• l’année dernière
Bernard Morlino était l’invité de l'Heure des Pros, ce mercredi 20 décembre, sur CNEWS. Il a présenté son livre «Les cent qui restent», où il propose une sélection des auteurs du XXe siècle les plus marquants: «Ce sont les écrivains qui se battent avec le langage et qui ont participé à la vie spirituelle française».

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Là, je me suis mis dans la peau de la postérité.
00:01 Je n'ai pas fait le dictionnaire à mots.
00:02 Ce n'est pas mes écrivains préférés.
00:04 Certains me disent, il manque x, y.
00:05 Non, ce n'est pas mes écrivains préférés.
00:07 Non, pas du tout.
00:08 Non, je me suis fait violence.
00:09 C'est ceux qui, objectivement, selon vous et selon vos critères,
00:12 vont rester dans l'histoire de la littérature.
00:13 Alors, c'est quoi vos critères ?
00:14 Alors, je me suis dit, on est maintenant en 2024.
00:18 Bien sûr, on a bien entamé.
00:19 Donc, on est dans le 21e siècle.
00:21 Je me suis dit, le 20e siècle, c'est fini.
00:24 Bon, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:24 C'est quoi vos critères ? Parce qu'ils ne sont pas morts.
00:29 D'abord, les écrivains qui se battent avec le langage.
00:32 J'aime beaucoup les écrivains qui écrivent avec l'oreille aussi.
00:35 Et après, ce sont ceux qui ont participé à la vie spirituelle française,
00:41 qui ont les temps forts de la littérature.
00:44 On est obligé de regarder ce qui s'est passé dans les années 20,
00:46 dans les années 30, dans les années 40.
00:48 C'est pour ça que je n'ai pas pratiqué, comment dire,
00:49 la postérité, je ne pratique pas le révisionnisme littéraire.
00:53 Certains me disent, par exemple, pourquoi Yadrieu, pourquoi tu as mis Annie Arnaud ?
00:56 Non, la postérité, elle prend ce qui s'est passé,
00:59 comment ça s'est passé, quand ça s'est passé,
01:00 de quelle manière ça s'est passé, etc.
01:02 C'est ce que j'ai beaucoup aimé.
01:03 Mais moi, j'aime beaucoup mieux ce qu'écrit Annie Arnaud que ce qu'elle dit.
01:07 Alors ça, vous faites peut-être allusion.
01:09 Henri Bergson a dit exactement cette phrase.
01:11 Il a dit, n'écoutez pas ce que je dis, mais regardez ce que je fais.
01:19 C'est pour ça que je suis venu.
01:21 Alors, il y en a 100.
01:22 Tous ces gens que j'ai sélectionnés, ça reste, ils ne sont pas morts.
01:25 Je veux dire, je me sens qu'ils sont morts, mais les écrivains mettent le meilleur d'eux-mêmes dans les livres.
01:29 Donc ça reste, c'est vivant.
01:30 Je l'ai suffisamment plongé dedans.
01:31 Tout à fait vrai.
01:32 Ce qui est dramatique aujourd'hui, c'est par exemple, regardez, au début du siècle,
01:36 j'ai fait des recherches, etc.
01:37 Il y avait les images de Félix Potin au début du siècle.
01:41 Les enfants collectionnaient Fédo, Zola, les images.
01:45 C'est très important, ça imprime.
01:46 Maintenant, on a basculé dans les Panini.
01:49 Panini, je sais que j'aime le football, Eric Nolot aussi, vous aussi.
01:52 Parce que pourquoi ? Parce que c'est plus facile.
01:54 On entretient la fainéantise intellectuelle.
01:56 On ne peut pas se balader.
01:57 J'ai rien compris avec Félix Potin.
01:59 Rapport avec Félix.
02:00 Si c'était Félix Potin, parce que les enfants, on leur aurait inculqué la littérature, d'aimer.
02:05 Ils pouvaient identifier des écrivains.
02:07 Mais quel est le rapport avec Félix Potin ?
02:09 Félix Potin, donner, distribuer des images.
02:11 Vous ne connaissez pas ça ?
02:13 Ah ben non.
02:13 Au début du siècle, tous les enfants qui connaissaient les écrivains.
02:15 J'étais pas là au début du siècle.
02:16 En 1900.
02:17 Il y avait les tableaux Panini.
02:18 On collectionnait les écrivains, les savants, etc.
02:20 C'est très important.
02:22 Chez Félix Potin, qui était, je le rappelle, parce que les jeunes, ils ne savent même pas qui est Félix Potin.
02:25 Ouais, mais non, c'était un grand distributeur qui a disparu.
02:28 Bon, fermons la parenthèse.
02:29 Mais je veux dire, pourquoi on a mis le football en distribution ?
02:33 Comme je vous disais, attends, je n'ai pas fini.
02:35 Pour entretenir la fainéantise de la fainéance intellectuelle.
02:38 C'est-à-dire, parce qu'on ne peut pas se balader dans la rue avec le maillot,
02:40 avec des chaussures d'un écrivain, avec un maillot qui a marqué Marcel Proust.
02:45 Donc...
02:46 [Musique]
02:48 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

Recommandations