Narcotrafic : "A Marseille arrivent par jour 350 conteneurs de charbon de bois d’Afrique de l’Ouest"

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Le 18 décembre, la commission d'enquête du Sénat sur le narcotrafic entendait des journalistes d'investigation spécialistes de la question. Philippe Poujol, spécialiste du trafic de drogues dans les quartiers nord de Marseille, détaille la manière dont ils s'organisent dans la cité Phocéenne.   Pour suivre toute l'actualité politique et parlementaire, abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/publicsenat?sub_confirmation=1   Notre site internet : http://www.publicsenat.fr   Abonnez-vous à notre newsletter : https://urlz.fr/iinC    Suivez-nous sur les réseaux sociaux Facebook : https://www.facebook.com/publicsenat Twitter : https://twitter.com/publicsenat Instagram : https://instagram.com/publicsenat LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/2996809/

Transcript

00:00 Donc à partir de 2006, Farid Berhama est tué par des corses sur une affaire de machine à sous.

00:06 Et là, c'est 10-12 lieutenants qu'on sent retués jusqu'en 2010.

00:10 Et ils vont se rendre compte qu'en fait c'est compliqué de tenir les cités,

00:15 c'est-à-dire d'avoir une gestion pyramidale, avoir un chef et toute une hiérarchie en dessous,

00:21 toute une série de personnes qui va jusqu'au guetteur, jusqu'aux petites mains, qui va gérer une cité.

00:27 Et c'est là qu'ils se rendent compte qu'il faut voir les choses autrement.

00:31 Et ils prennent finalement le pli de ce qui se passe aujourd'hui dans l'économie légale.

00:35 Ils vont ubériser le trafic de subs.

00:37 Ça va se faire sur 5-6 ans, ça va pas se faire d'un coup.

00:40 Ça démarre doucement en 2010, ça se met vraiment en place en 2016.

00:44 Et ça s'est accéléré en 2019 avec le confinement.

00:47 C'est très simple, on a des grossistes qui sont du trafic international,

00:51 qui sont des héritiers de la French ou des héritiers de grands banditismes à travers l'Europe,

00:56 à travers le monde, qui vont être importés sur la France et sur l'Europe,

01:00 mais nous ce qui nous intéresse sur la France, c'est les immenses quantités de drogue,

01:03 principalement par conteneurs, assez peu par gofast, le gofast c'est pour amuser la télé,

01:09 mais en fait il y en a très peu par rapport aux quantités astronomiques

01:11 qui arrivent tout simplement dans des conteneurs.

01:13 Et généralement c'est tout simple, à Marseille c'est un exemple,

01:16 c'est pas uniquement à Marseille, à Port-Saint-Domingue-du-Rhône

01:18 arrivent par jour 350 conteneurs de charbon de bois depuis l'Afrique de l'Ouest.

01:23 En Afrique de l'Ouest on a une mafia corse implantée, puissante,

01:28 et qui entre autres activités fait aussi dans la drogue,

01:31 et qui va récupérer par exemple de la cocaïne et va l'importer via le Gabon par exemple,

01:39 ça peut être l'Angola pour d'autres mafias, jusqu'à Marseille ou d'autres villes,

01:43 comme tous les ports d'Europe, mais Marseille c'est ce qui m'a le plus concerné.

01:49 Et cette drogue-là est vendue à des semi-grossistes,

01:55 ce qu'on appelle souvent les "dealers", les chefs de réseau,

01:58 ils sont chefs de rien du tout, ils sont uniquement semi-grossistes,

02:01 ils ont quelques hommes avec eux, ils récupèrent cette tonne-là par exemple

02:05 et ils vont la distribuer sur des cités.

02:07 Donc ça se fait, ça se déroule souvent dans des petites villes autour de Marseille,

02:12 donc Rognac, Gignac, Vitrolles, les zones gendarmerie,

02:16 s'il y a encore des problèmes entre la relation gendarme-police, même si c'est amélioré,

02:20 ça reste quand même imparfait, donc ils vont dans toutes les failles qu'ils peuvent repérer.

02:25 Je ne vais pas rentrer dans les détails, on n'aurait pas le temps,

02:28 mais la drogue ensuite est distribuée sur certaines grosses cités.

02:31 À Marseille, les plus connues, mais ce n'est pas les seules,

02:33 ça va être la Castellane, ça va être Erbel, ça va être la Lustrine,

02:38 ça va être Campagne-l'Evêque, actuellement il y a la Paternelle,

02:43 et voilà, tout cassé d'ici-té, je ne suis pas sûr même qu'elles y soient.

02:48 Et ces cités-là après vont faire à la fois des ventes au détail

02:52 et en même temps se migrossissent pour les autres.

02:54 Et à chaque fois, il n'y a pas de relation de hiérarchie, c'est de l'indépendance.

02:57 Pourquoi ils font ça ? Parce que la gestion du terrain,

03:00 payer les gens sur le terrain, c'est quelque chose de compliqué, qui prend du temps.

03:05 Il y a beaucoup de trahison, ça coûte beaucoup d'argent,

03:07 et si on paie bien les gens, parce qu'il y a quelque chose de complètement faux

03:11 qui se répète tout le temps, c'est que les jeunes seraient bien payés,

03:13 je peux vous assurer que c'est totalement farfelu.

03:15 Si on paie bien les jeunes, ils deviennent les concurrents.

03:20 Donc c'est un souci, en fait ils font tout.

03:22 Au contraire, c'est le principal message que je veux faire passer ce soir,

03:26 que ce qui tient un réseau de stups aujourd'hui, c'est la dette.

03:29 Le but principal et quasi unique est d'endetter les jeunes

03:33 qui vont être les petites mains.

03:35 [Musique]

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