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Ces derniers temps à la télévision les retours d’anciennes marques se multiplient : Star Academy, Y’a que la vérité qui compte, Plus belle la vie, Secret Story ou Popstars qui arrivent bientôt. Au point qu’on peut se demander s’il est encore possible aujourd’hui d’innover à la télévision ? Est ce devenu trop risqué de lancer de nouveaux concepts ?

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00:00 9h, 11h, Eurotun Culture Média.
00:03 Avec Thomas Hill et Thomas, c'est l'heure de la question Média du jour.
00:06 Ces derniers temps à la télévision, les retours d'anciennes marques se multiplient.
00:10 Star Academy avec La Vérité qui compte, Plus Belle la Vie, Secret Story ou Popstar
00:14 qui arrivent bientôt, au point qu'on peut se demander s'il est encore possible aujourd'hui d'innover à la télévision.
00:19 Est-ce devenu trop risqué de lancer de nouveaux concepts ?
00:22 On va se poser la question ce matin avec Damien Canivez. Bonjour.
00:25 Bonjour Thomas, bonjour à tous.
00:26 Journaliste Média au Figaro, coprésentateur du Buzz TV diffusé en direct sur le site internet du Figaro.
00:31 Et puis Guillaume Charles qui est toujours avec nous,
00:34 membre du directoire en charge de l'ensemble des contenus du groupe M6.
00:38 Alors Damien Canivez, si on regarde cette année, les nouvelles idées qui ont été lancées à la télé,
00:42 j'ai l'impression qu'il y a eu pas mal d'échecs d'audience pour assez peu de réussite finalement.
00:45 Oui, vous avez raison, les exemples sont assez nombreux.
00:48 On peut citer Coup de Foudre, Au bout du monde,
00:51 on peut citer La photo parfaite dont on a parlé tout à l'heure avec Jean-Luc Lemoyne, je l'ai entendu.
00:56 Ma mère, ton père, l'amour et moi.
00:58 C'est vrai qu'il y a eu beaucoup d'échecs.
01:00 Alors je pense que chaque échec a une cause qui est différente.
01:04 En l'occurrence, l'émission de TF1 qui a été lancée à l'été en première partie de soirée,
01:09 l'émission de télé-réalité, Ma mère, ton père, l'amour et moi,
01:11 en gros ça s'intéressait à des enfants qui s'activent en coulisses pour faire en sorte que leurs parents trouvent l'amour.
01:16 Bon, le sujet est un petit peu compliqué.
01:18 Je pense que c'est assez tabou que des enfants s'intéressent à la vie sentimentale,
01:21 voire même sexuelle de leurs parents.
01:24 Et en plus de ça, je pense que le public de TF1 à ce moment-là a été plus ou moins déstabilisé par ce choix,
01:28 parce qu'on n'a pas l'habitude, depuis Secret Story, de voir des émissions de télé-réalité en première partie de soirée.
01:33 Mais au-delà de ce cas particulier, j'ai l'impression que ça devient quand même de plus en plus compliqué
01:37 aujourd'hui, Guillaume Charles, de lancer une nouvelle marque.
01:39 Comment est-ce que vous l'expliquez ça ?
01:42 Moi, je m'inscris un peu en faux avec ça, parce que je pense qu'avoir des réussites, avoir des échecs, ça fait partie de la télévision.
01:50 Et si on regarde les très grandes marques, même il y a 10-15 ans, il y en avait une ou deux qui sortaient par an.
01:56 Quand je dis grandes marques, ce n'est pas un programme sur l'audience uniquement,
02:00 mais celles qui sont capables de revenir saison après saison.
02:04 Alors nous, chez M6, on prend des risques, ça on l'a déjà dit,
02:06 mais c'est vrai que quand on fait le bilan,
02:08 Lego Master, c'est la quatrième saison qui arrive,
02:11 Les Traîtres, gros carton, c'est la deuxième saison qu'on vient de diffuser,
02:15 Qui veut être mon associé ? C'est la quatrième saison qui arrive.
02:18 Et même dans un autre genre, Appel à témoins, qui est quand même un ovni télévisuel aussi,
02:22 qui a très bien marché lundi, on n'est qu'à la deuxième saison.
02:25 Et vous n'avez pas l'impression que c'est plus dur aujourd'hui d'émerger face à la profusion de programmes
02:30 qui existent, notamment grâce aux plateformes ?
02:34 C'est plus difficile, mais c'est aussi, encore une fois, je me souviens, il y a 10 ans, on disait
02:38 il n'y a plus de format, il n'y a plus de format, il n'y a plus de format.
02:40 Donc j'ai l'impression que c'est une complainte qui peut revenir en télévision.
02:45 Après, il faut prendre des risques.
02:47 Ce qui est vrai, c'est que la concurrence est plus rude.
02:49 Donc voilà, si ce n'est pas bon, ça se voit tout de suite.
02:52 Mais à l'inverse, je pense que ça fait partie du métier de la télévision,
02:57 surtout dans le flux, je pense, d'innover en permanence et de trouver des choses.
03:01 Et puis les chaînes, elles ont un besoin vital de se renouveler.
03:04 Damien Canivet, c'est encore plus vital, j'imagine, pour des chaînes commerciales comme M6 ou TF1
03:08 qui ont un public un peu plus jeune.
03:09 Absolument, Thomas.
03:10 Écoutez, les données dont nous disposons assez récentes sont sans appel.
03:13 C'est-à-dire que le public âgé de 4 à 14 ans passe en moyenne moins d'une heure devant la télévision chaque jour.
03:18 Vous vous rendez compte ? Moins d'une heure.
03:20 Alors, ça ne veut pas dire que ce public-là s'est mis massivement à la lecture ou au sport.
03:23 Non, la consommation d'écran explose simplement.
03:26 Ce public-là déserte la télévision au profit des tablettes avec YouTube,
03:31 au profit des plateformes de vidéos à la demande type Netflix et Amazon Prime.
03:34 Et tout l'enjeu des chaînes, aujourd'hui, le premier défi,
03:36 c'est de faire en sorte de rassembler la famille devant la télévision
03:40 et de faire en sorte que ce public qui a tendance à s'éloigner du petit écran
03:43 revienne sur son canapé pour regarder avec les parents la famille.
03:46 Quel est le point commun aujourd'hui entre Lego Master, The Voice
03:49 et d'autres émissions populaires comme Top Chef, 100% Logique,
03:54 dont on peut parler aussi sur France Télévisions, et qui fonctionnent ?
03:57 Ce sont des programmes qui parviennent à rassembler toutes les générations.
04:00 Et c'est ça, aujourd'hui, qu'il faut faire.
04:01 Après, il y a aussi une autre stratégie.
04:03 Le premier défi, c'était ça.
04:05 Et le deuxième défi, peut-être, c'est aussi d'aller capter pour les chaînes ce public sur tous les supports.
04:09 Vous avez dit que j'étais journaliste au Figaro.
04:11 Effectivement, nous, on a lancé le Figaro TV il y a quelques mois de ça.
04:13 Et en fait, la logique est simple.
04:16 On a constaté qu'il y avait une fragmentation de l'audience qui était importante
04:20 et qu'il ne faut plus uniquement miser sur le média télé
04:23 et qu'il faut aussi aller les chercher, peut-être sur le web.
04:26 Chaque émission que l'on conçoit aujourd'hui,
04:27 elles sont pratiquement déclinables sur le web comme à la télévision.
04:31 Et puis, une des solutions trouvées dernièrement par les patrons de chaînes,
04:34 c'est de relancer des marques qui ont fonctionné dans le passé.
04:39 Je pense par exemple au Juste Prix qui va revenir bientôt sur M6.
04:42 On en parle dans un instant, à tout de suite sur Europe 1.
04:44 Europe 1.
04:45 Culture Média sur Europe 1 avec la suite de la question Média du jour.
04:48 Thomas Hill, peut-on encore innover à la télévision ?
04:51 On en parle avec vos invités, Damien Canivez, journaliste média au Figaro
04:55 et Guillaume Charles, membre du directoire en charge des contenus du groupe M6.
04:58 Est-ce qu'il y a pour vous un lancement vraiment réussi ces dernières années, Damien Canivez ?
05:03 Ah oui, je dis ça, pas parce que l'un des dirigeants d'M6 est face à moi,
05:07 mais les traîtres, franchement pour moi, restent l'un des plus grands succès de ces dernières années.
05:11 Lorsqu'on a appris que cette émission allait arriver sur le groupe M6,
05:16 on s'est tous regardés en se disant "mais qu'est-ce que c'est que cette émission ?"
05:19 Et en fait, le concept est très simple.
05:20 Vous avez une dizaine de personnalités qui cohabitent dans un château,
05:23 parmi eux, trois traîtres, et il faut les démasquer.
05:25 Ça tient en une phrase, et généralement un concept qui tient en une phrase, ça fonctionne.
05:28 C'est très addictif.
05:29 Je vous mets au défi de regarder le premier épisode sans forcément en enchaîner le deuxième et le troisième.
05:33 Et en plus de ça, là où M6 a réussi quelque chose, c'est que le casting est très très alléchant.
05:37 Vous avez eu lors de la première saison, par exemple, Bernard Werber,
05:40 que l'on n'a pas l'habitude de voir dans une émission de télévision.
05:42 C'est aussi que c'était très innovant.
05:44 Là, pour le coup, c'est la prime à l'innovation pour les traîtres.
05:49 Oui, dans la dernière saison, Jean Lassalle.
05:51 Il y a un casting particulier, et puis c'est un jeu qu'on n'avait jamais vu.
05:54 Non mais ce qui est génial, nous, je vais vous dire, on a vu la version hollandaise,
05:58 avec des célébrités hollandaises dont on n'avait jamais entendu parler et des sous-titres,
06:02 et on est complètement rentrés dans le jeu.
06:04 Donc on s'est dit, si nous on arrive à se passionner pour des hollandais qu'on ne connaît pas,
06:07 il y a probablement un gros potentiel.
06:09 On peut citer peut-être aussi 100% Logique,
06:12 qui est une des dernières grandes innovations qui a fonctionné,
06:14 sur France 2, avec Cyril Féraud, ça c'est un succès aussi.
06:18 Absolument, c'est un vrai succès. Pourquoi ?
06:19 Parce que comme je le disais tout à l'heure,
06:21 c'est un jeu qui est capable de rassembler toute la famille devant la télévision.
06:24 C'est un jeu qui n'est pas très original,
06:26 c'est un jeu où vous avez un animateur qui pose des questions à un public,
06:30 autour de la logique.
06:32 Simplement, c'est très bien fait, parce que c'est autour de la logique,
06:34 tout le monde peut s'y retrouver,
06:35 et simplement, il y a toujours cette question dans la tête du téléspectateur,
06:38 est-ce que je peux faire partie des 1% capables de répondre à une question ?
06:42 Mais une fois de plus, ça ce n'est pas une création française,
06:44 c'est une adaptation britannique qui fonctionne à la télévision française.
06:49 Alors on a cité là deux innovations, on en a trouvé,
06:52 mais la plupart du temps, en ce moment,
06:54 les chaînes ont plutôt tendance à se réfugier vers des marques déjà connues,
06:58 des téléspectateurs, vous-même à M6, quand vous faites Golden Bachelor,
07:03 ou bientôt L'île de la Tentation sur W9,
07:05 où là vous nous avez dit ce matin que vous alliez faire le juste prix bientôt,
07:09 vous jouez sur des marques qui sont déjà connues.
07:12 Est-ce que c'est parce que vous pensez que c'est plus simple, qu'on gagne du temps ?
07:15 C'est ça, Guillaume Charan ?
07:17 Alors je ne crois pas.
07:19 D'abord, on verra, le casting est en cours,
07:22 mais Golden Bachelor, ça ne ressemble pas du tout au Bachelor.
07:25 Donc vous allez avoir l'impression, pour ceux qui ont vu la version américaine,
07:28 de voir une toute autre émission.
07:29 C'est d'ailleurs pour ça qu'on y a été.
07:31 C'est parce que vraiment,
07:32 c'est quand même une révolution aux États-Unis,
07:35 c'est un monsieur de 71 ans qui trouve l'amour,
07:37 ça on ne l'a jamais vu en télévision.
07:38 Donc certes, le titre, c'est le Bachelor, on le connaît,
07:42 mais vraiment l'émission, vous allez le voir,
07:43 elle n'a rien à voir avec ce qu'on a pu voir dans les grandes époques du Bachelor.
07:47 Après, je pense que c'est aussi,
07:48 ce n'est pas que la télévision, mais il y a une tendance aussi de fond,
07:52 un petit fond de nostalgie qu'on retrouve dans tous les médias,
07:55 même sur les plateformes.
07:57 Il y a aussi une forme de nostalgie,
08:00 un retour aux années 80, un retour aux années 2000.
08:03 Je pense que c'est l'époque aussi qui veut ça,
08:05 donc elle se traduit en télévision par le retour de certaines marques,
08:08 mais pas que.
08:09 - C'est l'époque qui veut ça, le public est rassuré,
08:11 vous pensez, Damien Canivès, par ce genre de marques ?
08:13 - Complètement, quand on vit un contexte géopolitique tendu,
08:16 quand on vit une actualité morose comme celle que l'on a actuellement
08:19 avec la guerre au Prochant-Yon, etc.,
08:20 c'est bien de se réfugier dans des valeurs refuges,
08:22 dans des émissions dont on connaît les codes,
08:24 et en l'occurrence, quand on relance effectivement des émissions
08:26 comme Le Juste Prix,
08:28 comme des émissions comme Y'a que la vérité qui compte,
08:30 on titille la nostalgie des téléspectateurs,
08:32 et quelque part, c'est un voyage dans le temps
08:34 à une période qui a été plutôt agréable.
08:35 Donc ça fonctionne.
08:36 Attention par contre,
08:37 ce n'est pas parce que vous misez sur un concept
08:39 qui a eu un succès il y a 15-20 ans,
08:41 que vous allez rencontrer un succès.
08:43 On peut citer l'exemple de Masterchef, par exemple, sur France 2,
08:46 qui n'a pas forcément fonctionné.
08:48 Donc il y a aussi des contre-exemples.
08:50 On ne peut pas forcément que miser sur des concepts
08:53 qui ont rencontré un succès par le passé.
08:55 - Est-ce que vous envisagez de relancer d'autres anciennes marques
08:58 comme Nouvelle Star, par exemple, Guillaume Charles ?
09:00 - Aujourd'hui, ce n'est pas à l'ordre du jour,
09:02 et comme on l'a dit, il faut relancer des marques
09:05 si vraiment elles ont un sens,
09:06 et si vraiment on sent une envie, une attente du public.
09:10 - Merci beaucoup à tous les deux,
09:12 Damien Canivès, journaliste média,
09:13 Ophigaro et Guillaume Charles,
09:15 patrons des contenus du groupe M6.
09:17 Merci d'avoir été avec nous ce matin.

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