Qui est vraiment Gabriel Attal ? Peut-il échapper à "l'enfer de Matignon" ? Pour en parler, Mayada Boulos, l'une de ses très proches, ancienne conseillère de Jean Castex à Matignon.
Regardez L'invité de RTL du 10 janvier 2024 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud vous recevez ce matin
00:11 l'ancienne conseillère de Jean Castex à Matignon, PDG de Havas Paris, Mayada Boulos.
00:15 Mayada Boulos, merci beaucoup d'être avec nous ce matin parce que je précise pour nos auditeurs que votre parole est rare.
00:20 Vous êtes l'une de celles, je le disais, qui connaît le mieux Gabriel Attal, c'est l'un de vos amis, on peut dire ça comme ça ?
00:25 Absolument.
00:26 Vous avez travaillé avec lui pendant de nombreuses années, vous l'avez vu évoluer, grandir.
00:31 Vous me disiez c'était une surprise et pas vraiment une surprise.
00:35 Très vite vous avez décelé quelque chose chez lui ?
00:39 Alors je suis certainement pas la seule, je veux dire c'est quelqu'un qui est extrêmement talentueux et je pense que
00:43 que ce soit les différents ministres, les différents présidents,
00:46 les deux présidents avec lesquels il a travaillé et notamment Emmanuel Macron l'a repéré très vite.
00:51 Et pour mémoire d'ailleurs, Gabriel a rejoint En Marche dès les débuts en fait de la création du mouvement.
00:58 Donc il a très vite été repéré par Emmanuel Macron et il l'a dit lui-même,
01:01 il lui doit sa carrière. Il l'a fait grandir avec lui durant toutes ces dernières années.
01:06 Avec Gabriel Attal vous vous êtes rencontré en 2011 pendant la campagne de François Hollande
01:10 et vous avez travaillé ensemble au cabinet de Marisol Touraine.
01:14 Vous à la communication, lui il était conseiller parlementaire.
01:17 Qu'est ce qu'il avait de plus ? Il avait 23 ans à l'époque, qu'est ce qu'il avait de plus que d'autres conseillers ?
01:21 Je pense que c'est quelqu'un qui aime fondamentalement la politique.
01:25 Pour aimer la politique, il faut aimer les français, c'est le cas.
01:27 Mais il faut aussi les comprendre.
01:29 Et je pense que Gabriel Attal a cette espèce de perméabilité avec l'opinion,
01:34 avec ce que ressentent les gens, cette empathie aussi qui lui permet de les comprendre et donc de leur parler, de parler...
01:40 C'est pas juste de la com ?
01:43 Ah moi je crois pas du tout.
01:44 Vous la communicante vous croyez pas ?
01:46 Ah mais absolument pas. La com pour la com, ça n'a pas de sens.
01:49 Et d'ailleurs en ce sens, Gabriel Attal est un exemple de communication réussie. Pourquoi ?
01:54 Pas seulement parce qu'il manie l'art de la formule.
01:56 C'est pas le seul en la matière et c'est très bien, c'est important, c'est même souvent indispensable en politique, mais c'est certainement pas suffisant.
02:03 Et quand il prend des décisions et qu'il les annonce,
02:05 je pense qu'il fait partie de ces politiques où on ne se dit pas "c'est un effet d'annonce".
02:09 Prenons un exemple récent, quand il annonce l'interdiction de la baïa.
02:13 On est d'accord ou on n'est pas d'accord ? On peut ne pas être d'accord.
02:16 En revanche, petit 1, la décision est extrêmement claire, petit 2, elle est suivie des faits.
02:21 Et il revient même, quelques jours et quelques semaines après, pour en faire le bilan,
02:25 ce qui a marché, ce qui n'a pas marché, et faire un état des lieux.
02:28 C'est une sorte de réhabilitation de la parole politique en fait. Et donc c'est ce que j'appelle une communication réussie.
02:36 Il dit ce qu'il fait, enfin il fait ce qu'il dit.
02:38 Dans les deux sens, absolument.
02:41 Je le disais, vous avez partagé son bureau pendant plusieurs années.
02:44 S'il y avait une anecdote pour dire qui il est ?
02:47 Parce qu'effectivement les Français le connaissent.
02:49 Ils l'ont découvert comme porte-parole du gouvernement.
02:51 C'est vraiment à ce moment-là qu'il émerge.
02:53 Et j'ai envie de dire, ça a été validé par son passage, certes clair, mais par son passage à l'éducation nationale.
02:59 Qu'est-ce que vous nous raconteriez de lui ? Une anecdote ?
03:03 Je ne sais pas si c'est une anecdote, mais moi il y a quelque chose qui me marque,
03:07 par exemple quand j'y repense aussi aujourd'hui.
03:11 Alors ça date de l'époque où il était porte-parole.
03:13 Donc pour mémoire nous travaillions beaucoup ensemble, puisque le porte-parolat est rattaché à Matignon et donc au Premier ministre.
03:19 Il faisait beaucoup de déplacements sur le terrain.
03:22 Ça c'est aussi quelque chose qui le caractérise, parce que c'est aussi un élu terrain.
03:24 On parle beaucoup de son âge, son jeune âge.
03:26 Certes, il a quand même dix ans de politique derrière lui, donc c'est une très forte expérience.
03:30 Et lorsqu'il faisait des déplacements, en fait, et sans l'annoncer à la presse et de manière non publique,
03:36 il faisait une sorte de tirage au sort, qu'il choisissait une famille dans laquelle il passait la nuit souvent,
03:44 lorsqu'il faisait des déplacements en province.
03:47 Et donc il allait chez l'habitant.
03:49 En tant que porte-parole du gouvernement ?
03:51 Mais personne ne le savait ?
03:52 Personne ne le savait et on ne le sait toujours pas d'ailleurs.
03:54 Je ne sais pas, j'espère qu'il ne m'en voudra pas de le raconter aujourd'hui.
03:58 Mais alors il prenait quoi ? Je ne sais pas, pas la nuée parce que ça n'existe plus, mais comme ça ?
04:03 Oui, via les associations, via les élus de terrain, etc.
04:06 Il faisait en sorte de trouver des gens qui étaient d'accord pour l'accueillir pour la nuit, discuter avec eux.
04:14 Ce qui est très intéressant aussi, c'est que j'ai un exemple à Aurélien notamment à l'esprit,
04:18 c'est qu'en fait il a gardé contact avec beaucoup d'entre eux.
04:21 Ça lui permet d'avoir des capteurs ?
04:23 Des relais.
04:24 Des relais, oui, mais ce n'est pas qu'eux intéressés.
04:27 Il n'est pas interdit non plus d'avoir des convictions et d'avoir aussi cette sensibilité,
04:33 cette empathie et cette nécessité d'avoir un rattachement à la vie de tous les jours et au terrain.
04:40 Je pense que c'est quelque chose qui le caractérise assez.
04:42 Maïe El Aboulhos, il y a quelque chose d'étonnant dans ce que vous décrivez.
04:45 Vous nous décrivez quelqu'un de très proche des gens, d'empathique,
04:49 et l'image que beaucoup en ont, c'est aussi quelqu'un de très ambitieux,
04:53 de solitaire dans les portraits qu'on lit ce matin dans la presse, ça revient beaucoup.
04:57 Je suis d'accord, je l'ai lu aussi comme vous,
05:00 mais je ne pense pas que quelqu'un d'extrêmement solitaire.
05:03 Ce que je sais de lui est qu'il n'est pas comme ça.
05:07 Pourquoi ? D'abord, c'est quelqu'un qui a une attache familiale très importante.
05:10 Sa mère, ses soeurs sont très importantes pour lui, son demi-frère aussi.
05:13 Il a une vie familiale très riche, une vie amicale aussi,
05:16 des amis de toujours qu'il a gardés.
05:19 Par ailleurs, indépendamment même du privé,
05:23 regardez au niveau professionnel, les observateurs de la vie politique
05:27 savent qu'il a une équipe, quelques conseillers clés, 4, 5,
05:31 qui le suivent depuis des années et qui l'ont toujours suivi dans tous les ministères.
05:35 Mais il n'y a pas de troupe parlementaire, par exemple ?
05:38 Je crois que c'est quelqu'un qui n'est pas clanic.
05:41 D'ailleurs, ça le caractérise assez.
05:43 On a entendu l'opposition depuis hier saluer aussi sa nomination.
05:47 Il plaît à la droite pour quelqu'un qui vient de la gauche.
05:50 Il sait discuter avec tout le monde.
05:52 Je pense que c'est aussi une des clés de sa nomination.
05:54 Il saura discuter avec tout le monde à l'Assemblée ?
05:57 C'est ça l'un des enjeux et l'un des gros risques ?
06:00 L'Avelia le dira. Ce n'est pas sa nomination qui va faire qu'il y aura une majorité absolue à l'Assemblée.
06:05 C'est quelqu'un qui a le sens du dialogue et il l'a prouvé maintes fois par le passé.
06:09 Maïa Taboulos, voulez-vous montrer cette une de libération
06:12 que ceux qui nous regardent sur RTL.fr et sur l'application RTL
06:15 peuvent voir Macron, Premier ministre, avec cette photo de Gabriel Attal.
06:20 C'est bien sûr un clin d'œil à la nomination de Laurent Fabius.
06:25 Jusqu'ici plus jeune Premier ministre.
06:27 A l'époque, le journal avait titré Mitterrand Premier ministre.
06:29 Comment va-t-il pouvoir se différencier d'Emmanuel Macron ?
06:32 On dit beaucoup que c'est son clone.
06:34 Déjà, je trouve que ce n'est pas infamant d'être comparé à un président de la République
06:38 qui de surcroît a été élu deux fois.
06:40 Par ailleurs, pour lui, ce ne serait pas infamant de lui ressembler.
06:46 Même si on ne le compare absolument pas.
06:48 Il l'a dit maintes fois, il est extrêmement loyal à l'égard du président de la République
06:51 avec qui il doit sa carrière politique.
06:53 Mais au fond, je pense qu'il y a une question institutionnelle derrière.
06:58 Quand on est Premier ministre, on n'exerce pas les mêmes fonctions du tout que lorsqu'on est président.
07:04 Au fond, quand on est président, on fixe un cap.
07:06 Quand on est Premier ministre, Matignon c'est la maison, on doit résoudre des problèmes.
07:09 On parle de l'enfer de Matignon. Il peut s'en sortir de cet enfer de Matignon ?
07:13 Je crois qu'il peut s'il n'en fait pas un enfermement.
07:16 Je pense que c'est une des clés, un des éléments essentiels de Matignon.
07:22 Je crois que d'ailleurs Jean Castex était un exemple en la matière.
07:25 Il paraît que c'est le recordman, celui qui a fait le plus de déplacements sur le terrain en tant que Premier ministre.
07:32 Je crois que c'est la méthode Attal également, celle du déplacement sur le terrain,
07:36 celle de sortir de la maison. Et d'ailleurs, il l'a prouvé 20 minutes après sa passation de pouvoir.
07:43 Il était déjà sur le terrain.
07:44 Juste d'un mot, vous êtes l'une de ses amies.
07:46 Votre métier, je rappelle, c'est la communication.
07:48 Vous n'allez donc pas nous dire du mal de Gabriel Attal.
07:50 Mais s'il y avait un petit défaut, un petit truc à dire ?
07:53 Vous savez, la vie politique est assez dure comme ça.
07:55 Je crois qu'il y a beaucoup de personnes qui se chargeront de relever ces défauts.
08:01 Pour ma part, je pense qu'on peut saluer quand même aujourd'hui
08:03 la nomination de quelqu'un d'extrêmement talentueux et de soucieux de l'intérêt général, surtout.
08:07 Plus jeune membre d'un gouvernement, plus jeune ministre de l'éducation nationale de l'histoire,
08:10 plus jeune Premier ministre. Est-ce qu'un jour, ça peut être le plus jeune président de la République ?
08:14 Il aura 37 ans en 2027.
08:16 Je pense qu'il est beaucoup trop intelligent pour commencer à se positionner,
08:19 ou même à réfléchir à 2027, au lendemain de sa nomination à Matignon.
08:24 Je pense qu'il a quand même déjà pas mal de pain sur la planche.
08:27 Merci beaucoup, Mayada Boulos.
08:28 Merci à vous.
08:29 Il réhabilite la parole politique parce qu'il agit, vient nous dire Mayada Boulos.
08:32 restez avec nous, puisque vous êtes dans l'oeil de Philippe Cavry.