Dans son édito du 09/01/2024, Gauthier Le Bret revient sur la probable nomination de Gabriel Attal en tant que Premier ministre.
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00:00 Alors si le but est de créer une surprise et un effet "waouh", c'est réussi pour le président.
00:04 Si c'est lui, ce serait le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la Ve République,
00:08 à 34 ans seulement, c'est le ministre le plus populaire du gouvernement.
00:14 Dans le classement annuel des personnalités préférées des Français de l'IFOP pour le JDD,
00:19 c'était le deuxième homme politique derrière Jordan Bardella, le Premier ministre.
00:23 Et puis quand la question a été posée ces derniers jours aux Français,
00:26 qui pour remplacer Elisabeth Borne, celui qui rencontrait le plus de suffrages, c'était Gabriel Attal.
00:33 Alors en moins de cinq mois, d'ailleurs c'est l'un des défauts de cette nomination aussi à la lieu,
00:37 c'est-à-dire qu'il quitterait le ministère de l'Éducation nationale au bout de cinq mois seulement.
00:41 Mais en cinq mois seulement à l'Éducation nationale, après avoir été ministre du budget,
00:45 après avoir été porte-parole du gouvernement de Jean Castex,
00:48 il a réussi à imposer son empreinte en rupture totale avec son prédécesseur Papandiaï,
00:54 interdiction de la baïa à l'école, c'est du concret, ce n'est pas que de la communication.
00:59 Le fameux plan contre le harcèlement scolaire, son prédécesseur fermé les yeux,
01:03 lui il a décidé d'exclure automatiquement l'élève harceleur.
01:06 Là aussi, ce n'est pas que de la com', c'est aussi du concret.
01:09 Et puis il avait présenté il y a quelques semaines à peine un grand plan contre l'échec scolaire.
01:14 Vous savez que la France n'en finit pas de dégringoler dans le fameux classement international PISA.
01:19 Et puis il a toujours montré aussi de la fermeté pour les élèves qui, par exemple,
01:23 n'avaient pas respecté la minute de silence pour le professeur assassiné Dominique Bernard.
01:28 Il avait demandé à ce que systématiquement une procédure d'exclusion soit mise en place.
01:33 Donc on est dans ce mélange, dans ce cocktail de jeunesse, d'autorité et de fermeté
01:37 qui a pu plaire au président de la République si ça se confirme ce matin.
01:41 Bref, il a incarné ce ministère comme peu avant lui, en un temps record.
01:47 Et je rappelle en plus que le grand rendez-vous avec la nation,
01:50 promis pour la mi-janvier par Emmanuel Macron, devait concerner l'éducation.
01:54 C'est donc peut-être un signal qu'a voulu envoyer le président.
01:57 On verra ce matin.
01:57 Oui, on va voir ce matin.
01:58 Petit bémol, Emmanuel Macron, s'il choisit Gabriel Attal,
02:02 choisirait un Premier ministre plus populaire que lui.
02:06 C'est une première et un Premier ministre déjà connu des Français.
02:09 Je rappelle qu'Édouard Philippe, quand il est nommé à Matignon,
02:12 il est maire du Havre, il est inconnu des Français.
02:14 Jean Castex, exactement pareil.
02:16 Il va tout de suite faire un journal de 20 heures sur une grande chaîne
02:19 pour essayer de combler ce manque.
02:21 Elisabeth Borne aussi, certes, elle avait été ministre pendant 5 ans.
02:24 Enfin, elle n'était pas très connue.
02:25 Donc, effectivement, on a un tout nouveau profil pour Emmanuel Macron à Matignon.
02:29 Si c'est bien Gabriel Attal, un Premier ministre très politique,
02:32 très politique aussi, à rebours de Jean Castex et d'Elisabeth Borne,
02:37 qui pourrait donc potentiellement faire de l'ombre à Emmanuel Macron.
02:40 Alors que justement, il n'aime pas ça.
02:42 Au moment où Édouard Philippe devenait plus populaire que lui,
02:44 commençait à lui faire de l'ombre.
02:45 Eh bien, il a tout simplement viré de Matignon.
02:47 Donc, il peut aussi en faire par contre Emmanuel Macron son héritier.
02:51 Il avait commencé à le faire lors de sa dernière interview sur le service public.
02:54 L'héritier de ces deux quinquennats.
02:56 Enfin, c'est une arme.
02:57 Une arme anti-Jordane Bardella en vue des Européennes.
03:01 Vous savez que les sondages montrent qu'il y a 10 points d'écart actuellement
03:05 entre la liste du RN en tête et celle de Renaissance.
03:09 Donc, évidemment, Gabriel Attal ne sera pas candidat aux Européennes.
03:12 Mais s'il devient le chef de la majorité, il pourra faire campagne.
03:15 On imagine bien un nouveau débat Bardella-Attal.
03:19 Ça a déjà eu lieu lors de la dernière présidentielle.
03:21 Quasiment match nul à chaque fois.
03:22 Et puis, ces deux hommes, quasiment de la même génération,
03:24 montent au même moment en miroir.
03:27 Donc, ça pourrait aussi être cette arme pour les Européennes
03:31 pour essayer de combler cet écart avec le Rassemblement national.
03:34 Bon, et puis, Gabriel Attal vient d'arriver à l'Éducation nationale.
03:37 Alors, c'est le défaut de cette nomination.
03:40 Il faut s'attendre.
03:41 Alors que c'est une priorité du gouvernement, nous dit-on.
03:43 Voilà.
03:43 Éducation.
03:44 Justement, c'est-à-dire que si Gabriel Attal quitte le ministère de l'Éducation nationale
03:48 et ne cumule pas, petite musique qu'on a entendue hier,
03:51 enfin, ça serait quand même énorme de cumuler l'Éducation et Matignon.
03:54 C'est déjà arrivé par le passé avec un autre ministère,
03:57 avec le ministère de l'Économie et des Finances et Matignon.
04:00 C'était Raymond Bard.
04:01 Mais donc, s'il ne cumule pas les deux,
04:03 il y aurait eu quatre ministres de l'Éducation nationale en même pas deux ans.
04:07 Donc, évidemment, ça risque de provoquer la colère des professeurs.
04:12 Et puis, autre risque, Gabriel Attal avait d'autres ambitions,
04:14 d'autres ambitions présidentielles pour 2027.
04:16 C'est le risque, en acceptant Matignon, c'est le risque de se cramer.
04:20 Souvenez-vous de Manuel Valls, très populaire en quittant le ministère de l'Intérieur,
04:24 détesté en sortant de Matignon.
04:26 On n'en est pas là, bien sûr.
04:28 Gabriel Attal s'apprête donc peut-être à entrer dans l'enfer de Matignon.
04:32 L'histoire de la Ve République prouve qu'il est très compliqué
04:35 de devenir président quand on a été Premier ministre.
04:38 L'avenir fera sans doute mentir cet adage
04:40 en voyant s'opposer deux anciens premiers ministres d'Emmanuel Macron pour lui succéder.
04:45 [Musique]
04:48 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]