Pierre-Olivier Variot, président de la chambre syndicale des pharmaciens de Côte-d'Or, était l'invité d'ICI Matin Bourgogne du 13 décembre 2024.
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00:00Comment sauver nos pharmacies de campagne ?
00:03La Bourgogne-Franche-Comté fait partie des régions qui comptent le moins de pharmacies,
00:06juste devant le centre Val-de-Loire et la Corse.
00:10Depuis plusieurs années, les officines fermes sont trouvées de repreneurs.
00:14Alors, quelles sont les solutions qui existent pour inverser la tendance ?
00:17On en parle ce matin avec votre invité, Féline Leloir-Duo,
00:20Pierre-Olivier Vario, qui est président de la Chambre syndicale des pharmaciens de Côte d'Or.
00:24Bonjour Pierre-Olivier Vario.
00:25Bonjour messieurs dames.
00:26Pourquoi les pharmaciens ne veulent pas venir chez nous, en Côte d'Or ?
00:29Non, ce n'est pas le problème des pharmaciens qui ne veulent pas venir en Côte d'Or.
00:33C'est le problème que l'exercice pharmaceutique aujourd'hui en milieu rural
00:36est quand même un peu moins apprécié par les jeunes qui ne veulent pas s'installer en milieu rural,
00:41préfèrent être en ville, avoir toutes les infrastructures de la ville.
00:44Ce qui n'est pas forcément une bonne idée,
00:46parce qu'aujourd'hui les pharmacies en milieu rural sont des pharmacies qui peuvent vivre,
00:49qui ont les moyens d'être opérationnelles,
00:53qui ont un exercice très agréable parce que les patients sont beaucoup moins stressés qu'en ville,
00:57sont reconnaissants de l'investissement qu'on a,
00:59mais pour autant on voit une désaffection pour le milieu rural.
01:02Donc c'est un peu les mêmes raisons que les médecins finalement ?
01:04C'est pareil.
01:05Et on parle ce matin du cas de Recessurours,
01:07qui est donc une pharmacie toujours fermée, faute de repreneurs.
01:10Est-ce qu'il y en a d'autres qui sont concernés en Côte d'Or ?
01:12Alors oui, il y a des fermetures, il y en a régulièrement.
01:15Alors en Côte d'Or, pour moi c'est la seule dans ce cas-là,
01:19mais dans la Bourgogne, Franche-Comté, il y en a d'autres.
01:23Aujourd'hui, le modèle économique,
01:25on est arrivé au bout du modèle économique de l'officine,
01:27il faut qu'on le repense.
01:29Et il y a des pharmacies qui souffrent économiquement,
01:31on a plus de 300 fermetures de pharmacies au niveau national,
01:34une hécatombe jamais vue,
01:37et moi j'ai même des tribunaux qui m'écrivent en me disant
01:40« Moi, vice-président du tribunal de Nanterre, pour la cité,
01:43je m'émeut du nombre de défaillances de pharmacies. »
01:46Donc les défaillances augmentent et il faut qu'on renforce ces pharmacies
01:49et qu'on renforce aussi l'accès au milieu rural.
01:52Et vous êtes vous-même président de l'union nationale
01:55des syndicats des pharmacies en officine en France,
01:57est-ce que la situation est plus préoccupante chez nous,
02:00en Côte d'Or, en Saône-et-Loire, en Bourgogne, qu'ailleurs,
02:02par exemple en Centre-Val-de-Loire ou en Corse ?
02:05Elle est partout pareil.
02:06On se rend compte qu'il n'y a pas une région qui est épargnée,
02:09et même des fois des centres-villes.
02:11L'autre jour, j'étais avec un pharmacie dans une région voisine
02:15où il me disait que la grande ville allait voir
02:17trois pharmacies fermées en fin d'année.
02:19On en a aussi à Dijon qui risque de fermer.
02:21Donc ce n'est pas forcément que le rural,
02:23mais forcément le rural émeut plus,
02:26puisque quand vous avez le seul point d'accès aux médicaments
02:28dans un village et que ce point d'accès vient à être défaillant,
02:31il n'y a plus d'accès aux médicaments.
02:33Pour rester avec nous, Pierre-Olivier Vario,
02:35on va évoquer les possibles solutions pour lutter
02:38contre la disparition des pharmacies dans un instant.
02:41Pierre-Olivier Vario, président de la chambre syndicale
02:43des pharmaciens de Côte d'Or,
02:44invité de France Bleu-Bourgogne ce matin.
02:45A tout de suite.
02:48Ici matin, revient dans un instant.
02:53L'acte sport au quotidien.
02:55Tout ce qu'il ne fallait pas rater.
02:57Les pronostics, toutes les images.
02:59Tout ce qu'il ne fallait pas manquer sur la planète sport.
03:02Du lundi au samedi à 20h.
03:04Bienvenue dans tous les sports.
03:05Vivez tous les sports sur France 3
03:07et sur la plateforme France.tv.
03:09Jusqu'à 9h.
03:10Ici matin.
03:11Sur France Bleu-Bourgogne.
03:148h moins le quart des pharmacies qui ferment
03:16faute de repreneurs.
03:18C'est une situation qu'on voit de plus en plus chez nous,
03:20en Côte d'Or.
03:21Alors, comment faire en sorte que les officines
03:24ne disparaissent pas en milieu rural,
03:25comme dans votre quartier ?
03:26On pose la question ce matin à notre invité.
03:28Pierre-Olivier Vario, on le voit,
03:30à Rosset-sur-Ours,
03:31les habitants ont du mal à se soigner.
03:32Alors qu'en ce moment,
03:33on est quand même en pleine période de grippe,
03:35de bronchiolite.
03:36Alors, comment on fait pour vivre dans un village
03:39où il n'y a pas de pharmaciens ?
03:40Alors, c'est compliqué
03:42parce qu'aujourd'hui,
03:43la pharmacie est souvent le premier poste
03:44d'entrée dans le système de santé.
03:46Puisqu'on est ouvert sur des amplitudes d'horaires assez larges,
03:48avec du personnel.
03:49Donc, on peut prendre en charge les gens.
03:51Et quand la pharmacie ferme,
03:52il n'y a plus d'accès aux soins.
03:53Donc, les maires des villages concernés
03:57peuvent organiser des tournées, entre guillemets,
03:59des taxis pour aller mutualiser.
04:01Mais la mutualisation d'un taxi,
04:03c'est quand on est malade
04:04et qu'on sait qu'on va devoir aller
04:05tel jour, tel moment,
04:06rechercher son ordonnance.
04:07Ça, ça marche pour les traitements chroniques,
04:09mais pour les traitements aigus,
04:10ou pour les chutes,
04:11ou pour les soins non programmés,
04:13tout simplement,
04:14ça pose un vrai souci.
04:15Et il faut qu'on trouve des solutions
04:17pour aller dans les milieux les plus ruraux,
04:20apporter un soin possible aux patients.
04:23C'est un vrai risque pour la santé, donc, parfois.
04:25C'est une perte de chance énorme pour les patients.
04:27Et vous le disiez, en ville,
04:29il y a aussi un problème.
04:31Il y a certaines pharmacies
04:32qui ne trouvent pas de repreneurs, parfois.
04:33En tout cas, c'est une problématique
04:34qui peut toucher les pharmacies en ville.
04:36Est-ce que, finalement,
04:37ce n'est plus rentable, aujourd'hui,
04:39de reprendre une pharmacie ?
04:40C'est compliqué.
04:41C'est beaucoup plus compliqué qu'avant, c'est vrai.
04:43Le modèle économique est au bout.
04:45Il faut qu'on réinvente ce modèle-là.
04:47Le problème, c'est que l'État n'a plus d'argent
04:50pour investir sur n'importe quel système de santé,
04:54y compris les pharmacies.
04:55Mais s'il n'y a pas d'investissement fort de l'État,
04:58il va y avoir des défaillances
04:59qui vont s'accélérer.
05:00Mais pourtant, la pharmacie à Rosset-sur-Ours,
05:02pour prendre cet exemple,
05:03elle est à vendre pour 5 euros symboliques.
05:05Et même là, ça n'attire pas.
05:07Alors, oui, c'est vrai que ça n'attire pas.
05:09Moi, aujourd'hui, avec un billet de 10 euros,
05:11je peux acheter en France au moins 10 pharmacies.
05:13Je connais 10 pharmacies qui sont à vendre pour 1 euro.
05:16Donc, ce n'est pas le problème de l'argent.
05:18C'est le problème de l'attractivité.
05:20Le problème de Rosset, c'est qu'il est à Rosset
05:23et que les gens ne veulent pas forcément y aller.
05:25Alors que je pense que c'est une pharmacie
05:27qui, économiquement, est très rentable.
05:29Et vous, pour lutter contre ce phénomène,
05:31cette problématique des pharmacies
05:33qui ne trouvent pas de repreneurs,
05:34vous proposez une solution,
05:35les pharmacies satellites.
05:37Ça consiste en quoi ?
05:38Alors, aujourd'hui, en France,
05:39la loi impose un pharmacien, une pharmacie.
05:42Je ne peux pas avoir deux pharmacies,
05:44même si j'en avais envie.
05:45C'est impossible,
05:46puisque je dois exercer mon métier.
05:48Et comme je ne peux pas me couper en deux,
05:49je ne peux pas être dans deux pharmacies en même temps.
05:51Il y a une exception.
05:52Et c'est une expérimentation
05:54qui est faite dans cinq régions en France,
05:56malheureusement pas la Bourgogne-Franche-Comté,
05:58où on peut,
05:59quand la dernière pharmacie du village ferme,
06:01si elle n'a pas trouvé de repreneur,
06:03donc tous les mots sont importants,
06:04quand la dernière pharmacie du village ferme,
06:06si elle n'a pas trouvé de repreneur,
06:08crée une pharmacie mère-fille,
06:10avec une pharmacie la plus proche,
06:12qui va, du coup, en lien avec l'ARS,
06:14définir des horaires d'ouverture.
06:16Alors, ça peut être tous les jours,
06:17de 8 à 10, je dis n'importe quoi,
06:18tous les matins,
06:19ou au contraire, toute la journée,
06:20mais un jour sur deux.
06:21Enfin, des horaires qui vont être aménagés
06:23pour que cette pharmacie soit ouverte
06:26et donne un accès aux soins aux patients.
06:28Et en fait, il va y avoir un lien entre les deux.
06:30En fait, c'est une seule pharmacie,
06:32mais deux points de vente différents.
06:33C'est une expérimentation
06:34qui est en train d'être montée.
06:36On a déjà en France quelques exemples
06:38qui fonctionnent.
06:39Malheureusement, on n'a pas pu le faire
06:41en Bourgogne-Franche-Comté,
06:42parce qu'on n'est pas dans la cible
06:44et parce que, pour le cas de recettes sur ours,
06:46il n'y avait pas de volonté,
06:47de la part du titulaire de recettes,
06:49d'aller dans cette expérimentation-là.
06:51De toute façon, même s'il y avait eu une volonté,
06:53on était coincés par le côté légal.
06:55Mais il n'y avait pas de volonté,
06:56de toute façon.
06:57Et justement, pourquoi la Bourgogne-Franche-Comté
06:59ne participe pas à cette expérimentation ?
07:00Il y a un frein à l'échelle régionale ?
07:02Non, non, non, du tout.
07:03Ce n'est pas l'échelle régionale qui a bloqué,
07:04c'est plutôt l'échelle nationale
07:05qui n'a pas choisi la Bourgogne-Franche-Comté.
07:07D'accord, mais l'ARS Bourgogne-Franche-Comté
07:09serait possiblement favorable à cette expérimentation ?
07:12Écoutez, je pense que l'ARS se démène
07:14pour trouver des solutions
07:15pour que des pharmacies comme celle de recettes,
07:17il y en a d'autres en Bourgogne-Franche-Comté,
07:18ne ferment pas,
07:19ne permettent pas l'accès aux soins des patients.
07:22Pour autant, on ne peut pas aller contre la loi.
07:25Donc moi, je milite fortement
07:26pour que la Bourgogne-Franche-Comté soit raccrochée,
07:29et puis d'autres régions aussi éventuellement,
07:31mais au moins la Bourgogne-Franche-Comté.
07:32Et ce serait une vraie solution,
07:34en tout cas, ça pourrait être une solution
07:36pour cette problématique qu'on évoque ce matin ?
07:38Tout à fait, d'autant plus qu'on avait trouvé
07:39une pharmacie qui était en capacité
07:41et à qui il y avait la volonté
07:42de se déployer aussi sur recettes.
07:45Parce que vous comprenez bien aussi
07:46qu'il faut que dans la pharmacie fille,
07:49ou satellite comme vous l'appelez,
07:50il y ait un pharmacien en permanence.
07:52C'est la loi.
07:53Donc ça veut dire que la pharmacie
07:54qui va être la pharmacie mère
07:55et qui va reprendre la gestion de cette pharmacie
07:57doit avoir suffisamment de pharmaciens
07:58pour laisser un pharmacien dans la pharmacie mère
08:00mais aussi en mettre dans la pharmacie fille.
08:02Au moins un pharmacien.
08:03Ça peut être un pharmacien
08:04et d'autres professionnels,
08:05mais au moins un pharmacien.
08:06Donc ce n'est pas forcément évident
08:07de trouver cette structure.
08:09On l'avait trouvée,
08:10mais par manque de réglementation,
08:12on ne peut pas le faire.
08:13Merci beaucoup Pierre-Olivier Verriault.
08:15Vous êtes le président
08:16de la Chambre syndicale
08:17des pharmaciens de Côte d'Or
08:18et vous étiez notre invité ce matin
08:20sur France Bleu Bourgogne.
08:21Bonne journée à vous.
08:22Bonne journée, merci.
08:23On va continuer de suivre l'actualité
08:25et la situation à Reusset-sur-Ours
08:27en croisant les doigts
08:28pour trouver une solution peut-être en 2025.
08:30On peut demander ça au Père Noël.
08:32C'est encore le temps de faire sa lettre.
08:34Bonne journée à vous.
08:35Il est 8h moins 10.