L'inquiétude du maire de Saint-Cyprien.
Après avoir décliné l'invitation d'Emmanuel Macron à la rencontre des maires à l'Elysée, Marc Archer, s'explique dans 7 Minutes Chrono. L'élu ligérien s'agace de la situation financière des communes françaises confrontées à des hausses de charges sans précédent.
Après avoir décliné l'invitation d'Emmanuel Macron à la rencontre des maires à l'Elysée, Marc Archer, s'explique dans 7 Minutes Chrono. L'élu ligérien s'agace de la situation financière des communes françaises confrontées à des hausses de charges sans précédent.
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00:15 Bonjour à tous, bienvenue. 7 minutes chrono chaque jour sur TLC, la parole aux personnalités du département.
00:21 Nous parlons du statut de l'élu, aujourd'hui la difficulté d'être maire en compagnie de Marc Archer, le maire de Saint-Cyprien,
00:28 maire depuis 2014, élu depuis 2008 à Saint-Cyprien. Marc Archer, bonjour.
00:33 Bonjour Sylvain.
00:34 Bienvenue dans cette émission, vous êtes par ailleurs conseiller communautaire délégué à la politique de l'emploi, de la formation et de l'insertion à Loire-Forêt-Agglomérations.
00:41 Marc Archer, vous avez fait la une des médias il y a quelques semaines maintenant à l'occasion du dîner organisé, de la réception organisée à l'Elysée par Emmanuel Macron
00:49 qui conviait plusieurs centaines de maires de France à une réception. Vous avez dit non, vous avez décliné l'invitation.
00:57 Marc, les élus soient pris pour des imbéciles. On vous a lu, on vous a entendu également.
01:02 On revient sur cette décision de ne pas participer, de ne pas répondre à l'invitation.
01:06 Oui, je suis extrêmement respectueux des institutions et de la République et du respect que nous devons et que nous devons tous aux chefs de l'État.
01:17 Mais lorsque le président nous dit, et je le cite, les maires sont les artisans de la démocratie de proximité,
01:25 que c'est bien dans les communes que réside le réel dynamisme et la volonté du bien-vivre ensemble,
01:30 que les communes ne sont pas un problème, bien au contraire, elles sont le creuset de la solution,
01:35 que les maires sont les chevilles ouvrières de la mise en place de la politique nationale,
01:39 pour toutes ces réponses, il se désengage de sa promesse d'être présent auprès de nous lors du discours de clôture du Congrès des maires.
01:48 Certes, la première ministre était là et elle était bien là, et elle s'est engagée,
01:54 mais je crois que malgré tout, lorsqu'on s'engage dans quelque chose, on va jusqu'au bout des choses.
02:00 Et la symbolique de l'absence du président de la République devant les maires, ce n'était pas une… ?
02:05 Je pense que le président de la République est très occupé par les affaires nationales comme par les affaires internationales
02:12 et qu'il a d'autres choses à se préoccuper que l'absence du maire de Saint-Cyprien à son invitation.
02:18 Je ne suis pas dupe de ça, mais le seul regret que j'ai, c'est de ne pas avoir participé à cette invitation,
02:27 c'est priver un maire ligérien d'aller à l'Élysée.
02:31 Moi, je considère, si vous voulez, que quand on s'engage dans quelque chose, y compris dans quelque chose qui est difficile,
02:37 on honore ses engagements, et ne pas venir lors du… ça a été annoncé très tardivement,
02:45 et j'aurais laissé ma place volontiers, et ça n'aurait pas fait l'objet de quelque polémique que ce soit,
02:50 que de ne pas répondre à cette invitation.
02:52 – Quand vous dites, on en a marre que les élus soient pris pour des imbéciles, ça veut dire quoi ?
02:56 Ça veut dire qu'on vous demande toujours plus, avec toujours moins de financement, c'est ça ?
02:58 – Alors, je crois que… je vais parler de ce que je connais,
03:04 je vous ai amené un certain nombre de documents, avec des chiffres réels.
03:10 Sur la dotation globale de fonctionnement, en 2014, nous avions 246 189 euros,
03:17 en 2023, nous avons 156 870 euros, ce qui, c'est un delta de -90 000 euros,
03:25 et -90 000 euros dans une dotation globale, c'est énorme.
03:32 – Ça veut dire renier sur des projets, parce qu'évidemment, les charges restent les mêmes,
03:36 il faut annuler des projets ?
03:38 – Exactement, je crois que si vous voulez, on est dans quelque chose,
03:41 où c'est comme un couple qui construit une maison, lorsqu'il va à la banque,
03:46 on lui dit, vous avez 33% maximum de remboursement sur votre budget,
03:54 et puis si vous changez les règles en cours de match,
03:59 vous n'avez plus que 3500 euros, et bien vous ne remplissez plus les bonnes cases,
04:05 et que vous devez renier sur les vêtements, sur les loisirs, sur la bouffe, sur le chauffage.
04:10 – Et conséquence, pour une mairie, ça veut dire renier sur des éléments programmatiques ?
04:13 – Et bien exactement la même chose, alors que nous avons des engagements avec du personnel, là aussi.
04:17 Je vous ai amené le fonctionnement avec les charges de personnel, en 2014, 636 982 euros,
04:24 en 2023, 711 400 euros, et pendant ce temps-là, nous n'avons pas remplacé
04:33 deux départs qui étaient partis à la retraite.
04:35 Donc, il y a bien entendu, on tient compte du GVT, du glissement, vieillissement, technicité,
04:41 alors que d'entrée de jeu, sur des sommes telles que celles-là, c'est une perte réelle de 74 800 euros.
04:50 Comment voulez-vous ? On est passé de 19 ETP à 17.
04:54 – Équivalent en plein, ETP.
04:56 – Pardon, équivalent en plein, et il faut qu'on fasse les mêmes choses avec 17 personnes au lieu de 19.
05:03 – Marc Archer, c'est un ras-le-bol aujourd'hui,
05:05 que faut-il faire pour que les élus se sentent mieux considérés
05:11 et arrivent à gérer de manière plus optimale leur commune ?
05:13 – Alors, quand on dit que c'est bien dans les communes que réside le bien-vivre-ensemble,
05:19 eh bien, il faut nous donner et nous laisser les moyens de faire ça.
05:23 Il faut que pérenniser, c'est l'ADETR par exemple,
05:28 qui est une décision de l'État par rapport au financement de nos projets.
05:36 Lorsque vous décidez de ne pas mettre les finances communales dans le rouge,
05:43 vous réfléchissez, vous faites des projets avec l'argent que vous avez.
05:47 Mais si vous vous engagez dans quelque chose,
05:49 et puis que vous n'avez plus les recettes qui vont à côté,
05:53 c'est malhonnête envers les concitoyens qui vous ont fait confiance.
05:57 Donc, vous me parlez d'oral bol ? Non, absolument pas, bien au contraire.
06:02 – Il semble qu'il y a des dizaines de maires qui démissionnent chaque jour.
06:07 – Alors, déjà le chiffre est énorme.
06:09 – Il nous reste une minute Marc Archer.
06:11 – 40 maires démissionnent par mois actuellement, 40 maires.
06:15 Que va-t-il se passer en 2026 ? Que va-t-il se passer ?
06:19 Moi, je sais que l'engagement avec mes concitoyens, il est là et il restera là,
06:25 mais je ne suis pas dans le pessimisme, je suis dans l'optimisme.
06:29 Il faut vraiment qu'on nous redonne du sens,
06:32 et qu'on nous confirme la réalité de nos engagements
06:36 et de nos disponibilités financières, pour que nous mènions à bien les projets.
06:40 Il n'est pas question de lever plus d'impôts.
06:43 Je veux dire, aujourd'hui, moi j'ai plein de projets pour la Commune.
06:47 On est aujourd'hui coincé avec diverses mesures par rapport à l'urbanisme,
06:55 par rapport aux ZAN, par rapport…
06:57 Des choses qu'il faut absolument faire.
07:00 Le Président de la République nous a montré qu'il était un homme de décision.
07:04 Il a pris certaines décisions où je le rejoins à 100%,
07:08 mais il faut revenir à notre proximité.
07:12 – Vous avez eu le Préfet de la Loire qui représente l'État dans le département,
07:15 après cette décision de ne pas aller à l'Élysée ?
07:18 – Oui, et ? – Et rien.
07:21 Je ne commenterai pas.
07:23 Mais cette réalité, elle est là.
07:25 J'en ai parlé avec, pas le Préfet, mais le sous-préfet tout au moins,
07:29 et il se rend bien compte aussi, dans nos communes rurales,
07:33 toutes les difficultés qui sont là pour continuer à être optimiste.
07:39 Moi, je suis résolument optimiste.
07:42 Je citerai Alain… – Et nous terminerons là-dessus.
07:45 Citation d'Alain, allez-y.
07:47 – Alors, le pessimisme, c'est une humeur.
07:51 L'optimisme, c'est une responsabilité.
07:53 – Merci beaucoup Marc Archer.
07:55 On a bien entendu, voilà, l'inquiétude des élus locaux à travers votre voix.
08:00 Merci d'être venu nous exposer vos ressentis.
08:05 Et merci à vous de nous avoir suivis.
08:06 On se retrouve demain.
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