Loulou Parfois est un homme trans racisé. Influenceur, il utilise ses réseaux sociaux afin d’éduquer sur la transidentité et lutter contre l’invisibilisation des personnes trans et des personnes trans racisées dans les médias.

  • l’année dernière
Transcription
00:00 J'ai jamais eu de contrôle de police et là maintenant je me fais souvent contrôler par la police, vraiment, très souvent.
00:04 On est peu montré en vrai.
00:07 Mon compte Instagram, il consiste principalement à partager ma transition.
00:11 Je prends du temps pour éduquer les personnes sur la transidentité à travers mes réseaux
00:15 et de faire tomber certaines idées préconçues qu'on peut avoir sur la transidentité.
00:19 Le fait de transitionner dans ma vie, ça a changé beaucoup de choses en fait.
00:23 Ça a fait que je suis plus heureux, tout simplement.
00:25 Je pense que ça n'a pas de prix en vrai.
00:26 On n'est pas obligé de transitionner pour être une personne trans.
00:29 Il n'y a pas de parcours type.
00:30 Souvent les gens pensent qu'une personne trans, c'est obligatoirement des opérations,
00:33 un traitement hormonal, mais pas tout le temps.
00:35 Des personnes peuvent juste faire certaines opérations et pas prendre de traitement.
00:39 D'autres, un traitement et aucune opération.
00:41 D'autres, aucun des deux, juste un coming out.
00:42 Il y a autant de parcours de transition qu'il y a de personnes trans.
00:45 Je poste beaucoup de personnes trans à travers mes stories
00:47 parce qu'on est invisibilisé au quotidien.
00:49 Quand on regarde les médias, la tête d'affiche, c'est souvent pas des personnes trans.
00:52 J'ai du mal à réaliser que je suis devenu un modèle pour beaucoup de personnes trans,
00:58 surtout trans racisées.
00:59 Mais je peux comprendre parce que c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de personnes,
01:02 en tout cas d'hommes trans, racisées sur les réseaux sociaux.
01:04 J'ai l'impression de guérir un petit peu une partie de moi.
01:06 Quand j'aide d'autres personnes, on me voit beaucoup de messages
01:08 pour me dire que j'ai aidé à faire des coming outs,
01:10 j'ai aidé à parler à des parents, j'ai aidé à commencer une transition.
01:14 Moi, ce n'est peut-être pas une aide que j'ai eue
01:15 parce qu'au moment où j'ai fait mon coming out,
01:17 il n'y avait personne en France qui était aussi mainstream que je peux l'être,
01:20 encore moins racisé.
01:21 Moi, je n'ai pas été victime de racisme au sein de la communauté trans,
01:23 mais je sais que le racisme dans la communauté trans, il existe.
01:26 En vrai, même la communauté LGBT qu'on reprend au sens large,
01:29 ça peut être LGB, même la transphobie dans la communauté,
01:32 elle est même parfois plus forte que chez les personnes cis.
01:34 Ce qui est difficile en étant un homme trans et racisé,
01:36 c'est de passer de femme racisée à homme trans racisé.
01:39 Quand tu es une femme racisée, il y a plein de problématiques qui vont avec,
01:43 mais un homme trans, je n'avais jamais eu de contrôle de police.
01:45 Et là, maintenant, je me fais souvent contrôler par la police,
01:47 vraiment, très souvent.
01:48 Je ne fais rien en fait, je marche juste, je fais ma vie.
01:50 Je ne pensais pas que c'était aussi lourd les contrôles au faciès,
01:52 même la méfiance des gens quand tu es dans la rue,
01:54 quand tu marches derrière quelqu'un,
01:55 pareil dans les magasins, perçu par les vigiles.
01:57 Ce n'était pas présent avant.
01:59 Donc tu vois tout de suite que tu rentres dans une autre case en fait.
02:01 Il y a plusieurs degrés d'invisibilisation.
02:03 Déjà, il y a le degré en tant que personne trans.
02:05 Il n'y a pas beaucoup de personnes trans qui sont mises en avant positivement.
02:08 En tant que personnes trans racisées, c'est encore moins.
02:10 Les hommes trans sont quand même moins visibles que les femmes trans.
02:12 Elles sont quand même plus mises en avant
02:14 parce que même dans l'imaginaire collectif, quand on pense trans,
02:16 souvent les gens pensent "femme trans".
02:17 Les questions indiscrètes que je ne peux plus entendre,
02:20 demander le prénom de la personne avant,
02:21 c'est vraiment la curiosité, c'est un peu malsaine.
02:23 Est-ce que tu as fait l'opération ?
02:24 Laquelle ? Ça ne regarde personne.
02:25 Le terme "transsexuel", c'est un terme qui est plus adapté.
02:27 À l'époque, on utilisait ce terme-là quand on liait la transidentité au sexe.
02:31 Ce n'est pas du tout le cas, c'était une question de genre
02:32 parce que beaucoup de personnes transgenres
02:33 n'ont pas de problème avec leur appareil génitaux.
02:36 C'est plus une question d'identité de genre.
02:37 Du coup, on a plus adapté le terme "transgenre" et "transidentité".
02:40 Mégenrer quelqu'un, c'est clairement un manque de respect
02:42 parce que la personne vous exprime ou montre clairement
02:45 qu'elle a des pronoms masculins ou féminins.
02:46 Et aller à l'encontre de ça, c'est tout simplement
02:49 blesser la personne profondément, ne pas prendre en compte son identité.
02:52 Et c'est clairement un manque de respect énorme.
02:54 Donc c'est inacceptable.
02:55 Une personne trans qui ne vous dit pas qu'elle est trans au départ,
02:59 quand vous êtes en date ou vous vous relationnez,
03:01 ce n'est pas de la cachoterie.
03:02 On est plus que des personnes trans,
03:03 on a des identités très profondes, comme n'importe quelle personne.
03:06 La transidentité n'est pas la première chose qui nous représente.
03:09 Je ne dis pas qu'à un moment donné, ça ne doit pas venir
03:10 dans le fait de se connaître et de ne pas aller les premiers dates non plus.
03:12 Mais cette idée que la personne va cacher ça
03:15 jusqu'au moment où vous allez vous mettre nue, ça n'existe pas.
03:18 Et il n'y a aucune personne trans qui se cache jusqu'au dernier moment
03:20 en mode "surprise" parce qu'il y a un tel danger
03:22 d'attendre jusqu'au dernier moment pour le dire.
03:25 Parce qu'on ne sait pas comment la personne va réagir en face.
03:27 Elle peut être violente, elle peut être beaucoup de choses.
03:28 Découle aussi de ça parfois, de la violence souvent des hommes cis en face
03:32 qui peuvent mal réagir.
03:33 Mais on attend aussi d'être en confiance avec la personne,
03:35 de se sentir à l'aise, de savoir si ça vaut le coup de lui dire.
03:37 Moi, des fiertés, je suis un petit peu mitigée dessus.
03:39 C'est un mois où il y a énormément de visibilité.
03:41 Et du coup, ça permet de mettre en lumière pas mal de choses
03:43 et pas mal de personnes.
03:44 Mais un mois, ce n'est pas un C.
03:45 Pour moi, ça devrait être toute l'année.
03:46 *Bruit de tirs*
03:48 *Bruit de tirs* "TOMMY!"

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