Pierre-Henri Bovis : «Un juge ne peut pas rendre justice par l’émotion. Il rend justice avec un code»

  • l’année dernière
Invité dans Midi News WE l’avocat Pierre-Henri Bovis a évoqué les des peines prononcées à l’encontre des 6 collégiens impliqués dans l’assassinat de Samuel Paty : «Un juge ne peut pas rendre justice par l’émotion. Il rend justice avec un code». 
Transcript
00:00 on attend trop souvent d'un procès qu'il répare une émotion.
00:03 Or, un procès est tout sauf de l'émotionnel.
00:05 Évidemment, un procès doit être froid.
00:07 Évidemment, il faut tenir compte de la souffrance des victimes.
00:10 Je parle là d'un cas général.
00:12 Mais un juge ne peut pas rendre justice par l'émotion.
00:15 Il rend justice avec un code, avec un code pénal et un code de procédure pénale.
00:19 Il y a des règles.
00:19 Et il y a des règles de droit qui doivent être appliquées.
00:22 Et là, dans ce cas très précis, dans ce tribunal pour mineurs, pour enfants,
00:28 il faut rappeler que c'est à huis clos.
00:29 Et le diable se cache dans les détails.
00:31 On ne connaît pas non plus tout le détail des dossiers.
00:34 Alors peut-être que d'ailleurs, mon confrère Spiner pourra peut-être en dire plus
00:38 pendant que le procès est passé et expliquer aussi peut-être
00:41 pourquoi ces peines-là ont été appliquées.
00:43 Mais je suis toujours perplexe des critiques, parfois,
00:49 pas des confrères, mais en tout cas des polémiques,
00:52 c'est peut-être un peu trop facile de jeter la pierre sur les magistrats
00:55 en disant "Voyez, la justice est laxiste, elle ne rend pas la justice, etc."
00:58 La justice, les juges font aussi avec des dossiers qui sont constitués,
01:01 avec des éléments de preuve qui sont apportés et jugent en connaissance de cause.
01:04 Et là, plus particulièrement, en sachant que personne n'a pu assister à ce procès,
01:08 je pense que c'est peut-être hasardeux de pouvoir tout de suite jeter la pierre
01:12 sur des magistrats qui n'ont pas appliqué les peines maximum.
01:15 Et j'en terminerai là-dessus.
01:17 Vous savez, lorsque des mineurs sont jugés,
01:20 et j'ai entendu avec beaucoup de gravité et d'émotion mon confrère Spiner le dire,
01:26 on aurait peut-être aimé que ces mineurs-là soient condamnés à la peine maximum,
01:29 c'est-à-dire la moitié de la peine à laquelle un majeur pourrait être condamné.
01:33 Mais vous savez que même dans ce cas-là, je pense qu'on aurait toujours trouvé
01:37 à redire, et c'est ce que vous avez dit justement, en disant
01:39 "Mais pourquoi à la fin, ils ont bénéficié de ces excuses de minorité ?"
01:42 En fait, on aurait toujours quelque chose à dire tellement les faits sont,
01:45 et je suis d'accord avec vous, graves, mais grave n'est pas le bon terme,
01:49 sont tellement heurtants, choquants, que de toute manière,
01:52 aucune sanction ne pourrait réparer la peine et l'émotion
01:56 que ce drame a suscité au sein de l'opinion publique.
01:59 [Musique]
02:03 [SILENCE]

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