Une "enquête criminelle" a été ouverte mercredi après qu'une collégienne de 12 ans a menacé avec un couteau une enseignante, qui n'a pas été blessée, dans un établissement de Rennes. Le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, donne une conférence de presse.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Répondu à mon invitation, je souhaitais faire le point sur une agression au couteau grave
00:09 qui a eu lieu ce matin à Rennes au préjudice d'une professeure d'anglais.
00:15 Donc faire le point sur les investigations en cours et vous dire ce que nous savons à cette heure-ci de cette situation.
00:24 Donc les policiers ont été appelés vers 9h40 à intervenir auprès du collège des Hautes-Urmes à Rennes.
00:34 Il s'agit donc... La mise en cause est une jeune élève de 5e âgée de 12 ans.
00:42 Les faits se sont passés à l'occasion d'un cours d'anglais qui avait lieu de 9h25 à 10h20.
00:50 Et c'est un cours d'anglais en demi-groupe, en demi-classe.
00:54 Et ce matin, le professeur avait choisi de diffuser un film pédagogique.
01:01 Donc c'est à l'occasion, c'est dans ce contexte-là que les faits sont survenus.
01:06 Donc pendant la diffusion de ce film pédagogique, le professeur a constaté que l'élève dont il s'agit était agité,
01:15 a levé le bras, le doigt de manière inappropriée, puisque les élèves étaient en train de regarder ce film.
01:24 Donc constatant que cet élève était agité, peut-on dire, elle est allée s'asseoir auprès d'elle au fond de la classe.
01:33 Je précise que c'est une professeure expérimentée qui, par ailleurs,
01:38 se trouve enseigne auprès d'un collège situé en milieu spécialisé.
01:43 Donc c'est quelqu'un, je veux dire, qui est tout à fait en capacité d'analyser peut-être plus qu'un autre ce type de situation.
01:51 Donc ce professeur d'anglais, cette dame, a fait le choix d'aller s'asseoir auprès de cet élève
01:57 et de lui demander ce qu'elle souhaitait en levant le doigt.
02:03 Alors à ce moment-là, d'après l'audition qui a pu être faite de cette professeure,
02:10 cet élève s'est confié à elle dans les termes que je vous indique pour être tout à fait précis.
02:16 L'élève lui aurait dit à ce moment-là, à voix basse,
02:20 "Je suis folle aujourd'hui. J'ai envie de tuer quelqu'un aujourd'hui.
02:25 J'ai envie de tuer les élèves qui ne m'aiment pas et la personne qui est en face de moi.
02:30 Ça s'est passé à Arras et je vais faire pareil."
02:34 Voilà les propos qu'aurait tenus cette jeune élève de 12 ans à son professeur.
02:41 Elle a ajouté, selon ce que nous dit le professeur,
02:44 qu'elle avait une arme et a demandé au professeur si elle souhaitait qu'elle la lui montre.
02:50 À ce moment-là, l'élève a sorti de son cartable un couteau imposant dont voici la photographie.
03:00 Je vous précise que la dimension de la lame est de 17 cm.
03:06 Voilà, donc l'élève a sorti de son sac, de son cartable, ce couteau
03:14 et à ce moment-là, d'autres élèves se sont rendus compte, je dirais, de la situation.
03:19 Les élèves, d'après ce que nous dit le professeur, n'ont pas entendu les propos que je viens de vous relater
03:26 car l'élève s'était confié à elle à voix basse dès lors qu'elle était assise à côté de son professeur.
03:33 Donc, à ce moment-là, la professeure d'anglais décide l'évacuation de sa salle et fait sortir les élèves.
03:42 Elle reste à ce moment-là, je dirais, avec l'élève qui, à ce moment-là, se saisit du couteau et la menace.
03:51 Le professeur sort de la classe avec l'élève menaçante derrière elle.
03:58 À ce moment-là, dans le couloir, les élèves sont devant, le professeur suit derrière avec, dans son dos, l'élève menaçante.
04:09 Une professeure d'espagnol qui faisait cours porte ouverte de l'autre côté
04:16 comprend qu'il y a une situation tout à fait anormale et se rend dans le couloir et agrippe sa collègue,
04:27 la fait rentrer dans sa propre classe et ferme à clé la porte de sa classe.
04:36 Elle, à ce moment-là, ordonne un confinement de ses élèves qui mettent des chaises, des tables,
04:43 le long de la porte pour, comme le prévoient les procédures, se calespèsent.
04:49 L'élève menaçante poursuit son cheminement.
04:54 À ce moment-là, il y a le conseiller principal d'éducation et un médiateur du collège,
05:04 voilà, excusez-moi, je cherchais le terme précis, un médiateur du collège,
05:08 qui entendent, je dirais, une agitation tout à fait anormale et des cris des élèves.
05:15 Et donc, ils vont au-devant de la situation et montent les étages et se trouvent nez à nez
05:22 avec l'élève menaçante toujours munie de son couteau.
05:26 À ce moment-là, il lui demande de lâcher son couteau, ce qu'elle ne fait pas,
05:32 et à un moment donné, elle part en courant et donc, ils la suivent.
05:38 Donc, ce médiateur du collège et ce conseiller principal d'éducation
05:42 poursuivent l'élève de façon, évidemment, à tenter quelque chose.
05:46 Donc, ils arrivent tous les deux à neutraliser l'élève,
05:52 c'est-à-dire à lui enlever l'arme de la main et à la maîtriser.
05:58 Je tiens à rendre un hommage appuyé au courage, au professionnalisme,
06:07 au sang-froid de l'ensemble de ces personnels de l'éducation nationale
06:12 qui ont, on peut le dire, particulièrement su gérer une situation quelque peu extrême.
06:19 La police, je vous l'ai dit, a été appelée à 9h40
06:25 et est venue interpeller cette élève de 12 ans
06:30 qui avait été, dans les termes que je vous ai indiqués, neutralisée,
06:33 maîtrisée par les personnels de l'éducation nationale.
06:38 Avec l'autorisation du magistrat du parquet de permanence,
06:42 cette élève de 12 ans a été placée en retenue judiciaire.
06:46 C'est une mesure assez exceptionnelle puisqu'il s'agit d'une jeune enfant,
06:51 une mesure qui peut durer 12 heures et se prolonger de 12 heures supplémentaires.
06:58 Elle a été visitée par un médecin légiste qui a jugé son état
07:03 compatible avec la mesure de retenue que nous avions autorisée.
07:10 Nous avons ouvert une enquête criminelle pour ces faits
07:15 sous la qualification de tentative d'homicide volontaire
07:18 sur personne chargée d'une mission de service public.
07:22 Les investigations sont confiées à la Sûreté départementale de Rennes
07:26 qui, depuis ce matin, poursuit les auditions de l'ensemble des témoins.
07:33 Et nous employons à bien sûr comprendre le contexte de ce passage à l'acte,
07:41 ce qui est évidemment tout à fait important,
07:44 de comprendre pourquoi cet élève en est venu à ces menaces extrêmement graves.
07:52 Alors, je vous précise que j'ai souhaité qu'un examen médical de nature psychiatrique
08:00 soit diligenté dès aujourd'hui.
08:03 Et actuellement, cette mineure se trouve au service psychiatrique de l'hôpital Pontchaillou
08:12 pour faire cet examen psychiatrique qui nous permettra de nous éclairer
08:18 plus avant, je dirais, sur cette situation.
08:22 Alors, s'agissant de la personnalité de cette mineure,
08:26 cette mineure est... c'est une famille de quatre enfants.
08:35 Les parents sont d'origine mongole.
08:38 Ce sont des gens qui sont en France en situation régulière,
08:43 qui ne sont pas du tout connus des services de police.
08:47 Et je précise qu'il s'agit d'une famille athée et qui est donc à Rennes depuis 2012.
08:53 L'un des éléments que nous avons... enfin, qui me semble important de vous indiquer,
08:59 que nous avons d'ores et déjà pu recueillir,
09:02 c'est que cette mineure s'était déjà fait connaître, je dirais,
09:07 pour des troubles du comportement et de la communication.
09:12 Ainsi, entre janvier et juin de l'année dernière, la dernière année scolaire,
09:21 en janvier, elle s'était déjà présentée à son collège, le collège des Chalets,
09:26 avec un couteau dans son cartable, mais il n'y avait pas eu, je dirais, de suite dommageable.
09:33 Par contre, il y avait eu d'autres incidents et elle a fait l'objet d'un passage en Conseil de discipline au mois de juin,
09:43 à la suite de menaces verbales et d'injures contre un professeur.
09:50 Et donc, le Conseil de discipline avait décidé de son exclusion au mois de juin de l'établissement scolaire.
09:57 L'Education nationale, par ailleurs et en parallèle, avait fait ce que nous appelons des informations préoccupantes au Conseil départemental.
10:07 C'est les procédures tout à fait habituelles dans ce genre de situation,
10:11 c'est-à-dire l'Education nationale a transmis les informations qui laissaient à penser qu'il y avait besoin d'une évaluation, je dirais, plus globale de la situation de cette mineure.
10:22 Cela a été fait par le Conseil départemental qui a conclu cet été aux besoins d'accompagnement dans un cadre administratif de cette famille,
10:32 le père notamment étant désireux d'avoir de l'aide s'agissant de la mise en place des soins et puis aussi du travail scolaire.
10:41 Cet élève a été rescolarisé dans un nouvel établissement de Rennes, celui dans lequel se sont passés les faits ce matin à la rentrée de septembre.
10:52 Alors, s'agissant des mesures prises, je vous précise que naturellement j'ai eu plusieurs contacts dans la journée avec le recteur ainsi que le directeur académique
11:09 et que mes services ont saisi l'association d'aide aux victimes, bien sûr, pour accompagner cette professeure d'anglais en sa qualité de victime
11:20 dans le cadre du processus judiciaire qui est en cours. Bien sûr, cela est un élément qui vient s'ajouter aux mesures très complètes et très importantes
11:32 déjà prises par l'éducation nationale pour accompagner la communauté éducative. Mais naturellement, je laisse, monsieur le recteur, vous instruire de ces éléments-là
11:44 davantage que je ne puis le faire. Je vous précise également que nous avons le parquet de Rennes à informer le parquet national antiterroriste de ces faits.
11:55 Comme je dirais, nous le faisons habituellement dès lors que la gravité des faits, dès lors que les circonstances nous invitent à le considérer,
12:07 le parquet national antiterroriste m'a indiqué qu'il, en l'état des éléments que nous avions transmis, ne souhaitait pas se saisir de ces faits.
12:16 S'agissant des suites judiciaires, alors je vous précise que le Code de justice pénale des mineurs prévoit une présomption de non-discernement pour les mineurs de moins de 13 ans.
12:31 Je vous redis la définition du discernement. "Ecapable de discernement, le mineur qui a compris et voulu son acte et qui est apte à comprendre le sens de la procédure pénale dont il fait l'objet."
12:46 Voilà la définition précise de la loi s'agissant de la notion de discernement. Donc présomption de non-discernement s'agissant de cette mineure qui a 12 ans.
13:00 Alors, les capacités de discernement du mineur peuvent être établies notamment par ses déclarations, celles de son entourage familial, l'entourage scolaire,
13:12 par des éléments de l'enquête, les circonstances de faits et par une expertise bien sûr psychologique et psychiatrique.
13:19 En conclusion, avant de répondre à vos éventuelles questions, je vous dirais que mon analyse ce soir est que la dimension psychologique voire psychiatrique de ces faits me paraît dominante dans le passage à l'acte grave de cette mineure.
13:36 La question de son discernement est, vous l'avez compris, également posée. Je suis à 7 heures dans l'attente du résultat de l'examen psychiatrique en cours avant de décider de la suite judiciaire à donner à ces faits. Je vous remercie.
13:52 - Monsieur le professeur, on parlait que cet élève aurait pu être... en vouloir à son professeur prendre une sorte de téléphone qui avait été confisqué. Est-ce que vous pouvez nous confirmer où il passe, s'il te plaît ?
14:04 - Oui, il y a quelques éléments. Effectivement, ce professeur lui avait reproché d'utiliser son téléphone de manière inappropriée en cours. Elle lui avait la semaine d'avant repris, mais l'élève lui avait fait un courrier d'excuses.
14:24 Alors, nous verrons, je dirais, si cet incident a pu générer chez cet élève un ressentiment tel. Mais très honnêtement, je ne suis pas sûr que ce soit, je dirais, l'élément central de ce passage à l'acte.
14:43 Mais effectivement, il y a quelque chose de cet ordre dans la procédure.
14:47 - Vous voulez dire que ce téléphone lui avait été confisqué avant de lui être restitué ?
14:54 - Alors, je sais qu'il lui avait été pris momentanément. Je ne sais pas s'il lui a été restitué. Voilà. Ce n'est pas tout à fait au cœur de mes investigations.
15:01 Mais voilà. Ce que j'essaie de comprendre, c'est au fond, à travers la personnalité de cet enfant, c'est comment elle a pu en arriver, je dirais, à des propos d'une telle intensité et des menaces extrêmement graves envers son professeur.
15:20 Je crois qu'elle appréciait par ailleurs... Voilà. Alors, la question donc de la préméditation se pose, vous l'avez compris, en regard de la présence du couteau dans le cartable et d'un autre élément que je ne souhaite pas encore évoquer,
15:34 puisqu'elle n'a pas été interrogée sur cet autre élément. Elle n'a d'ailleurs pas encore été interrogée sur depuis quand ce couteau était présent dans son cartable.
15:43 - Est-ce que la jeune fille s'explique sur les plaies ? Est-ce qu'elle a peut-être auditionné ?
15:47 - Oui, elle a été auditionnée en début d'après-midi. Bon, là, je vous ai dit que j'avais souhaité interrompre ce processus d'audition pour la conduire auprès de médecins,
15:59 et notamment de médecins psychiatres, pédopsychiatres, au service compétent du CHU. Voilà. Parce que c'est pour moi très important. Vous avez compris, c'est une mesure de retenue qui ne dure que 24 heures au maximum.
16:11 Donc nous verrons ce soir, vers 22 heures, si nous prolongeons ou pas cette mesure. Mais j'attends, je dirais, pour prendre ma décision, d'avoir un éclairage par...
16:25 Alors c'est pas à ce stade encore une expertise complète, etc., mais déjà un éclairage par un sachant pour bien voir si, effectivement, cette dimension psychologique, voire psychiatrique, est prédominante dans ces faits.
16:41 En l'état, je dirais, il n'y a pas... Je dirais, on a ce petit incident la semaine d'avant à propos du téléphone, mais on n'a pas d'élément qui vienne expliquer... Il n'y a pas d'élément de radicalisation, il n'y a pas d'élément autre qui vienne, pour le moment, expliquer le passage à l'acte.
16:57 — Mais qu'est-ce qu'elle dit, elle, pour justifier son geste ? — Elle ne dit rien pour expliquer son geste à ce stade-là. On n'en est pas encore, si vous voulez... Voilà, c'est une audition d'une enfant. Je dirais, nous avançons pas à pas. Pour le moment, nous nous concentrons sur les éléments factuels. On n'en est pas encore à l'analyse avec elle du passage à l'acte.
17:19 — Elle a pu vous dire... — Je vous dirai pas pour le moment. — Vous pouvez, cependant... — Oui, est-ce que vous... — Elle a menacé de s'en prendre à d'autres élèves, c'est ça ?
17:28 — Oui. Je vous ai, pour être précis, relaté très exactement ce que... — Vous pouvez le refaire. — Oui, je peux le refaire. Je peux le refaire même, y compris pour Ouest-France. Surtout pour Ouest-France. Non.
17:44 Alors, ce qu'a indiqué le professeur, ce que je vous dis résulte de l'audition du professeur d'anglais qui relate les propos qu'aurait tenus la mineure.
17:58 Donc le professeur nous dit qu'à demi-voix, là, quand elle est venue à côté d'elle pour lui demander ce qu'elle avait, l'élève lui aurait dit « Je suis folle aujourd'hui. J'ai envie de tuer quelqu'un aujourd'hui.
18:12 J'ai envie de tuer les élèves qui ne m'aiment pas et la personne qui est en face de moi. Ça s'est passé à Arras. Je vais faire pareil. Voilà. »
18:22 Alors, avec toutes les précautions d'usage, on imagine aussi, bien sûr, l'émotion de ce professeur. Mais voilà, là, si les mots ne sont pas à prendre peut-être à la virgule près,
18:36 il n'y a évidemment aucun doute sur la teneur globale menaçante des propos tenus par cet élève auprès de son professeur.
18:46 — Est-ce qu'elle avait s'émiré des faits de harcèlement, soit cette année dans ce collège ou dans le collège précédent ?
18:52 — Non. En l'état des investigations qui ont été en ordre depuis ce matin, nous n'avons pas d'élément laissant à penser que cet élève soit victime de harcèlement.
19:05 Mais évidemment, je suis tout à fait prudent. C'est quelque chose qu'il faudra vérifier dans le cours des investigations.
19:12 Mais en quelques heures, voilà, ne sont pas apparus d'éléments laissant à penser que cela pourrait être l'explication.
19:22 — Et à la suite, qu'est-ce qui s'était passé l'année dernière ? Est-ce qu'il y avait eu un suivi psychologique qui a été mis en place ? Elle était suivie ?
19:29 — Alors ce que je vous ai indiqué, c'est qu'il y avait un signalement qui avait été fait au conseil départemental qui avait cet été précisé,
19:40 analysé la situation et estimé que des investigations complémentaires devraient être faites pour voir comment mettre en place un certain nombre de choses.
19:51 Je ne sais pas, je dirais, si cela a pu ou pas être mis en place. À ce moment-là, le père était plutôt demandeur, effectivement, d'une aide.
20:02 Mais vous savez aussi que ces choses-là mettent un certain temps avant de se mettre en place et que le conseil départemental est soumis à d'énormes sollicitations à ce titre-là,
20:15 que ce soit des accompagnements de ce type, voire des mesures de placement. Voilà. Donc je ne peux pas vous dire.
20:23 Je sais qu'une première évaluation avait été faite, puisque j'ai pu prendre connaissance du rapport qui avait été fait à ce titre-là en juillet dernier.
20:33 — Juste, M. le procureur, vous dites qu'il y a eu une fratrie de 4. Et quelle... — C'est l'aînée. Voilà. C'est une famille qu'on peut dire sans histoire, hein.
20:42 C'est-à-dire au sens où elle n'était pas connue, je dirais, des services de police. Aucune difficulté de ce côté-là.
20:50 — Est-ce que les parents font partie des personnes auditionnées ? — Alors les parents font naturellement partie des personnes auditionnées,
20:57 étant précisé que c'est un peu plus compliqué, puisque ces personnes sont mongoles d'origine. Et donc il faut trouver un interprète qui puisse, évidemment, accompagner cette audition.
21:10 Voilà. Mais ça a été fait cet après-midi. Voilà. S'il n'y a pas d'autres questions...
21:17 — Est-ce que vous pouvez nous remontrer... — Oui. Donc voilà. Donc ça me paraissait important. Alors c'est pas... Vous l'avez compris, c'est pas à grandeur réelle.
21:26 Je le dis pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté. La lame fait 17 cm. Voilà. C'est juste pour attester, je dirais, évidemment, de la gravité de la menace
21:37 et de l'émotion très légitime qui a pu être celle de ce professeur d'anglais, dont je redis, il me semble, qu'elle a réagi avec un particulier sans froid
21:49 et un très grand professionnalisme en commençant par protéger ses élèves avant elle-même de se mettre à l'abri.
21:57 — Une petite précision. Parce que le professeur d'espagnol a griffé la professeure d'anglais pour la protéger. J'imagine que les élèves aussi qui étaient dans sa classe se sont également fermés dans ce quartier.
22:08 — Exactement. Tout à fait. D'après ce qui m'est indiqué, ces deux professeurs, donc, qui se retrouvent dans la salle avec les élèves du cours d'espagnol,
22:16 ont fermé la porte à clé et ont mis des tables et chaises pour confiner finalement leur salle. Voilà. Là, on est là, malheureusement, je dirais, dans des process de protection
22:31 qui commencent à être, je dirais, bien connus des personnels de l'Éducation nationale. Et on peut voir que le contexte actuel fait aussi que ces personnels
22:43 savent malheureusement maintenant bien réagir à des situations qui restent quand même évidemment extrêmement complexes et extrêmement traumatisantes pour ces personnels
22:55 et évidemment pour l'ensemble de la communauté éducative. — Parce que les autres cas, c'était elles-mêmes confinés ? — Je ne le sais pas. Voilà. Ça n'est pas au cœur de mes investigations.
23:05 On voit bien que je crois que l'ensemble des personnels et cadres de cet édificement ont réagi avec beaucoup de promptitude. Le 17 avait été immédiatement appelé.
23:16 Voilà. Je pense qu'il y a des réactions tout à fait... Et les résultats, c'est-à-dire la capacité à mettre fin à la menace et à l'agression de cet élève par les personnels éducatifs eux-mêmes,
23:31 montrent bien qu'ils n'attendent pas les bras croisés, l'arrivée des services de police avant d'agir. Et je crois qu'on peut parler de courage.
23:41 — Qu'est-ce qu'a de risque pénalement cet enfant ? — Je répondais pas à ce stade à cette question parce que pour le moment, la question ne se pose pas. Voilà.
23:49 Nous sommes dans une mesure qui est très exceptionnelle. Vous l'avez compris. C'est quand même extrêmement rare de devoir interpeller un enfant de 12 ans dans le cadre d'une procédure criminelle.
24:08 C'est une tentative d'homicide volontaire. C'est assurément une procédure criminelle. Donc voilà. Nous avançons pas à pas.
24:17 Je vous dis que les questions qui se posent, au-delà de préciser les éléments factuels – mais je crois qu'on commence à avoir une bonne vision de ce qui s'est passé –,
24:26 c'est de bien comprendre, je dirais, l'environnement de cette situation et pourquoi cet enfant en est venu à de telles menaces, à de tels gestes. Voilà.
24:36 C'est ça qui me préoccupe. Et j'ai besoin ce soir d'être éclairé par l'avis, je dirais, d'un pélopsicatre ou d'un psychiatre pour venir me préciser les choses,
24:46 pour me permettre, je veux dire, de prendre une décision la plus pertinente possible pour finalement donner une suite dans un cadre juridique qui est contraint.
25:00 Voilà. Et se pose juridiquement la question du discernement ou pas de cet enfant. Voilà. Donc vous voyez une situation qui est assez complexe, je dirais,
25:11 à prendre en compte d'un point de vue judiciaire. C'est pour ça qu'avec mes équipes, nous y travaillons d'arrache-pied pour déjà, je crois, avoir réussi en quelques heures
25:21 à bien, je dirais, circonscrire les circonstances du passage à l'acte, la personnalité, ce qu'on peut déjà en comprendre de cet enfant, assurément une personnalité,
25:31 une enfant qui a des troubles du comportement, qui a des troubles de la communication. Voilà. Est-ce que c'est l'élément exclusif du passage à l'acte et que peut-être
25:41 une contrariété a servi de goutte d'eau et qui a fait des vols ? Je ne sais pas à ce stade. Mais c'est pour ça que j'ai besoin de l'avis d'un sachant pour avoir vraiment
25:54 tous les éléments pour prendre une décision qui devra bien sûr prendre en compte à la fois la gravité de ces faits, mais aussi bien sûr les intérêts de cet enfant.
26:05 Voilà. Je ne peux pas m'y connaître. Et mon devoir est aussi, je dirais, de protéger cet enfant. Aussi.
26:14 — Et qu'est-ce qui va se passer à l'issue de la retenue judiciaire ?
26:17 — Je vous le dirai demain. Voilà. Je vous ai dit que je n'avais pas encore tous les éléments. Voilà. Ma première décision sera de savoir si ce soir, nous prolongeons la retenue
26:27 au bout des 12 premières heures. Voilà. Il faut imaginer ce que c'est quand même pour un enfant de 12 ans se retrouver dans cette situation-là. Voilà.
26:35 Donc j'ai besoin de l'avis de cet expert pour prendre une décision la plus précise et la plus adaptée possible avec l'ensemble des données que j'ai pu vous indiquer. Voilà.
26:48 — Vous avez dit que c'est une mesure exceptionnelle, la retenue. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu comment ça se passe ? Elle n'est pas...
26:54 — Une mesure de garde à vue, mais comment ça se passe ?
26:57 — Voilà. Une retenue, c'est la loi qui le prévoit ainsi. C'est une mesure tout à fait exceptionnelle. C'est pour ça qu'elle dure d'ailleurs deux fois moins qu'une mesure de garde à vue.
27:09 Une garde à vue, en principe, c'est 24 heures. Là, nous sommes à 12 heures prolongeables uniquement une fois. Donc ce que la loi nous invite, évidemment,
27:19 c'est à être particulièrement précautionneux s'agissant d'un enfant. Voilà. Donc c'est la brigade des mineurs auxquelles j'ai confié ces investigations.
27:31 Et je peux vous assurer qu'ils, je dirais, feront les choses de la manière la plus adaptée qu'ils soient. Ils ont tout à fait l'habitude, vous le savez, d'entendre des mineurs.
27:42 Et là, on est évidemment dans un cadre un petit peu exceptionnel puisqu'il s'agit d'un procédure criminelle. Voilà. Donc je vous indiquerai.
27:49 — Je vous en prie. Une dernière question. — Concernant le conseil de discipline et l'exclusion, vous parliez d'injures. Est-ce qu'il y a également eu des agressions physiques ?
27:56 — Oui. Les éléments... Alors d'après les éléments que j'ai pu recueillir en quelques heures, ce sont des menaces verbales, injures.
28:05 Il n'y a pas, d'après ce qui m'a été indiqué, d'éléments laissant en pensée qu'il y ait pu y avoir une agression physique.
28:14 Et il m'a été précisé qu'elle n'avait pas utilisé non plus son couteau en janvier dernier, lorsqu'elle s'était présentée au collège avec. Tout ça méritera d'être précisé. Voilà.
28:26 Vous le savez, nous ne sommes que quelques heures après les faits. Je m'emploie à essayer à la fois d'être précis, mais je n'ai pas, bien sûr, à ce stade, réponse à tout.
28:37 Et donc je prends un certain nombre de précautions oratoires pour vous dire en l'état des éléments que j'ai recueillis. Voilà. À ce stade-là, c'est tout à fait classique dans ce genre d'enquête.
28:51 Il y aurait donc deux faits de violences verbales, physiques. Est-ce que dans le cadre scolaire, est-ce que dans le cadre privé également ?
28:58 Je n'ai pas connaissance, je dirais, d'un comportement qui aurait posé problème en dehors. Mais voilà, tout ça méritera naturellement d'être vu avec les parents.
29:09 Au bout de quelques heures, on ne sait pas tout. Il faut avoir l'humilité de le reconnaître. Je le reconnais bien volontiers. Voilà. Je vous dis où j'en suis de mes investigations.
29:18 Voilà. À ce stade, je n'ai pas encore réponse à tout. J'essaie simplement, une fois les faits globalement établis, surtout de comprendre qu'est-ce qui a fait que cet enfant commette ces faits graves,
29:33 voilà, qui ont perturbé de manière très forte la communauté éducative de ce collège. Voilà. Et à nouveau, je rends hommage au personnel d'Education nationale,
29:42 qui ont fait preuve de sang-froid, d'un grand professionnalisme et aussi de courage. Je pense que c'est important de le dire. Voilà. Je crois qu'on peut employer ce mot-là sans excès les concernant.
29:57 Je vous remercie. Donc je vous tiendrai au courant naturellement des décisions qui interviendront ce soir et demain. Au revoir.