• il y a 11 mois
Transcription
00:00 J'ai fait un burn-out parental.
00:01 Tu comprends qu'il y a un problème
00:03 quand tu commences à passer à côté des fenêtres
00:05 et que tu te dis que "Waouh, ça serait tellement plus simple !"
00:08 Quand t'en arrives là, il y a un espèce de mode survie qui s'active en toi
00:11 et qui te dit "Tu peux pas faire ça à ton fils !"
00:14 Les injonctions, elles ont commencé pendant la grossesse.
00:17 Étant donné que j'étais quand même endeuillée
00:19 puisque je venais de perdre ma maman.
00:20 "Ah mais tu peux pas aller mal parce que tu comprends,
00:22 sinon le bébé il va le ressentir."
00:23 "Tu pourras pas aliéter plus de 6 mois, c'est vraiment malsainde."
00:26 "C'est pas une petite coupe de champagne qui va te faire du mal."
00:28 42 heures d'accouchement, un peu de sommeil
00:30 et le lendemain t'as la belle famille qui débarque.
00:33 Le plus drôle je pense que ça a été quand ma belle-mère
00:35 a chassé l'infirmière de la chambre
00:36 parce qu'elle en avait marre d'attendre dans le couloir
00:38 alors que l'infirmière était venue me sonder
00:40 puisque apparemment j'avais pas fait pipi depuis 24h.
00:43 Puis il y a eu cette sage femme qui est venue dans la chambre
00:46 et qui me dit "Non mais là, votre bébé,
00:49 va falloir lui donner du lait maternisé
00:51 parce que là il est en train de crever la dalle."
00:53 J'avais envie d'alléter mon enfant
00:54 et là il y a cette professionnelle
00:56 alors que moi je suis juste remplie de doutes.
00:58 Qui me dit que en fait mon enfant est en train de crever la dalle.
01:01 Et à ce moment où il y a le retour à la maison,
01:03 mon conjoint il est au travail
01:05 et je me retrouve toute seule avec ce bébé.
01:07 Puis t'as la famille qui débarque
01:08 "Ouais mais on est venu de loin, on est venu voir le bébé."
01:11 On dirait qu'à partir du moment où tu mets au monde ton bébé,
01:13 même avant quand tu l'as dans ton ventre,
01:15 les gens sont hyper intrusifs.
01:17 Ceux qui commencent à mettre la main sur ton corps.
01:18 À partir du moment où le ventre commence à dépasser,
01:22 en fait il appartient à tout le monde.
01:23 T'as pas le droit de dire "Laissez-moi."
01:25 T'as pas le droit de dire "Écoute, là,
01:28 t'as mis trop de parfum,
01:29 je veux pas que tu prennes mon bébé dans les bras."
01:31 Tu pues la clope à 10 000,
01:33 je veux pas que tu prennes mon bébé dans les bras.
01:35 On va te dire en fait
01:37 t'es trop fusionnel avec ton bébé.
01:39 Tu l'empêches de vivre des choses.
01:41 Après tu récupères un bébé qui est agité,
01:44 énervé et qui décharge
01:45 et toi tu sais plus comment faire pour le rassurer.
01:48 Puis tu culpabilises énormément de ne pas avoir su dire non
01:52 pour le protéger en fait.
01:53 Tout le monde vient décharger sur tes baskets là,
01:56 gerber sa propre expérience et ses propres frustrations
02:00 et sa propre culpabilité sur toi.
02:02 Et en fait, y'a personne qui te mettra la main sur l'épaule
02:05 en te disant "Franchement, tu te débrouilles super bien pour un premier enfant.
02:08 Bravo, ça se voit que tu fais de ton mieux.
02:10 Comment je peux t'aider ?"
02:12 Les trois premières années de la vie de mon enfant,
02:14 ça a été vraiment la meilleure expérience de ma vie
02:17 entre moi et mon fils.
02:19 Mais entre moi, mon fils et le reste du monde,
02:22 ça a été horrible.
02:23 Et un jour tu comprends qu'il y a un problème.
02:26 Quand tu commences à passer à côté des fenêtres
02:28 et que tu te dis que "Waouh, ça serait tellement plus simple".
02:32 Je me souviens de ces moments surréalistes
02:33 où je baladais mon bébé en poussette.
02:36 Je visualisais vraiment la scène.
02:37 "Tiens, si j'arrive au bout, lui il est safe
02:39 parce qu'il est passé de l'autre côté de la route.
02:42 Mais si moi je reste là et que je me fais renverser par un bus,
02:44 ça m'offrira le luxe d'avoir quelques jours de coma et de repos
02:48 sans culpabiliser.
02:49 Quand t'en arrives là, y'a un espèce de mode survie qui s'active en toi
02:52 et qui te dit "Tu peux pas faire ça à ton fils".
02:54 Donc là je suis allée toquer à la porte des urgences psychiatriques de Pau
02:58 pour demander de l'aide.
02:59 Là-bas, on rencontre une psychiatre tous les jours
03:02 et c'est là que des mots ont été posés sur ma condition.
03:06 Donc, deuil, trauma, dépression et burn-out parental.
03:11 Le burn-out parental, ça peut s'étirer, je dirais pas jusqu'à l'infini
03:15 parce que moi ça s'est tiré que pendant 3 ans.
03:17 Mais c'est quand même très très long en fait.
03:19 Dans mon cas, je pense que c'est quand juste on a envie de mourir
03:23 et qu'on est au bout du rouleau le plus total.
03:25 Quand on se sent moins que rien dans notre rôle de parent
03:29 et qu'on a l'impression que l'enfant se porterait mieux sans nous.
03:32 J'y suis restée une semaine et j'ai mon père
03:35 donc il venait tous les soirs m'apporter mon bébé
03:37 pour maintenir l'allaitement et surtout pour que j'ai ma dose
03:41 puisqu'en fait une journée entière sans voir mon fils,
03:43 c'était une torture en fait.
03:44 Donc je pouvais me reposer mais j'avais la culpabilité
03:47 de pas m'occuper de mon enfant et le manque physique en fait.
03:50 Je pense que c'est extrêmement important d'en parler aujourd'hui
03:54 parce qu'il n'est pas nécessaire d'avoir une fiche de paye à la fin du mois
03:57 pour être légitime au burn-out en fait.
03:59 Le burn-out, ça n'est pas réservé à une seule sphère de ta vie,
04:02 au cadre professionnel.
04:04 Un enfant qui a été élevé par une mère en détresse,
04:07 c'est un enfant qui va avoir forcément des blessures dans son âme d'adulte
04:11 et il va impacter tous les gens qu'il va rencontrer dans sa vie
04:13 par rapport à ça, à ce qu'il aura vécu.
04:15 Et en fait on devrait les aider les mères plutôt que de les accabler
04:18 ou de les négliger, de les mépriser.
04:21 Il y a des milliers de femmes sur la planète qui ont eu un bébé
04:24 et qui souffrent de l'isolement et qui souffrent du jugement
04:27 et qui souffrent de la fatigue et de ne pas être aidées en fait.
04:29 [BIP]

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