"Le texte qui vient d'être voté est un texte écrit par Les Républicains sous la dictée du Rassemblement national", a déploré François Hollande après l'adoption par le Parlement mardi soir du projet de loi immigration. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-21-decembre-2023-1234909
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00:00 Nous recevons ce matin un ancien président de la République dans le grand entretien du 7-10.
00:04 Questions, réactions, amis auditeurs, amis auditrices au 01-45-24-7000
00:10 et sur l'application de France Inter.
00:12 François Hollande, bonjour.
00:13 Bonjour.
00:14 Et bienvenue à ce micro après des coups de théâtre et des rebondissements.
00:18 Le projet de loi immigration a finalement été adopté mardi par le Sénat et l'Assemblée nationale.
00:23 C'est une version durcie par la commission mixte paritaire qui a été retenue.
00:28 Le texte a été voté par les LR, par le Rassemblement national.
00:33 Emmanuel Macron assume sa loi, on va en parler.
00:36 Mais première question, comment qualifiez-vous le moment que nous traversons en ce moment en France, François Hollande ?
00:43 C'est un moment qui n'est pas d'ailleurs coupé de la réalité du monde.
00:48 Il y a une montée des peurs, du populisme, de tout ce qui peut être une forme de droitisation
00:55 en pensant que la fermeté qui est nécessaire peut être une solution à tous les sujets.
01:02 Et dans ces moments-là, où les divisions peuvent être profondes, liées à des contextes internationaux que nous connaissons,
01:09 liées à une société qui s'interroge sur son destin,
01:14 le rôle du Président de la République, c'est d'assurer l'unité, la cohésion, d'apaiser les esprits.
01:21 Or, tout ce qui se fait depuis maintenant plusieurs jours, mais c'était déjà engagé depuis plusieurs mois,
01:27 a l'effet exactement inverse.
01:30 C'est-à-dire que plutôt que d'assurer ce qui doit être le destin commun de la nation,
01:36 il y a aujourd'hui une division profonde.
01:38 Mais une division profonde, c'est ce que vous dites ce matin.
01:42 À la télévision hier soir, Emmanuel Macron a assumé une loi utile et courageuse,
01:46 une loi qui est le bouclier qui nous manquait pour protéger les Français.
01:49 Et il s'est appuyé au fond sur les sondages d'opinion qui vont dans son sens.
01:53 Il dit, vous vous parlez de division, quand on voit le sondage Élab d'hier, 70% des Français soutiennent la loi.
02:00 J'évoquais ce qu'est la mission du Président de la République, surtout qu'il n'est pas soumis à réélection.
02:07 C'est bien sûr d'entendre les inquiétudes de l'opinion,
02:12 le souci d'avoir des réponses efficaces à l'immigration, et c'est nécessaire,
02:18 à lutter contre les violences, à faire en sorte que nous puissions être protégés du terrorisme.
02:23 Ça fait partie des exigences de la fonction.
02:27 Mais sa mission n'est pas de céder à l'opinion.
02:29 Si nous faisions des sondages, comme vous dites, sur les retraites,
02:34 que demande l'opinion ? De travailler moins longtemps.
02:37 Si on fait un sondage sur les salaires, c'est de gagner davantage.
02:42 Si on fait un sondage sur le nombre d'enseignants ou le nombre d'agents dans les hôpitaux,
02:47 c'est d'en avoir encore plus.
02:49 Oui, mais sur l'immigration, c'est d'avoir moins d'immigration.
02:51 C'est ce que disait Eric Ciotti à votre place à 7h50, c'est de dire
02:53 que les sondages sur l'immigration vont dans le sens de la loi qui a été votée.
02:57 Mais non, ils ne vont pas forcément dans le sens...
02:59 Ils font ce qu'ils veulent, les Françaises et les Français.
03:02 Ils veulent qu'il y ait de la fermeté quand il y a des risques pour leur sécurité.
03:06 Qu'on puisse expulser, écarter des individus dangereux.
03:10 Ça, c'est une nécessité.
03:13 Il y a déjà des éléments dans la loi de la République, heureusement.
03:16 Et moi-même, comme président, j'en ai fait expulser.
03:20 On peut améliorer encore un certain nombre de dispositions.
03:22 Il y en avait d'ailleurs dans le texte initial.
03:25 La deuxième chose qu'il demande, c'est qu'on puisse accueillir dignement des personnes,
03:30 et notamment celles qui relèvent de l'asile,
03:32 et qu'on puisse raccompagner celles qui n'ont pas leur place.
03:35 Est-ce que ça se trouve dans le texte ? Non.
03:38 Le vrai texte sur l'immigration, celui dont on n'a pas parlé,
03:41 celui qui n'a pas fait débat,
03:43 il n'était pas dans l'enceinte du Parlement ces derniers jours.
03:47 Il est à Bruxelles.
03:48 C'est là que ça s'est négocié depuis déjà un an.
03:51 Là, il y a eu un accord il y a deux jours.
03:53 Et là, il y a eu la mise en place de ce qu'on peut appeler un bouclier.
03:57 C'est-à-dire, en fait, de pouvoir contrôler aux frontières de l'Europe
04:02 celles et ceux qui arrivent,
04:03 de pouvoir les accueillir dignement,
04:06 de pouvoir raccompagner celles et ceux qui n'ont pas le droit
04:09 à rester sur le territoire européen.
04:10 Donc, la vraie réforme de l'immigration,
04:13 celle qui correspond à l'attente...
04:14 C'est un bon texte, le texte de l'accord ?
04:15 Oui, c'est un texte qui est un compromis, toujours.
04:17 Mais c'est un texte qui assure un progrès
04:19 par rapport à ce qui se produisait jusqu'alors.
04:22 Un progrès pour la dignité.
04:23 On accueille des personnes, on les retient pendant quelques jours,
04:26 quelques semaines, ça peut même aller jusqu'à six mois.
04:28 Et puis ensuite, si elles ne peuvent pas rentrer sur le territoire européen,
04:31 on les raccompagne.
04:31 Et celles qui sont acceptées, ces personnes-là,
04:34 et qui relèvent du droit d'asile
04:35 et qui peuvent avoir de fortes chances d'y accéder,
04:38 eh bien, ils sont répartis sur le territoire européen.
04:40 Donc on a parlé d'un texte, le texte qui vient d'être voté,
04:43 qui est en fait le texte écrit par les LR
04:46 sous la dictée du Rassemblement National.
04:48 C'est ça le texte qui est passé.
04:49 C'est ça, pour vous, ce texte ?
04:50 Oui, c'est ça.
04:50 Bien sûr que c'est ça.
04:51 C'est le texte LR voté sous la dictée de Marine Le Pen ?
04:55 Oui, c'est le texte qui est venu du Sénat,
04:57 écrit par la majorité LR du Sénat,
05:00 confirmé d'ailleurs par les LR au niveau national,
05:03 et sous l'influence du Rassemblement National.
05:05 Puisque est intégré même ce que nous pensions
05:08 inimaginable il y a encore quelques mois,
05:10 c'est-à-dire la différenciation des aides selon la nationalité,
05:13 et c'est-à-dire la préférence nationale.
05:15 Hier, à ce micro, à la question de savoir
05:17 si différentes dispositions de la loi
05:19 enterrinaient précisément la préférence nationale,
05:22 Elisabeth Borne a répondu non.
05:24 Ou alors, et je la cite,
05:26 vous nous dites que Michel Rocart et François Hollande,
05:29 en donnant cinq ans pour bénéficier de la prime d'activité,
05:32 ont porté la préférence nationale.
05:34 Nous ne nous inscrivons pas dans les thèses du RN,
05:38 mais dans celles de Michel Rocart et de François Hollande,
05:41 qui assument des distinctions entre les Français
05:44 et ceux qui ne le sont pas.
05:45 Fin de citation.
05:46 Que répondez-vous à ça ?
05:47 Avez-vous fait de la préférence nationale
05:50 sur la prime d'activité ?
05:51 Alors c'est à la fois faux juridiquement
05:53 et fallacieux politiquement.
05:56 C'est faux juridiquement.
05:58 Il y a deux types de prestations.
06:00 Les prestations que l'on dit universelles,
06:03 c'est-à-dire celles qui s'attachent à une situation sociale.
06:05 Vous avez des enfants, vous avez des allocations familiales.
06:08 Vous allez dans un logement social ou conventionné,
06:11 vous avez une APL, une aide pour le logement.
06:15 Vous êtes dans un établissement pour personnes âgées,
06:19 dans le cadre d'un EHPAD, ou parce que vous êtes très diminué,
06:21 vous avez le droit à une aide personnalisée à l'autonomie.
06:25 Ça c'est une prestation universelle.
06:27 On peut poser quelques conditions, c'est légitime.
06:30 Il faut être en situation régulière.
06:32 Et il faut avoir eu à un moment une activité,
06:36 pas nécessairement d'ailleurs.
06:38 Mais il y a après ce que sont des prestations,
06:41 des revenus de complément.
06:43 Les revenus de complément supposent un parcours professionnel.
06:46 Pour avoir la prime d'activité,
06:48 il faut être dans un parcours professionnel.
06:50 Pareil pour le RSA.
06:52 Ce n'est pas pour avoir une prestation pour toute sa vie.
06:54 Donc on est dans une distinction que les juges constitutionnels
06:57 auront de nouveau à rappeler,
06:58 entre ce que c'est qu'une prestation universelle
07:01 et un revenu de complément.
07:02 Je vais donner des exemples.
07:03 Parce qu'on dit que ce texte est fait pour lutter
07:05 contre l'immigration irrégulière.
07:07 Mais pas du tout.
07:08 La différenciation là,
07:09 ça touche des personnes qui sont en situation régulière.
07:11 On va prendre encore une illustration.
07:13 Une femme, famille monoparentale,
07:16 qui a plusieurs enfants,
07:18 et qui est là depuis déjà plusieurs mois,
07:20 ne touchera plus d'allocations familiales et d'APL ?
07:26 Elle devra attendre 5 ans de présence sur le territoire ?
07:29 C'est une mesure, mais pourquoi il le fait ?
07:32 Pour décourager ce qu'ils disent ?
07:34 On verra.
07:35 Ce qui veut dire quoi ?
07:36 Une personne qui est là depuis plusieurs mois,
07:38 qui est là quelquefois depuis plusieurs années,
07:40 elle ne touchera plus les allocations familiales ?
07:42 Elle a des enfants.
07:43 Elle ne touchera plus l'APL ?
07:45 Elle vivra de quoi ?
07:46 Donc on accentue la pauvreté dans ce pays.
07:49 On ne lutte pas contre l'immigration irrégulière.
07:51 Parce que vous pensez que c'est parce qu'il y a l'APL
07:54 qui est versée à une femme monoparentale dans notre pays,
07:58 que des étrangers vont traverser la Méditerranée avec des barques,
08:02 risquant de mourir pour toucher l'APL ?
08:05 Vous pensez que c'est ça qui les motive ?
08:06 Ce n'est pas moi qui pense ça, c'est Eric Ciotti qui était là à votre micro.
08:08 Et Gérald Darmanin.
08:10 C'est comment faire pour décourager l'immigration irrégulière ?
08:12 C'est leur revendication, François Hollande ?
08:15 Tous citoyens de la République doivent avoir comme principe,
08:19 on doit lutter contre l'immigration clandestine, sévèrement,
08:23 lutter contre les filières,
08:24 raccompagner les personnes qui n'ont rien à voir sur le territoire,
08:27 écarter les éléments dangereux.
08:28 Mais l'intégration, ça veut dire que les personnes qui sont en situation régulière,
08:33 qui même travaillent et ne peuvent plus toucher les allocations familiales,
08:38 c'est une entorse aux droits fondamentaux.
08:40 C'est ça la préférence nationale.
08:42 Vous pensez que ce sera...
08:42 Pour vous, clairement, parce qu'Emmanuel Macron a dit clairement
08:45 qu'il ne voit pas la préférence nationale dans ce texte,
08:47 ou alors vous l'avez fait la préférence nationale,
08:50 ou Michel Rocard l'a fait.
08:51 J'entends bien.
08:52 Mais vous pensez que ces mesures vont être censurées par le Conseil Constitutionnel ?
08:54 Moi je n'ai pas influencé le Conseil Constitutionnel, ni même à l'utiliser.
08:57 Mais quand même, c'est incomble de dire qu'on fait voter une loi
09:02 dont on sait qu'elle est inconstitutionnelle.
09:04 Et donc on se défaut sur le Conseil Constitutionnel
09:08 pour annuler un certain nombre de dispositions.
09:11 Mais quel courage !
09:12 Et quel comportement !
09:14 Et quelles conséquences !
09:15 Monsieur Ciotti, qui était dans votre studio il y a quelques minutes,
09:19 dit quoi ?
09:20 Comme d'ailleurs le Rassemblement National.
09:21 Il dit "si c'est censuré par le Conseil Constitutionnel,
09:24 ça a été voté par le Parlement,
09:26 et bien on va demander la révision de la Constitution.
09:29 On va même demander un référendum sur ces dispositions.
09:32 Donc on induit un débat qui va être extrêmement dangereux
09:36 pour les principes fondamentaux de la République.
09:37 Un président de la République ne peut pas accepter une loi dont il sait,
09:42 dont il avoue qu'elle est inconstitutionnelle.
09:44 Vous l'avez fait.
09:45 Quand ?
09:46 La déchance de la légalité.
09:47 Est-ce que c'était inconstitutionnel ? Non.
09:49 C'était une révision de la Constitution.
09:50 Oui mais...
09:50 Ah bah, c'est tout à fait différent.
09:52 Je changeais la Constitution.
09:54 Il fallait une majorité des 3/5ème.
09:57 J'ai constaté qu'il y avait une division dans le pays.
09:59 C'est pas parce que c'était inconstitutionnel.
10:01 Il y avait une division dans le pays parce qu'une partie du pays,
10:03 et je pouvais les entendre, notamment les binations, disaient
10:06 "même si c'est pour les crimes terroristes,
10:07 on ne veut pas qu'il puisse y avoir cette distinction".
10:10 J'ai retiré le texte.
10:11 Éric Dupond-Moretti, sur la critique qui est faite au gouvernement
10:15 sur la déchéance de nationalité, vous renvoie la balle François Hollande.
10:19 La déchéance de nationalité, elle est dans le Code civil,
10:22 et c'est M. François Hollande, sauf erreur de ma part,
10:25 c'est ce qu'il a déclaré hier à l'Assemblée nationale.
10:27 C'est une erreur de sa part, c'est pas la première.
10:30 Il devrait être un professionnel du droit.
10:32 La déchéance de nationalité, elle existe depuis des décennies.
10:36 Elle concerne des binationaux qui ont été naturalisés.
10:40 Et donc la déchéance de nationalité relève de la loi.
10:43 Et elle peut être étendue, c'est ce qui vient d'être fait pour...
10:47 Ceux qui sont coupables d'un crime contre les forces de l'ordre.
10:50 Donc la déchéance de nationalité relève de la loi.
10:53 Elle existe déjà.
10:54 Ce que je faisais, c'est ce que M. Dupond-Moriti,
10:57 visiblement, n'a pas comme information, c'est dommage,
11:00 c'est que je faisais en sorte qu'elle se soit de caractère constitutionnel
11:03 et uniquement par rapport aux criminels terroristes.
11:07 Uniquement.
11:08 François Hollande, Emmanuel Macron a également dit hier
11:09 que lutter contre le Rassemblement national,
11:11 ce n'est pas refuser de traiter les sujets qui le nourrissent.
11:14 Et affirmant que cette loi combat leurs idées,
11:18 c'est même, dit-il, une défaite du Rassemblement national,
11:21 cette loi, puisqu'il traite les sujets qui nourrissent
11:24 et qui font monter le Rassemblement national.
11:25 Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
11:27 Heureusement que tout gouvernement démocratique,
11:31 que tout président de la République digne de ce nom,
11:34 doit lutter contre l'insécurité, l'immigration, le terrorisme,
11:39 qu'ai-je fait d'ailleurs quand j'étais aux responsabilités du pays.
11:42 D'ailleurs, il vous envoie, je ne sais pas si vous visez
11:44 nommément ou pas, il n'a pas cité votre nom,
11:46 mais il a rajouté « confez toutes les bonnes âmes qui étaient au pouvoir »
11:48 et qui me donnent des leçons aujourd'hui.
11:50 Oui, depuis 40 ans, je n'étais pas au pouvoir il y a 40 ans,
11:53 mais quand on prend cette séquence justement des 40 ans,
11:56 il y a eu une succession de présidents et de majorités, gauche, droite,
11:59 elles ont agi ces majorités, bien ou mal pour certains,
12:04 mais elles ont agi, laissé penser qu'il arriverait lui
12:08 à remettre en cause l'ensemble de nos principes
12:11 pour trouver la solution.
12:13 Mais c'est une, comme vous auriez dit dans une autre époque,
12:15 c'est une plaisanterie de penser que c'est une défaite
12:18 pour le Rassemblement National,
12:20 qu'on vient de découvrir qu'il fallait lutter contre l'immigration,
12:24 qu'il n'y avait rien eu avant lui.
12:27 Non, tout ça est une présentation, c'est même pas son texte.
12:30 Il défend un texte qu'il n'a lui-même pas présenté.
12:33 Il défend donc que la ligne DLR est du Rassemblement National
12:36 et ça ira jusqu'au bout, jusqu'à la fin de son mandat.
12:39 Allez, passons au Standard Inter, Cécile nous y attend.
12:43 Bonjour, vous nous appelez de la belle ville de Rennes.
12:47 Bonjour France Inter, bonjour M. le Président.
12:50 Vous avez permis l'ascension d'Emmanuel Macron,
12:52 pensez-vous de sa politique, du mépris profond qu'il a des Français
12:56 et son mode de fonctionnement disruptif ?
12:58 J'en veux la preuve, les propos qu'il a eus sur M. Gérard Depardieu
13:03 hier dans l'émission.
13:06 Merci Cécile.
13:08 Alors, il y a plusieurs choses dans cette question.
13:11 Le marche-pied d'Emmanuel Macron, que pensez-vous de sa politique ?
13:15 Et puis on viendra à Gérard Depardieu après.
13:17 Je vais demander deux heures, comme le Président de la République hier
13:21 a fait à vous, pour répondre à toutes ces questions.
13:23 Un, je ne suis pas responsable de l'évolution du Président Macron.
13:29 Il a commencé, c'est ce qu'il nous disait, au centre-gauche.
13:32 Il finit par avaliser un texte de la droite dure.
13:37 Nous le voyons sur chacun des sujets changer de pied,
13:41 selon les circonstances, selon les contextes, selon les interlocuteurs.
13:45 Ce qui fait qu'il n'y a pas de direction, il n'y a pas de cohérence.
13:47 Et que le pays, de ce point de vue-là, est divisé aussi,
13:51 parce qu'il ne comprend pas vers quoi un Président de la République le conduit.
13:55 Pour vous, il n'y a plus d'en même temps aujourd'hui ?
13:58 Peut-être qu'il n'y a jamais eu d'en même temps.
14:00 Il y a eu une succession d'allées et venues.
14:03 Et peut-être une habileté de considérer qu'il fallait du dépassement,
14:06 que la gauche et la droite c'était fini.
14:08 C'est un discours qui a pu d'ailleurs intéresser,
14:11 c'est capter une partie de l'opinion.
14:12 Parce que c'est une vieille affaire de laisser penser qu'il faut dépasser les clivages,
14:17 supprimer la droite et la gauche.
14:18 On en voit le résultat.
14:19 Vous dites que vous voulez dépasser les clivages,
14:21 et vous finissez entre la droite et l'extrême droite.
14:24 Ensuite, sur Gérard Depardieu, puisque...
14:27 Alors on rappelle, juste parce que c'est vrai que c'est sans doute la phrase d'hier soir
14:30 qui a le plus fait réagir depuis hier soir.
14:33 Gérard Depardieu mis en examen pour viol et agression sexuelle.
14:36 Le Président a dit son admiration pour l'acteur,
14:38 victime selon lui d'une chasse à l'homme.
14:40 Il ne voit pas d'ailleurs en quoi il faudrait lui retirer à ce stade la Légion d'honneur,
14:43 parce que ce n'est pas un ordre pour faire la morale.
14:46 Sa réponse sur Gérard Depardieu vous a-t-elle surpris ?
14:49 Il a parlé de Gérard Depardieu, de son talent et de la présomption d'innocence.
14:54 Moi je vais vous parler des 14 femmes agressées.
14:57 Je vais vous parler des femmes humiliées.
14:59 Je vais vous parler des femmes bouleversées par les images qu'elles ont vues.
15:03 Je vais vous parler de toutes ces femmes qui,
15:06 au travers de Gérard Depardieu,
15:07 voient à chaque fois ce qu'est peut-être la violence,
15:11 la domination, le mépris.
15:13 C'est ça qui était attendu du Président de la République.
15:16 C'est de parler des femmes.
15:17 Et pas simplement de dire que Gérard Depardieu était un grand acteur.
15:22 En plus, il a eu une formule.
15:23 On dit que nous sommes tous fiers de Gérard Depardieu.
15:25 Non, nous ne sommes pas fiers de Gérard Depardieu
15:28 quand, regardant une jeune fille faisant du cheval,
15:31 à peine âgée de 12 ans, il la sexualise.
15:34 Non, nous ne sommes pas fiers.
15:35 Et ce que doit être la Légion d'honneur pour tous ceux qui la reçoivent,
15:39 c'est la fierté.
15:40 La fierté parce que c'est une action accomplie au service de l'intérêt général.
15:44 Quand il dénonce la chasse à l'homme, vous n'êtes pas d'accord ?
15:47 C'est souvent ce qui est dit.
15:49 Je connais les excès.
15:50 Je connais aussi l'accumulation de ce que peuvent être les réseaux sociaux.
15:56 Mais il y a un moment, il faut aussi parler clair
16:00 et dire ce qu'une action pour les femmes suppose.
16:03 Il a fait de cette cause la grande affaire de son quinquennat
16:07 et voilà comment il traite la question de Gérard Depardieu.
16:11 C'est la grande question de la violence faite aux femmes.
16:13 C'est une violence qui s'est produite, y compris avec les images qui ont été diffusées.
16:17 On retourne au Standard.
16:19 Brice nous y attend.
16:20 Bonjour, bienvenue.
16:22 Oui, bonjour.
16:23 On vous écoute.
16:24 Oui, je voulais poser une toute première question vite, rapidement, ma vraie question.
16:29 C'est à partir de combien de dizaines de milliers de morts en Palestine ?
16:33 On va enfin décider de poser la question à tous vos intervenants
16:36 s'ils condamnent sans ambiguïté les atrocités de l'armée israélienne.
16:41 Parce que là, on est à 20 fois plus de morts que de l'autre côté.
16:45 Au début, pendant quelques jours, vous égrainiez le nombre de morts de chaque côté.
16:48 Vous vous êtes arrêtés à 1200.
16:50 Je me rappelle bien Nicolas Demorand.
16:51 Vous vous êtes arrêtés à 1200 au moment où c'était égalité.
16:53 Maintenant, on est à 20 fois plus.
16:54 Donc, il serait peut-être temps de demander à chacun s'ils condamnent sans ambiguïté tout ça.
16:59 Mais après, sur la loi immigration, c'était sur la montée de l'extrême droite en général,
17:03 dans toute l'Europe, dans toute la France.
17:05 C'est moi ce qui me fait le plus peur avec les catastrophes écologiques
17:08 et pas seulement climatiques.
17:09 Mais bon, ça fait des dizaines d'années qu'on fait la courte échelle au Front National,
17:13 y compris M. Hollande, y compris toute la classe médiatique.
17:17 Parce qu'encore il y a quelques jours, Jordan Bardella,
17:19 on lui a servi toute l'histoire sur un plateau.
17:21 Il a fait sa conclusion quand vous avez cité Olivier Véran
17:24 que la plupart des gens détestent et trouvent détestable et nul.
17:28 Et voilà, vous lui avez donné l'occasion de faire une belle conclusion
17:31 qui a mis d'accord tout le monde.
17:33 Parce qu'on est tous d'accord avec ce qu'il a dit à la fin,
17:34 sauf que moi, Jordan Bardella, je le remis.
17:36 Donc, ça ne me fait vraiment pas plaisir que sur votre antenne,
17:40 on serve la cause de Jordan Bardella,
17:43 qui peut se permettre de faire une conclusion qui met tout le monde d'accord.
17:46 Quant à M. Hollande, je vous demande comment ça se fait que vous êtes aujourd'hui,
17:50 maintenant, on dirait que vous êtes de retour au gouvernail de la gauche,
17:53 là, face à l'extrême droite.
17:55 La seule gauche qui se bat vraiment contre l'extrême droite,
17:57 je crois que ça a été prouvé, c'est la France Insoumise.
18:00 Mais vous avez passé votre temps à torpiller l'Union de la gauche,
18:03 y compris ici sur France Inter, même en général,
18:06 toute la classe médiatique a torpillé la Nubes,
18:08 y compris vous, François Hollande.
18:10 Et donc maintenant, je vous demande qu'est-ce que vous avez l'intention de faire de concret
18:12 pour l'Union de la gauche pour battre l'extrême droite
18:16 qui va de toute façon, évidemment, très certainement passer grâce à vous tous.
18:21 Merci Brice pour cet ensemble de questions.
18:23 D'abord sur l'Union de la gauche, puis sur Gaza.
18:26 Oui, c'est deux questions très différentes et d'ailleurs l'auditeur l'a reconnu.
18:32 La gauche, si elle se met simplement à vomir,
18:37 comme vous avez pris cette expression, sur l'autre gauche,
18:43 comment peut-elle se rassembler ?
18:45 Si la gauche n'est pas capable de définir une ligne crédible,
18:49 audacieuse sur beaucoup de sujets,
18:51 y compris ceux que vous avez évoqués sur la question climatique et la question sociale,
18:56 comment peut-elle espérer gagner l'élection ?
19:00 Moi, je ne crois pas du tout que ce soit fatal d'avoir l'extrême droite au pouvoir en France.
19:05 C'est un risque, c'est vrai, mais ce n'est pas fatal.
19:08 Là, quand on regarde les sondages...
19:11 Ça ne dépend pas du rassemblement national.
19:13 Ça dépend de nous.
19:15 Quand je dis "nous", c'est la droite républicaine,
19:17 à condition qu'elle se distingue par ses idées de l'extrême droite,
19:21 et de la gauche, de la gauche républicaine et de l'union qu'elle peut produire.
19:26 C'est le vide qui crée le rassemblement national.
19:29 C'est la dénonciation, telle que vous l'avez fait d'ailleurs,
19:32 de tout ce qui peut être les médias, le pouvoir, les élites...
19:36 Faites attention à ce discours-là !
19:38 C'est le même que celui qui est prononcé par l'extrême droite.
19:42 Je ne dis pas que vous avez les mêmes intentions, pas du tout.
19:44 Mais vous voyez, le fait qu'on dénonce tout...
19:47 Quand on dénonce tout, il n'y a plus rien.
19:49 Et c'est le plus rien qui fait que le rassemblement national peut venir.
19:52 Donc l'enjeu, c'est de reconstituer le clivage gauche-droite,
19:56 tel qu'il existait, avec des formes différentes,
19:58 avec des partis sans doute différents.
20:00 De reconstituer une force, pardon de le dire,
20:03 une force socialiste ou social-démocrate,
20:05 parce que c'est elle qui peut être motrice,
20:07 et de rassembler toute la gauche.
20:09 Et je n'en écarte aucune.
20:10 - Vous n'en écartez aucune ?
20:13 - Je n'en écarte aucune des électeurs...
20:15 - L'union peut aller jusqu'à...
20:17 - Je n'en écarte aucun des électeurs...
20:18 - Les insoumis ?
20:19 - Qui peuvent voter insoumis, qui ont voté insoumis.
20:21 Je ne vais pas dire non.
20:22 Vous, je ne vous demande pas...
20:24 - Non, mais sur les dirigeants, c'est pas les électeurs.
20:26 - Sur Jean-Luc Mélenchon, je pense que c'est lui,
20:29 qui par ses positions, par ses excès,
20:31 et par son talent aussi oratoire,
20:34 a brisé l'union de la gauche.
20:37 Et ce n'est pas sur la ligne de Jean-Luc Mélenchon
20:39 qu'il est possible de gagner.
20:40 D'ailleurs, je ne suis pas sûr qu'il veuille lui-même gagner.
20:42 - Sur la guerre au Proche-Orient,
20:43 Emmanuel Macron a dit hier soir que lutter contre le terrorisme,
20:46 ce n'est pas tout raser à Gaza.
20:48 - Alors d'abord, par rapport à ce qu'a dit l'auditeur,
20:52 s'il y a eu cet enchaînement de violences,
20:56 et cette réponse qui est disproportionnée,
21:01 il faut le rappeler toujours,
21:03 c'est parce que le Hamas a attaqué des civils,
21:06 les a massacrés.
21:08 Et donc, à partir de là, il y a la réponse israélienne
21:11 qui est excessive et exagérée.
21:14 Et surtout, qui est une fuite en avant.
21:16 Car on ne voit pas jusqu'à quel moment
21:18 il sera possible d'imposer une fin de conflit.
21:21 Donc, vous m'interrogez, comment arrêter le conflit ?
21:25 Aujourd'hui, il y a des négociations,
21:27 quoiqu'en disent des Taniyaou.
21:28 Il y a des négociations.
21:30 Parce qu'il faut qu'il y ait plus qu'une pause humanitaire,
21:32 il faut qu'il y ait un cessez-le-feu.
21:34 Un cessez-le-feu provisoire.
21:35 Sans doute, en attendant quoi ?
21:38 Un plan de paix.
21:39 Il ne pourra pas y avoir de fin de conflit
21:41 s'il n'y a pas un plan de paix.
21:42 Le rôle de la France, c'est de proposer ce plan de paix.
21:45 François Hollande, juste une dernière question en quelques secondes.
21:47 Hier soir, Emmanuel Macron a dit
21:49 « j'assume de prendre mon temps sur la fin de vie ».
21:52 Le projet de loi qui devait être présenté avant Noël,
21:55 finalement sera présenté en février
21:56 pour être voté probablement après les européennes.
21:59 Vous comprenez qu'il assume de prendre son temps sur ce sujet ?
22:03 Est-ce que les personnes concernées ont du temps ?
22:08 Est-ce qu'elles peuvent attendre encore ?
22:11 Moi-même, j'avais fait des rapports, etc.
22:15 J'ai regretté de ne pas l'avoir fait voter.
22:19 J'ai fait voter une loi, la loi Claes-Leonetti,
22:21 qui est un progrès,
22:23 qui va plus loin, mais qui ne va pas jusqu'au suicide assisté
22:26 ou à l'euthanasie, pour parler clairement.
22:29 Mais c'était déjà un progrès,
22:30 ça a permis de régler un certain nombre de situations.
22:33 Mais là, ça fait déjà beaucoup d'années
22:36 qu'il y a des débats,
22:37 que les comités d'éthique se sont prononcés,
22:39 qu'il y a maintenant des propositions.
22:41 Je ne comprends pas pourquoi il faut attendre davantage.
22:44 Merci François Hollande d'avoir été à notre micro ce matin.