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Les pays du monde entier ont approuvé mercredi par consensus à la COP 28 à Dubaï une décision appelant à une "transition" vers l'abandon des énergies fossiles. Mais que faut-il retenir de cet accord ? Est-il vraiment historique ? Comment va-t-il se matérialiser ? D'ici combien de temps ? Cela suffira-t-il à limiter le réchauffement climatique ? Les explications complètes de Virginie Garin pour RTL.

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00:02 RTL midi. Agnès Bonfillon, Éric Brunel.
00:07 Pas d'objection, l'accord est adopté.
00:11 Il était 8h15 ce matin et l'annonce par le sultan al-Jaber d'un accord qualifié d'historique à la COP 28, la COP de Dubaï.
00:25 Pour la première fois, les pays trouvent un compromis sur la transition progressive hors des énergies fossiles, mesdames, messieurs.
00:33 C'est important. Bonjour Virginie Garin.
00:35 Bonjour à tous.
00:36 Alors est-ce que c'est un succès historique ? La question elle est là.
00:40 Est-ce que c'est un succès de vitrine, de façade ou vraiment un succès historique ?
00:44 En fait, c'est un texte qui est très habile parce qu'il a été rédigé, vous le disiez, par le sultan al-Jaber des Émirats Arabes Unis qui présidait cette COP.
00:51 Et il faut lui reconnaître un vrai talent de négociateur car il a utilisé une expression qui peut être interprétée de deux façons.
00:58 Au lieu de mentionner explicitement le mot "sortie des fossiles", il parle de "transition progressive" pour abandonner les fossiles.
01:06 Bref, il y a des pays qui pensent que c'est vraiment la fin programmée du charbon, du pétrole et du gaz, comme la France d'ailleurs.
01:12 D'autres comme le Danemark qui n'ont pas la même traduction et qui disent que c'est plutôt une réduction des énergies fossiles et que les pays pétroliers finalement s'en sortent bien.
01:21 En fait Virginie, c'est d'abord un succès diplomatique ?
01:23 Alors exactement. En général, à la fin d'une COP, vous avez des pays qui s'expriment, qui contestent, qui crient parfois.
01:29 Et bien là, le président de la COP est monté à la tribune et en 30 secondes, il a fait adopter le texte.
01:35 Sans opposition, les gens qui suivent les COP depuis longtemps n'avaient jamais vu ça.
01:39 Alors 197 pays, tous d'accord. L'Iran, l'Arabie Saoudite, Israël, la Russie, l'Ukraine.
01:45 En fait, John Kerry, le négociateur américain, a dit ce matin "personne n'est complètement satisfait, mais au moins sur ce sujet du climat, tous les pays du monde ont été capables de s'entendre".
01:55 Est-ce que les guerres qui secouent le monde en ce moment ont poussé les pays à céder plus vite, à trouver un accord, même imparfait ? C'est possible.
02:01 Parce que "transition progressive" pour sortir des énergies fossiles, ça veut tout dire et rien dire.
02:06 Progressive, c'est quoi ? Sur 10 ans, 20 ans, 30 ans, 50 ans, 100 ans, 10 siècles ?
02:12 Quelles sont Virginie concrètement les mesures concrètes pour parler de cette transition ?
02:17 Le but c'est d'arriver en 2050 à ne plus émettre du tout de carbone dans l'atmosphère.
02:21 Alors les pays s'engagent pour ça. Déjà accélérer le développement des énergies renouvelables.
02:25 Donc tripler les financements d'ici à 2030 des énergies vertes, qui ont déjà d'ailleurs dépassé le charbon.
02:31 Chaque année, il y a désormais plus d'argent dépensé dans le monde pour installer des centrales solaires ou des parcs éoliens que des centrales à charbon.
02:38 Et d'ailleurs, parmi les mesures concrètes, il y a sortir du charbon.
02:42 Alors là, pour le charbon, vous voyez, le mot est clairement employé. Sortir, sans passer au plus vite.
02:46 Enfin, le rôle du nucléaire comme énergie décarbonée est mentionné, ce qui a valu une réaction de satisfaction d'Emmanuel Macron ce matin.
02:54 Et puis le gaz va être considéré comme une énergie de transition pour les pays qui n'ont pas beaucoup d'argent
02:59 pour financer des panneaux solaires ou de l'hydrogène.
03:02 Et bien, ils vont pouvoir remplacer le charbon dans un premier temps par du gaz qui émet moins de carbone.
03:07 Donc vous le voyez, on est très loin de ne plus utiliser du tout de fossiles.
03:11 Et il y a aussi ce pari, moi ça m'a vraiment marqué en entendant ce pari fait sur le progrès technologique.
03:20 Alors c'est là où la sortie des fossiles est beaucoup moins claire parce que ce texte mentionne des technologies
03:26 qui, si elles sont capables d'éviter de relâcher du carbone dans l'atmosphère, peuvent permettre de continuer d'utiliser du pétrole et du gaz.
03:33 Donc on rend les fossiles propres. Ce sont des technologies qui ne sont pas encore au point ou qui coûtent très cher.
03:39 Et les ONG ont beaucoup critiqué ces solutions qui laissent penser en fait qu'il n'est pas utile de faire des efforts, de changer nos vies,
03:46 puisque c'est la technologie qui va tout régler.
03:48 C'est intéressant ce que vous avez dit sur le nucléaire. Le nucléaire est mentionné comme une des énergies qui permet de sortir du pétrole.
03:57 Il y a certains écolos français qui vont peut-être se dire "mais pourquoi ils disent ça ? Pourquoi ils font ça ? C'est scandaleux, on est contre le nucléaire !"
04:04 Donc ça c'est très intéressant. Est-ce que tout ça va suffire pour limiter le réchauffement climatique Virginie ?
04:10 Alors limiter la hausse à 2 degrés pour l'instant, non.
04:13 Il va falloir que ces promesses, que ce texte se traduisent dans chaque pays par des mesures concrètes.
04:18 Et le travail est gigantesque. C'est un peu une sorte de nouvel accord de Paris.
04:22 Alors il a fallu 7 ans pour le rendre vraiment concret l'accord de Paris.
04:25 Donc là il va falloir en refaire des copes. Pour l'instant on reste plutôt sur une hausse prévue par les climatologues de 3 degrés sans doute.
04:33 Sachant que tout le monde a adopté cet accord certes, mais il y a des pays plus déçus que d'autres.
04:37 Voilà. Aucun pays n'a claqué la porte. Il n'y a pas eu de dramatisation, je le disais ce matin.
04:42 Encore une fois le sultan a été très fort pour convaincre.
04:45 Mais les petits états insulaires ont quand même exprimé leur déception.
04:49 Après dans les couloirs, ça ne va pas suffire pour des pays comme Tuvalu, pour les Maldives qui culminent à 4 ou 5 mètres d'altitude,
04:57 dont les terres commencent à être immergées. Ces pays savent qu'ils vont disparaître en partie.
05:03 Leur chance de survie c'était une hausse maximum de 1,5 degré.
05:07 Il faudrait diminuer par 2 les émissions mondiales en disant que pour y arriver ce n'est plus réaliste.
05:12 En tout cas cet accord signé ce matin n'y parviendra pas.
05:15 On y voit plus clair. Merci beaucoup Virginie Garin, spécialiste environnement pour RTL.
05:20 Dans un instant RTL midi, votre vie restée avec nous parce qu'on va vous parler d'un phénomène autour d'un sujet.
05:26 Le deuil d'un animal. Il y a un livre qui fait un carton incroyable qui s'intitule "Son odeur après la pluie".
05:33 Un sujet encore assez tabou dans nos sociétés. A tout de suite.
05:36 Vous n'êtes et Agnès Bonfillon ?
05:38 RTL

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