• il y a 11 mois
Charles-Henri est un grand voyageur. Lorsqu’il prend un billet pour rejoindre sa copine à Buenos Aires, il ne s’attendait pas à vivre un véritable enfer à la douane américaine, pendant son escale à New York.
Il est resté bloqué pendant des heures pour répondre à la sécurité. En cause ? Un ESTA invalide depuis son passage en Iran. Son cas ne fait que s’aggraver quand la douane découvre qu’il a deux visas russes, un visa algérien et d’autres pays musulmans sur son passeport.
Charles-Henri revient sur cette journée infernale où il a du batailler pour arriver à destination alors qu’il n’avait rien à se reprocher.

Retrouvez Charles-Henri sur instagram : https://www.instagram.com/cyclo.voyageur/

Embarquez avec Voyager Loin sur tous les réseaux :
Youtube : https://www.youtube.com/@voyagerloinmedia
Instagram : https://www.instagram.com/voyagerloinmedia/
TikTok : https://www.tiktok.com/@voyagerloin_media
Facebook : https://www.facebook.com/VoyagerLoinMedia

Suivez également O-Rigines le nouveau média qui s’intéresse à l’histoire des histoires.
Podcast : bit.ly/Origines_podcast
Youtube : https://www.youtube.com/@originesmedia
Instagram : https://www.instagram.com/origines.media
Twitter : https://twitter.com/Originesmedia
TikTok : https://www.tiktok.com/@originesmedia

Category

🏖
Voyages
Transcription
00:00 Je devais aller à Buenos Aires pour retrouver ma copine à l'époque.
00:03 J'ai acheté un billet Paris-Buenos Aires avec une escale à New York.
00:06 Le souci, enfin c'était pas un souci à la base, c'est de dire que j'avais déjà un ESTA,
00:11 c'est-à-dire que c'est une autorisation électronique de passage sur le territoire américain,
00:15 c'est une sorte de visa que j'avais fait deux ans auparavant.
00:17 Le problème c'est qu'entre-temps j'avais été en Iran.
00:20 Donc j'ai traversé l'Iran à vélo en solitaire.
00:22 Une fois là-bas, finalement je m'y suis beaucoup plu,
00:25 je suis resté pas mal chez des gens, chez des locaux,
00:28 et je passais vraiment beaucoup de temps là-bas.
00:30 Et c'est ça qui m'a posé des problèmes.
00:33 Pour tout vous dire, en arrivant déjà à l'aéroport à Paris,
00:36 les agents ont vu qu'il y avait un visa iranien.
00:39 Ils ont eu très très peur, ils m'ont dit "ça va pas passer, on peut pas vous laisser entrer dans l'avion".
00:42 C'était en fait des agents qui étaient là spécialement pour vraiment vérifier
00:45 qu'on a l'autorisation d'entrer sur le territoire américain.
00:48 Mais voilà, moi j'ai négocié, je leur ai vraiment dit qu'il fallait que j'y aille,
00:52 que c'était juste un transit, que il ne devait pas y avoir de problème.
00:54 J'ai resté dans l'aéroport, je ne voulais même pas sortir de la zone internationale.
00:57 Ils étaient très pessimistes, j'ai entendu passer des coups de fil et tout.
01:00 Après de longues négociations, ils finissent par me laisser passer,
01:02 mais en me disant "vraiment on vous prévient, vous pouvez avoir des problèmes".
01:05 C'était hors de question que je fasse demi-tour,
01:07 je voulais tenter le coup quoi qu'il arrive et puis on verra bien ce qui se passe.
01:09 Quand j'étais dans l'avion, j'avais une petite appréhension.
01:11 J'atterris à New York, je me rends tranquillement au bureau de la douane.
01:15 Et c'est là que les choses se compliquent,
01:17 parce que cette personne regarde très attentivement mon passeport.
01:21 Il me regarde, il re-regarde le passeport, il passe deux-trois coups de fil.
01:24 Je sens son regard s'assombrir dangereusement.
01:27 C'est là où le drame arrive.
01:29 On me demande de les suivre avec des officiers,
01:31 et là je sens vraiment le stress et l'angoisse monter en moi.
01:35 Alors là devant le guichet, j'arrive dans une grande pièce
01:37 qui ressemble ni plus ni moins à une pièce de l'administration française.
01:40 Mais voilà, il y a un grand guichet à droite,
01:42 avec plusieurs officiers qui sont là, très très sérieux,
01:44 le regard vraiment très froid.
01:46 Et à ce moment-là, ils me demandent de me poser pour attendre.
01:49 Ils me font patienter une demi-heure, une heure.
01:51 Je me demandais vraiment si j'allais m'en sortir,
01:53 parce que je sentais vraiment de l'hostilité de leur côté.
01:56 Après, c'est aussi leur métier, ils sont là pour ça,
01:58 pour nous impressionner, pour nous faire un peu peur.
01:59 Je l'ai vu concrètement quand il m'a convoqué,
02:01 qu'il a regardé mon passeport à nouveau,
02:03 qu'il m'a dit "à cause de ce passage en Iran,
02:06 mon ESTA n'est pas valide,
02:07 et que je n'ai donc aucun droit de pénétrer sur le territoire américain,
02:10 et que là je suis en situation irrégulière."
02:13 Il m'a dit ça avec vraiment un regard très méchant,
02:16 comme un prof parlerait à un mauvais élève.
02:19 Moi je lui ai dit "bah écoutez, je suis désolé,
02:21 je suis là, c'est juste un transit."
02:23 Et lui, de me répondre "même si,
02:25 tu vas entrer sur le territoire américain,
02:27 et peut-être que moi j'ai pas envie que tu entres sur le territoire américain,
02:30 peut-être que j'ai pas envie que tu foules ma terre."
02:34 Il me l'a vraiment dit dans ces mots-là.
02:36 Donc moi j'ai essayé un petit peu de gratter,
02:38 je lui disais "c'est pas possible, j'ai un avion,
02:40 j'ai un avion à prendre à Buenos Aires tout à l'heure,
02:41 vous pouvez me suivre à l'avion, je me casse tout de suite, c'est fini.
02:44 Ou vous voulez m'envoyer, vous allez pas me renvoyer en France,
02:46 c'est ridicule, de toute façon je suis là.
02:48 Donc renvoyez-moi à Buenos Aires, c'est là où je dois aller."
02:50 Et donc là il me demande de me rasseoir, il passe quelques coups de fil,
02:52 et quelques minutes plus tard, on me convoque dans une autre salle.
02:56 Là c'est vraiment une salle très froide, rien sur les murs,
02:59 juste une lampe, un bureau,
03:02 avec deux chaises derrière et deux personnes qui me regardent sévèrement,
03:05 et moi en face.
03:05 Ça faisait vraiment les interrogatoires des commissariats de police dans les années 80.
03:09 Finalement, ils m'ont posé quelques questions.
03:12 Est-ce que le problème c'est qu'il n'y avait pas seulement le passeport iranien,
03:15 il y avait aussi un visa algérien, il y avait aussi deux visas russes,
03:18 il y avait aussi plein de pays musulmans
03:21 qui ne sont pas forcément très copains avec les États-Unis,
03:23 et le fait aussi qu'il y avait une extension de visa sur mon visa iranien,
03:26 j'y suis resté un mois et demi.
03:27 Donc c'est pas forcément un profil typique de touriste.
03:30 Et c'est certainement ça qui leur a mis la puce à l'oreille.
03:33 Je les vois vraiment me poser des questions comme si j'étais un potentiel terroriste.
03:37 Ils voulaient voir mon compte Instagram, mon compte Facebook,
03:40 tous les détails possibles qu'ils pouvaient avoir sur moi
03:43 pour pouvoir vérifier ma véritable identité.
03:44 J'étais stressé, mais en même temps,
03:46 ça m'amusait qu'ils me prennent pour un terroriste.
03:49 Même si je pense qu'ils n'avaient pas de doute là-dessus,
03:52 mais ils voulaient écarter le moindre doute.
03:53 J'leur expliquais même que les gens en Iran étaient beaucoup plus gentils qu'on l'imagine,
03:56 extrêmement accueillants...
03:58 [Rire]
03:59 Ils avaient pas l'air d'apprécier trop d'ailleurs.
04:01 Ils continuent à me poser des questions et ils me demandent aussi si j'ai rien oublié.
04:04 Si c'était vraiment tous les pays où j'ai été.
04:07 Alors là je leur dis...
04:08 "Oh yes, sorry, I forgot to tell you, but I've been also to Iraq and Syria."
04:13 Je vois la dame qui me regarde avec des grands yeux,
04:16 qui a un accent qui change,
04:19 et qui commence à me dire...
04:20 "Oh, now I know why you are in this room."
04:23 Là je sens déjà que j'ai dit une grosse connerie.
04:25 Je lui dis "Non, non, non, je plaisante, c'est une blague, c'est une grosse plaisanterie."
04:29 Et là elle me regarde...
04:31 Pas du tout l'air de plaisanter.
04:32 Mais intérieurement, je me dis "Mais quel abruti !"
04:35 Je me pincais pour pas me marrer.
04:37 Tellement je me marrais de ma propre...
04:40 ...connerie.
04:40 Donc voilà, ils ont fini par me laisser sortir, quand même.
04:44 Parce qu'ils ont compris que j'étais peut-être un peu trop détendu pour être un terroriste.
04:48 Ils m'ont filé un papier qui m'autorisait à entrer sur le territoire exceptionnellement pour la journée.
04:54 Voilà, en me mettant vraiment en garde pour le retour.
04:56 Donc j'ai dû me faire tout un visa à l'ambassade de Buenos Aires.
04:59 Un visa de 10 ans, bien carré.
05:02 J'ai pu prendre mon transfert sans souci.
05:04 Le fait d'avoir vécu ça, ça me permet de beaucoup relativiser,
05:07 d'avoir encore moins peur de mal organiser un voyage ou de faire quelque chose.
05:11 C'est quelque chose que j'ai vraiment réalisé, c'est que les Américains,
05:13 dans certains cadres qui sont liés à leur sécurité nationale,
05:18 vraiment ne plaisantent pas et peuvent être très durs.
05:21 Par rapport à d'autres pays, en théorie, beaucoup plus fermés,
05:25 même des dictatures, parfois.
05:27 Si je devais revoir cette situation aujourd'hui,
05:30 je pense, à mon avis, que ça serait la même chose.
05:32 Je vois pas trop de raisons pour eux de se calmer par rapport à ça,
05:36 surtout que la situation géopolitique s'est pas forcément arrangée à l'international,
05:41 même si maintenant leurs yeux sont plus orientés vers la Russie que vers l'Iran.
05:44 Je pense que, justement, les deux visas russes m'auraient peut-être encore moins aidé.
05:50 Mais ça, c'est une autre histoire.
05:52 À moi d'y retourner et de faire un deuxième test.
05:56 Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations