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00:00 Avec notre invitée, Céline Soulas, bonjour.
00:02 - Bonjour.
00:02 - Vous êtes enseignante chercheuse en économie à la BSB, l'école de commerce de Dijon,
00:07 et vous êtes à l'origine d'un programme baptisé ReConnect,
00:09 qui se fixe comme objectif de former des personnes réfugiées au sein de l'école,
00:14 pour mieux les intégrer en Bourgogne, les aider à construire leur parcours professionnel chez nous.
00:19 On va en parler ensemble dans quelques minutes,
00:21 mais d'abord, vous avez entendu cette question qu'on pose à nos auditrices, auditeurs ce matin.
00:25 Est-ce que selon vous, qui en plus avez ce regard sur l'économie, on peut se passer des travailleurs étrangers ?
00:32 - Je vais vous dire non.
00:33 - Pourquoi ?
00:34 - Je ne vais pas partir juste sur les chiffres en parlant des postes vacants.
00:37 Je pense qu'il y a beaucoup de travaux qui ont déjà très largement souligné l'enjeu de la diversité en entreprise.
00:42 Ce n'est plus à prouver.
00:43 Donc je pense qu'il faut parfaitement l'intégrer,
00:45 tout en ayant conscience des difficultés que ça peut représenter, bien sûr.
00:48 - Pour les employeurs, vous dites ?
00:50 - Bien sûr, pour les employeurs, pour les autres employés.
00:52 C'est-à-dire que ça nécessite de travailler sur la cohésion,
00:56 de travailler sur l'intégration d'entreprise.
00:58 Vous savez, c'est comme les entreprises qui recrutent et qui intègrent des personnes
01:01 qui sont loin de l'emploi depuis très longtemps, par exemple.
01:04 Il y a des enjeux d'accompagnement, donc je pense que c'est un truc à mettre en place,
01:07 et qui existe parfois.
01:09 Et puis, je pense aussi que les travailleurs étrangers, c'est des personnes qui vont produire,
01:13 également, et consommer.
01:15 Et à partir de là, le gâteau à disponible de production augmente,
01:18 et ça veut dire que la part de chacun, soit elle est équivalente, soit elle augmente aussi.
01:22 - Donc les travailleurs étrangers ne prennent pas de place de part, entre guillemets, aux travailleurs...
01:27 - Non, au contraire, ils participent à augmenter la part de tout le monde.
01:30 - On va continuer cette discussion ce matin avec vous, bien sûr.
01:33 Et puis, vous vous dites non, on ne peut pas se passer des travailleurs étrangers.
01:37 Sur l'appli ici, à 71%, vous répondez oui, on peut s'en passer chez nous en Bourgogne.
01:42 Alors, venez donner votre avis, ça va être intéressant.
01:44 Tout le monde se retrouve en direct sur France Bleu Bourgogne.
01:47 0 3 80 42 15 15, à tout de suite.
01:50 Ici, matin, revient dans un instant.
01:55 Vendredi, le rendez-vous découverte des pépites musicales de votre région, c'est dans Studio 3.
02:03 Studio 3, le vendredi matin à 9h35, sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté,
02:12 et à tout moment sur la plateforme France.tv.
02:22 Le 6/9, France Bleu Bourgogne.
02:25 - À 7h46, sur France Bleu Bourgogne, on est avec l'école de commerce de Dijon, la BASB,
02:29 qui accueille depuis lundi la quatrième promotion de son programme Reconnect,
02:33 pour former, intégrer des personnes réfugiées, pour les aider aussi à bâtir leurs projets.
02:38 On en parle avec la créatrice de ce programme, enseignante et chercheuse en économie, Arnaud.
02:42 - Céline Soulas, c'est venu comment l'idée de former ces réfugiés, ces migrants, au sein d'une école de commerce ?
02:47 - Ça s'appelle une crise de la quarantaine, avec...
02:50 - Qu'est-ce qui s'est passé ?
02:51 - C'est passé que j'ai pas aimé avoir 40 ans, je suis partie 15 jours à l'auberge des migrants, à Calais.
02:56 - À Calais, d'accord.
02:57 - J'avais récupéré une cagnotte au sein de l'école, et puis je suis partie avec des vêtements,
03:02 j'ai travaillé 15 jours là-bas en bénévole, je suis rentrée,
03:05 puis je me suis dit que c'était sympa de rentrer, mais que je laissais derrière moi quand même beaucoup de difficultés,
03:09 voilà, j'avais pas très envie de refermer la parenthèse,
03:11 et puis je me suis dit qu'on pouvait travailler grâce à notre métier de prof, en fait,
03:15 de créer un programme dédié, et ma direction a été partante, donc on s'est lancé dans le programme.
03:20 - Vous y avez vu à Calais des insuffisances, des incohérences, qui vous ont entraîné vers ce projet ?
03:28 - J'y ai vu beaucoup de précarité, en fait, la distribution de repas, de soins, etc.,
03:33 donc c'était plutôt ça que j'ai vu, et j'avais pas forcément envie de continuer ça,
03:37 mais j'avais envie de réussir à mixer mon métier d'enseignant et cette cause de réfugiés.
03:46 - C'est vrai que quand on parle de l'accueil des réfugiés en France, on parle souvent de l'accueil social,
03:50 on parle des associations, l'école de la deuxième chance, les associations comme ID21, etc., des filles,
03:56 c'était nécessaire, justement, c'est nécessaire aujourd'hui d'aller un peu plus loin, de professionnaliser ce parcours ?
04:03 - Oui, et puis il y en a plein des associations, des formations en région, on a une région excessivement riche,
04:09 donc oui, c'était nécessaire, parce qu'en fait, on alimente les entreprises, c'est une dimension très positive,
04:14 et la plupart des personnes qui sont réfugiées et qui sont en France ont envie durablement de s'y installer,
04:19 d'y installer leurs enfants, leurs petits-enfants, donc c'était un enjeu important de trouver un projet de vie
04:24 et de les accompagner sur ce projet.
04:25 - Donc, cercle vertueux, vous accueillez 18 étudiants cette année, 14 femmes, 4 hommes,
04:30 comment se fait cette sélection, entre guillemets, quel est le profil de ces personnes ?
04:34 - Alors, j'ai reçu une cinquantaine de personnes, donc ils ont rempli un lien,
04:38 il y a une super application qui s'appelle Refugie-Info, et puis je les ai tous rencontrés,
04:43 donc on les a sélectionnés, non pas sur leur diplôme, parce que peu importe leur niveau de diplôme,
04:47 mais sur leur projet, ce qu'ils avent envie de faire, leur niveau de motivation aussi,
04:51 leur disponibilité à être 5 mois avec nous, voilà, il y a un enjeu de volonté,
04:55 c'est pas facile d'être disponible tous les jours, quand on est mère de famille,
05:00 et puis d'apprendre le français à ce rythme-là, et voilà, et donc on a vraiment sélectionné par rapport au projet.
05:05 - Parce que l'objectif premier, c'est de se perfectionner en français ?
05:08 - C'est de se perfectionner le français, et il y a d'autant plus d'avantages à perfectionner le français,
05:13 que l'on a, enfin de bénéfices, qu'on a un projet, ça va totalement en contre de la loi immigration d'ailleurs,
05:18 qui met en évidence des critères linguistiques pour avoir une carte de résident par exemple,
05:22 ou une carte de séjour, on oublie que c'est parce qu'on a un projet, une vie sociale, un travail,
05:28 que l'on apprend d'autant mieux une langue.
05:30 - On va en parler de cette loi immigration, vous parliez aussi de ces personnes qui ont,
05:35 pour certaines, des diplômes, un métier dans leur pays d'origine,
05:39 qu'ils ont quitté pour des raisons très délicates au demeurant,
05:45 ils doivent faire une croix sur ce métier, sur cette formation professionnelle qu'ils ont eue dans leur pays ?
05:52 - Pour un certain nombre, oui. Il n'est pas toujours facile d'avoir une équivalence de diplôme,
05:57 où ça prend beaucoup de temps, et ça nécessite aussi un niveau B2,
06:00 donc c'est un gros niveau en français.
06:02 Vous avez des niveaux qui vont de A1, qui est un très faible niveau français,
06:05 à B2, qui est un gros niveau, même C2, on va encore plus loin,
06:08 et donc il faut un bon niveau linguistique pour avoir une équivalence,
06:12 pour pouvoir travailler en fait, je pense notamment en métier lié à la médecine.
06:15 Et puis il y a des reprises d'études, il y a des valorisations des acquis par l'expérience aussi qui existent,
06:20 donc c'est un long parcours, et puis il y a des métiers qu'ils ne pourront plus faire,
06:23 parce que leur diplôme n'est pas du tout reconnu en France.
06:26 - Et on ne parle plus d'équivalence. - Et on ne parle plus d'équivalence du tout.
06:29 Donc il va falloir se réorienter. Je me rappelle d'un professeur de mathématiques
06:32 qui aurait voulu enseigner dans un collège public,
06:34 et en fait la fonction publique n'est pas accessible à une personne réfugiée.
06:37 Donc ça veut dire faire le deuil d'un métier, et envisager un autre, ou le pratiquer autrement.
06:42 Avec nous ce matin, Céline Soulas qui est enseignante et chercheuse en économie à la BSB, l'école de commerce de Dijon.
06:47 Quel regard vous portez concrètement sur cette loi immigration ?
06:50 Vous venez d'en parler, elle vient d'être adoptée, elle ambitionne de délivrer des "visas",
06:56 surtout dans les secteurs économiques en tension, ça c'est une bonne chose ou pas ?
07:00 - Ah oui, il faut faciliter l'accès. - On parle des travaux publics, de la manutention,
07:04 les aides à domicile, enfin il y a plein de domaines dans lesquels on parle de postes vacants.
07:09 C'est important de pouvoir les pourvoir ?
07:11 - Oui, c'est important de les pourvoir, après ce ne sera pas une solution magique,
07:15 parce que je pense que l'enjeu est aussi de s'interroger sur la rémunération de ces métiers.
07:19 - Oui, parce que l'autre danger c'est de limiter l'accès professionnel des réfugiés
07:25 à des postes dont personne ne veut ici en France.
07:27 - Complètement, il n'y a pas de raison qu'ils en veuillent davantage.
07:29 À un moment donné, s'ils ont une formation à Bac+4, Bac+5, qu'ils ont un master,
07:33 je ne vois pas pourquoi ils auraient plus envie que quiconque de travailler dans le bâtiment
07:39 ou en tout cas d'avoir un métier qui ne correspond pas à leurs compétences.
07:42 - Les conditions se durcissent pour les étrangers avec cette loi immigration.
07:47 On parle d'immigration choisie un petit peu, on tend vers ce principe.
07:53 Quel regard vous portez là-dessus vous ?
07:56 - Difficile.
07:57 - En tant qu'enseignante et en tant que professionnel de l'économie ?
08:01 - Humainement, dans un premier temps, je trouve ça hyper délicat, l'immigration choisie.
08:07 Et puis économiquement, je pense qu'on oublie qu'il y a une grande contribution
08:13 de personnes quand elles rentrent en France, quand elles s'installent.
08:17 La contribution fiscale est très largement supérieure.
08:19 - Envers le négatif.
08:20 - Ils apportent plus que ce qu'ils ne coûtent.
08:23 Il y a eu des statistiques, je les ai notées,
08:26 les contributions fiscales des immigrés sont supérieures aux dépenses consacrées
08:29 qu'on leur consacre en protection, santé, éducation.
08:32 C'est de 1500 milliards de dollars par rapport à 1900 milliards de dollars dans le monde.
08:36 - Donc ça va à l'encontre de certains a priori qu'on peut avoir.
08:39 - Bien sûr, mais en même temps on ne parle que de ce que ça coûte.
08:41 - Et de cette immigration choisie, on va en parler là avec vous au CO03 80 42 15.

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