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Un million d'apprentis en France en 2027 ? La réforme de l'apprentissage était une réforme phare du premier quinquennat d'Emmanuel Macron. Mais le dispositif a échappé à un rabotage des primes à l'embauche sur le budget 2024. Un soulagement pour les partisans de l'apprentissage comme Yves Hinnekint, le président de l'association Walt.

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00:00 [Musique]
00:12 Et on termine notre émission avec l'apprentissage.
00:15 C'est un sujet observé à la fois par les entreprises, par les écoles, par l'écosystème.
00:19 Que se passe-t-il sur l'apprentissage ?
00:21 J'ai eu cette rumeur comme quoi le gouvernement souhaitait réduire ce qu'on versait,
00:28 visiblement non pas, mais les choses bougent, notamment du côté du Sénat.
00:31 Et on en parle avec Yves Hinekint. Je l'ai bien dit cette fois-ci.
00:34 Vous m'avez repris président de Walt. Alors Walt en en parlera.
00:38 C'est un regroupement, une association de l'écosystème, de l'alternance.
00:42 Et vous avez beaucoup de choses à nous dire.
00:43 Et vous présidez le groupe Thalys, qui est un groupe d'écoles,
00:46 dont le centre de gravité se trouve du côté de Bergerac, Perigueux, c'est bien ça ?
00:51 Bergerac, Perigueux, Bayonne, Bordeaux, Paris, Nantes, Martinique, Guadeloupe, Guyades, Saint-Martin.
00:56 C'est très large. Revenons à ce sujet de l'alternance,
01:00 parce que c'est un sujet de préoccupation à la fois pour les familles et leurs jeunes
01:04 pour avoir un emploi, que pour les écoles, que pour les entreprises.
01:08 Le Sénat, le 23 novembre dernier, décide, en tout cas c'est une volonté sénatoriale,
01:14 de réduire globalement ce qu'on allouait, 5 000, 8 000, ce qui était fixé pour les jeunes,
01:20 de le réduire. Est-ce que c'est validé ? Il faut attendre l'Assemblée nationale, j'imagine.
01:24 Et le débat à l'Assemblée nationale, est-ce que vous êtes inquiet d'abord, pour commencer ?
01:28 Je suis inquiet de ce genre de décision future. Est-ce que c'est validé ? Non,
01:32 parce que c'est la navette habituelle entre l'Assemblée, le Sénat et de nouveau l'Assemblée,
01:37 sachant qu'on a un ministre du Travail qui a dit qu'on ne touchera pas à la prime,
01:40 parce que ce qu'on évoque c'est la prime de 6 000 euros pour l'embauche d'un apprenti en 2024.
01:45 Mais ce qu'on est en train de faire, c'est de préparer les exercices 2025.
01:49 Donc oui, je suis inquiet, pas pour 2024, mais pour 2025. Mais reprenons un tout petit peu l'histoire.
01:54 Septembre dernier déjà.
01:56 Comment dire ? En septembre 2018, on veut désagraliser, on veut ouvrir les chakras à l'apprentissage.
02:04 Et ça marche.
02:05 Une réforme. 2018, 5 septembre, la loi Pénicaud de dire "on donne sa chance aux produits apprentissage".
02:11 Je pense qu'à l'époque, on leur aurait dit "on serait passé de 300 000 apprentis à 950 000 apprentis",
02:16 qui est le cas aujourd'hui. Tout le monde aurait signé.
02:19 Or aujourd'hui, on n'est pas dépassé, on a en face de nous une vraie réussite de l'apprentissage.
02:24 Le problème...
02:25 Ça coûte cher, dit le gouvernement.
02:26 Ça coûte cher, mais c'est qu'en fait on finance avec le même budget qu'en 2018, 3 fois plus d'apprentis.
02:32 Donc en fait, on regarde la chose sous l'angle du coût, mais pas de l'investissement.
02:36 Je rappelle qu'en septembre dernier, il y a quelques mois, réduction de 5% de l'enveloppe allouée.
02:42 Et là, les CFA sont montés au créneau, ainsi que l'association Walt, en disant "mais attendez, on a l'inflation,
02:48 et en plus, vous nous réduisez l'enveloppe versée aux organismes de formation".
02:52 On est en France.
02:53 Donc soit on regarde les choses sous l'angle du coût, soit, ce que j'aime bien, c'est qu'on commence à réfléchir sous l'angle de l'investissement.
02:59 Ce que vous évoquez, c'est simple, c'est comme on a 950 000 apprentis avec le même budget que 350 000,
03:05 il faut faire des économies.
03:07 Et les économies, on essaie de les faire sur le niveau de prise en charge du coût d'apprentissage.
03:11 En 2022, ce niveau de prise en charge a été rapoté de 10%.
03:15 En 2023, ce niveau de prise en charge a été rapoté de 10%.
03:20 En 2023, on a une inflation de 10%.
03:23 Donc 10 + 10 + 10, -30%.
03:26 Donc aujourd'hui, il y a déjà un effort qui a été fait par la profession, par les écoles, par les CFA.
03:31 Effectivement, c'est un peu plus tendu.
03:33 Donc je vois quelques collègues qui commencent à se dire "je ne vais pas ouvrir des cohortes,
03:36 je ne vais pas ouvrir des sessions parce que je commence à perdre de l'argent si je n'arrive pas à avoir un certain nombre d'apprentis".
03:40 Donc ce qui va tarir finalement, doucement, doucement,
03:43 tarir ces filières d'alternance qui étaient plutôt des filières réussies.
03:46 Ce qui pourrait tarir, effectivement, des filières d'excellence et d'alternance.
03:50 Vous, à travers WALT, l'association, mais aussi à travers votre présidence de Thalys,
03:55 est-ce que vous avez le sentiment que le gouvernement a un double discours, à la fois très comptable,
03:59 France Compétences dit "nous on a 2,1 milliards de déficit et il faut réduire ces déficits",
04:03 et puis en même temps un discours très communiquant sur "il faut aller vers le plein emploi".
04:07 Est-ce qu'il n'y a pas un problème là ?
04:08 Il y a un peu un antagonisme, mais je vais peut-être faire quelque chose que je ne devrais pas faire.
04:11 C'est d'avoir un discours politique. Un discours politique c'est quoi ?
04:15 On a un président de la République qui décide de booster l'apprentissage.
04:18 C'est un dispositif phare pour lui.
04:20 Ça participe aussi à la création d'emplois.
04:22 Il faut quand même rappeler juste aux familles et éventuellement aux entreprises que c'est le tiercé gagnant pour un jeune.
04:28 Dans l'ordre, un tiercé gagnant. Dans l'ordre,
04:31 1) c'est une formation payée par l'entreprise à travers son organisme qu'on appelle OCO.
04:36 2) c'est une rémunération.
04:38 3) c'est un CV qui se fabrique au fur et à mesure.
04:42 Puis cerise sur le gâteau, c'est 70% des jeunes qui trouvent une insertion durable à la fin de leur contrat.
04:47 Il y a encore 4 ans, on évoquait le sujet de "ah non c'est compliqué en France, le chômage des jeunes, le chômage des jeunes".
04:53 Aujourd'hui on a trouvé une formule qui fonctionne.
04:55 On peut la faire progresser, on peut faire des économies, mais ça marche.
04:59 Le Sénat évoque aussi une autre hypothèse, et là j'imagine qu'elle vous inquiète,
05:03 c'est de caper ses aides à hauteur de BAC+2.
05:05 Après BAC+2 c'est terminé, on se débrouille.
05:09 Revenons à l'apprentissage pour les moins bons niveaux de qualification.
05:12 C'était l'apprentissage d'avant, hors aujourd'hui.
05:15 C'est ça, les années 60.
05:16 Exactement, l'apprentissage c'est bon pour tous les niveaux de qualification, du premier niveau jusqu'à BAC+5.
05:20 Et c'est vrai qu'on voit beaucoup de verbatim, beaucoup d'écrits, beaucoup de prises de parole et de positions pour dire
05:26 "ah il faudrait pas que l'apprentissage aille à l'enseignement supérieur, aille au-delà de BAC+2".
05:31 Au contraire, aujourd'hui ce qu'on voulait c'était montrer aux jeunes, et moi aujourd'hui ma satisfaction au titre de Walt,
05:37 mais au quotidien au titre de Thalys, je le vois bien, c'est des jeunes qui accèdent à des formations parce que l'apprentissage est là.
05:43 Je vois des jeunes qui me disent aujourd'hui...
05:44 Vous dites "ils auraient pas pu accéder à ces... c'était impossible".
05:47 Impossible. Je prends un exemple qui ne concerne pas une école de Thalys, qui concerne une école du réseau Walt.
05:51 J'ai été interrogé par quatre jeunes filles qui voulaient une interview d'un chef d'entreprise.
05:56 Et à la fin j'inverse l'interview en disant "mais les filles, vous faites quoi ?".
05:59 Donc on est dans telle école de commerce, ça je le savais très bien, et toutes les quatre en alternance.
06:03 Deux me disent "oui, c'est super, j'aurais pu me payer mes études, papa et maman auraient pu me payer mes études,
06:08 mais je gagne en autonomie, en indépendance financière".
06:11 Et en compétence si je m'en suis autorisé.
06:13 Et deux "je suis dans l'entreprise, je sais ce que je vais faire".
06:16 Les deux autres elles me disent "c'est la même chose mais nous c'est pire, on n'aurait pas eu les moyens de se payer les études".
06:21 Donc aujourd'hui on a réussi quelque chose.
06:23 Alors certes il faut faire des économies, travailler ensemble sur la prime,
06:27 mais pas de discrimination entre telle catégorie de diplôme et telle catégorie d'entreprise.
06:31 Et effectivement peut-être regarder la chose sous l'angle de l'investissement.
06:35 Pas sous l'angle du coût.
06:37 Et globalement sous l'angle de l'investissement, ça rapporte.
06:40 Un mot, j'ai vu que les CFA, alors vous êtes peut-être moins concerné dans des groupes d'école,
06:44 mais que les CFA s'inquiétaient aussi d'un tarissement d'un certain nombre de secteurs manuels sous tension.
06:49 Où là c'est pareil, les CFA disent "nous on va fermer alors qu'on manque de chaudronniers, on manque de soudeurs, on manque de bons techniciens".
06:57 Vous le déplorez ça aussi ?
06:59 La question elle n'est pas d'aujourd'hui, elle se posait déjà en termes de l'IDE depuis quelques années.
07:04 Il faut aussi avoir en tête qu'on est sur une courbe démographique qui commence à stagner.
07:08 Donc aujourd'hui les entreprises ont bien le réflexe de l'alternance, donc c'est quand même en soi une victoire.
07:15 Par contre on a peut-être un peu moins de jeunes qui aujourd'hui peuvent intégrer ces emplois.
07:20 Et effectivement on peut avoir ces constats que vous venez de décrire.
07:23 Donc il faut le dire encore aux jeunes, aller sur les filières d'alternance, pour faire un jeune mot, ce sont des filières d'excellence.
07:28 Elles vous permettent de pouvoir vous immerger vraiment dans l'entreprise.
07:31 Alors l'engagement c'est le combo gagnant.
07:33 C'est le combo gagnant, vous avez dit le tiercé gagnant.
07:35 Merci en tout cas de nous avoir rendu visite Yves Neuquins, vous êtes le président de Walt, un regroupement,
07:42 je suis allé sur le site de plus de 200 structures, associations, CFA, écoles, bref, les acteurs de l'alternance.
07:48 Et vous êtes aussi le président de Thalys qui est un groupe d'écoles. Combien d'écoles aujourd'hui ?
07:51 Une dizaine d'écoles pour le moment.
07:54 Pour le moment, il y a de l'ambition.
07:55 Merci de nous avoir rendu visite, l'émission est terminée.
07:58 Merci à vous, merci de votre fidélité évidemment, merci à tous ceux qui nous écrivent sur les réseaux sociaux.
08:03 Puis je remercie l'équipe qui m'accompagnait, Ausson, Alexis.
08:07 Merci à l'équipe de programmation, Nicolas, Jusha et Alexis.
08:12 Et puis André, à la réalisation, je terminais par le meilleur.
08:15 Merci à vous et je vous dis à très très bientôt. Bye bye.
08:17 Bye bye.
08:18 [Musique]

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