Le vice-président des Républicains et député européen, François-Xavier Bellamy était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Et place donc à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:04 Bienvenue et bonjour François-Xavier Bellamy.
00:06 Bonjour.
00:07 Merci d'être avec nous ce matin.
00:08 Merci de votre invitation.
00:09 Vous êtes eurodéputé LR et vice-président LR.
00:12 Alors une première ministre partie, un jeune ministre grand favori, même si nous allons
00:17 rester prudents encore ce matin évidemment.
00:19 Avant d'évoquer ces spéculations insistantes, quel bilan faites-vous de l'action de la
00:23 première ministre Elisabeth Borne à la tête du gouvernement ?
00:26 Pour beaucoup dans l'opposition, il faut le noter.
00:28 Elle est Madame 49.3, mais pour d'autres, à l'instar d'Éric Ciotti, il reconnaît
00:33 sa rigueur, son honnêteté intellectuelle.
00:36 Est-ce que vous lui prêtez les mêmes qualités ?
00:37 Je crois qu'on peut très bien avoir été dans l'opposition, comme nous l'avons été,
00:42 comme Éric Ciotti l'a montré au cours des derniers mois avec notre famille politique,
00:47 tout en ayant de l'estime pour ses adversaires politiques.
00:50 Elisabeth Borne, pour ma part, je crois qu'il y a quelque chose d'assez désolant dans
00:55 le feuilleton que nous sommes en train de vivre, c'est qu'on voit bien à quel point
01:00 tout cela est d'abord réduit à une affaire de personnes.
01:02 Elisabeth Borne dit clairement qu'elle est contrainte de présenter sa démission, non
01:06 pas qu'elle ait été désavouée par une élection qui viendrait de se dérouler, non
01:10 pas qu'elle vienne d'essuyer une défaite politique personnelle, mais voilà, il semble
01:14 qu'Emmanuel Macron ne voulait plus continuer de travailler avec elle et donc il l'écarte
01:18 du gouvernement.
01:19 C'est ainsi, on ne va pas épiloguer indéfiniment.
01:21 Ce que je retiens surtout de la période qui vient de s'écouler, c'est que le macronisme,
01:27 parce que c'est de cela qu'il s'agit, est en train de montrer à quel point, en même
01:32 temps, ces ambiguïtés et ces contradictions ont conduit le pays dans l'impasse et la
01:36 vie politique avec lui.
01:38 Quel que soit le remplaçant d'Elisabeth Borne, à l'heure actuelle le grand, le très grand,
01:42 le grandissime favori reste Gabriel Attal.
01:45 Avant d'évoquer avec vous le fond, François-Xavier Bellamy, vous faites partie quand même de
01:48 la jeune génération.
01:49 Vous avez, on peut dire votre âge, 38 ans.
01:52 Vous êtes de la même génération que Gabriel Attal qui lui a 34 ans.
01:55 C'est-à-dire qu'il accéderait à un matignon du haut de ses 34 ans.
01:59 Est-ce que cette jeunesse n'est qu'un argument de communication ou est-ce que ça peut être
02:03 aussi le signe d'un renouveau en politique, d'une volonté et d'une fougue de faire
02:08 de la politique autrement ?
02:09 Je crois qu'être jeune n'est pas une qualité en soi et de fait, il faudrait se garder d'en
02:16 faire une vertu.
02:17 C'est d'ailleurs une vertu qui disparaît avec le temps.
02:19 Je l'ai toujours dit pour moi-même et cela vaut aussi pour tous ceux qui font peut-être
02:24 effectivement de leur âge un élément de communication.
02:28 C'est son cas ? C'est pas le cas de Gabriel Attal, il n'en fait pas.
02:31 Ou alors vous y voyez davantage un communiquant qu'un homme d'action ?
02:36 La vraie question que je me pose et je me la pose très sérieusement, c'est tout le
02:41 monde dit Gabriel Attal favori pour rentrer à Matignon.
02:44 Mais quelles sont ses qualités pour cela ? Qu'est-ce qu'il leur a démontré ?
02:47 Il est ministre de l'éducation nationale.
02:49 Saluté par une grande partie de la droite comme celui qui a fait interdire la baïa
02:52 et plus largement comme étant celui qui incarne le contre-pied à Papandiaï, plutôt anti-Woke.
02:57 J'essaye de vous avancer des arguments qui ont été mis en avant.
03:02 C'est-à-dire qu'en fait, on reconnaît à Gabriel Attal le mérite d'avoir corrigé
03:06 les travers de son prédécesseur qui appartenait pourtant à la même majorité et qui s'inscrit
03:11 évidemment dans la continuité de ce macronisme qui, encore une fois, avec l'eau en même
03:15 temps, aura dit tout et son contraire.
03:17 Et Gabriel Attal, à sa manière, aura soutenu tout et son contraire en étant porte-parole
03:21 de ce gouvernement, en étant ministre du budget.
03:23 On ne l'avait pas entendu avoir un mot de distance à l'égard de Papandiaï quand
03:27 celui-ci était ministre de l'éducation nationale.
03:29 On voit finalement aujourd'hui que ceux qui ont depuis des années, et c'est mon
03:34 cas mais parmi bien d'autres, tenté d'alerter sur la réalité de la crise profonde que
03:38 traverse l'éducation nationale, ceux qui l'ont fait sous les colibés, y compris
03:41 de M. Attal, qui aura appartenu au Parti Socialiste, qui aura appartenu à ces gouvernements qui
03:47 pendant des années ont fermé les yeux sur la crise de l'école, aujourd'hui sont
03:51 en train de constater qu'en quelques mois, sans avoir encore rien fait, Gabriel Attal
03:56 devient populaire pour avoir dit simplement la réalité d'une crise qui l'aura contribué
04:01 à dissimuler pendant longtemps.
04:02 Vous êtes un...
04:03 Vous vous intéressez beaucoup à l'école et votre avis compte, évidemment.
04:07 Quand vous dites "rien fait", c'est-à-dire que son bilan perçu comme étant celui qui
04:12 a réaffirmé quand même l'autorité à l'école, soutenant les professeurs face
04:16 au coup de canif au niveau de la laïcité, je vous vois sourire, vous ne le rejettez
04:19 pas.
04:20 J'aime beaucoup l'expression de "bilan perçu".
04:21 Vous voyez, c'est comme en ce moment il fait froid, on parle de la température réelle
04:24 et la température ressentie.
04:25 Il y a un bilan perçu, mais en réalité, quel est le bilan ? Vous avez parlé de l'interdiction
04:29 de la baïa, pour le reste, Gabriel Attal n'a tout simplement, je ne lui reproche même
04:33 pas, mais il n'a pas eu le temps de faire quoi que ce soit au ministère de l'Éducation
04:37 nationale.
04:38 Il y est depuis quatre mois.
04:39 Et regardez à quel point notre vie politique tourne dans un univers de communication qui
04:44 est de l'ordre, attend, presque l'ordre du virtuel pur.
04:48 Il s'agit de spéculation.
04:50 Qu'est-ce qui fait que Gabriel Attal, aujourd'hui, est en pôle position pour rentrer à Matignon ?
04:54 C'est qu'il est le favori des sondages.
04:56 C'est qu'il est bien placé dans les enquêtes d'opinion.
04:58 Mais à ce compte-là, Kylian Mbappé est aussi très bien placé dans les enquêtes
05:01 d'opinion.
05:02 Ce que je veux dire, c'est qu'encore une fois, on pourrait considérer que quelqu'un
05:05 est prêt pour être premier ministre de la France parce qu'il a réalisé des choses
05:10 extraordinaires, parce qu'il a montré par son action, par son bilan, par ses résultats,
05:16 de quoi il était capable.
05:17 Mais encore une fois, je le redis, je ne le lui reproche pas.
05:22 La prime à la popularité dans les sondages.
05:25 Si tout à l'heure, Gabriel Attal est nommé premier ministre, pour vous, ce serait une
05:28 prime à une popularité, à une notoriété, à une image, plus qu'à un bilan, un parcours.
05:33 Je vous le redemande, Sonia Babrouk.
05:35 Où est le bilan ? Quelles sont ses actions ? Et d'ailleurs, qu'est-ce que Gabriel
05:39 Attal ? Ça aussi, c'est peut-être un signe des temps.
05:42 Qu'est-ce que Gabriel Attal aura fait d'autre dans sa vie que de la politique ? Par quoi
05:47 est-ce qu'il a démontré quelque chose qui pourrait le rendre crédible pour exercer
05:53 une responsabilité comme celle-là ?
05:54 Si je vous posais la même question, qu'est-ce que vous mettriez en avant, vous-même ? Vous
05:57 êtes quand même vice-président des ELR, vous êtes arrivé et vous serez probablement
06:01 choisi tête de liste, Les Républicains.
06:03 Que faut-il, j'allais dire, pour être reconnu comme un homme d'État ?
06:08 Si je suis candidat à l'élection européenne, je pense que la chose la plus importante pour
06:12 moi sera de montrer ce que nous avons fait, ce que nous avons réalisé, les batailles
06:16 que nous avons menées, les résultats que nous avons obtenus.
06:19 Alors, bien sûr, souvent, pas dans le spectacle médiatique, pas dans la lumière des projecteurs,
06:25 souvent dans le travail patient, difficile, compliqué, qui consiste à travailler concrètement,
06:30 quotidiennement pour servir les Français et pour faire en sorte d'apporter des résultats.
06:34 Le travail que nous avons fait pour réussir à faire en sorte que notre énergie, aujourd'hui,
06:41 cet hiver, là, en ce moment, soit disponible, que nous avons fait pour que les Français
06:44 puissent ne pas payer leur électricité à des prix délirants quand ils la produisent
06:48 à un coût maîtrisé par leurs propres investissements.
06:50 Le travail que nous faisons sur les questions migratoires.
06:53 Et voyez ce qu'on a obtenu en décembre avec les Républicains, ce n'est pas de la communication,
06:57 ce sont des batailles politiques concrètes pour obtenir des résultats.
07:00 L'important, et c'est tout à fait normal en politique, c'est l'action.
07:02 Et ça veut dire, François-Xavier Bellamy, pour vous, que quel que soit le changement
07:05 et le non du Premier ministre, il n'y aura pas de changement de cap, de ligne, d'action.
07:09 C'est ce qu'attendent les Français majoritairement.
07:11 C'est un redressement du pays.
07:12 Bien sûr, c'est ce qu'attendent les Français.
07:14 Mais encore une fois, je le redis, pourquoi ce remaniement se fait-il ? C'est la question
07:17 qu'on voudrait tous poser à Emmanuel Macron.
07:19 Quel est le sens de ce remaniement, de ce changement de Premier ministre ?
07:22 Normalement, un remaniement n'a d'intérêt que s'il conduit à un élargissement de
07:25 la base électorale et à une majorité plus confortable.
07:29 En tous les cas, un remaniement a un sens s'il obéit effectivement à une direction
07:32 politique, à un changement de direction politique profonde.
07:35 Et là, encore une fois, je crois qu'on le voit bien, ce qui compte et ce qui comptera
07:39 d'abord finalement, et moi, je ne veux pas juger Gabriel Attal sur un procès d'intention,
07:43 la seule chose qui compte et la seule chose qui comptera, c'est ce que fera le prochain
07:47 Premier ministre.
07:48 Est-ce que c'est la même chose s'il était venu des rangs de la droite, ce Premier ministre ?
07:52 Je ne sais pas si c'était un jeune LR, ce n'est pas possible.
07:58 LR aujourd'hui est dans l'opposition.
07:59 C'est parce qu'elle est dans l'opposition.
08:00 C'est bien, mais enfin, certains ont passé, si on peut dire, chez Emmanuel Macron alors
08:04 qu'ils étaient dans l'opposition.
08:05 Ils ont choisi de rejoindre ces ambiguïtés permanentes et aujourd'hui, on le voit bien,
08:10 c'est la particularité étonnante de la situation actuelle.
08:13 On est tous en train de spéculer sur qui va être le prochain Premier ministre.
08:16 Ça pourrait être un Sébastien Lecornu qui vient de la droite, un Gabriel Attal qui
08:20 vient de la gauche.
08:21 Tout ça signe en fait l'absence totale de doctrine, de cohérence idéologique.
08:25 On ne sait pas aujourd'hui, selon vous, où Emmanuel Macron veut mener la France ?
08:28 Mais qui le sait ? Qui le sait ?
08:30 Si vous deviez répondre précisément à cette question.
08:32 Moi, je ne suis pas porte-parole du gouvernement.
08:34 De ce que vous percevez quand même, il a, lors de ses voeux, réaffirmé le cap de l'autorité.
08:38 Vous allez me dire que ça ne reste que des mots, mais qu'est-ce que vous percevez de
08:42 la suite du quinquennat ?
08:43 Mais qu'est-ce que ça veut dire le cap de l'autorité quand on a un pays qui a vécu
08:45 les émeutes que nous avons connues en juillet dernier ?
08:48 Le président, dans ses voeux, n'en a même pas parlé.
08:50 Pour moi, ces émeutes ont été le moment décisif de l'année 2023.
08:54 Pourquoi ? Parce qu'elles ont témoigné de l'incroyable fragilité de l'État aujourd'hui
08:58 face à la réalité des menaces.
08:59 C'est de ça dont on devrait parler.
09:01 C'est là-dessus qu'il faudrait agir.
09:03 Et toute notre vie politique est concentrée aujourd'hui sur la spéculation qui touche
09:06 un éventuel remaniement, alors qu'en réalité, le cœur du sujet, c'est comment faire en
09:09 sorte que l'État se redonne les moyens de faire face aux menaces auxquelles nous sommes
09:14 confrontés.
09:15 C'est compliqué pour moi de le dire, mais on a un peu le sentiment de vivre… J'imagine
09:18 qu'à la fin de l'Empire romain, dans les derniers empereurs qui se succédaient, certainement
09:23 César Augustule devait être en train de distribuer lui aussi des places, des positions,
09:28 des postes qui avaient été des fonctions décisives.
09:29 Mais quand la réalité politique ne décide plus du destin commun, alors tout cela évidemment
09:35 revient à une sorte de jeu spéculatif.
09:37 Comment retrouver notre souveraineté, notamment dans un domaine important qui est celui de
09:41 l'immigration ? Vous avez cité ce qui a marqué l'année 2023, le projet de loi
09:45 immigration et les débats autour de ce sujet ont été un marqueur important.
09:48 Je voudrais vous entendre sur la polémique autour de Pierre Moscovici, François-Xavier
09:51 Bellamy, président de la Cour des comptes, qui a justifié évidemment, vous le savez,
09:55 le report du rapport sur l'immigration et a même dit qu'il aurait pu ne pas le publier.
09:59 Vous avez vertement réagi sur les réseaux sociaux.
10:02 Laurent Wauquiez est allé jusqu'à demander sa démission.
10:04 Vous aussi ?
10:05 Moi, je suis d'accord avec Laurent Wauquiez.
10:07 Je partage cette révolte qui tient au fait qu'une institution publique, la Cour des
10:14 comptes, dont la mission au sens de la Constitution est d'éclairer le débat public et d'informer
10:19 les Français sur les enjeux de l'action de l'État.
10:22 Cette institution-là est empêchée par son premier président de publier les résultats
10:28 auxquels elle est parvenue sur un sujet majeur, la question migratoire, au moment où un
10:32 débat décisif est en train de traverser le Parlement et la société française tout
10:36 entière.
10:37 Il faut qu'il démissionne pour cela.
10:38 Il y a quelque chose, avant même de parler des questions de personnes, il y a quelque
10:41 chose d'incroyablement grave.
10:42 Est-ce que ça serait comme une forme de jurisprudence ? Est-ce que vous voulez que le premier président
10:46 de la Cour des comptes démissionne pour avoir retardé ce rapport ?
10:49 Je crois qu'en tous les cas, sa crédibilité est engagée.
10:52 Il a assumé cette décision.
10:53 J'aimerais savoir d'ailleurs si les magistrats de la Cour des comptes sont d'accord avec
10:56 cette décision.
10:57 Pour ma part, je serais parmi, si j'étais parmi les rédacteurs du rapport, j'éprouverais
11:02 une immense frustration à l'idée que le travail accompli, travail accompli au nom
11:06 du peuple français parce qu'il s'agit de magistrats, travail accompli par le mandat
11:11 du peuple français.
11:12 La Cour des comptes travaille financée par les Français et elle est là pour leur rendre
11:16 des comptes.
11:17 Et bien, comment se fait-il que ces Français n'aient pas le droit de connaître les résultats
11:21 de son travail au moment où ils sont en plein milieu d'un débat décisif pour l'avenir
11:25 du pays ? Et j'ajoute une dernière chose.
11:27 Pierre Moscovici, soyons très précis, Jean-Éric Schottel le dit aujourd'hui dans les colonnes
11:30 du Figaro et il a parfaitement raison de pointer ce fait.
11:33 Pierre Moscovici dit "je n'ai pas publié ce rapport parce qu'il suivait immédiatement
11:38 le vote de la motion de rejet".
11:39 Mais il restait encore tout le débat parlementaire, il restait encore toute la commission mixte
11:42 paritaire.
11:43 Clairement, il ne voulait pas interférer avec tout le débat.
11:45 La commission mixte paritaire.
11:46 Il a parti de réactions hystérisées et il avait peur que ce rapport devienne un objet
11:51 politique au service de quelques-uns.
11:53 Peut-être vous, peut-être le Rassemblement national.
11:54 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que Pierre Moscovici considère que les Français sont
11:56 des enfants irrationnels auxquels il ne faut pas dire la vérité de peur qu'ils ne disent
12:00 des choses qui seraient déraisonnables.
12:02 Ça veut dire que les parlementaires français ne sont pas responsables, qu'ils ne sont pas
12:06 capables de faire du travail de la Cour des comptes une œuvre utile pour le pays.
12:10 Si Pierre Moscovici pense vraiment cela de la représentation nationale, alors oui, il
12:14 doit partir.
12:15 Parce que pour le coup, ça veut dire qu'il est prêt dans le principe.
12:17 Et d'ailleurs, il dit une chose très grave dans l'interview chez vos confrères de
12:20 LCI auxquelles vous faites allusion.
12:21 Il dit "j'aurais pu décider de ne jamais le publier".
12:24 Mais ça veut dire que Pierre Moscovici est prêt de manière arbitraire à ne jamais
12:29 diffuser les résultats de rapports qui sont pourtant réalisés pour éclairer le débat
12:33 public.
12:34 Il y a quelque chose ici qui prouve à quel point, et je le redis, ça vaut sur la question
12:37 migratoire, mais ça a valu aussi sur la crise de l'école pendant très longtemps.
12:40 Il y a aujourd'hui des responsables publics, aussi bien dans nos institutions que dans
12:45 la vie démocratique, qui préfèrent ne pas dire la vérité aux Français plutôt
12:48 que de devoir affronter la réalité de leur choix.
12:51 Selon vous, si ce rapport avait une conclusion tout autre et saluait plutôt l'action de
12:56 l'exécutif, vous mettez en avant, je vais dire, un contrôle sur l'immigration.
13:01 Est-ce qu'il y aurait eu toutes ces "pudeurs de gazelle" ?
13:04 Je ne crois pas.
13:05 Et c'est ça le problème.
13:06 Le problème, c'est que ce rapport pointe la faillite de l'État dans la maîtrise
13:09 de ses frontières, qu'il montre l'incroyable incohérence dans la gestion des services
13:13 publics.
13:14 Comment se fait-il que, par exemple, c'est ce que dit ce rapport, que les services des
13:17 douanes n'aient pas les mêmes capacités d'action que les services de police aux frontières
13:20 et qu'on ait des régimes d'intervention qui soient incohérents et différents ? Comment
13:24 se fait-il que seuls 10% des décisions d'éloignement soient effectivement suivies des faits dans
13:28 notre pays ?
13:29 Et en fait, en réalité, ce qu'on a voulu dissimuler aux Français, c'est la réalité
13:33 de cette faillite.
13:34 Or, ce qu'il importe de faire, c'est d'abord un constat lucide pour pouvoir ensuite agir.
13:39 Je voudrais conclure par une question importante, François-Xavier Bellamy.
13:43 Vous êtes eurodéputé et je voulais vous faire réagir à un sujet peu abordé mais
13:46 qui va beaucoup monter dans les prochains jours et prochaines semaines.
13:49 Ce sont des manifestations monstres d'agriculteurs en colère.
13:52 Ça se déroule en Allemagne, en partie pour des raisons internes à l'Allemagne, mais
13:56 pas seulement.
13:57 Ça s'est passé aussi, on a vu des manifestations, des perturbations en Hongrie, en Pologne.
14:01 Est-ce que ce mouvement est appelé à grandir, à grossir et peut aussi s'aimer et venir
14:07 en France ?
14:08 Vous avez raison d'en parler Sonia Mabrouk, parce qu'en réalité, ça fait des semaines
14:11 que les agriculteurs français sont aujourd'hui mobilisés partout en France pour alerter.
14:17 Beaucoup d'entre eux ont lancé des initiatives symboliques.
14:19 Ils ont renversé les panneaux des communes de France pour dire que nous marchons sur
14:23 la tête.
14:24 C'est ce qu'ils disent et ils ont raison de le dire.
14:26 Pourquoi ? Parce que depuis des années, l'Union européenne, c'est une politique européenne
14:30 et nous avons alerté sur le sujet et nous avons combattu cette dérive.
14:34 L'Union européenne ne cesse de rendre la vie impossible aux agriculteurs en multipliant
14:38 des contraintes de plus en plus complexes au nom de l'environnement.
14:41 Et on peut comprendre évidemment le principe, mais avec des résultats qui sont désastreux
14:46 pour l'activité des agriculteurs et donc aussi pour l'environnement.
14:48 Parce qu'en réalité, en France, depuis dix ans, la balance commerciale agricole n'a
14:53 cessé de baisser.
14:54 C'est-à-dire que nous importons toujours plus de produits alimentaires et nous les
14:57 importons de pays qui ne respectent aucune de nos règles environnementales.
15:01 Oui, nous marchons sur la tête.
15:03 Et cette question-là, elle ne concerne pas seulement les agriculteurs.
15:06 Elle nous concerne tous comme citoyens.
15:08 Elle nous concerne comme consommateurs.
15:10 Elle nous concerne aussi parce que le jour où nous ne serons plus capables de produire
15:13 ce dont nous avons besoin pour nous nourrir, ce jour-là, nous aurons perdu la maîtrise
15:17 de notre destin.
15:18 Nous devons remercier nos agriculteurs de tout le travail qu'ils font pour nous nourrir.
15:22 Aujourd'hui, ils vivent avec un soupçon permanent sur les épaules.
15:24 Ça explique aussi les inondations terribles qui ont été aujourd'hui si douloureuses
15:31 pour les habitants du Pas-de-Calais, du nord de la France, parce que derrière ces inondations,
15:35 il y a le fait qu'aujourd'hui, tous ceux qui veulent, y compris les élus locaux, entretenir
15:38 les cours d'eau, entretenir les fossés, gérer l'eau.
15:40 On a parlé des bassines.
15:41 Regardez à quel point une certaine écologie complètement idéologique nous a interdit
15:46 la gestion de l'eau, a interdit aux agriculteurs de gérer l'eau.
15:49 Eh bien tout cela, c'est la destruction de notre capacité de décider de notre avenir.
15:54 Et je pense qu'il faut absolument entendre les agriculteurs et leurs cris de colère
15:58 avant qu'il ne soit trop tard.
15:59 Merci François-Xavier Bellamy.
16:00 Nous attendons donc le nom du Premier ministre tout à l'heure.
16:04 Merci au vice-président et à la prochaine tête de liste LR pour les européennes.
16:08 Ce sera bientôt.
16:09 On verra.
16:10 Le sujet le plus important, c'est l'action encore une fois et pas les personnes.
16:13 Et on l'a dit du remaniement, je me l'applique à moi-même.
16:16 Je vous remercie.
16:17 C'était votre grande interview ce matin.
16:18 Merci à vous.
16:19 [Musique]
16:22 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]