Damien Thévenot et Maya Lauqué reçoivent la chanteuse Marie-Paule Belle, elle va fêter ses 50 ans de carrière sur la scène du Théâtre de Passy du 4 au 14 janvier 2024 et sort également un nouvel album intitulé "Un soir entre mille".
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00:00 Je ne suis pas parisienne, ça me gêne, ça me gêne...
00:03 La question évidemment qu'on a envie de poser à notre invité ce matin,
00:07 l'est-elle enfin devenue parisienne ?
00:09 On va lui demander.
00:10 Bonjour Marie-Paul Belle.
00:11 Bonjour Samuel.
00:12 Bienvenue sur notre plateau ce dimanche matin.
00:15 Alors vous êtes parisienne ou vous n'êtes toujours pas parisienne vous ?
00:18 Je ne suis pas parisienne, je suis d'origine corse par ma mère,
00:23 mais j'habite à Paris, enfin à Neuilly exactement,
00:27 et je ne pourrais pas habiter ailleurs maintenant, je suis plus que parisienne.
00:32 Bon, Marie-Paul, une belle actualité, dans quelques semaines,
00:34 vous allez fêter vos 50 ans de carrière sur la scène du théâtre de Passy,
00:39 c'est un événement pour tous vos fans, ils sont nombreux,
00:41 ce sera du 4 au 14 janvier,
00:44 et ça devait arriver avant le confinement,
00:47 il y a eu le confinement donc enfin, j'ai envie de dire enfin,
00:50 des retrouvailles avec le public.
00:51 Oui, j'ai espéré tellement longtemps,
00:55 et puis le public est tellement gentil parce que
00:57 ça fait la troisième fois que l'on reporte,
01:00 donc là c'est la bonne.
01:02 Là c'est la bonne, c'est ça.
01:03 Du 4 au 14 janvier, vous allez évidemment chanter des chansons de votre nouvel album,
01:07 on en parlera dans quelques instants,
01:09 mais vous êtes obligés de chanter vos standards,
01:12 sinon ce sera les meutes dans la salle.
01:14 J'ai retrouvé deux pépites, deux archives, regardez les succès de Marie-Paul.
01:18 Quand on danse à Mérigny le pont, sous les lampions,
01:21 les champions, quand on s'amuse à la ville Saint-Jean,
01:24 on vient de tout département.
01:26 Quand on danse à la Motte-en-Bevron, pour les beuveries, on est légion.
01:30 Quand on danse à la chapelle Catus, y'a la queue pour prendre le bus.
01:34 On peut dire sans douarette, Chauvin, qu'on s'amuse dans les petites patelanes.
01:37 On peut dire sans douarette, Chauvin, qu'on s'amuse dans les petites patelanes.
01:41 Je ne suis pas parisienne, ça me gêne, ça me gêne,
01:45 je ne suis pas dans le vent, c'est navrant, c'est navrant.
01:48 Aucune bizarrerie, ça m'ennuie, ça m'ennuie,
01:51 pas la moindre affectation, je ne suis pas dans le ton,
01:54 je ne suis pas végétarienne, ça me gêne, ça me gêne,
01:56 je ne suis pas karaté, car ça me met dans l'embarras.
01:59 Je ne suis pas cinéphile, c'est débile, c'est débile,
02:02 je ne suis pas MLF, je sens qu'on m'en fait griller, m'en fait griller.
02:07 -Marie-Paul, la question entre le doigté, la vitesse des mains sur le clavier
02:11 et la voix, la vitesse à laquelle vous chantez les paroles,
02:14 qu'est-ce qui est le plus difficile pour la parisienne, par exemple ?
02:16 -Avec le temps, tout vient ensemble, même au début, quand j'ai créé la musique.
02:23 Je ne peux plus maintenant séparer mon jeu de piano de ma voix.
02:32 C'est-à-dire que, par exemple, si vous me demandez les paroles de telle chanson,
02:37 je suis obligée de faire comme ça, tellement c'est des réflexes.
02:42 -Elle était très avant-gardiste, cette chanson, la parisienne, très moderne.
02:46 -Elle était complètement avant-gardiste, parce qu'on parlait de sexe avec Me Too,
02:51 on en parle beaucoup, on parlait de l'occasion de Vélib,
02:55 on parlait de psychanalyse, on parlait d'écologie.
02:59 "Je vais tondre mes moutons, elles s'enfuient de Paris".
03:03 Vraiment, c'était très visionnaire.
03:05 -Et est-ce que vous pressentiez le raz-de-marée que ça allait être ?
03:09 -Pas du tout, parce que je tombais en pleine période du disco.
03:13 -On est dans les années 70, Marie-Paul.
03:15 -Oui, c'est ça. La chanson est sortie en 76,
03:19 mais il y avait Gloria Gaynor tout le temps.
03:23 Moi, j'arrive là en sautillant sur un piano,
03:27 enfin, plutôt devant le piano,
03:30 avec une musique à la manière d'Offenbach, donc tout à fait classique.
03:37 En fait, c'était parce que ça faisait un peu diversion,
03:41 je pense, dans le paysage audiovisuel à ce moment-là.
03:45 -Et vous êtes entrée dans le cœur des Français, et vous n'en êtes pas sortie.
03:48 Il y a deux Marie-Paul.
03:49 Il y a la Marie-Paul des petits pâtelins, qu'on a entendues,
03:51 avec cet esprit Offenbach ou de la parisienne,
03:53 et puis il y a une Marie-Paul aussi plus intimiste.
03:55 Vous avez ces deux facettes.
03:57 C'est vous, vous êtes les deux Marie-Paul ?
03:59 -Je suis les deux, mais plus souvent nostalgique et plus souvent inquiète.
04:06 -Mélancolique ?
04:07 -Mélancolique, oui.
04:09 Je doute de plus en plus, plus j'avance en âge, plus je doute de moi,
04:14 plus j'ai peur de décevoir le public fidèle qui me suit depuis très longtemps.
04:19 Je veux être en même temps moi-même et en même temps une autre.
04:23 -Vous êtes très cérébrale.
04:25 -Un petit peu trop, peut-être, oui.
04:27 Mais c'est vrai que dans la vie, je ne suis pas très comme ça,
04:34 pleine de vie joyeuse, sautillante.
04:36 Non, pas du tout.
04:38 Sauf quand j'ai peut-être bu un ou deux verres de rosé, quoi.
04:43 -Avec modération, bien sûr.
04:44 -Avec modération, bien sûr.
04:46 Mais c'est vrai que là, il paraît que je suis très drôle.
04:50 Mais je ne dépasse jamais les limites parce que j'ai horreur de ne pas...
04:54 -De sortir des clous.
04:55 -Oui.
04:55 -Mais non, il ne faut pas...
04:56 Vous savez ce qu'Henri Salvador disait ?
04:58 Il disait, vous savez, il ne faut pas avoir le trac parce que dans la salle,
05:01 les gens payent, ils viennent vous voir, donc c'est que de l'amour.
05:04 -Oui, je sais, on me dit tout le temps ça, mais on ne le commande pas.
05:09 Ce qui est bien quand même, c'est qu'avec 50 ans de carrière,
05:14 quand même 50 ans de métier, on a peur avant,
05:17 on a peur après quand on débrief, mais dès qu'on fait "Ah !"
05:20 Je veux dire, alors là, je veux dire...
05:22 -On est porté par le public.
05:23 -Il faut une ou deux chansons pour se mettre en place.
05:26 Et oui, on est complètement...
05:28 Moi, je veux dire, c'est une résurrection, le public.
05:31 Quand je suis fatiguée, quand j'ai mal quelque part,
05:33 comme tous les artistes, on n'a plus mal, on devient...
05:37 -Robert Lamoureux, le comédien, m'avait dit,
05:38 la scène, c'est la piqûre du soir.
05:40 J'ai trouvé cette métaphore merveilleuse,
05:42 c'est de l'endorphine naturelle.
05:44 -Absolument.
05:45 Et on trouve des idées qu'on ne trouverait pas dans la vie.
05:48 On a un comportement qui n'est pas celui qu'on a dans la vie.
05:52 En même temps, on est complètement nous-mêmes.
05:54 -Parlons de ce nouvel album magnifique.
05:55 12 ans s'étaient écoulés depuis le précédent.
05:57 "Marie-Paul", ça s'appelle "Un soir entre mille".
05:59 Donc, vous allez chanter quelques-unes des chansons
06:01 de cet album dans votre spectacle.
06:03 J'ai mes préférées, j'ai le droit de vous en faire part.
06:05 -Oui, au contraire.
06:06 -Alors, j'adore "Pays natal", j'adore cette chanson.
06:08 -Il n'y avait rien à regretter là-bas
06:13 Alors je suis partie loin de chez moi
06:17 -Pau, paroles de Françoise Malégerie,
06:19 scénique, évidemment, de Marie-Paul Belle.
06:21 Autre chanson que j'adore, ça s'appelle "Décalage".
06:24 On parle de décalage amoureux.
06:25 -Ah, d'accord.
06:26 Je m'attarde aux détails d'un voyage
06:30 Quand tu en es à boucler les bagages
06:34 Tu t'imposes, je dis aux anges
06:37 -Vous, la musique aussi, Marie-Paul.
06:39 -Oui, je fais toutes les musiques.
06:41 -Et, la nouveauté, vous faites aussi certaines paroles
06:44 sur cet album.
06:45 -Oui, beaucoup plus que d'habitude.
06:46 -Voyez que vous vous lâchez, c'est bien.
06:48 Regardez donc, vous...
06:49 -Il serait temps.
06:50 -Avec toi, je riais souvent.
06:52 Paroles et musique, Marie-Paul, écoutez.
06:55 -Je m'adresse sans rien déranger
06:58 Comme si je ne devais pas souffrir
07:03 -C'est très beau, c'est tout en douceur,
07:04 c'est du piano-voix comme on aime.
07:06 C'est le nouvel album de Marie-Paul Bell,
07:08 ça s'appelle "Un soir entre mille".