est la lutte fondamentale,
04:23 que ce soit ici en Belgique ou ailleurs sur le continent africain,
04:26 que vous devez mener pour la libération de votre territoire, pour la libération de vos peuples.
04:31 Parce que, comme je le dis aux Congolais, tant que le Congolais va penser que la solution du Congo,
04:36 c'est que les Congolais se rassemblent, qu'on se batte et qu'on se libère,
04:39 et qu'ils ne vont pas comprendre qu'il y a des acteurs extra-congolais qui peuvent,
04:44 d'une manière ou d'une autre, apporter leur pierre à l'édifice pour aider dans cette lutte,
04:49 on ne va jamais s'en sortir.
04:51 Il y a des communautés qui sont très communautaires, mais dont on ne doit pas citer les noms.
04:56 Mais lorsqu'il s'agit des Africains, on va dire "ah non, c'est du communautarisme".
04:59 Non, les plus grands communautaristes, on va dire, en Belgique, sont d'abord les francophones.
05:05 Les Belgiques, les Français de Belgique, mais à eux, on ne va jamais dire "ah, vous êtes communautaristes",
05:10 parce que peut-être ils ont la bonne couleur.
05:12 Mais dès qu'il s'agit des Arabes ou des non-caucasiens ou des non-européens de l'Ouest,
05:18 c'est directement "ah, c'est du communautarisme tchèque, du communautarisme turc",
05:22 parce qu'ils ne sont pas de l'élite qui a bénéficié de l'histoire du racisme.
05:27 Donc, faisant bien attention à ces mots-là,
05:29 le communautarisme, c'est pour casser le mouvement d'une communauté et la discréditer.
05:35 Donc faisant bien attention aux mots qu'on nous met au fait dessus.

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