Ocean Globe Race 2023 - Skipper Marie Tabarly (Pen Duick VI) interview after arriving in Auckland

  • l’année dernière
Pen Duick VI FR (14) stormed into second place 12 hours 16 mins behind the winner and provisional 7th in IRC after 37 days of Southern Ocean racing.

Leaving Cape Town, Marie stated that Leg 2 was Pen Duick VI’s for the taking as the big powerful ketch is built for Southern Ocean sailing. But only after crossing the finish line did she discover it was not to be. They lost out to the Italians on Translated 9 who crossed the line 12 hours earlier. Pen Duick VI is now 2nd in Line Honours, 7th in IRC and 3rd in Flyer Class.

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Transcript
00:00 [Musique]
00:06 Alors Marie, bienvenue à Auckland.
00:09 C'était comment les legs 2 ?
00:11 C'était intense, long et intense.
00:16 Compliqué !
00:19 Compliqué aussi.
00:21 On dit que c'est très...
00:23 qu'en fait, sur cette étape là,
00:26 il fait tout le temps froid,
00:27 t'es tout le temps mouillé.
00:28 Il n'y a pas vraiment des moments de plaisir de navigation.
00:31 Si, si, de toute manière,
00:32 c'est aussi du plaisir d'avoir froid.
00:35 On est un peu masochistes.
00:38 Mais si, c'est aussi du plaisir
00:39 d'être dans des conditions comme ça.
00:40 En fait, c'est le prix à payer
00:41 pour aller voir des endroits incroyables.
00:46 C'est des lumières qui sont très particulières.
00:51 C'est vraiment brutal.
00:52 On est dans un monde tout gris.
00:54 Et même si c'est tout gris,
00:56 ça reste des énormes, incroyables variations de lumières.
01:01 Je n'ai pas encore les mots.
01:03 J'arrive même pas à filmer ou à photographier.
01:05 On ne savait pas trop.
01:07 C'est tellement grand en plus.
01:08 C'est tellement différent.
01:10 Ce n'est pas l'océan qu'on connaît.
01:12 Ce n'est pas chez nous.
01:14 Et puis on sent qu'on n'est pas les bienvenus du tout.
01:16 On ne peut pas rester.
01:19 Maintenant, nous, on a à peine effleuré le Grand Sud.
01:25 J'ai un peu la sensation qu'on nous a volé l'océan Indien.
01:28 L'organisation course a mis un waypoint,
01:30 une marque de passage obligatoire pour toute la flotte,
01:33 très très haute, par 45° Sud.
01:38 Du coup, toute la flotte a été obligée de remonter.
01:42 Tu vas dire que tu n'as pas eu assez de tempête, c'est ça ?
01:45 Non, on n'a pas eu du tout.
01:46 On n'a jamais eu plus de 35 nœuds.
01:49 Les plus dures conditions météo qu'on a eues,
01:51 c'est ici en arrière-haut.
01:54 Et nous, au moment de passer cette marque de parcours,
01:59 les vents étaient contraires, ils venaient du Sud.
02:02 Donc si on voulait descendre, il fallait descendre auprès.
02:04 Il fallait faire au demi-cours.
02:06 On faisait un diagonal dans l'autre sens.
02:08 Donc on n'a pas pu nous descendre.
02:10 Je m'arrachais les cheveux, j'étais à la table à cartes
02:13 à essayer de trouver des solutions.
02:16 Et puis après, la voie s'est ouverte pour Translited,
02:19 et eux, ils ont pu redescendre.
02:21 Je suis folle.
02:22 Tu veux dire que c'est un peu ça, en fait ?
02:24 Tu veux dire que c'est un peu cette marque qui t'a perdue ?
02:26 Parce que depuis Cape Town, en fait,
02:28 comme depuis Southampton, tu as été leader de la flotte,
02:31 tu as été en tête de la flotte,
02:33 et juste avant ici, tu as un peu les mêmes conditions,
02:36 ce qui est incroyable.
02:38 Et je ne sais même pas pourquoi,
02:40 tu as un manque de vent juste avant
02:43 qui te fait relentir et qui permet à ceux de derrière,
02:46 savaient-ils déjà que tu étais sans vent là où tu étais,
02:49 de passer devant ?
02:51 Je ne sais pas.
02:52 Nous, la dernière semaine, ils ne savaient pas où on était.
02:54 On n'avait plus le micro de la BLU.
02:57 Mais l'avance, on avait trois jours d'avance
02:59 à la marque de l'obligatoire.
03:01 L'avance, elle a été perdue le long de l'Australie.
03:04 Ça a été…
03:06 Là, on se retrouve empêtrés dans vraiment plus de vent du tout.
03:10 Et puis oui, les autres qui reviennent.
03:13 C'est le jeu.
03:15 Après, on a essayé de faire des choix un peu…
03:18 un peu plus… très engagés.
03:21 Mais pareil pour le détroit de Basse,
03:23 on a été obligés de passer par là.
03:25 Les vents étaient contraires pour nous pour redescendre à Tasmanie.
03:28 Donc bon, il y a un moment,
03:30 c'est juste comme pas de chance, comme évidemment.
03:33 Et puis, il ne faut pas oublier qu'on est avec très, très peu de météo.
03:36 En fait, on reçoit juste une carte de pression.
03:39 Une carte en…
03:41 Alors on reçoit quand on reçoit, déjà,
03:43 ce qui n'est pas garanti tous les jours.
03:45 Puis après, il faut voir la qualité de ce qu'on reçoit.
03:47 C'est pas vraiment déchiffrable.
03:49 En fait, un weather fax, c'est ni plus ni moins les fax d'années 90.
03:54 Quand tu reçois le truc,
03:57 et qu'on recevait le truc, c'était quand même pas…
03:59 Mais là, c'est pareil.
04:00 Donc la carte, des fois, elle est toute noire.
04:02 Il faut réussir à identifier où est l'Australie,
04:04 où est la Tasmanie.
04:06 Et donc faire des choix météorologiques
04:09 avec très peu d'informations,
04:11 et puis jamais plus de prévision à quatre jours.
04:13 Une fois par jour, on pouvait avoir une prévision à quatre jours
04:15 quand on arrivait à la voir.
04:17 C'est engagé de se dire,
04:21 OK, et puis il y a des anticyclones qui sont énormes.
04:26 Bon ben voilà, c'est le jeu.
04:28 C'est les conditions.
04:29 Tout le monde reçoit des conditions.
04:31 Voilà, c'est le jeu.
04:32 Est-ce que…
04:33 Là, je suis désolée, je n'arrête pas de regarder les flaques
04:36 parce que j'ai peur que ça fasse un peu de bruit dans notre micro.
04:39 On verra bien.
04:40 Mais là, comment je ne peux pas arrêter le vent,
04:42 c'est quand tu es arrivé à chaque fois.
04:43 Tu es musclé, on ne peut même pas t'enlever avec un tailleux.
04:46 Tu viens comme ça, avec ce bateau super puissant,
04:48 avec ta tête, tu regardes le vent, tu y vas.
04:51 Tu le sens comment, le bateau ?
04:52 Tu le connaissais évidemment,
04:53 mais tu le sens comment en course, dans cette course ?
04:55 Je vais le dire, même si ça va peut-être t'énerver,
04:58 50 ans au même endroit que ton père, avec le même bateau.
05:02 Et sans problème de qui cette fois-ci ?
05:04 Oui, ni de moi, ni de qui.
05:07 Non, je le sens bien le bateau.
05:10 C'est toujours vraiment agréable maintenant
05:12 de pouvoir l'exploiter en tant que bête de course.
05:14 Je pense que ça fait 25 ans que le bateau n'a pas été dans cet état-là.
05:18 Il y a une différence entre un bateau qui fait la croisière
05:21 et un bateau sur lequel vraiment on tire.
05:23 Là, j'ai des performances que jamais j'avais eues avec lui avant.
05:26 Là où on était vraiment très heureux,
05:28 c'est de passer cette marque de parcours en première place
05:31 avec de l'avance alors qu'on n'avait pas eu les conditions
05:33 sur lesquelles Peneluxis est très bon,
05:35 c'est-à-dire les très grosses conditions.
05:37 On n'était pas dans les points forts du bateau
05:39 et on arrive quand même à être en avance.
05:41 On me dit que le bateau va bien
05:44 et qu'on sait bien l'utiliser.
05:47 L'équipage est génial.
05:49 C'est mon équipage de guerriers sur la leg 2 et 3.
05:55 Ce n'est pas du sang qu'ils ont dans les lèvres,
05:57 c'est de la lave.
05:58 Dans les veines, c'est de la lave.
06:00 On est tous très frustrés de ne pas avoir une autre dose.
06:06 On n'est pas du tout rassasiés.
06:08 J'espère que ça va venir.
06:10 Oui, j'espère que ça va venir.
06:12 Il va falloir qu'on se repose un peu quand même.
06:15 Mais oui, on est bouillons.
06:17 Et cette course, dernière question.
06:19 En un mot ou en deux mots,
06:21 ça te fait quoi comme sensation ?
06:24 C'est une question un peu idiote
06:26 parce qu'il n'y a pas une sensation comme ça aujourd'hui à Auckland.
06:29 Est-ce que tu te sens dedans ?
06:31 Est-ce que la frustration de manquer de météo,
06:34 de manquer un peu de technologie
06:38 et de ne pas pouvoir exploiter au maximum la vitesse du bateau,
06:41 est-ce que c'est quelque chose qui t'habite encore
06:44 ou tu commences à changer un peu d'optique
06:46 et à te dire "putain, je suis en train de faire un sacré truc".
06:50 Oui, c'est très agréable de naviguer comme ça.
06:53 On arrive vraiment à une navigation beaucoup plus naturelle.
06:56 C'est à son charme aussi de naviguer comme ça,
07:01 mais c'est nerveusement très dur.
07:03 Je suis nerveusement épuisé, vraiment.
07:07 On subit beaucoup.
07:13 Là, en plus, on n'était pas dans des conditions…
07:18 On était chassé, et ensuite chasseur.
07:21 En même temps, tu traînes la caravane de l'Ocean Globe Race derrière toi
07:26 depuis le début, depuis Sandstone.
07:28 Tu arrives peut-être deuxième pour des conditions,
07:30 pour des raisons inconnues pour le moment.
07:33 Mais ils sont tous derrière toi,
07:36 et tu es un peu même leader de la troupe, il faut le dire.
07:39 Ils t'attendent, ils te suivent.
07:41 Quand tu es arrivé, on ne pouvait pas te voir ici au ponton
07:44 parce qu'avec la quarantaine, les douanes, ici, l'immigration,
07:47 c'est très compliqué.
07:48 Mais les gens étaient tellement heureux de vous voir.
07:50 Et vous, vous étiez tellement puissant
07:52 quand vous faites votre "Hola"
07:53 ou je ne sais pas ce que vous faites sur le bateau et tout ça.
07:56 On est super, on est quand même très contents.
07:58 Je suis très contente que Translated ait gagné cette manche.
08:01 C'est vraiment un super chouette bateau.
08:05 Et puis Vittorio et Nico Malingri sont deux excellents marins.
08:08 Donc, il a mérité cette manche.
08:11 Maintenant, on est très amis quand on est à terre,
08:16 mais sur l'eau, beaucoup moins.
08:19 Mais en même temps, pour toi, c'est challenging peut-être aussi un peu
08:22 parce que Vittorio Malingri, il vient de toute cette famille de marins
08:25 qui a fait la Whitbread, etc.
08:27 Il a fait le Vendée Globe.
08:28 C'est un marin professionnel, plus âgé aussi.
08:31 Toi, tu es la jeune génération qui vient derrière.
08:35 Et c'est peut-être, moi, je trouvais ça très challenging
08:37 parce qu'eux, ils essaient quand même de te doubler,
08:39 depuis Cap Town, et tu es là devant.
08:41 D'accord, ce ne sont pas les mêmes tailles de bateaux,
08:43 mais en même temps, pour toi, ça doit être quelque chose aussi,
08:46 de te dire "Je suis devant eux".
08:48 Moi, c'est Vittorio Malingri.
08:50 Je les mets quand même assez là-haut.
08:52 Non, non, si.
08:54 Puis le bateau va bien.
08:58 Le Translitted, c'est vraiment un bon bateau qui va vite.
09:02 Là, il va plus vite.
09:03 Il a une meilleure performance que sur la première étape.
09:05 Donc, il commence vraiment à trouver les boutons.
09:07 Ça va devenir compliqué pour nous.
09:10 Non, non, je suis vraiment très heureuse qu'ils aient pu gagner cette manche.
09:15 Et ton équipage, tu rechanges là ?
09:18 Tu changes beaucoup ou c'est le même ?
09:19 Non, non, non, je n'en ai que trois qui changent.
09:21 C'est les trois qui changent.
09:23 Là, on garde toutes les forces avec nous.
09:27 Et ton second, tu l'as trouvé où ?
09:28 Parce que tu sais qu'on est toutes fans de lui.
09:30 Il faut que tu le lises.
09:31 Tom Nopper !
09:32 Ah, mais carrément !
09:33 C'est une légende, le Tom Nopper !
09:35 Bon, écoute, Marie, merci mille fois.
09:37 À bientôt.
09:39 Et puis, éclate-toi.
09:43 Oui, sans problème.
09:45 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
09:48 "La vie est une aventure" - Albert Einstein

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