Élisabeth Borne a officiellement passé le flambeau à Gabriel Attal, qui endosse dès aujourd'hui le rôle de Premier ministre. Revivez en intégrale le discours d'adieu de sa prédécesseure, ainsi que son discours d'arrivée.
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00:00 Tout d'abord, bienvenue à Matignon.
00:04 Au moment où je te passe le relais,
00:08 je voudrais d'abord dire toute ma reconnaissance.
00:12 Ma reconnaissance au président de la République, bien sûr,
00:17 qui m'a fait confiance depuis 2017.
00:20 Et je suis fière d'avoir, à ses côtés,
00:24 pendant près de sept ans,
00:27 servi notre pays et nos concitoyens
00:31 en tant que ministre, puis première ministre.
00:35 Ma reconnaissance aussi envers l'équipe gouvernementale
00:41 que j'ai eu l'honneur de diriger,
00:44 qui a porté avec force et détermination
00:50 les réformes nécessaires, y compris les plus difficiles.
00:55 Et je veux vraiment dire un grand merci à chacune et à chacun.
01:01 Je veux dire ma reconnaissance aussi aux parlementaires de la majorité.
01:07 Dans un contexte inédit,
01:10 souvent face aux attaques les plus brutales,
01:15 ils ont tenu.
01:18 Alors je serai bientôt l'une d'entre eux,
01:24 en tant que députée du Calvados.
01:27 Et je me réjouis de continuer à servir mon pays,
01:32 à leur côté, avec détermination et exigence.
01:38 Et puis je veux remercier aussi
01:42 les parlementaires des oppositions
01:45 qui ont fait le choix du dialogue et du compromis
01:49 plutôt que du blocage et de l'obstruction.
01:53 Je tiens aussi à remercier
01:56 toutes les administrations que j'ai dirigées
02:00 au cours de ces sept années,
02:03 les équipes de Matignon et tout particulièrement mon cabinet.
02:07 Je mesure le travail qu'ils ont accompli
02:12 à toute heure du jour et souvent de la nuit.
02:16 Et j'ai été particulièrement bien entourée,
02:19 donc je veux leur dire un grand merci.
02:23 Je veux également rendre hommage
02:26 à tous les partenaires qui sont essentiels
02:31 pour notre action au service du pays.
02:35 Je pense aux élus locaux
02:38 qui s'engagent au quotidien pour nos concitoyens.
02:43 Je pense aux acteurs de la société civile
02:47 et notamment aux associations
02:50 qui portent des combats essentiels
02:53 de la transition écologique à l'égalité des chances.
02:57 Et puis je pense aux partenaires sociaux
03:00 avec lesquels j'ai toujours entretenu
03:03 des relations de confiance et de respect.
03:07 Moi, je crois au dialogue,
03:11 à la co-construction, à la force du collectif.
03:15 Alors, il y a eu des moments difficiles,
03:18 mais le dialogue n'a jamais été rompu.
03:22 Enfin, je veux dire aux Françaises et aux Français
03:26 que chaque jour, en tant que ministre,
03:31 puis Premier ministre,
03:34 j'ai mis toute mon énergie à les servir.
03:40 J'ai travaillé sans relâche,
03:44 sans chercher les coups d'éclat.
03:47 Et partir du réel vécu par nos concitoyens,
03:52 partir de leur quotidien
03:54 et chercher à apporter des résultats rapides et tangibles,
04:00 c'est ma méthode d'action et je l'assume.
04:05 Alors, Monsieur le Premier ministre, cher Gabriel,
04:09 j'ai parlé de reconnaissance
04:12 et je veux aussi parler de fierté.
04:17 Je suis fière du travail accompli au cours de ces presque 20 mois,
04:23 pendant lesquels je me suis, en particulier,
04:27 dans des conditions inédites à l'Assemblée,
04:30 attelée à faire adopter nos budgets,
04:34 la réforme des retraites, la loi immigration
04:38 et plus de 50 textes pour répondre aux défis de notre pays
04:43 et aux attentes de nos concitoyens.
04:47 Nous avons réussi à construire des majorités de projets
04:51 dans l'esprit du dépassement
04:53 porté par le président de la République en 2017.
04:58 Et puis je suis fière aussi que notre pays
05:01 soit désormais doté d'une planification écologique,
05:05 concrète et solide.
05:10 Tout au long de ces années, tout au long de ces mois,
05:14 je n'ai jamais reculé devant aucun obstacle,
05:18 je n'ai jamais reculé devant aucune réforme,
05:22 j'ai mené les projets qui me semblaient justes
05:26 et nécessaires pour notre pays
05:29 et j'ai tenu sans trembler le cap fixé
05:32 par le président de la République.
05:36 Enfin bien sûr, je ressens aujourd'hui beaucoup d'humilité.
05:43 Je suis consciente de tout ce qui reste à accomplir.
05:47 Je connais les enjeux devant nous.
05:50 Nous devons y répondre et rassembler.
05:55 Nous devons plus que jamais veiller à donner sa chance
06:00 et des perspectives à chacun,
06:03 bâtir une France plus forte et plus juste
06:08 dans une Europe plus souveraine.
06:12 Monsieur le Premier ministre, cher Gabriel,
06:15 au moment où je te passe le relais, je suis confiante.
06:20 Nous nous connaissons bien,
06:23 tous les deux nous nous sommes engagés dès la première heure
06:27 derrière le président de la République.
06:30 Tu as la détermination et l'énergie pour mener une équipe
06:35 et porter les projets nécessaires pour notre pays.
06:39 Tu as aussi cette volonté de tenir, de respecter la parole donnée.
06:45 En te sachant dans cette fonction, j'ai confiance
06:50 et je t'adresse tous mes voeux de succès.
06:53 Tu peux compter sur moi pour t'y aider.
06:57 Il en va de la réussite de notre pays
07:01 et c'est finalement la seule chose qui compte.
07:04 Et peut-être je voudrais terminer sur un mot plus personnel.
07:09 En prenant mes fonctions, j'avais adressé un message
07:14 à toutes les petites filles en leur disant d'aller au bout de leurs rêves.
07:21 Je pense que mon parcours démontre
07:26 que quelle que soit son histoire, tout est possible.
07:31 Mais j'ai aussi pu mesurer assez souvent
07:36 qu'il reste du chemin pour l'égalité entre les femmes et les hommes.
07:41 Alors je le dis à toutes les femmes,
07:45 tenez bon, l'avenir vous appartient.
07:49 Et puis plus largement, il reste du chemin
07:53 pour que chacun, quelle que soit son origine,
07:58 quel que soit son milieu social,
08:01 quelle que soit son adresse, ait toutes ses chances
08:05 par son mérite et son talent.
08:09 Alors à toutes et tous, je veux le dire,
08:12 à vos côtés, je continuerai le combat.
08:16 Je vous remercie.
08:19 (Applaudissements)
08:24 (...)
08:29 (...)
08:57 -Madame la Première ministre, très chère Elisabeth,
09:01 mesdames, messieurs, depuis 1936, depuis Léon Blum,
09:06 c'est d'ici, depuis l'hôtel de Matignon,
09:09 que nos premiers et nos premières ministres ont oeuvré à bâtir la France.
09:14 Chère Elisabeth, pendant près de 20 mois,
09:17 c'est la France de demain que tu as contribué à bâtir.
09:21 Aux côtés du président de la République,
09:23 tu as été une première ministre d'action et de courage.
09:28 Ton histoire personnelle, tout autant que ton éthique politique,
09:32 ont fait de toi un exemple.
09:36 Pour tes ministres, pour les parlementaires que tu as évoqués,
09:40 et plus largement, je le crois très profondément, pour les Français.
09:44 Nous savons tous ce que nous te devons.
09:47 Elisabeth, madame la Première ministre, merci pour tout.
09:51 À l'heure où je prends mes fonctions,
09:54 c'est d'abord au président de la République
09:57 que j'adresse mes remerciements les plus sincères.
10:00 Cela a été dit ces dernières heures, j'ai pu le lire ou l'entendre.
10:05 Le plus jeune président de la République de l'Histoire
10:08 nomme le plus jeune premier ministre de l'Histoire.
10:11 Je ne veux y voir qu'un seul symbole, celui de l'audace et du mouvement.
10:16 Le symbole aussi, et peut-être surtout, de la confiance,
10:20 celle accordée à la jeunesse,
10:23 cette génération qui mérite que l'on se batte pour elle sans relâche.
10:27 Ces derniers mois, j'ai consacré toute mon énergie
10:30 à redonner espoir, à chercher à redonner espoir
10:33 à cette génération, à ses parents,
10:35 en œuvrant pour l'école de la République.
10:38 Je le dis d'emblée, mesdames et messieurs,
10:41 j'emmène avec moi, ici, à Matignon, la cause de l'école.
10:46 Je réaffirme l'école comme étant la mère de nos batailles,
10:50 celle qui doit être au cœur de nos priorités
10:52 et à qui je donnerai, comme premier ministre,
10:55 tous les moyens d'action nécessaires pour sa réussite.
10:58 Elle sera l'une de mes priorités absolues dans mon action
11:01 à la tête du gouvernement.
11:03 Il y aura, de ce point de vue, une forme de continuité.
11:07 Car, en prenant des décisions fortes sur la baïa,
11:10 en prenant des décisions fortes sur la laïcité,
11:13 c'est pour la liberté que je me suis engagé.
11:15 En prenant des décisions fortes sur l'exigence
11:19 et sur le choc des savoirs,
11:21 c'est pour l'égalité que je me suis engagé.
11:23 En prenant des décisions fortes dans la lutte
11:25 contre le harcèlement, c'est pour la fraternité
11:28 que je me suis engagé.
11:30 Liberté, égalité, fraternité,
11:33 cette devise de l'école est aussi celle de la République
11:37 et ce sera toujours ma boussole.
11:40 Mais, mesdames et messieurs, j'ai conscience du contexte
11:43 dans lequel je prends mes fonctions.
11:45 Trop de Français doutent encore.
11:47 Trop de Français doutent de notre pays,
11:49 doutent d'eux-mêmes, doutent de notre avenir.
11:52 Je pense au particulier aux classes moyennes,
11:55 cœur battant de notre pays, artisans de la grandeur
11:58 et de la force de notre nation française.
12:00 Ces femmes, ces hommes, ces familles
12:02 qui se lèvent tous les matins pour aller travailler,
12:05 qui peuplent notre territoire et que l'on n'entend pas souvent,
12:08 mais qui sont toujours au rendez-vous de leurs responsabilités.
12:11 Cette classe moyenne qui travaille et qui finance par son travail
12:14 nos services publics et notre modèle social.
12:17 Ces Français qui, parfois, ne s'y retrouvent plus.
12:20 Des Français doutent, mais au fond, je sais qu'ils espèrent aussi.
12:25 Car au fond de nous, au plus profond de nos consciences
12:28 de Français amoureux de notre pays, nous le savons,
12:31 la France ne rimera jamais avec déclin.
12:35 Car la France, elle rime avec sursaut,
12:37 elle rime avec audace, elle rime avec grandeur.
12:41 Et c'est précisément à cette tâche que je vais m'atteler
12:44 sous l'autorité du Président de la République.
12:46 Il a été réélu sur un projet clair,
12:49 un projet d'action, de transformation,
12:51 un projet de reprise en main de notre destin
12:53 et de préparation de celui de la prochaine génération.
12:57 Avec le Président de la République, j'aurai donc un objectif.
13:01 Garder le contrôle de notre destin
13:03 et libérer notre potentiel français.
13:06 Garder le contrôle de notre destin,
13:08 c'est lutter pour la maîtrise de notre modèle social.
13:11 C'est agir pour la solidarité entre les Français.
13:14 C'est assumer de faire de l'autorité et du respect de l'autre
13:17 une valeur politique de premier ordre.
13:19 Et de la sécurité, un objectif absolument prioritaire.
13:23 C'est agir pour le renforcement de nos services publics,
13:26 au premier rang desquels l'école, j'en parlais il y a un instant,
13:29 mais aussi la santé, et en premier lieu, évidemment, notre hôpital.
13:33 C'est renforcer notre souveraineté nationale,
13:35 et celle de l'Europe, en maîtrisant mieux notre immigration.
13:39 C'est garantir l'avenir de notre planète,
13:41 qui est le bien commun de notre humanité.
13:45 Libérer le potentiel français,
13:47 cela veut dire continuer à transformer notre économie
13:50 autour de trois axes majeurs.
13:52 D'abord, la priorité donnée au travail.
13:54 Travailler doit toujours être mieux valorisé
13:57 que ne pas travailler, alors que l'inflation, je le sais,
14:00 continue de peser sur la vie des Français.
14:03 Ensuite, c'est l'acte 2 de la libération de notre économie,
14:06 notamment avec la simplification drastique
14:08 de la vie de nos entreprises et de nos entrepreneurs.
14:11 Et c'est enfin à l'action résolue que nous devons mener
14:13 pour notre jeunesse, dont le talent ne demande qu'à s'exprimer.
14:17 Dans ce chantier, avec le président de la République,
14:20 nous ne partons pas de nulle part.
14:22 Depuis plus de six ans, tant a été fait,
14:25 tant a été engagé, et déjà, des résultats sont perceptibles
14:29 dans la vie des Français.
14:31 Nous avons un taux de chômage historiquement bas
14:33 depuis un certain nombre d'années,
14:35 et tu y as largement contribué en tant que ministre et Premier ministre.
14:39 Mais pour les années à venir, tant reste encore à faire.
14:43 C'est la tâche à laquelle je consacrerai toute mon énergie.
14:46 Avec la même méthode, qui est la mienne,
14:49 celle que j'ai toujours utilisée dans mes fonctions,
14:52 poser des diagnostics clairs, sans jamais mentir aux Français,
14:56 et mettre en place des actions fortes, concrètes, sans tabou.
15:00 Dire la vérité, agir sans attendre,
15:03 voilà ce que sera mon action à la tête du gouvernement de la France.
15:08 Mesdames et Messieurs, avant de conclure,
15:11 je veux avoir à nouveau une pensée pour le président de la République,
15:15 lui redire toute ma gratitude, toute ma fidélité.
15:19 Je veux avoir un mot pour notre Parlement.
15:21 À la majorité, je dis ma reconnaissance,
15:24 et ma promesse de toujours rester l'un des leurs.
15:27 Aux oppositions, je leur dis que nous avons en commun le destin de notre nation,
15:33 que nous ne serons évidemment pas d'accord sur tout,
15:37 que nous nous opposerons,
15:39 mais aussi je leur fais la promesse de toujours les écouter,
15:42 toujours les respecter,
15:44 parce qu'à travers eux, c'est la voix de millions de Français qui s'expriment.
15:48 Je veux avoir un mot pour nos élus locaux,
15:50 qui sont eux aussi les garants de notre République,
15:52 pour nos partenaires sociaux.
15:54 Oui, ils sont nos partenaires.
15:56 Tout ce que cela emporte d'exigence et de franchise.
16:00 Parce que chaque jour compte,
16:02 je réunirai toutes ces forces vives du pays dès cette semaine
16:05 pour enclencher ensemble cette nouvelle étape.
16:08 Avant de conclure, je veux avoir une pensée pour Édouard Philippe,
16:13 qui fut le premier à me faire confiance en me nommant au gouvernement
16:16 il y a plus de cinq ans.
16:18 Une pensée évidemment pour toi, Elisabeth,
16:20 que je remercie à nouveau pour ta confiance.
16:22 Et je pense évidemment à Jean Castex,
16:25 avec qui j'ai tant appris ici à Matignon,
16:28 en tant que secrétaire d'État auprès de lui,
16:30 porte-parole du gouvernement.
16:32 J'ai appris ici avec lui, à ses côtés,
16:34 le fonctionnement de Matignon,
16:36 l'exigence de la tâche de Premier ministre
16:38 et aussi l'importance de l'amitié en politique.
16:41 Je veux lui dire que je sais ce que je lui dois,
16:44 ce que notre famille politique lui doit
16:46 et ce que la France lui doit.
16:48 Je veux pour conclure m'adresser directement aux Français,
16:51 à tous les Français, où qu'ils vivent,
16:53 dans l'Hexagone, dans les Outre-mer
16:55 ou à l'extérieur de nos frontières,
16:57 quel que soit leur parcours de vie,
16:59 quelles que soient leurs opinions politiques,
17:01 peu importe qui ils aiment ou ce en quoi ils croient,
17:03 je veux leur dire qu'ils pourront toujours compter sur moi,
17:06 leur dire qu'avec le président de la République,
17:09 chaque jour, chaque minute, chaque seconde
17:12 leur sera consacré.
17:14 Parce qu'il n'y a rien de plus beau,
17:16 rien de plus fort, rien de plus grand
17:18 que de servir la France et les Français.
17:21 Je vous remercie.
17:23 (Applaudissements)
17:51 (...)
18:20 (Applaudissements)