Attaque au couteau à Paris : l'auteur "assume" et dit "avoir agi seul"
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00:00 14h19, on en vient à l'actualité en France.
00:03 Deux enquêtes sont ouvertes deux jours après l'attentat islamiste à Paris.
00:06 Elles seront menées par le parquet fédéral allemand puisque la victime est allemande
00:10 et le parquet national antiterroriste français.
00:12 À l'heure qu'il est, l'assaillant est toujours en garde à vue et on commence à en savoir plus.
00:16 Sur son profil, Wassim Nastre, vous nous avez rejoint.
00:18 L'assaillant a déjà été condamné pour terrorisme en 2018.
00:21 Ses troubles psychiatriques posent question, on va en parler dans un instant.
00:24 Mais d'abord, arrêtons-nous sur son profil.
00:26 C'est quelqu'un qui est dans la mouvance djihadiste depuis un certain moment,
00:32 depuis son plus jeune âge, quand il était adolescent.
00:35 Vous avez rappelé qu'il a été condamné en 2018, mais pour des faits qui ont été commis en 2016.
00:40 La préparation d'un attentat à la défense en banlieue parisienne,
00:45 ce qui lui a valu un jugement de 5 ans.
00:48 Il a passé 4 ans puis il est sorti.
00:50 Après, il était en contact avec au moins 2 personnes qui ont commis des attentats en France.
00:56 Donc à Magnonville et à Sainte-Etienne-du-Rouvray.
00:59 Donc 2 djihadistes de l'État islamique.
01:01 Puis il a eu des vérités de départ pour la Syrie dès 2016.
01:04 Donc ça aussi, c'est à prendre en considération.
01:06 Mais surtout, le fait qu'en 2016, il voulait aller en Syrie et qu'en 2016, il était condamné
01:11 parce qu'il voulait commettre un attentat en France.
01:14 Donc on voit, il y a une cohérence dans son parcours, dans ce registre-là.
01:18 Depuis un moment, il y en a même qui disent qu'il était en contact avec des gens de Foussaint-Lézard,
01:22 donc ce groupuscule depuis lequel pas mal de djihadistes sont sortis.
01:26 Alors là, il avait à peu près 15 ans.
01:28 Donc on voit qu'il y a un parcours qui est plutôt cohérent.
01:32 Il a laissé une vidéo de revendication.
01:36 Il dit qu'il est affilié au groupe État islamique.
01:39 On apprend d'autres choses dans cette vidéo ?
01:41 En fait, c'est une vidéo du minute 59 en arabe.
01:44 Donc un très bon arabe, alors qu'il n'est pas arabophone à la base.
01:47 Donc sa famille est plutôt d'origine iranienne, même s'il est né ici, à Neuilly-sur-Seine.
01:53 Donc aucun rapport avec son origine, le passage à l'acte, voilà.
01:56 Ceci dit, son arabe était très bon.
01:58 Et dans sa revendication, il cite toutes les zones d'activité de l'État islamique, une par une.
02:04 Et il voit l'allégeance à Abu Hafs, l'actuel calife de l'État islamique, en disant "on n'a pas oublié".
02:10 Donc le "on", le "nous", c'est les supporters de l'État islamique.
02:13 Toutes les guerres qui ont été menées dans ces zones-là, et que son acte se fait pour "défendre les musulmans".
02:20 Donc on est dans le registre, on va dire, le plus pur de l'État islamique.
02:26 C'est ce qui revient à chaque fois.
02:28 Voilà, c'est ce qui rappelle aussi, par exemple, le tueur d'Haras.
02:31 Il n'a pas de vidéo de revendication, mais on a trouvé sur lui, qui a été publié en tout cas,
02:35 mais on a trouvé sur lui des éléments qui le mettaient dans ce registre de l'État islamique.
02:40 Et c'est intéressant aussi parce que là, on a le premier récidive d'un mec qui a été condamné pour proximité avec l'État islamique, en France.
02:48 C'est la première fois en France, deuxième fois en Europe, parce que la première fois c'était à Vienne.
02:53 On était en novembre 2020, donc un mois après l'assassinat de Samuel Paty,
02:59 avec ce même tueur de Grenelle, il était aussi en contact avec son assassin, Hans Oroff,
03:04 mais en Autriche c'était pareil.
03:06 C'était quelqu'un qui voulait aller en Syrie, d'origine albanaise, qui n'a pas pu y aller,
03:11 qui a été incarcéré, passé dans la moulinette d'un programme de déradicalisation, entre guillemets,
03:16 et il a trompé son monde, puis il est sorti et il a commis une attaque contre une synagogue à Vienne,
03:21 et a tué des passants, mais lui pour le coup a été tué par les forces de l'ordre.
03:25 Donc c'est le premier récidive en France, deuxième en Europe, avec des profils de sortants qui commettent des actes au nom de l'État islamique.
03:31 Sauf que cet assaillant-là avait des troubles psychiatriques, et Gérald Darmanin a mis en avant ce matin un ratage dans le suivi. Faille ou pas ?
03:39 En tout cas le suivi psychiatrique a été entamé pendant son incarcération, pas avant.
03:46 Avant il n'était pas diagnostiqué comme ayant des problèmes psychiatriques.
03:50 Quand on sait les conditions d'incarcération pour les gens accusés de terrorisme, ça nécessite un suivi psychiatrique.
03:56 Il y a beaucoup d'isolement, il y a beaucoup de questionnements, il y a un programme de déradicalisation, tel qu'on dit,
04:03 même si jadis ce n'est pas une maladie, mais soit. Et tout ça, c'est un suivi psychiatrique en fait.
04:08 Et son suivi psychiatrique devait rouler jusqu'au printemps 2023, et puis après ça a été décidé qu'en fait non, il n'y avait plus besoin d'avoir un suivi psychiatrique.
04:17 Donc c'est important, mais ce n'est pas l'alpha et l'oméga d'un passage à l'acte.
04:22 Parce que bon, il y a des causes politiques aussi, ce qu'il revendique lui-même, être un djihadiste de l'État islamique, et ça c'est important.
04:29 Mais il disait qu'il n'était plus radicalisé, donc il a trompé son monde.
04:33 Exactement. Donc comme le tueur de Vienne, il y a trois ans exactement, en novembre 2020.
04:39 Donc ils ont su déjouer le système, et ça fait partie aussi des faiblesses du système, de trop psychologiser la chose.
04:49 Donc en oubliant, encore une fois, ce n'est pas une maladie, ce sont des actes politiques.
04:54 Et après, au sein du passage à l'acte politique violent, qu'il soit djihadiste ou pas, est-ce qu'il y a une part de psychiatrie ?
05:00 Oui, peut-être, mais ce n'est pas l'alpha et l'oméga du passage à l'acte.
05:04 Donc dans 20% des détenus, en tout cas aujourd'hui, il y a des cas diagnostiqués.
05:08 Mais ce ne sont pas tous des malades mentaux.
05:10 Et d'ailleurs, encore une fois, comme on disait au début, son parcours est cohérent.
05:14 Son parcours est cohérent et son passage à l'acte est cohérent.
05:19 Même dans sa vidéo, par exemple, un détail important, il ne mentionne pas Gaza ou la Palestine.
05:24 Dans une vidéo qu'il a partagée sur ses réseaux sociaux, il dénonce le Hamas.
05:29 Il dénonce le Hamas pour sa proximité avec l'Iran et parce que l'État islamique dénonce le Hamas.
05:34 Donc il y a une grande cohérence, même dans sa compréhension de l'idéologie de l'État islamique.
05:38 Donc même si, comme Gérald Darmanin l'a dit, que dans l'échange avec le policier, il a été question de la Palestine,
05:44 mais dans le cadre dessiné par l'État islamique où c'est la défense des musulmans et la Palestine est un théâtre de guerre comme un autre.
05:53 Il en reste quelques secondes, peut-être une ou deux minutes, peut-être pour parler de ces détenus radicalisés qui vont bientôt sortir.
06:01 Puisque la vague terroriste en France, c'était quoi, il y a maintenant presque une dizaine d'années ?
06:07 Voilà.
06:08 Il se pose la question quand même de leur suivi ?
06:10 La question se pose, évidemment, mais encore une fois, comme on l'a dit, premier récidive en France, deuxième en Europe.
06:17 Donc on n'a pas assez de recul pour savoir.
06:19 Il faut nuancer, oui.
06:20 Il faut nuancer et ça se calcule par le taux de récidive, comme le crime normal, ça se calcule par le taux de récidive.
06:26 Pour le moment, on n'a pas un taux qui permet de dire qu'on est sur une tendance.
06:31 Encore une fois, première fois en France, deuxième fois en Europe.
06:34 Est-ce qu'après il y aura des cas de récidive ?
06:36 Mais est-ce que ça serait une tendance ? Est-ce que ça serait la majorité ?
06:39 Là, on n'a pas encore les réponses, ni le recul pour le savoir.
06:42 Merci infiniment.