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Nous avons recueilli les mots - et le sourire - d’Irène Frachon, la pneumologue qui avait révélé le scandale du Mediator, juste après le jugement qui a reconnu coupable le groupe Servier de tous les délits qui lui étaient reprochés.

C’est enfin l’heure du verdict. Et l’heure d’un verdict « à la hauteur des enjeux », estime Irène Frachon, la pneumologue qui avait révélé le scandale. Après un procès de six mois et une bataille judiciaire de longue haleine, la cour d’appel de Paris s’est prononcée, ce mercredi 20 décembre, dans le procès en appel du Mediator, ce médicament antidiabétique utilisé comme coupe-faim.

Le groupe Servier qui a commercialisé le Mediator, un médicament utilisé comme coupe-faim accusé d’avoir provoqué de graves lésions cardiovasculaires, a été condamné mercredi en appel à une amende de plus de 7 millions d’euros et à rembourser plus de 415 millions d’euros aux organismes de sécurité sociale et mutuelles. Le groupe pharmaceutique a été reconnu coupable de tous les délits qui lui étaient reprochés, y compris le délit d’escroquerie pour lequel il avait été relaxé en première instance.

La réaction d’Irène Frachon à ce verdict ? « Un grand sourire, parce qu’on a enfin entendu les mots de justice que nous attendions et que nous n’avions jamais entendus depuis 16 ans. (…) C’est la première fois que j’entends la justice décrire la machinerie du poison avec une précision chirurgicale, avec les mots qu’il faut, les mots d’humanité, les mots techniques. Nous avons un jugement qui est à la hauteur des enjeux. C’est un message envoyé aux industriels de la santé. »

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Transcription
00:00 Un grand sourire parce qu'on a enfin entendu les mots de justice que nous attendions et que nous n'avions jamais entendu depuis 16 ans.
00:09 Donc c'est complètement un moment exceptionnel parce que j'ai le sentiment que l'arrêt...
00:17 Alors je vais vous faire un aveu un petit peu...
00:21 C'est une manque de modestie, mais je trouve que l'arrêt exprime mieux ce qui s'est passé que je ne l'aurais dit moi-même.
00:27 Et c'est la première fois que j'entends la justice utiliser des mots, expliquer la machination du poison avec une précision chirurgicale,
00:39 les mots qu'il faut en justice, en humanité, les mots techniques. Et c'est complètement exceptionnel.
00:46 Et donc ça rétablit l'équilibre d'un jugement qui repose sur les trois piliers de cette machination du poison
00:53 qui étaient l'obtention indue, la commercialisation frauduleuse, l'escroquerie parce que c'était pour être remboursé par la Sécurité Sociale
01:01 et bien sûr la tragédie absolue qui a consisté à dissimuler constamment les risques du médicament au préjudice de milliers et de milliers de personnes.
01:12 Et tout ceci a été dit avec les mots qu'il fallait. Voilà ce que je peux dire.
01:17 Une des grandes nouveautés c'est la condamnation pour escroquerie.
01:19 Et obtention indue.
01:20 Et l'obtention induée.
01:21 Nous avions un jugement, bon je ne me suis pas privée de dire que le jugement en première instance était boiteux,
01:27 était particulièrement décevant et pas à la hauteur.
01:30 Là nous avons un jugement qui est à la hauteur d'une part des enjeux sociétaux et ça a été dit par le Président.
01:38 Et la deuxième chose c'est que c'est un jugement qui est équilibré puisqu'il s'agit bien d'un crime économique.
01:46 Ces gens là sont d'abord des escrocs et en plus ils mettent en péril la vie des gens de façon délibérée.
01:52 Ce qui est des escrocs criminels.
01:54 Mais quand on n'avait que la tromperie, ça ne donne pas de lisibilité.
02:00 Et les amendes étaient très légères.
02:02 Et les amendes étaient très légères.
02:03 Là elles sont beaucoup plus substantielles.
02:04 Le mobile, j'ai toujours dit, c'est l'argent.
02:09 Et là l'argent il faut le rendre.
02:11 420 millions d'euros.
02:12 420 millions d'euros plus les 200 millions qui ont déjà été versés au parti civil.
02:16 On dépasse le demi milliard.
02:18 On aurait pu aller au-delà.
02:20 Mais ça a de la consistance.
02:23 On ne peut pas tromper, punir, on ne peut pas tromper, escroquer, mettre les gens en péril dans le domaine de la santé.
02:38 C'est un message envoyé aux industriels de la santé.
02:41 Et c'est très important.
02:43 On ne peut pas faire ça.
02:45 Sinon on va en prison et ça vous coûte très cher.
02:47 Et deuxièmement c'est un message envoyé à l'opinion publique.
02:51 Vous pouvez faire confiance à une société qui fonctionne avec une justice qui est là pour vous protéger et protéger vos intérêts.
02:58 Voilà, c'est la conclusion du jour.
03:01 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
03:04 *Clap*

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