Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 30 octobre 2024 : la chanteuse et pianiste Marie-Paule Belle, à l’occasion de ses 50 ans de carrière.
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MusiqueTranscription
00:00En 1988, Jean-Claude Brialy vous avait convaincu de monter sur scène pour jouer « Si jamais
00:07je te pince » de Jeanne Labiche avant d'interpréter plus tard en 2006 les monologues du Vagin
00:11avec Micheline Dax et Sarah Girodo.
00:13Mais votre principale passion reste la musique, une passion qui vous anime depuis vos 9 ans
00:17avec comme complice Michel Grisoglia.
00:19Ensemble, vous composiez, vous montiez des spectacles pour vos parents et grands-parents
00:24autour du piano familial.
00:25C'est la disparition de votre mère qui vous a poussé à vivre votre rêve, celui
00:29de chanter.
00:30En 1973, vous receviez le prix de l'Académie Charles-Lecraux pour votre album « Volgang
00:34et moi » avant d'entamer une tournée avec Serge Lama qui vous a appris le métier.
00:38De marginale, vous êtes passée populaire, tantôt marrante avec La Parisienne, tantôt
00:42émouvante avec Quand nous serons amis.
00:44Entre votre première scène en tout cas et vos récentes montées sur scène avec un concert
00:51le 2 novembre au Folies-Bergère, 50 ans se sont écoulés.
00:54Tout est raconté d'ailleurs dans votre dernier album « Un soir entre mille ».
00:57Vous chantez, vous courez après le temps et votre piano ne chante plus comme avant.
01:04Pourtant, ce qui n'a pas changé, c'est votre amour pour la musique, j'ai l'impression.
01:08Oui, je suis presque née avec, puisque j'ai commencé le piano à trois ans et demi.
01:13C'est maman qui m'avait appris, qui m'avait donné les premières leçons.
01:19Et pour moi, une maison où il n'y a pas de piano, c'est une maison morte parce que
01:25même si je ne m'en sers pas, j'ai besoin qu'il soit là.
01:27Cette mère, elle a été au cœur de cet amour de la musique, Marie-Paul Belle.
01:33Comment elle vous a transmis ce flambeau familial ?
01:37Déjà, elle jouait très, très bien du piano.
01:40Donc, je l'admirais dès qu'elle se mettait au piano, j'écoutais.
01:43Et après, quand je répétais ou que je jouais moi-même, elle était dans la cuisine qui
01:52était séparée d'un couloir de la chambre où j'avais mon piano et de la cuisine.
01:57Elle criait non, non, pas comme si quelquefois elle quittait la cuisine pour venir dans ma
02:05chambre.
02:06Et elle me montrait, elle me disait, regarde comme ça, donc c'est vraiment un accompagnement
02:11permanent.
02:12Ce qui est rigolo, c'est que votre père était médecin et que normalement, la tradition
02:17familiale était qu'on devient médecin de père en fille ou en fils de fils et ainsi
02:21de suite.
02:23Et que ça traversait les générations comme ça.
02:24Et un beau jour, vous vous êtes dit non, non, moi, je ne sais pas ça que je veux faire.
02:28C'est surtout une patiente de votre père qui a entendu votre voix, qui a réussi à
02:32le convaincre que vous veniez chanter lors de la fête des mères.
02:36C'est vrai, je ne me souvenais pas que j'avais raconté ça, mais ça me fait drôle que
02:40vous parliez de ça.
02:41Parce que c'est la vérité.
02:42Oui, oui.
02:43Et moi, je n'y pensais pas vraiment, mais à partir de ce moment-là, je me suis dit
02:47c'est possible.
02:48Donc, et à plus forte raison, après, quand j'ai gagné un concours de chant télévisé,
02:53mais quand vous aviez 18 ans, c'était magique, quoi.
02:58En fait, je pense, quand on prend du recul et qu'on voit comme ça son chemin, je pense
03:05qu'il n'y a pas de hasard.
03:06J'en ai fait une chanson.
03:08Il n'y a jamais de hasard.
03:09Et je pense que quelque part, on suit ce qui est écrit.
03:14Quand vous avez voulu sortir cet album, les maisons de disques ne vous ont pas ouvert
03:18les portes du tout.
03:19Bien au contraire, elles vous ont refermé les portes.
03:21Vous avez décidé de le produire toute seule et vous êtes à cœur ouvert à l'intérieur
03:26de cet album.
03:27Il représente quoi pour vous cet album, alors, pour marquer ses 50 ans de carrière ?
03:30C'est le plus personnel parce que c'est l'album où j'ai peut-être le plus écrit
03:35de textes.
03:36Je me livre beaucoup plus que dans les autres.
03:40Oui, quelquefois, à chaque fois, et surtout là, on a beaucoup plus d'appréhension
03:51parce qu'on se livre beaucoup plus intimement.
03:53Donc, j'avais assez peur.
03:55C'est très, très autobiographique.
03:58C'est ma rencontre avec Françoise Mallet-Joris, qui a été ma compagne et l'amour de ma
04:03vie.
04:04Je me suis livrée complètement.
04:10C'est dur de lâcher prise ? Vous qui avez toujours eu une armure, qui vous êtes toujours
04:14protégée ?
04:15Oui, c'est très dur.
04:16Pour moi, c'est très dur parce que même quand j'étais petite, je cachais mes émotions.
04:22J'ai toujours fait le clown, même quand à l'intérieur, ça n'allait pas.
04:25Je faisais rire les copines.
04:28Je me suis toujours sauvée par le rire.
04:32Donc, quand je me livre et que je suis transparente, pour moi, c'est plus difficile.
04:39C'est quoi le bonheur selon vous, Marie-Paul Belle ?
04:42On se pose la question en écoutant cet album.
04:44L'absence de malheur.
04:46Je ne pense pas que le bonheur existe comme ça en continu.
04:52La vie joue au yo-yo et donc, les moments de joie et de bonheur prennent beaucoup plus
05:01d'importance quand on remonte la pente et quand la route tourne.
05:07Ma mère me disait toujours, et j'y pense toujours, quand tu es en haut de la roue,
05:11comme elle tourne toujours, n'oublie pas que tu vas redescendre en bas et quand tu
05:15es en bas, tu ne peux pas être plus en bas.
05:17Donc, tu vas remonter toujours.
05:19Il y a un compagnon de route qui vous a jamais quitté et qui ne vous quittera jamais.
05:24C'est le piano.
05:25Ah bah oui.
05:26Là, c'est Pianovoix.
05:27On est vraiment dans un écran avec un côté épuré, nécessaire de simplicité aussi,
05:36comme si vous vouliez conserver quelque chose d'assez pur.
05:39Il y a effectivement toujours ce clin d'œil et cet hommage à Barbara que vous admirez
05:43beaucoup, que vous avez eu l'occasion de rencontrer.
05:45C'est important, ça aussi, pour vous, de vous recentrer sur l'essentiel.
05:50Oui, absolument.
05:51Et puis, j'ai toujours vécu avec le piano.
05:54J'ai commencé le piano à trois ans et demi, donc c'est ma respiration.
05:59Le piano était dans ma chambre, pas dans une autre pièce.
06:04Je veux dire, je vis avec le piano.
06:09C'est un compagnon.
06:10Et d'ailleurs, quand j'arrive dans une maison et qu'il y a un piano, je ne peux
06:14pas faire autrement que de le toucher pour voir comment il parle, comment il répond.
06:18C'est comme une personne.
06:19J'en avais parlé avec Barbara au téléphone une fois.
06:24Je n'avais pas d'inspiration et j'avais du mal à trouver quelque chose qui m'intéresse.
06:30Je lui ai dit, oh là là, le piano ne me parle pas.
06:33Et elle m'avait dit, mais si tu boudes, attends qu'il ait fini de bouder.
06:37Il va te reparler comme une personne.