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00:00 On revient donc sur l'enquête PISA ce matin.
00:02 Oui, cette grande enquête internationale sur le niveau des élèves et celui des élèves français enregistre une baisse inédite.
00:08 On en parle ce matin avec le recteur de l'Académie de Strasbourg. Bonjour Olivier Faron.
00:11 Bonjour.
00:12 Cette baisse assez nette du niveau en mathématiques et en français, est-ce qu'on l'observe aussi en Alsace ?
00:16 Alors, deux choses. C'est effectivement un résultat national, PISA, qui montre une baisse.
00:21 Mais tous les pays de l'OCDE baissent, mais il y a une baisse assez forte dans notre pays.
00:26 Les résultats, et je voudrais vraiment rassurer tous les parents et tous les grands-parents, les résultats sont bons pour notre Académie.
00:31 A contrario, puisqu'on a mesuré entre 2017 et 2023 les résultats en entrée en 6e et on progresse de 7% en mathématiques et en français.
00:40 Et on est l'Académie qui, pratiquement, on est 2e ou 3e parmi les académies.
00:44 Donc les résultats sont bons dans notre Académie, mais nous avons une préoccupation nationale.
00:48 On en parlait il y a un instant, il y a quand même une grosse différence entre les différents établissements.
00:53 Par exemple, entre le privé et les établissements prioritaires, parfois, une différence de résultats de plus de 10% ?
00:58 Oui, il y a une différence qu'on essaye effectivement de compenser.
01:03 Et c'est pour ça que sur PISA, il faut vraiment souligner un fait.
01:05 PISA mesure les résultats avant le dispositif de dédoublement des classes.
01:11 Il y a un effort sans précédent qui est fait pour l'éducation prioritaire.
01:15 On dédouble les classes, donc ça permet aux enseignants de mieux travailler, ça permet aux enfants de mieux réussir.
01:20 Et nous sommes convaincus que ce dédoublement va apporter de meilleurs résultats en éducation prioritaire.
01:26 Alors, d'autres mesures pour améliorer les résultats ont été annoncées hier par le ministre de l'Éducation nationale.
01:31 Parmi elles, il y a la question du redoublement.
01:33 Et on a, oui, de nombreuses réactions d'auditeurs.
01:37 Est-ce que c'est une bonne chose le redoublement ? Est-ce que c'est une mauvaise chose ?
01:40 On vous invite à témoigner. Tenez, on accueille Corinne qui est à Gaines-del-Bruge.
01:43 Bonjour Corinne.
01:44 Bonjour Corinne.
01:44 Bonjour.
01:45 Bienvenue à vous Corinne. Pour ou contre le redoublement, vous ?
01:48 Oui, alors justement ce que je voulais dire, moi je suis tout à fait pour le redoublement.
01:53 Bon, je l'ai vécu moi-même et vraiment ça m'a permis, en ce qui me concerne, de vraiment reprendre un bon départ.
02:01 D'accord.
02:01 Par contre, ce que je trouve que des fois, il pourrait être évité.
02:06 Parce que des fois, on a juste des difficultés dans une matière.
02:10 Et je trouve que si l'enseignement, l'enseignant épaulait un peu mieux les élèves en difficulté,
02:17 on pourrait des fois l'éviter.
02:18 Donc pour...
02:19 Oui. Par exemple, bon moi je sais que, maintenant j'ai 65 ans, mais quand j'étais au CMA,
02:26 j'avais des difficultés en calcul et je n'arrivais pas à comprendre les fractions qui étaient au programme.
02:34 Et en plus, à la période où c'était au programme, j'avais été hospitalisée,
02:39 donc j'ai jamais réussi à rattraper ce retard, donc j'ai refait une année.
02:43 D'accord. Mais Corinne, de ce que je comprends en tout cas,
02:45 vous nous dites que malgré tout, le redoublement, c'est une bonne chose et que ça permet de repartir du bon pied.
02:50 On vous remercie Corinne de votre témoignage.
02:52 On va rapidement écouter Véronique qui est à l'inverse et contre le redoublement.
02:55 Véronique, bonjour.
02:56 Oui, bonjour.
02:57 Bienvenue à vous.
02:58 Pourquoi vous êtes contre, vous ?
02:59 Alors, je suis pour et contre.
03:02 Pour parce que dans le sens où effectivement, lorsque les classes ne seront pas trop surchargées,
03:06 l'enseignant pourra peut-être faire un accompagnement de qualité.
03:10 Mais le problème, c'est qu'effectivement, les classes sont de plus en plus chargées.
03:14 Et les remplacements ne sont pas forcément assurés.
03:17 Donc forcément, les enseignants qui viennent en remplacement ne vont pas forcément suivre le programme, certes,
03:23 mais pas de la même façon.
03:25 Et nous avons, par exemple, pour être présidente de l'association des parents d'élèves d'un collège,
03:31 une prof absente de sciences physiques, qui est quand même une épreuve en Trois-Viennes,
03:36 et qui fait défaut depuis trois mois et qui n'est pas remplacée.
03:40 Je voudrais y revenir, Véronique, on va en parler, de cette question des profs non remplacés.
03:44 Merci beaucoup de nous avoir appelés ce matin, Olivier Farron, sur cette question du redoublement.
03:48 C'est vrai qu'il faut avoir les moyens de pouvoir faire redoubler les élèves.
03:51 Alors, il y a beaucoup d'éléments qui ont été donnés par vos deux auditrices.
03:55 D'abord, non, les classes ne sont pas surchargées, et il y a plutôt une baisse,
03:59 mais évidemment, elles tiennent compte des moyens.
04:02 La deuxième chose, c'est que les enseignants, et la première auditrice l'a bien dit,
04:07 vont travailler aussi par groupe de renforcement quand les élèves seront en difficulté.
04:11 Donc c'est vraiment aussi pour mieux accompagner,
04:14 et il y aura un dispositif de remédiation pour des élèves en difficulté.
04:17 Et puis après, en définitive, moi j'appelle tous les parents à aller plus loin dans le dialogue avec nos enseignants,
04:22 parce que, effectivement, l'enseignant prendra la décision, c'est lui qui tranchera.
04:26 En définitive, il aura une autorité sur la vie scolaire, et le ministre l'a rappelé,
04:31 mais aussi une autorité pédagogique, somme toute, c'est normal, c'est lui qui voit et qui connaît les enseignants.
04:35 Mais ce dialogue, cette coparentalité, c'est aussi l'occasion de dire qu'elle est importante,
04:40 et nos enseignants dialoguent avec les parents, et ils essayent de réfléchir au mieux pour l'avenir de nos jeunes.
04:46 Une autre nouveauté annoncée par le ministre hier, c'est cette nouvelle épreuve de maths au bac en première.
04:52 C'est vrai que la baisse de niveau est particulièrement marquée en mathématiques, comment on en est arrivé là ?
04:57 Alors, c'est un mouvement long, il y a une question en particulier pour les filles et les garçons,
05:04 parce qu'on voit que les filles ont des résultats en CP qui sont supérieurs aux garçons,
05:08 et puis après ça décroche, donc ça veut dire qu'il faut avoir vraiment un ensemble de dispositifs.
05:12 Probablement aussi, et le ministre l'a rappelé, nous devons importer des méthodes qui viennent de l'extérieur,
05:17 qui fonctionnent, comme celle de Singapour, changer notre approche pédagogique.
05:21 En Alsace, parce qu'on parlait tout à l'heure de l'Alsace, on a créé 18 labos de maths.
05:26 Les labos de maths, c'est pour que les jeunes et les enfants travaillent mieux sur la connaissance
05:31 et sur l'approche des mathématiques, en étant probablement plus dans le concret au départ,
05:35 pour aller vers les mathématiques plus théoriques.
05:37 - Et est-ce qu'on a assez de professeurs de maths en Alsace ?
05:39 - On a assez de professeurs de mathématiques en Alsace.
05:43 S'il n'y en avait pas assez, ça vous serait remonté, ça ne vous est pas remonté, donc il y en a assez.
05:47 - De manière générale, le recrutement des professeurs, ça pose problème.
05:49 On entendait Véronique il y a un instant.
05:51 On a par exemple le cas, qui nous a remonté pour le coup, dans ce collège de Lavant-Zenau,
05:55 où les élèves sont 100 professeurs de physique-chimie depuis la rentrée.
05:59 Les parents ont même passé une annonce sur le Boncoin pour trouver un prof de physique-chimie.
06:03 Je vous propose qu'on écoute cette maman d'élèves.
06:05 - Ça correspond à 7 classes.
06:07 On parle également de 2 classes de 3ème, c'est-à-dire qu'ils ont une échéance brevée,
06:12 avec un contrôle continu, qui n'existera pas, forcément.
06:15 Et on parle également d'élèves qui veulent prétendre à certains établissements sur dossier.
06:21 Il n'y aura pas de note en physique-chimie, il n'y aura pas de recommandation de professeur, il n'y aura rien.
06:26 Les français ont un mauvais niveau, mais la faute de qui ?
06:29 Ok, il y a eu les années Covid, mais il n'y a pas que ça.
06:32 Il y a un manque d'enseignants en face des élèves.
06:34 On parle d'heures de présence en face des élèves.
06:37 - Qu'est-ce que vous répondez à ça Olivier Farron ?
06:39 - Je comprends, je comprends l'irritation des parents.
06:43 Nous gérons 31 000 personnels en éducation nationale à l'Académie de Strasbourg.
06:47 L'information n'est probablement pas remontée assez tôt.
06:50 En tout cas, elle est désormais sur mon bureau.
06:53 La réponse sera apportée dans les jours qui viennent.
06:56 J'en prends évidemment l'engagement.
06:58 Mais il y a, voilà, c'est malheureusement...
07:01 Et je comprends encore une fois que les parents se...
07:03 Et qu'ils manifestent par ce dispositif, par cette initiative.
07:08 Donc on apportera la bonne réponse.
07:10 Nous essayons de faire au mieux.
07:12 Il y a très très peu de cas qui sont comme celui-là.
07:15 Je le regrette et la réponse sera apportée.
07:17 Et nous avons à travailler sur la chaîne d'information,
07:20 qu'elle soit encore plus rapide et plus efficace.
07:22 Donc voilà, nous trouverons la solution.
07:24 C'est-à-dire que les établissements vous fassent remonter plus tôt ?
07:27 99,9% sans ça, ça vous serait remonté.
07:31 C'est le cas.
07:32 Là, il y a un épisode fâcheux
07:35 que nous allons corriger dans les jours qui viennent.
07:37 Alors, les syndicats, sur ces annonces du ministre,
07:39 parlent d'annonces déconnectées de la réalité.
07:42 Eux, ils dénoncent des conditions de travail de plus en plus difficiles.
07:46 Alors ici, en Alsace, on a plusieurs exemples.
07:48 Il y a par exemple le collège Leclerc de Schiltingen
07:50 qui était en grève hier après un cambriolage et un incendie.
07:54 Il y a le collège Kleber de Strasbourg aussi
07:56 qui sera à nouveau en grève demain à cause de menaces de mort sur les enseignants.
07:59 Est-ce que ce n'est pas ça la priorité en ce moment ?
08:01 C'est la priorité.
08:02 Merci de me donner la parole sur ce sujet.
08:04 La sécurisation est la priorité.
08:06 Nous avons eu des épisodes dramatiques.
08:08 Évidemment, l'assassinat de notre collègue à Arras,
08:11 mais un épisode sur un principal en Normandie.
08:13 Donc depuis la rentrée, je l'ai dit très clairement,
08:15 et je travaille avec les deux exécutifs.
08:17 J'ai rencontré Franck Leroy,
08:19 comme j'ai rencontré Frédéric Biéret.
08:21 Tout ça, il y a trois ou quatre jours.
08:23 Et nous allons mettre le paquet,
08:25 parce que je rappelle que la sécurisation dépend aussi des collectivités territoriales
08:29 qui gèrent le bâti, la CEA des collèges et la région Grand Est des lycées.
08:34 Nous allons mettre le paquet, si vous me permettez l'expression,
08:37 sur la sécurisation.
08:38 À Leclerc, il faut qu'il y ait effectivement un plan de sécurité.
08:41 Je me suis rendu plus de deux heures à Kleber
08:44 pour discuter avec les équipes qui ont été...
08:46 Vous y serez demain ?
08:47 Pardon ?
08:48 Je vais y retourner.
08:50 Il y aura un conseil, je peux l'annoncer aujourd'hui,
08:52 un conseil d'administration exceptionnel
08:54 où j'apporterai un certain nombre de réponses
08:56 pour le collège Kleber.
08:57 À chaque fois, vous savez, moi je me déplace sur le terrain,
08:59 je rencontre les équipes et nous apportons des solutions.
09:02 C'est ça la manière dont je décline mon mandat de recteur.
09:06 À cette date, on en est encore au stade de consultation
09:09 pour savoir quelle mesure de plus prendre pour la sécurité des établissements
09:12 ou est-ce qu'il y a déjà du concret ?
09:14 Il y a deux choses.
09:15 La première chose, c'est qu'il faut qu'on ait vraiment un inventaire
09:18 le plus complet possible.
09:19 Il faut être très pragmatique.
09:20 Chaque établissement a ses réalités, ses points de faiblesse,
09:23 ses points de force fort heureusement aussi.
09:25 Et nous travaillons d'ores et déjà,
09:27 nous inscrivons des dispositifs anti-intrusion,
09:30 nous travaillons sur le renforcement de beaucoup d'établissements
09:34 et encore une fois, aussi bien Frédéric Biéric que Franck Leroy
09:37 en ont fait leur priorité dans le travail de dialogue
09:40 extrêmement important avec nous.
09:42 Donc nous allons répondre au cas par cas, en fonction des besoins
09:46 et c'est vraiment devenu une priorité.
09:48 Du côté de l'éducation nationale, il faudra mettre,
09:51 et c'est aussi pour ça que je me suis rendu longuement à Clébert,
09:54 mettre les moyens humains qui permettent d'assurer aussi la bonne sécurité
09:58 et la bonne vie scolaire parce que les deux sont interdépendants.
10:01 - Et c'est lié bien sûr au résultat ensuite.
10:04 - Après, une bonne vie scolaire,
10:06 j'ai mis le bien-être à la tête du projet d'académie,
10:08 c'est une condition de la réussite des jeunes.
10:10 Des jeunes ne peuvent pas apprendre s'il n'y a pas un climat serein
10:14 donc il faut effectivement le faciliter un peu dans tous les établissements de l'académie.
10:21 - Alors comment on donne envie aux jeunes enseignants,
10:24 enfin en tout cas aux candidats, dans ces conditions ?
10:26 La dette limite d'inscription au concours des enseignants c'est demain,
10:29 ça a été repoussé d'un mois parce qu'il n'y avait pas assez de candidats.
10:32 - Oui, il n'y a pas assez de candidats, mais c'est un mouvement très long.
10:35 Et oui, il y a eu un certain nombre de frémissements,
10:37 en particulier l'année dernière, et plus d'inscriptions.
10:39 Nous travaillons en ce sens.
10:41 Qu'est-ce qu'on va dire ?
10:42 On va dire simplement que 1) il faut revaloriser le métier,
10:45 et depuis les mesures qui ont été prises par le gouvernement,
10:49 c'est plus de 20% de rémunération,
10:51 aucun enseignant ne démarre à moins de 2100 euros alors qu'ils étaient à 1700,
10:55 donc c'est quand même très significatif,
10:57 c'est une démarche vertueuse qu'on va engager.
11:00 Et la deuxième chose, j'ai été enseignant toute ma vie,
11:03 c'est de convaincre les jeunes que c'est le plus beau métier du monde.
11:06 Donc je vais à l'université de Strasbourg, je vais à l'université de Haute Alsace,
11:10 et je rencontre les jeunes.
11:11 Oui, il faut prendre ce métier, peut-être pas pour toute la vie,
11:15 on travaille aussi sur cette idée-là,
11:17 peut-être qu'ils feront d'autres expériences professionnelles,
11:19 mais c'est une expérience fabuleuse.
11:20 Allez voir sur le site de l'Académie une très belle émission,
11:23 "Nos profs font du talent",
11:24 on raconte combien nos professeurs adorent ça,
11:27 ils s'y retrouvent, et ça donne du sens à leur vie,
11:30 pour des jeunes qui sont en quête de sens,
11:32 plus probablement que ma génération ou les autres générations.
11:35 Mais ça peut être difficile à entendre en ce moment,
11:37 avec les menaces de mort, les alertes à la bombe,
11:39 pratiquement toutes les semaines en Alsace.
11:41 Alors, il faut aussi, je comprends qu'on mette l'accent sur ces événements-là,
11:45 les alertes à la bombe sont concentrées dans un collège,
11:48 et on trouvera, et je peux vous jurer qu'on déposera plainte,
11:53 et on souhaitera les sanctions les plus dures
11:55 contre l'auteur de ces faits inadmissibles.
11:57 Donc c'est un collège, malheureusement,
12:00 il y a eu un fait à Kléber.
12:03 - Vous parlez des menaces de mort, les alertes à la bombe,
12:05 c'est dans plusieurs établissements.
12:06 - Je rappelle que, sans vous écraser avec les chiffres,
12:08 ce sont plus de 350 000 jeunes qui sont dans l'Académie de Strasbourg,
12:12 fort heureusement, tout se passe bien pour 99%.
12:15 Après, ces faits-là sont totalement inadmissibles,
12:19 il faut réagir, et nous réagissons, et nous prendrons tous les dispositifs.
12:22 - Eh bien merci beaucoup Olivier Farron,
12:24 recteur de l'Académie Strasbourg, d'avoir été notre invité ce matin, bonne journée.
12:27 - Merci beaucoup, très belle journée à vous deux.