Thomas Sotto reçoit Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord sur le plateau des 4 vérités.
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00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Fabien Moncel.
00:03 Bonjour Thomas Soto.
00:04 On va commencer par un clin d'œil, un sujet un peu plus léger pour une fois ce matin.
00:07 Est-ce que vous avez envoyé un message de félicitations à Miss France, autrement dit à F.Gilles qui est de votre région ?
00:12 Je l'ai fait sur Twitter.
00:14 Mais d'abord pour la soutenir parce qu'à peine élue, elle a fait l'objet de plein de critiques sur son corps
00:20 alors qu'elle défendait le droit à la différence.
00:23 Et je trouve que c'est même un challenge dans un concours de Miss France de défendre le droit à la différence.
00:28 Je lui tiens un coup de chapeau.
00:30 Et 4 Miss France du Nord Pas-de-Calais en l'espace de 9 ans, franchement ma région, terre de Miss.
00:36 Ça représente quoi pour un patron du Parti communiste français l'élection de Miss France ?
00:41 Ce n'est pas un concours forcément qu'on soutient pour tout ce que ça représente
00:47 mais c'est tellement populaire qu'il faut aussi savoir, regarder et puis là soutenir cette jeune femme.
00:56 Vous savez que le Coré Picard dit comme vous, terre de Miss pour les autres.
00:59 Allez on en vient au match autour du projet de loi sur l'immigration qui est chaotique
01:03 et cette fois la balle passe donc à la commission mixte paritaire, on en parlait tout à l'heure,
01:06 7 députés, 7 sénateurs qui vont tenter de se mettre d'accord à 8 clous en fin d'après-midi.
01:10 Qu'attendez-vous, qu'espérez-vous de cette CMP comme on dit ?
01:14 J'attends d'abord que le gouvernement décide de retirer ce texte et de le reprendre au départ.
01:22 C'est un sujet, il faut pouvoir le traiter mais la manière dont il est traité depuis des semaines et des semaines,
01:27 c'est de la pire des manières en abordant le sujet de l'immigration qu'avec des mots négatifs, durs, stigmatisants,
01:36 en tirant un trait d'égalité entre immigrés = délinquance = terrorisme.
01:42 Ce n'est pas tout à fait vrai, Gérald Darmanin répète depuis des mois, puisque vous le dites,
01:45 qu'il faut être gentil avec les gentils, méchant avec les méchants.
01:47 C'est bien la formule qu'il lui est d'ailleurs reprochée.
01:48 Oui d'accord, et puis derrière il envoie des messages, des mails à tout le monde,
01:52 en parlant de délinquants étrangers, de terroristes, etc.
01:56 Toujours est-il que s'il y a des questions de sécurité et il y en a à traiter, il faut les traiter,
02:02 mais ça n'a rien à voir avec ce sujet-là, enfin sur les questions de sécurité en plus moi,
02:07 j'ai eu l'occasion de m'exprimer, et surtout il y a d'autres sujets qui sont posés
02:12 comme la régularisation des travailleurs sans papier, qui est un combat que nous menons depuis longtemps,
02:16 c'est une question de dignité, c'est une question de défense du travail même des Français.
02:21 Sur les métiers en tension pour tous ?
02:23 Quand il y a des travailleurs qui travaillent depuis des années et des années sans papier et sans droit,
02:27 ils sont exploités, c'est de l'esclavagisme, ça tire par le bas les salaires,
02:32 les conditions de travail des travailleurs français,
02:34 donc c'est une question de défense du droit du travail pour tous, pour tous les travailleurs.
02:38 Fabien Roussel, ça veut dire que si un texte sort de la commission mix parité
02:41 et qu'il arrive devant l'Assemblée demain ou après-demain, pour vous ce sera non ?
02:44 Le gouvernement a fait le choix, oui, ce sera non,
02:47 parce que le gouvernement a fait le choix de négocier, de discuter avec la droite
02:51 qui elle-même s'inspire de l'extrême droite, donc ça va être le pire des textes.
02:55 Et puis enfin quand même, ça fait des semaines et des semaines qu'on parle de ça,
02:59 que le gouvernement avance là à marche forcée, le texte a été rejeté à l'Assemblée,
03:03 il décide quand même d'aller jusqu'au bout.
03:05 Vous n'avez pas des regrets là-dessus ? Vous n'avez pas des regrets sur la motion de rejet ?
03:08 Mais non, alors d'abord moi...
03:10 Est-ce que votre tôlo ce n'est pas de débattre ?
03:12 Justement, moi j'ai envoyé des signaux de ce type, j'ai demandé à Gérald Darmanin
03:16 s'il était possible de négocier, de discuter sur la régularisation des travailleurs sans papier
03:22 puisque c'est un combat que nous défendons.
03:24 J'ai fait, j'ai tendu la main pour cela, j'ai même subi quelques critiques,
03:28 mais la porte était fermée, c'était impossible.
03:32 La porte était fermée ? Pardon, mais vous avez...
03:34 Non mais à partir du moment où la porte est fermée chez nous,
03:37 qu'est-ce que... mais c'est tout, il s'en va discuter, il a fait le choix,
03:41 ils ont fait le choix, ce gouvernement, le président de la République...
03:44 Mais pourquoi ne pas avoir laissé tout ça s'exprimer dans l'hémicycle ?
03:47 Votre job, vous n'avez pas été élu pour aller à la pêche, vous avez été élu pour débattre.
03:50 Mais d'accord, et de débattre, d'amender, de discuter, d'améliorer un texte,
03:54 mais à partir du moment où toute mesure d'amélioration venant des rangs de la gauche,
03:58 venant de chez nous, est rejetée,
04:01 eh bien qu'est-ce que vous voulez, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ?
04:04 On ne va pas voter pour faire plaisir.
04:06 Ils ont décidé de rejeter tout amendement venant de chez nous
04:09 et de négocier avec la droite et l'extrême droite.
04:12 Ils perdent leur âme, ils perdent leur conviction,
04:15 ils font le choix de défendre la préférence nationale, etc., etc.,
04:18 eh bien qu'ils assument, mais vous savez...
04:20 Si on ne prend pas nos responsabilités, Marine Le Pen va être élue,
04:23 c'est ce que disait hier soir encore Gérald Darmanin.
04:25 Oui, ben moi je considère au contraire, je considère au contraire
04:29 que le gouvernement, le président de la République,
04:32 en courant derrière la droite et l'extrême droite,
04:34 font le choix d'alimenter de la pire manière
04:37 ce débat sur l'immigration que nous devrions avoir,
04:40 il l'alimente de la pire des manières et au moment du vote,
04:43 quand il y aura des élections, comment s'étonner que les gens préfèrent
04:46 l'original à la copie, c'est ce qui s'est passé aux Pays-Bas,
04:49 c'est extrêmement grave. Nous disons, nous, qu'il y a d'autres choix,
04:52 d'autres manières d'aborder cette question qui est importante,
04:55 avec dignité, avec humanité, avec fermeté aussi.
04:58 Il faut pouvoir le faire, ça n'a pas été le cas.
05:00 Le gouvernement assumera les choix qu'il est en train de faire en ce moment.
05:03 On a l'impression que vous jouez tous avec l'extrême droite,
05:06 et de fait, vous contribuez à lui donner le rôle central
05:09 de la vie politique française. Tout ramène à l'extrême droite.
05:12 Non, au contraire, je l'ai dit dans un texte que j'ai publié ce week-end.
05:16 Quel désordre la France, le premier responsable reste aujourd'hui
05:19 le premier député, celui qui a décidé de courir derrière la droite extrême
05:22 et l'extrême droite sur le thème de l'immigration.
05:24 Je suis vraiment meurtri par ce qui se passe en ce moment.
05:27 Ce n'est pas comme s'il n'y avait pas une crise sociale grave dans notre pays.
05:31 Vous voyez les heures, les semaines que l'on passe à parler de ce texte
05:34 qui pourrait peut-être même être imposé au forceps du 49.3,
05:38 alors qu'il y a une crise sociale importante.
05:42 Pourquoi il n'y a pas autant de temps pour parler des salaires, des retraites ?
05:47 Les gens, je rencontre des retraités qui se retrouvent avec 825 euros par mois pour vivre.
05:52 Ils n'allument pas la lumière, ils n'allument pas le chauffage
05:54 alors que le froid arrive parce qu'ils ont peur de ces factures d'électricité
05:57 qui vont plomber leur pouvoir d'achat.
05:59 Ce texte, vous voulez le déchirer, bal neuf, on recommence où depuis le début ?
06:04 C'est ça l'idée pour vous ?
06:05 Oui, il doit être retiré pour pouvoir l'aborder de meilleure manière
06:10 et en écoutant tout ce qui se dit dans la société.
06:13 Mais si on prend un cas concret, qu'est-ce que vous pensez du cas de cet Ousbec de 39 ans,
06:16 fiché et expulsé car soupçonné de radicalisation par nos services de renseignement
06:20 et pour lequel le Conseil d'État a enjoint le ministère de l'Intérieur
06:22 de prendre toutes les mesures pour le faire revenir aux frais de la France.
06:25 Donc la France doit garder sur son sol un individu qu'elle juge très dangereux
06:29 qui est inscrit au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation
06:32 à caractère terroriste et qui est sous le coup d'une interdiction administrative de territoire
06:36 parce qu'il représente une menace grave pour l'ordre public.
06:39 C'est qu'il y a quand même quelque chose qui ne va pas là, non ?
06:41 Bien sûr, il y a quelque chose qui ne va pas.
06:43 Mais d'abord, vous le dites, la loi aujourd'hui,
06:46 la loi, elle n'est pas encore passée celle de Darmanin,
06:49 la loi actuelle, elle permet d'expulser toute personne qui menace la sécurité des Français
06:56 ou qui représente une menace terroriste.
06:58 Ça, c'est l'article L631-3 du Céséda.
07:01 Ça existe dans la loi.
07:03 Il est possible d'expulser une personne sans papier en situation irrégulière
07:07 qui représente une menace.
07:08 Sauf que là, le Conseil d'État dit non.
07:09 Eh bien, quand il s'agit, non, non, non, non, non,
07:11 quand il s'agit de, quand la menace est là, qu'elle est réelle, sérieuse,
07:16 il faut les expulser, j'ai aucun état d'ordre.
07:18 Donc lui, il ne faut pas qu'il revienne ?
07:19 Aucun état d'ordre.
07:20 Lui, il ne faut pas qu'il revienne ?
07:21 La différence, c'est que toute mesure d'expulsion doit faire l'objet d'une décision de justice.
07:26 Ce n'est pas M. le ministre de l'Intérieur dans son bureau
07:29 qui décide comme ça à la tête du client dehors.
07:32 C'est une décision de justice à chaque fois.
07:34 Or là, il y a deux décisions de justice qui disent non.
07:37 Moi, je n'ai pas les éléments.
07:38 Vous les avez, vous ?
07:39 Je n'ai pas les éléments.
07:40 Qui a les éléments ?
07:41 Qui dit que cet homme doit être expulsé ?
07:43 C'est la justice qui décide en toute indépendance.
07:45 On sait qu'il est fiché.
07:46 Oui, mais il est fiché.
07:47 Les fichés S, vous savez ce que c'est.
07:49 Ce n'est pas fiché S.
07:50 Non, c'est fiché FSPRT.
07:51 Exactement.
07:52 FSPRT.
07:53 Bon.
07:54 Mais il faut faire confiance à la justice sur ce type de décision.
07:56 Sinon, c'est la fin de l'état de droit.
07:58 Vous êtes d'accord avec moi que le meilleur moyen de lutter contre le terrorisme,
08:01 c'est de faire respecter des décisions et l'état de droit.
08:04 Si on ne le respecte pas, l'état de droit, on fait le jeu du terrorisme.
08:08 Moi, je demande au président de la République
08:10 qu'il demande à son gouvernement de faire respecter l'état de droit dans notre pays.
08:14 Deux décisions de justice qui ne sont pas respectées.
08:16 La Cour européenne des droits de l'homme
08:18 et le Conseil d'État qui est la cour suprême quand même.
08:21 Et le gouvernement s'assoit dessus.
08:23 C'est extrêmement grave.
08:24 Moi, je vis dans un état de droit.
08:26 Je défends l'état de droit, je défends la justice,
08:28 je défends la sécurité de mon pays,
08:30 mais dans le cadre de décisions de justice.
08:32 Catherine Colonna était en Israël hier.
08:34 Elle a appelé à une nouvelle trêve humanitaire immédiate et durable.
08:37 Elle l'a tendue au Liban aujourd'hui.
08:38 Est-ce que vous dites, comme Olivier Faure qui l'a écrit sur Twitter,
08:41 que le 7 octobre est devenu un prétexte,
08:43 un prétexte non seulement pour rendre Gaza invivable,
08:45 mais pour coloniser la Cisjordanie ?
08:47 Ce qui s'est passé le 7 octobre est un acte terroriste extrêmement grave
08:51 qui est pour moi un moment de bascule dans l'horreur.
08:55 Je vous dirais que ce qui se passe en ce moment à Gaza,
08:59 où une population est assiégée depuis plus de deux mois,
09:03 avec près de 20 000 morts,
09:04 c'est aussi un moment de bascule dans l'horreur.
09:07 Alors, de dire que le 7 octobre est un prétexte n'est pas, à mon avis, une bonne formule.
09:15 Ce qui s'est passé le 7 octobre est une horreur.
09:18 En revanche, ce que fait le gouvernement d'extrême droite,
09:21 dirigé par M. Netanyahou, avec des ministres suprémacistes, racistes,
09:25 reconnus comme tels,
09:27 est véritablement une bascule dans ce qu'il y a de pire aujourd'hui sur Terre.
09:34 Ce que je regrette, c'est que les États-Unis,
09:37 qui est la puissance qui a l'autorité de dire "stop" à ce massacre,
09:43 "oui, cessez le feu",
09:45 si les États-Unis le disaient, en trois jours, ce serait terminé.
09:48 Je regrette que ça ne se passe pas.
09:52 C'est pourtant à la communauté internationale de peser de tout son poids
09:55 pour ramener la paix et une solution à deux États,
09:58 surtout ramener nos otages.
10:00 Il y a encore trois otages français
10:02 et je souhaite qu'ils puissent rentrer chez eux le plus rapidement possible.
10:04 - Y a-t-il un parlementaire, Catherine Collon, ministre de la France intérngère,
10:06 qui sera ici demain matin ?
10:07 Dernière question rapidement, je vois que vous ne portez pas tout à fait l'uniforme du politique ce matin.
10:09 Vous avez la veste, la chemise, mais pas la cravate.
10:11 Êtes-vous de ceux qui disent "oui" à l'uniforme, à l'école,
10:13 voulu par Gabriel Attal, Fabien Roussel ?
10:16 - Je souhaite que dans tous les établissements scolaires,
10:19 on puisse donner la parole aux premiers concernés.
10:21 J'étais dans un collège à Beuvrage, dans ma circonscription,
10:24 le collège Paul-Éluard, avec tous les délégués de classe.
10:27 Ils étaient cinq ans, j'ai posé la question.
10:29 Vous, ils m'ont posé la question, je leur ai renvoyé.
10:32 Est-ce que vous êtes pour ou contre ?
10:33 À l'unanimité, ils m'ont dit non.
10:35 Et vous savez pourquoi ?
10:36 Y a un enfant, un gamin, un élève qui me dit
10:39 "Eh bien, on nous dit tous les jours qu'il faut respecter la différence entre nous,
10:45 il faut respecter nos différences,
10:47 et là, on nous demande de nous ressembler tous à la même personne avec un uniforme."
10:51 - Vous êtes pour le référendum des élèves, c'est ma question.
10:53 - Oui, je suis pour leur donner la parole.
10:55 Alors, je suis pas pour l'uniforme,
10:57 mais je suis pour leur donner la parole aux premiers concernés.
11:00 Pour eux, les vêtements, c'est aussi leur personnalité,
11:04 c'est aussi de la liberté, c'est ce qu'ils m'ont dit.
11:06 Eh bien, respectons nos enfants,
11:08 et je demande à ce que le ministre de l'Éducation nationale
11:11 écoute plus les premiers concernés au lieu d'imposer des décisions d'en haut.
11:15 Et alors, en plus, l'uniforme, c'est pas le problème de l'Éducation nationale aujourd'hui,
11:18 c'est qu'il y a un collège sur deux où il manque des professeurs.
11:21 Ça, c'est un problème.
11:23 Merci Fabien Roussel.
11:24 Avez-vous dans les cadets.