Circo - Enfants à la rue : le cri d'alarme de la députée Marie-Charlotte Garin

  • l’année dernière
En France, 2822 enfants dorment dehors faute de logement. Pour pallier ces situations dramatiques, la députée écologiste Marie-Charlotte Garin milite pour que l'Etat augmente les places d'hébergement d'urgence. Les équipes de LCP ont suivi la députée dans sa circonscription de Lyon où elle est venue passer la nuit dans une école qui accueille chaque soir de la semaine une famille de sans abri.
Un reportage de Maïté Frémont, Vincent Ferreira et Ilana Azencot.

C'est une partie essentielle du travail parlementaire qui est de nouveau mise en lumière à travers ce reportage où les journalistes de la rédaction suivent un député dans sa circonscription pour expliquer son travail sur le terrain. C'est aussi un voyage sur un territoire, avec ses enjeux locaux, et une rencontre avec ses habitants. Suivez votre député sur LCP !

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Transcription
00:00 On vient d'apprendre qu'il y avait une famille qui était remise à la rue,
00:04 qui avait une solution jusqu'à samedi et qui repart à la rue samedi dans la journée.
00:09 D'accord.
00:10 Qui était hébergée chez des particuliers, etc.
00:13 Et qui n'a pas de solution pour samedi.
00:15 Ah.
00:16 Avec trois enfants, oui.
00:18 Donc on va chercher une solution.
00:21 On a une cagnotte, etc. pour les héberger le week-end.
00:23 Mais c'est vrai que ça part très vite, les hôtels à Lyon.
00:26 Voilà.
00:27 En fait, on aimerait bien ne pas arriver au point où il faudrait qu'il y ait un mort
00:30 dans la rue pour que l'État se bouge pour débloquer des places.
00:33 Et là, vous faites du mieux que vous pouvez pour mettre à l'abri les enfants.
00:38 Mais c'est pas tenable sur le long terme.
00:40 On bricole avec des bouts de ficelle.
00:41 J'essaye d'avoir la banderole en entier.
00:46 Bonjour, je suis Marie-Charlotte Garin, je suis députée écologiste de Lyon.
00:50 Aujourd'hui, on est devant une école de ma circonscription parce que dans cette école
00:53 dorment des enfants qui dorment à la rue en temps normal.
00:56 On se réunit pour alerter le gouvernement sur le fait qu'on a besoin de plus de places
00:59 d'hébergement d'urgence pour qu'on n'ait plus 2822 enfants qui dorment dehors dans
01:03 notre pays.
01:04 Merci.
01:05 Un oeuf s'il vous plaît.
01:06 Merci.
01:07 C'est lequel ton gâteau que t'as fait ?
01:08 Moi, c'était celui-là, on a pris deux parts.
01:09 Je crois que tu vois, je vais goûter ton gâteau s'il en reste.
01:15 Cela devient une habitude pour Marie-Charlotte Garin quand la députée arrive dans sa circonscription,
01:22 direction l'école où des goûters solidaires s'organisent.
01:26 Il y a plein de parents mobilisés, il y a des non-parents qui sont là ce soir.
01:30 Les parents d'élèves ont appris que trois enfants de l'école dormaient dans la rue.
01:36 Alors, une solidarité s'installe pour les aider.
01:39 Si par exemple, on est en galère ce week-end, on sait qu'on a ce matelas, cette respiration
01:44 pour pouvoir les loger à l'hôtel ce week-end.
01:47 Mais ce ne sera pas tous les week-ends de l'année, ça ne suffira jamais.
01:50 Ce soir-là, 360 euros auront été récoltés.
01:54 Une cagnotte utile car le numéro du SAMU social est saturé par les demandes.
02:00 Mes familles, elles te le disent aussi, elles appellent tous les jours les familles.
02:03 Le 115, elles l'appellent tous les jours.
02:05 Là, les chiffres sont assez catastrophiques sur le 115, le taux de réponse.
02:10 En fait, ce n'est pas le taux de réponse, c'est le taux de solution trouvé.
02:13 Sur 1 600, 1 700 appels, je crois la semaine du 2 au 8 octobre,
02:18 on a 1 200 qui sont sans solution.
02:21 Et en fait, c'est le cas tous les jours.
02:23 Et nous, à côté de ça, en tant que parlementaires, on se sent hyper impuissants.
02:26 Parce qu'on se dit, ça craque de tous les côtés, il y a tout le monde qui est à bout.
02:30 Que ce soit vous, en fait, aussi, parents d'élèves qui occupez et qui bouleversez vos vies de famille
02:35 pour faire marcher la solidarité locale, que ce soit la ville qui essaye
02:38 mais qui n'a pas non plus toutes les compétences pour le faire,
02:41 ou les travailleurs sociaux, il y a tout le monde qui craque
02:43 et il n'y a pas de moyens qui sont mis sur la table.
02:44 Pour désengorger le 115, le gouvernement annonce la création de 500 postes supplémentaires au SAMU social.
02:53 À Lyon, 330 enfants passent leur journée à l'école et leur mie dans la rue.
02:58 Des enfants en grande majorité étrangers, le plus souvent en situation irrégulière.
03:05 En France, même s'il n'a pas de papiers, un mineur a le droit d'être scolarisé.
03:11 Il faut savoir que la question de la crise de l'hébergement d'urgence aujourd'hui,
03:14 c'est le résultat de deux crises parallèles qui sont dans le pays.
03:17 D'un côté, une crise de l'accueil, c'est-à-dire qu'on n'accueille pas correctement les gens dans notre pays,
03:21 et de l'autre, une crise du logement tout court.
03:24 Et donc là, on se retrouve à pallier à l'urgence.
03:27 C'est les enfants qui dorment à la rue, quand on dit qu'il faut créer des places d'hébergement d'urgence,
03:30 on a bien conscience qu'on ne vient pas résoudre ni la crise de l'accueil ni la crise du logement.
03:33 Mais en attendant, c'est ce qu'il faut faire.
03:35 La députée a invité la presse locale pour faire témoigner à Nan, une maman de l'école,
03:42 qui, il y a encore quelques mois, dormait dans la rue.
03:46 Cette Algérienne a fui son pays avec son fils, aujourd'hui en classe de CE2.
03:54 Comment tu t'es sentie quand tu as dormi dans la rue ?
03:59 Difficile.
04:02 Difficile, mais un peu froid, on ne peut pas manger, on ne peut pas faire poupée, on ne peut pas faire caca.
04:10 On ne peut pas faire les devoirs.
04:18 Je dormais dans la rue, il y a quelques mois, et après je dormais dans l'école de mon fils,
04:29 deux mois, presque deux mois, et quand je dormais dans la rue, j'ai peur, moi et mon fils, parce que c'est difficile.
04:40 Depuis la rentrée, Anan et Nordin logent dans un hébergement d'urgence.
04:44 Ils peuvent y rester jusqu'à septembre prochain.
04:48 Dans le gymnase de l'école où Anan et Nordin ont également dormi, une autre famille a trouvé refuge.
04:57 Chaque soir, grâce à la mairie, ces trois enfants de 9 ans, 6 ans et 6 mois s'installent dans un confort sommaire.
05:05 Marie-Charlotte Garin a décidé de dormir avec eux.
05:09 Il y a mon pyjama, ma trousse de toilette et ma gourde, donc le milieu.
05:15 La députée est venue avec son sac à dos et s'est occupée du dîner.
05:21 À table, elle fait connaissance avec la famille.
05:25 Tu mets un peu de riz ?
05:27 Tu as une belle assiette, là.
05:34 Vous travaillez, du coup, Mohamed ?
05:36 Vous faites quoi ?
05:41 Je fais le nettoyage, la plonge.
05:46 Là, on vient pour voir ce que vous vivez au quotidien, parce qu'il n'y a pas de bon hébergement dehors, il n'y a pas de logement dehors.
06:01 Moi, c'est une nuit et il y a des gens pour qui c'est plusieurs semaines.
06:05 Vous, ça fait depuis combien, on a dit ?
06:08 Cinq semaines.
06:10 Marie-Charlotte Garin milite pour une augmentation des places d'hébergement d'urgence.
06:16 Dans le projet de loi de finances, la députée avait déposé deux amendements transpartisans, soutenus par la gauche, le centre et la majorité,
06:25 pour la création de 10 000 places supplémentaires.
06:29 D'abord adoptées en commission, ils n'ont pourtant pas pu être débattues pour cause de 49.3.
06:35 Tout le chemin classique du travail parlementaire, moi, je l'ai déjà fait.
06:39 J'ai même gagné, en théorie, parce que les amendements, ils ont même été votés.
06:44 Mais comme on est dans une démocratie défaillante, il y a eu un coup de 43.3 et il n'y a pas eu.
06:48 Mais les interpellations aux milices, je les ai faites, les communiqués de presse, je les ai faites,
06:51 les communications à d'autres goûters solidaires depuis un an que je suis élue, je les ai faites.
06:55 Et on se dit, même quand on essaye tout et même quand on gagne, finalement, ça ne suffit pas.
07:00 On va aller se coucher.
07:16 L'hébergement d'urgence est un dispositif coûteux.
07:19 6 millions d'euros sont déboursés par l'Etat chaque jour.
07:23 Face aux besoins, le gouvernement est passé de 120 000 places en 2017 à 200 000 aujourd'hui.
07:29 Et pourtant, cela reste insuffisant.
07:32 À l'aube, nous retrouvons Marie-Charlotte Garin et les enfants.
07:38 Je n'ai pas eu froid, c'était confortable.
07:41 Mais j'ai beaucoup gégé, donc j'ai eu du mal à m'endormir.
07:45 Et en fait, quand j'étais sur place, j'ai eu beaucoup de réfléchir à toutes les conséquences que ça a sur une vie de dormir ici.
07:55 Et ça a nourri encore plus la colère et l'envie d'aller se battre.
07:59 Ça fait bien dormir ?
08:02 Ça va.
08:03 Ça va ?
08:04 C'est bon, bien.
08:06 Aux côtés de la députée, Juliette, maman et membre du collectif Jamais Sans Toi.
08:13 Elle aussi aura dormi ici, une condition exigée par la mairie pour pouvoir occuper l'école.
08:20 Dans quelques minutes, toute trace du passage de la famille aura disparu.
08:27 Et vous, la journée, vous faites quoi du coup ?
08:31 Chaque jour, il y a un parent d'élève qui m'a accepté dans sa maison, pour faire cuisiner, douche, et rentrer.
08:42 Cette famille peut compter sur la solidarité des citoyens et des associations locales.
08:47 En neuf ans, le collectif de Juliette a mis à l'abri 634 enfants.
08:52 Direction la permanence parlementaire, Marie-Charlotte Garin et la bénévole font un tour d'horizon des prochaines actions.
09:07 Ce qu'on fait là, on ne le fait vraiment pas de gaieté de cœur, il n'y a pas d'autre option, et personne d'autre ne tend la main.
09:14 Les autorités se renvoient la balle, tant que personne ne réagit, on est obligé de faire comme ça.
09:20 Et puisque nécessité ne fait ici pas loi, l'année dernière, 900 nuits solidaires ont été offertes.
09:27 70 000 euros ont été mis sur la table.
09:31 En fait, les parlementaires, on est comme une flèche, et l'arc qui nous propulse, c'est la société civile.
09:37 Donc c'est les associations, c'est la mobilisation citoyenne, et en gros, on peut porter tout ce qu'on veut.
09:42 Si on n'a pas justement ce soutien de la société civile et des citoyens qui sont engagés,
09:49 pour faire monter les sujets médiatiquement, pour les mettre à l'ordre du jour, pour rappeler leur importance,
09:53 en fait la flèche, elle tombe.
09:55 Alors qu'avec cet arc suffisamment puissant, là, on a une chance d'atteindre notre cible.
10:00 Une cible loin d'être atteinte, même si le gouvernement a décidé de sauver un amendement
10:06 du groupe écologiste dans le projet de loi de finances.
10:10 6 millions d'euros supplémentaires, l'équivalent de 600 places d'hébergement d'urgence sur la France entière.
10:18 Un combat qui se mène dans les lignes budgétaires, mais aussi sur le terrain, avec comme principe le système D.
10:26 Jamais Sans Toit s'est battu pour ouvrir un nouveau lieu d'hébergement d'urgence dans cet Ehpad laissé vacant.
10:32 Grâce à la mairie, il accueille depuis septembre ses premiers occupants.
10:37 - Qu'est-ce qui dort ici ? - Moi ici, ma fille là-bas et mon enfant ici.
10:43 - Ils ont quel âge, vos enfants ? - Mon enfant, il est autiste, il a 10 ans.
10:48 Et la fille, elle a 8 ans.
10:50 - Et là, on est dans une ancienne chambre d'Ehpad ? - Exactement.
10:53 - Ça sent encore un tout petit peu la naphtaline. - Ah c'est vrai ?
10:57 - C'est les petites odeurs qu'il y a dans les Ehpad, c'est le goût.
11:00 Cette mère est partie du Maroc pour une meilleure prise en charge de son enfant autiste.
11:05 Elle a dormi chez des familles d'accueil, dans des gymnases, a connu la rue.
11:11 Aujourd'hui, elle peut souffler.
11:13 - Notre rôle, finalement, aujourd'hui, nous, parlementaires, mais aussi les citoyens engagés, les collectifs, les assos,
11:20 c'est de pouvoir porter votre voix, parce qu'en fait, vous, vous êtes trop occupés à survivre, juste.
11:25 À penser où est-ce qu'on va dormir demain, comment je vais nourrir mes enfants, comment je les mets à l'école.
11:30 Et vous n'avez pas le temps de vous battre pour défendre vos propres droits.
11:34 Du coup, c'est à nous de le faire.
11:35 C'est notre responsabilité de défendre le droit des personnes qui sont dans la rue et de leur dire,
11:38 mais en fait, ce n'est pas possible, on ne peut pas vivre dans un pays avec autant de richesses que le nôtre aujourd'hui
11:43 et accepter qu'il y ait des gens qui dorment dehors.
11:46 - On est bien soulagés, à l'aise, pas de changement tout le temps.
11:50 - Puisque là, vous êtes là depuis septembre, c'est ça ?
11:53 - Oui, septembre, oui.
11:55 - C'est propre, c'est en sécurité.
12:00 - Exactement.
12:01 - C'est ouf.
12:02 - Oui, bien sûr.
12:03 Un répit de courte durée, puisque dans moins d'un an, elle devra quitter les lieux.
12:07 En attendant, sans ressources, cette ancienne comptable cherche un travail.
12:12 - Ici, pour être comptable, être comptable, c'est difficile.
12:19 Sans papiers, c'est trop, trop difficile.
12:22 On cherche partout, même le ménage.
12:26 - Même ça, vous n'y arrivez pas ?
12:28 - Non.
12:29 - Vous avez envie de pouvoir gagner votre vie ?
12:31 - Oui, bien sûr.
12:32 - Travailler, avoir une activité, vous loger ?
12:35 - Même les enfants, ils demandent quelque chose.
12:37 - Oui, ils ont envie de rentrer.
12:39 - Oui, oui.
12:40 - C'est dur.
12:41 - C'est dur.
12:42 - C'est dur.
12:43 - Comme elle, 35 personnes, dont 21 enfants, passeront l'hiver dans cet hébergement d'urgence.
12:51 Lyon, comme d'autres grandes métropoles, a décidé d'attaquer l'Etat pour carence
12:57 dans la prise en charge des personnes à la rue.
13:01 Dans son combat, Marie-Charlotte Garin n'est pas seule.
13:05 A l'Assemblée, une vingtaine de parlementaires réfléchit ensemble à de nouvelles formes
13:11 de mobilisation pour faire remonter la cause dans les priorités du gouvernement.
13:15 ...
13:31 ♪ ♪ ♪

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