Narchomicides : les consommateurs ne se considèrent pas "complices" des règlements de compte
Depuis son arrivée au ministère de l'Intérieur en 2020, Gérald Darmanin affirme régulièrement que les consommateurs de drogue sont les premiers responsables des règlements de compte à Marseille. Ces derniers témoignent, regrettant le "manque de courage" du ministre sans nier pour autant leur "part de responsabilité".
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00:00 il faut dire aux consommateurs d'arrêter de consommer.
00:02 Parce que s'il n'y avait plus de consommateurs, il n'y aurait pas de vendeurs.
00:05 Mais on ne peut pas déplorer les enfants qui sont tués dans les quartiers,
00:10 l'économie et la violence qui va avec les stups,
00:13 et glorifier la consommation récréative des stups et fiens.
00:17 Un consommateur, y compris dans un beau quartier où il n'y a pas d'enjeu de sécurité,
00:21 où il n'y a pas de règlement de compte à cause des trafics,
00:22 quand il achète de la drogue, il finance par définition et de fait,
00:27 pour reprendre ces termes, un trafic, et au bout de l'autre côté de la chaîne,
00:31 il y a malheureusement ces situations dramatiques et très graves
00:33 qu'on voit notamment dans les quartiers nord de Marseille.
00:35 Emmanuel Macron, Gabriel Attal ou encore plus récemment Gérald Darmanin,
00:40 de nombreux politiciens affirment que les consommateurs de drogue
00:44 sont les premiers responsables des règlements de compte à Marseille.
00:47 C'est celui qui fume son joint ou qui prend son rail de coke
00:50 parfois dans les beaux quartiers de Marseille,
00:52 qui fait naître ces règlements de compte.
00:54 Les premiers responsables de ces situations, c'est d'abord les consommateurs.
00:56 Une musique culpabilisante que les principaux concernés ont du mal à accepter.
01:01 Moi je pense pas que ça va changer quelque chose si on arrête de consommer
01:03 parce que le trafic de drogue il existe depuis la nuit des temps
01:09 et dans le monde entier aussi.
01:12 Pour moi le principal problème c'est quand même le trafic d'armes.
01:14 On vit quand même dans une ville où ça paraît plus normal
01:18 d'avoir une arme dans une cité que de consommer de la drogue.
01:21 Et essayer de faire culpabiliser les consommateurs
01:23 plus que de régulariser ce transport-là et ce trafic-là,
01:26 c'est quand même problématique.
01:28 La culpabilisation des usagers fait également débat chez les professionnels de santé.
01:33 Pour Michael Bazin, le travail à faire est plutôt sur la responsabilisation.
01:38 La notion de culpabilisation en thérapie est tout à fait contre-productive.
01:45 Donc ça n'a pas de vertu thérapeutique.
01:48 En revanche, d'insister non pas sur la culpabilité mais sur la responsabilité,
01:54 comme on est d'ailleurs en tant que citoyen responsable de tous nos actes,
01:58 ça peut avoir un intérêt,
02:00 et à condition que les dispositifs d'accompagnement,
02:03 les dispositifs de soins, avec toute la graduation qu'il y a,
02:07 ça peut être le médecin traitant,
02:09 ça peut être bien sûr les systèmes hospitaliers, les systèmes associatifs,
02:12 que tous ces dispositifs soient proposés à la population.
02:17 Donc d'être plutôt sur un axe de responsabilisation
02:19 et mise à disposition de moyens pour venir interroger sa consommation,
02:23 si on n'est pas encore malade,
02:25 ou éventuellement chercher une stratégie de sortie de l'addiction si on est devenu addict.