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Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’Hospitalisation Privée, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils s'intéressent aux difficultés que rencontrent les hôpitaux privés.

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Transcription
00:00 - Europe 1, il est 6h42.
00:02 - L'hôpital est en crise.
00:04 Les hôpitaux et les EHPAD publics réclament à l'État une enveloppe d'urgence d'1,2 milliard d'euros
00:10 pour compenser les dépenses dues à l'inflation.
00:12 Alors qu'en est-il des hôpitaux privés ?
00:15 Ils accueillent, quant à eux, chaque année près de 9 millions de personnes.
00:18 C'est tout de même plus de la moitié des hospitalisations.
00:21 - On vous en parle avec votre invité sur Europe 1, Alexandre Lemaire,
00:24 Lamine Garbi, président de la Fédération de l'Hospitalisation Privée.
00:27 - Bonjour Lamine Garbi.
00:29 - Bonjour.
00:30 - Président tout juste réélu pour un quatrième mandat.
00:33 Première question, l'hôpital privé va-t-il aussi mal que l'hôpital public ?
00:38 - On est ensemble, sommes complémentaires de l'hôpital public.
00:41 Et c'est vrai que lorsque le grand frère ne va pas bien, nous c'est pareil.
00:45 Parce que nos budgets sont calculés sur une augmentation de l'inflation.
00:50 Mais l'inflation aujourd'hui à plus de 10% ne permet pas de couvrir nos charges, tout simplement.
00:56 Donc nous avons les mêmes tensions et nous réclamons avec le secteur public 1,5 milliards.
01:01 Vous avez annoncé 1,2 milliards et 1,3 milliards qui sont dédiés, je dirais, si c'était possible.
01:07 Parce que nous sommes à l'attente de l'arbitrage de notre ministre de la Santé,
01:10 300 millions pour le privé, ça ne passe plus.
01:12 - Vous attendez 300 millions d'aides de la part de l'État,
01:15 vous subissez bien évidemment l'inflation, elle ne fait pas le tri entre public et privé.
01:20 Le personnel manque aussi à l'appel à l'hôpital privé, Lamine Garbi ?
01:24 - Il manque bien sûr des infirmiers, des infirmières, des aides-soignantes et des médecins.
01:28 Sur l'ensemble des thématiques que nous prenons en charge, des spécialités, il manque des médecins.
01:34 Et surtout, nous devons assurer, comme tout le secteur hospitalier, une couverture 24 heures sur 24.
01:40 Nous prenons, vous l'avez dit, 9 millions de patients chaque année, dont 3 millions en urgence.
01:45 On ne parle pas assez des urgences privées.
01:47 Venir dans le privé, je dirais, ça ne coûte rien, c'est comme le secteur public.
01:51 - Il manque-t-il du personnel dans le privé ? Est-ce que c'est pour les mêmes raisons que dans le public ?
01:56 Je vois que vous faites face à des vagues de démission dans certaines cliniques privées,
02:00 à des niveaux importants d'arrêt maladie dans les services.
02:04 - Oui, on est contraint malheureusement de fermer quelques fois des services par manque de soignants.
02:10 Il y a une crise de la profession, un manque de cap, une perte de repère.
02:14 Vous avez parlé tout à l'heure du Covid qui revenait.
02:18 Il a des séquelles parmi nos soignants parce qu'il a été mis sous tension pendant des mois, voire des années.
02:24 Et c'est vrai que même les jeunes qui rentrent en école de formation d'infirmière,
02:28 15 à 20% arrêtent cette formation au bout d'un an.
02:32 C'est un problème majeur qui touche l'ensemble des secteurs.
02:36 - Le Covid, puisque vous le mentionnez, avec l'arrivée de ce nouveau variant JN1
02:40 dont on parle ce matin sur Europa, ça veut dire que ni l'hôpital public, ni l'hôpital privé
02:45 que vous représentez n'est mieux armé aujourd'hui qu'hier pour affronter une nouvelle vague de Covid, si je comprends bien.
02:52 - Mieux armé, oui, parce qu'aujourd'hui lorsqu'un soignant est testé positif,
02:57 s'il n'a pas de symptômes, il met un masque et il continue à bien travailler.
03:01 Et je salue cette abnégation.
03:03 Il y a effectivement une recrudescence, on le voit bien parmi nos amis, nos familles.
03:07 Il y a une recrudescence du Covid, mais il y a aussi la bronchiolite des enfants, la grippe qui arrive.
03:11 Voilà, toutes ces pathologies hivernales pour lesquelles on se prépare.
03:14 Mais ça rajoute effectivement de la tension et on appelle le gouvernement à prendre en compte cette pénibilité.
03:20 - Alors l'attention, les exemples, ils sont nombreux dans le privé et dans toute la France.
03:24 Si on regarde la situation dans les tout derniers mois, je vais citer quelques exemples.
03:27 A Reusé, à côté de Nantes, la clinique Confluent qui doit filtrer les entrées aux urgences,
03:32 manque d'infirmières de nuit, pénurie de soignants également à Nancy.
03:36 L'hôpital privé Nancy-Lorraine qui a choisi, alors lui, la décision radicale,
03:40 c'est de fermer en février dernier, fermer définitivement les urgences.
03:43 Et puis à Mainvilliers, cette fois dans le Réloir, la mine Garby, les infirmières de bloc ont débrayé,
03:49 ça c'était la semaine dernière, ça fait des mois qu'elles sont en sous-effectifs,
03:53 elles disent "pas d'attractivité", ça veut dire pas d'embauche.
03:57 Le métier de soignant dans le privé n'est pas attractif aujourd'hui, la mine Garby. Pas assez.
04:02 - Non, tout à fait. C'est le seul secteur en France où le privé rémunère moins bien son personnel que le public.
04:08 Tout simplement parce que l'État et le ministre Stanislas Guérini, ministre de la fonction publique,
04:15 revalorisent la grille de la fonction publique hospitalière.
04:18 Et nous, nous ne pouvons pas le faire parce que nos tarifs sont encadrés.
04:21 Si nos tarifs étaient libres, nous pourrions bien évidemment, comme toute entreprise, gérer cette revalorisation salariale.
04:28 10% de salaire en moins pour une infirmière dans le privé.
04:32 Et ça ne peut pas durer, c'est pour ça qu'on demande aussi un accompagnement sur le social.
04:36 - Effectivement, en reprenant l'exemple de Mainvilliers, pour illustrer ce que vous dites,
04:40 trois infirmières de bloc sont déjà parties de cette clinique privée.
04:44 Elles ont trouvé de meilleures conditions de travail, un meilleur salaire à l'hôpital public.
04:47 C'est le monde à l'envers. Quand le public paye mieux que le privé...
04:50 - Tout à fait. C'est pour ça que nos revendications sont justes.
04:54 Il faut absolument que le gouvernement l'entende. Je pense que c'est le cas.
04:58 Mais il faut qu'il puisse débloquer des fonds, mais rapidement, pour qu'on puisse mettre en place
05:02 notre nouvelle grille de classification, notre nouvelle convention collective,
05:06 et qui a été d'ores et déjà signée par les syndicats, la CFDT et l'UNSA.
05:10 Donc là aussi, on a une branche sociale qui est active, mais encore faut-il qu'on puisse la financer.
05:15 Et lorsque vous parlez de fermeture de services d'urgence privés,
05:19 malheureusement, le public aussi doit fermer ses services,
05:22 et il arrive aussi que le public ferme des urgences. On est tous logés à la même enseigne.
05:26 - Un rapport du collectif de fonctionnaires, nos services publics, l'Amin Garbi,
05:29 pointe certaines cliniques à but lucratif, qui se concentrent sciemment sur la chirurgie
05:35 et les actes programmables, parce que très rentables. Qu'est-ce que vous répondez à cela ?
05:39 - J'ai lu ce rapport. Je regrette une chose, de ne pas avoir été consulté.
05:44 J'aurais pu amener les chiffres factuels, qui démontrent le contraire.
05:48 Et puis, il faut rester logique. Si nous nous concentrions sur les actes rentables,
05:52 nous ne serions pas en difficulté. Je ne serais pas devant vous, ce matin,
05:56 pour expliquer que l'attention est commune. Il faut arrêter ces clichés,
06:00 de dire que nous sélectionnons les patients, que nous prenons les pathologies rentables.
06:03 Ça n'existe pas. 9 millions de patients prises en charge,
06:06 et ce ne sont pas tous des patients, vous vous en doutez, en bonne santé,
06:09 qui viennent se faire opérer ou soigner dans nos établissements.
06:13 Je pense qu'il faut un peu de sérieux. Et ce rapport, vraiment, je regrette
06:17 qu'il n'y ait pas eu de contradiction, parce que j'aurais pu amener les chiffres.
06:20 - En tout cas, vous avez pu faire passer ce message ce matin sur Europe 1.
06:24 Lamine Garbi, président de la Fédération de l'Hospitalisation Privée.

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