Au bonheur des livres - La nostalgie, camarade ?

  • l’année dernière
Cette semaine, « Au bonheur des livres » réunit deux personnalités qui reviennent avec brio sur leur passé…
Dan Frank, l’auteur-scénariste multi-plébiscité de « La séparation » (Prix Renaudot), raconte ainsi dans « L’arrestation » (Ed. Grasset) un épisode de sa vie sur lequel il était toujours resté discret : au début des années 1980, pour avoir un peu trop naïvement frayé avec le groupe Action directe, il a été arrêté par la police et condamné à plusieurs mois de prison.
Cette expérience longtemps dissimulée l’a littéralement traumatisé, en conditionnant d’une certaine façon sa vie entière, comme il l’explique à Guillaume Durand, qui accueille également un très grand témoin des cinquante dernières années, Jean-Marie Périer.

Le photographe star de « Salut les copains » et de tout ce que la hype comptait de personnalités dans les années 1960-70, tient dans « Mes nuits blanches » (Ed. Calmann-Lévy) la chronique douce-amère de ses souvenirs, en livrant entre deux anecdotes une très belle réflexion sur le temps qui passe et la valeur des amitiés.
Rendez-vous à ne pas manquer avec deux artistes remarquables, à la sensibilité à la fois souriante et écorchée !
Année de Production : 2023
Transcript
00:00 (Générique)
00:18 Quel bonheur de vous retrouver donc pour "Au bonheur des livres",
00:21 c'est le cas de le dire et Jean-Marie Perrier, mais "Nuit Blanche" publiée aux éditions Calman-Lévis.
00:26 Au milieu, vous avez mes insupportables notes que voici.
00:29 Et nous sommes avec Dan Franck aussi qui publie un livre tout à fait étonnant qui s'appelle "L'arrestation",
00:34 là les notes sont encore pires, qui est publié aux éditions Grasset.
00:38 J'espère que vous allez faire connaissance, j'espère que vous allez être heureux.
00:42 Et Dan, je vous offre ce petit chef-d'œuvre de Jean-Marie Perrier.
00:45 Alors vous savez que Jean-Marie, Dan...
00:47 – Je vais commencer à lire maintenant.
00:48 – Attendez, attendez, Jean-Marie, vous savez qu'on le caricature comme le photographe de SLC,
00:52 l'homme qui a fait les photos de toutes les stars de la planète dans les années 60.
00:56 C'est vrai, mais sa vie, ça a été bien l'autre chose.
00:58 Il a fait de la publicité, il a fait du cinéma.
01:01 Et je voudrais vous expliquer la raison pour laquelle nous avons réuni,
01:05 car c'est le concept de "Bonheur des livres", Dan Franck et Jean-Marie Perrier.
01:11 A priori, quand vous voyez Jean-Marie, vous vous dites que c'est le bonheur,
01:14 la Jet-Set des années 60, etc.
01:17 Mais en même temps, il faut le dire, aujourd'hui, c'est devenu la mythologie mondiale.
01:21 Il suffit de voir l'impact qu'a le dernier disque des Rolling Stones,
01:24 même s'il n'est pas fantastique.
01:26 Dan, on a l'impression que c'est quelqu'un d'à peu près la même génération,
01:29 qui publie "L'Arrestation" chez Grasset.
01:31 Je me dis que c'est amusant de les confondre, parce que Dan n'écoutait que de la musique classique.
01:35 Et il a fait de la taule, pardonnez-moi l'expression,
01:38 pour avoir abrité, sans le savoir, des gens d'Action Direct.
01:42 Donc, deux personnes, pratiquement de la même génération,
01:45 en tout cas pour les jeunes, qui ont deux destins différents.
01:48 Je raconte un mot de Dan, parce que c'est quand même incroyable.
01:52 C'est le fait que vous soyez, évidemment, tombé sur "Dénonciation".
01:57 La dénonciation, c'est la voici, c'est page 60.
02:00 "La flingueuse de l'avenue Trudène est Frédérique, pseudo Blond Blond,
02:04 juif-corps, terroriste dadé d'Action Direct.
02:07 Unité Marcel Reymann, et occasionnellement du FLNC."
02:11 Elle avait un Beretta 765, détail non paru dans la presse.
02:14 Elle a habité chez Dan Frank, bang, balancé,
02:17 l'écrivain qu'elle connaissait déjà au lycée de Rouen.
02:20 Et chez la maîtresse de Dan Frank, qui habite 19 rue du Temple, etc.
02:24 Je rappelle que vous avez écrit, depuis l'âge,
02:27 c'est votre métier depuis l'âge de 20 ans,
02:29 vous avez publié une quinzaine de romans.
02:32 – Oui, de tout.
02:33 – Plus "Avec Vautrin", plus les livres que vous avez écrits avec N.K.Bilal.
02:39 Donc, ce sont ces deux mondes que nous allons confronter.
02:42 Premier monde, le vôtre, Jean-Marie.
02:46 Le texte que vous avez écrit sur Sagan, car il y a des photos,
02:50 mais ce n'est pas le Jean-Marie Perrier photographe qui est là.
02:54 "Je le trouve sublime, nous y sommes.
02:57 Et puis un jour, c'est pratiquement vous aujourd'hui.
02:59 Et puis un jour, on se regarde dans la glace, vous êtes avec Sagan imaginaire.
03:03 Et voilà qu'on est vieux, et c'est alors qu'on se retrouve
03:06 dans un appartement en face de François Sagan, et qu'on ne sait pas quoi dire.
03:09 On aimerait être plus cultivé, avoir tout lu, alors on se tait.
03:12 Et puis on comprend qu'on a vécu dans le même siècle,
03:14 en se croisant, sans se connaître vraiment.
03:17 Et qu'elle aussi a un parcours, et qu'elle se demande peut-être
03:20 ce qu'elle fait là, assise, devant cet ancien ami photographe
03:23 qui est venu au monde sans le vouloir.
03:25 La dame a des silences qui en disent long."
03:27 C'est magnifique.
03:28 - Ça, c'est très particulier, parce que c'est un livre de chronique.
03:32 Donc, il y a tout ce que j'ai fait de mieux depuis 5 ans.
03:35 C'est un best-of, comme on dit en français.
03:37 Donc, tous les matins, c'est...
03:42 Je fais ce que je pense que les mots me devraient faire.
03:45 C'est comme si je tenais un journal.
03:47 Je dis tout ce qui me passe par la tête.
03:49 Ça peut être des photos de moi ou de quelqu'un d'autre,
03:52 d'ailleurs, ça m'est égal.
03:53 Mais c'est les photos qui provoquent un souvenir.
03:56 Parce que moi, je n'ai aucune mémoire.
03:58 Tout le monde me dit "T'as une mémoire folle".
04:00 Si y a pas de photos, moi, j'ai tout oublié.
04:02 Donc, c'est très intéressant, parce que si j'avais fait ça,
04:08 si j'avais fait ce que le ministre de l'Education devrait faire aujourd'hui,
04:13 c'est-à-dire obliger les mots à tenir un journal,
04:16 le soir, une page, ce qu'ils ont pensé, ce qu'ils ont vu,
04:19 ça changerait tout, ça serait extraordinaire.
04:21 - Mais c'est quand même un exercice...
04:23 Mais Jean-Marie, c'est quand même un exercice de relativisme
04:26 que vous faites, parce que "Les Stones", "Les Beatles",
04:29 "Le Yeye", "Les Voyages", "Los Angeles"...
04:32 Alors, il y a un moment qui...
04:34 Je fais un peu le parallèle, cette fois-ci, avec Donk Dan.
04:38 À un moment, il veut aller à la Sorbonne pour rencontrer Cohn-Bendit.
04:41 C'est vraiment le seul gauchiste qu'il a envie d'aller voir
04:44 et pour prendre des photos.
04:45 Il arrive, Cohn-Bendit n'est pas là. Que fait-il ?
04:48 Il prend la Ferrari qu'il avait garée à 400 mètres de la Sorbonne,
04:51 et il va rejoindre Brigitte Bardot et une amie avec Gérard Brach,
04:55 le scénariste de Polanski à Rome.
04:57 Et donc, le 68 de Jean-Marie Perrier, c'est le rêve à Rome.
05:02 -C'est un rêve absolu. -Oui.
05:04 -On arrive à cet hôtel qui s'appelait l'hôtel des touristes.
05:07 Non, l'hôtel... -C'est un objet ou aucune importance.
05:10 -Non, mais c'était l'hôtel des Français à Rome.
05:13 Comme par hasard... -L'hôtel de la ville.
05:15 -L'hôtel de la ville. -Vous voyez.
05:17 -Comme par hasard, pendant mai 68, l'hôtel était bourré de mecs
05:20 qui avaient décidé tout à coup de partir en vacances.
05:23 Il y avait pas de place, et donc, avec Gérard Brach,
05:26 il me dit "Où est-ce qu'on va dormir ?"
05:28 J'écoute, j'en sais rien, mais je sais que Bricheton
05:31 est pas très loin. -Bricheton.
05:33 -Oui. Je la connais depuis toujours.
05:35 Elle a une maison qu'elle loue, elle attend un film,
05:38 je l'appelle, elle dit "Venez, venez".
05:41 Elle était dans une somptueuse maison,
05:44 et elle nous a fait des dîners pieds nus sur le carreau
05:48 pendant 8 jours. -Pendant que Dan et moi
05:50 balancions des pavés. -C'était pas exactement
05:53 la même histoire. -C'est le négatif.
05:56 -Jean-Marie, les textes sont nombreux,
05:59 les photos sont extraordinaires, pour celles qui sont les vôtres
06:03 et pour celles qui ne sont pas les vôtres.
06:06 On va prendre quelques exemples. -D'accord.
06:09 -La chose que vous racontez aujourd'hui,
06:11 qui nous ramène au monde contemporain,
06:13 c'est qu'aujourd'hui, interviewer Dan Franck,
06:16 Guillaume Durand, Marion Cotillard, etc.,
06:19 c'est insupportable, parce qu'il y a des attachés de presse,
06:22 des assistants, des coloristes, etc.
06:25 -Il y a Internet et la peur.
06:27 -Ils sont tous là en train de vous conseiller.
06:30 Là, ils vous racontent une histoire avec les Beatles,
06:33 qui est magnifique. Tous les photographes volent les Beatles.
06:36 On est au début des années 60. Vous avez l'idée.
06:39 Vous vous mettez sur un fond noir, vous allumez une cigarette.
06:43 -Oui. C'est-à-dire que, comme je venais de les rencontrer...
06:46 -Donc, une petite lumière rouge. -Je parlais très mal l'anglais.
06:49 Je voulais qu'ils se souviennent de moi,
06:51 car j'aimais beaucoup leur musique, même si je les connaissais pas.
06:54 J'ai rencontré le chef de la musique, Brian Epstein, leur manager.
06:57 On a fait 2-3 photos avec la porte rouge.
06:59 Ensuite, je me suis dit qu'il fallait trouver un moyen.
07:02 J'ai pris un studio, je les ai alignés.
07:05 Je leur ai donné à chacun un briquet et une cigarette.
07:08 J'ai dit à l'assistant Tétain, "dans le noir, allumez vos cigarettes."
07:12 Mais le problème, c'est qu'à l'époque,
07:14 les photos, on les voyait 3 jours plus tard.
07:17 Je savais pas du tout... -Donc, la trouille.
07:20 -Terrible. Je me disais que si j'ai raté mon coup, c'est fini.
07:23 Je me disais que j'avais perdu. Et coup de bol, ça avait marché.
07:26 -Il y a des choses aussi qui concernent les Stones.
07:29 -Ah oui, j'en ai beaucoup.
07:31 -Evidemment, Jagger arrivant et s'installant tranquillement
07:34 dans une espèce de gigantesque glace en carton,
07:37 ça lui pose aucun problème.
07:39 Pas d'attaché de presse, pas de conseil.
07:41 Charmant avec vous.
07:43 Participant à des tournées, vous y allez.
07:46 Et il y a l'histoire de "Cock, Sock, & Glue",
07:48 ce film de Robert Frank,
07:50 qui est un film maudit dans l'histoire du rock'n'roll,
07:54 parce que, visiblement, ça ressemblait à une gigantesque fête.
07:58 -Oui, j'étais dans cette tournée, je me souviens très bien.
08:01 -Vous allez nous faire des révélations.
08:03 Tout le monde cherche à savoir ce qu'il y a dans ce film.
08:06 -Si, on peut le voir parfois sur Internet.
08:09 C'est Mick qui l'a interdit après, je crois.
08:11 Il avait raison, c'était absolument n'importe quoi.
08:14 Encore que c'était la tournée de 72,
08:17 et c'est la première qui était vraiment organisée.
08:20 Parce qu'avant, c'est Altamonte et le reste, c'était le bordel.
08:23 Mais, évidemment, il faut se mettre à la place de ces types.
08:26 Ils ont un Boeing dans l'intérieur,
08:28 ils peuvent faire absolument ce qu'ils veulent.
08:30 -Pourquoi dites-vous que la scène des Amants de Louis Mal
08:33 avec Jeanne Moreau est la plus belle scène
08:35 qui puisse évoquer non seulement le cinéma ?
08:37 Et je sais que votre père, François Perrier,
08:40 a été un très grand acteur avec "Belle ville",
08:42 avec des dizaines d'autres metteurs en scène.
08:44 Pourquoi cette scène, pour vous, est quelque chose
08:46 comme le sommet du sommet du sommet ?
08:48 -Dans "Les Amants", il y a la première évocation
08:52 de l'amour, en fait, il y a la première évocation
08:57 de la jouissance... -Féminine.
08:59 -Avec juste un plan sur une main qui accroche le drap.
09:05 Mais il faut savoir, pour moi, qui étais vierge,
09:08 comme le canal sous la Manche, c'était un truc terrible.
09:11 J'ai été fasciné, ça m'a beaucoup appris, d'ailleurs.
09:14 Parce qu'on se souvient, ils sont l'un sur l'autre
09:18 dans le lit, et le type descend et disparaît de l'écran.
09:21 Donc on est censé comprendre.
09:23 Et là, on voit la main de Jeanne, qui fait ça,
09:26 et qui accroche les draps.
09:29 Ça, c'est du cinéma.
09:31 -Dites-moi, comment se fait-il, Jean-Marie,
09:34 qu'étant un photographe à succès, bande de Philippe Hacquy,
09:37 car vous le dites, on ne peut pas être un grand photographe
09:40 et pas avec un grand éditeur de presse, des grands journaux,
09:43 pourquoi, tout d'un coup, vous décidez d'arrêter,
09:46 puis de passer au cinéma, de faire de la publicité ?
09:49 -Parce que c'est toujours pareil. -Tout était ouvert.
09:52 -Non, mais c'est-à-dire que...
09:54 La vérité, c'est qu'au départ, j'étais musicien,
09:57 c'était ça, ma vie.
09:59 C'était de faire de la musique, de composer, d'écrire.
10:02 Sur une histoire sur laquelle on ne reviendra pas,
10:05 j'apprends que j'ai un géniteur qui est musicien,
10:08 je le vois sur scène, il est fort bien.
10:10 -On peut le dire, tout le monde le sait.
10:12 -Je ne dis jamais plus son nom,
10:14 parce qu'il s'est conduit tellement mal.
10:16 -C'est Salvador. -Je vois ce type-là,
10:18 qui avait un talent fou, et c'est tout ce que je rêvais de faire.
10:21 J'ai réalisé ce soir que mon père,
10:23 François Perri, m'avait adopté quand je suis né,
10:26 donc je l'ai adopté à 16 ans. J'ai fermé mon piano
10:29 et plus jamais je voulais ressembler à ce type.
10:32 Et là, la chance est incroyable,
10:34 c'est que mon père, me voyant complètement désarroi,
10:37 parce qu'on n'en parlait pas, tout ça est caché, dans les années 50,
10:41 il me dit "Tu fous rien en classe",
10:43 j'avais déjà redoublé, il me dit "Je vais t'emmener à Rome
10:46 "parce que je vais tourner un film avec Fellini".
10:49 -Et une nuit, il n'y avait rien.
10:51 -A Rome, dans ce tournage incroyable,
10:53 et mon père était là, très inquiet pour moi,
10:56 et il disait à tout le monde "Qu'est-ce que je vais faire de ce grand con ?"
11:00 Et il y a un journaliste très gentil,
11:02 il s'appelait Benno Graziani, qui lui a dit...
11:05 Quand on ne sait pas quoi faire de son fils, on le met à Paris Match.
11:09 Pourquoi Paris Match ? Parce qu'à l'époque,
11:11 les photographes, c'était les dieux.
11:13 -Ou les Rizzo, toute cette bande.
11:15 -Il se tapait des princesses, il roulait en Ferrari, il faisait la guerre.
11:19 Il m'a dit "Tu vas être photographe ?"
11:21 Moi, il m'aurait dit "Plombier", j'étais d'accord.
11:24 Ma vie s'est arrêtée en 56.
11:26 J'ai changé de vie tous les 10 ans de métier de femme de tout.
11:30 Parce que quand Françoise Hardy,
11:33 avec qui j'avais vécu et qui est mon amie pour toujours,
11:36 un jour, elle m'a dit "J'ai rencontré quelqu'un,
11:39 "donc je veux le rencontrer.
11:41 "Je ne peux pas ne pas aimer la personne qu'elle aime."
11:44 Donc, elle me présente Dutronc, et là, je tombe à genoux.
11:47 J'ai vu un type qui était tellement différent des autres.
11:50 -Vous racontez une scène absolument inouïe,
11:53 où vous vous promenez avec Dutronc à Ceylan
11:55 et vous tombez sur Brian Jones, qui est en lotus,
11:58 au bord d'une plage, le guitariste défunt des Rolling Stones.
12:01 Le livre est formidable.
12:03 Il est formidable pour les photos, pour les textes,
12:06 pour les souvenirs.
12:08 Il est formidable parce qu'il y a une photo de Robert Evans,
12:11 le grand producteur du Paris et de Chinatown,
12:14 où Jean-Marie, qui est infrisée et qui n'a pas de mèche,
12:17 en vit tous les types de la terre qui ont des mèches
12:20 et qui peuvent séduire les filles.
12:22 Nous allons revenir, car nous aurons une dernière partie
12:25 où nous nous retrouvons ensemble avec Jean-Marie,
12:28 qui est une photo, un texte, mais qui est d'abord un album de texte
12:31 de Jean-Marie Perrier, très réussi, aux éditions Calman-Levy.
12:34 Je le disais, Dan, il vous est arrivé une histoire absolument incroyable.
12:37 -C'est pas le même monde. -C'est pas le même monde,
12:40 mais après tout, c'est la même époque.
12:43 C'est ça qui est passionnant. -C'est un peu après.
12:46 -C'est un peu la même époque, parce que "Street Fighting Mind"
12:49 des Rolling Stones, c'est quand même pas une chanson
12:52 qui est complètement dégagée.
12:54 Bob Dylan, c'est pas non plus une musique qui est totalement dégagée.
12:57 Les autres, le français, Trost, c'était quand même des gauchistes.
13:00 Enfin, donc vous ne cachez pas que vous êtes sympathisant gauchiste,
13:04 mais un beau jour, chez vous, débarquent les flics.
13:08 Débarquent les flics, et pas n'importe quels flics,
13:12 une bande de flics qui vous demandent et qui vous posent des questions.
13:16 Et j'en cite une, par exemple, qui, évidemment,
13:19 à bout de bons points, vous surprend.
13:23 "Rouillant" vous a proposé 6 000 euros par mois
13:27 pour louer un studio que vous aviez, donc, du côté du quartier latin.
13:31 Et vous répondez "je refuse".
13:33 Est-ce que vous saviez qu'ils allaient débarquer chez vous, et pourquoi ?
13:37 -Ah non, pas du tout. En fait...
13:39 -Rouillant étant le leader d'Action Directe.
13:42 -Oui, mais à l'époque, il n'était pas recherché.
13:45 Je l'ai vu deux fois. -Oui, bien sûr.
13:47 -Il n'était pas recherché. Il se cachait un peu,
13:50 mais il n'est pas... Il lui arrive le même sort qu'à Goldman,
13:53 donc il soit assassiné. Mais bref, c'était Action Directe
13:56 avant les meurtres, avant... -Avant Audran, avant Bess.
13:59 -Avant tout ça, quoi. Et moi, j'étais pas sympathisant.
14:02 Je les ai rencontrés parce que j'avais un de mes amis
14:05 qui avait les clés de mon studio, et un jour, j'arrive,
14:08 il y a des flics partout dans Paris, je sais pas ce qui se passe,
14:12 on est en mai 83, et j'arrive chez moi, je les trouve là,
14:15 ils écoutent des scanners, ils savent pas ce qui s'est passé.
14:18 -Ils soulèvent les machines à écrire,
14:20 il y en a deux, une ancienne, une moderne.
14:23 -Non, ça, je parle de... Avant l'arrestation,
14:25 la raison de l'arrestation. Donc, en fait, j'arrive chez moi,
14:28 mais il y a les gens d'Action Directe qui sont là,
14:30 qui écoutent les scanners, qui savent pas ce qui s'est passé,
14:33 que je vire, et peu après, arrive une personne paniquée,
14:37 qui me dit "ils sont venus chez moi".
14:40 Bon, il y avait eu une fusillade avec deux ou trois flics au tapis,
14:44 un assassinat à l'Avenue Truden.
14:47 Et puis, peu de temps après, moi, je vire la fille aussi,
14:50 et les flics, la brigade criminelle reçoit cette lettre anonyme
14:53 que vous avez lue tout à l'heure.
14:55 Et donc, ils commencent à enquêter sur moi.
14:57 Donc, pendant des mois et des mois, ils enquêtent,
15:00 c'est-à-dire, ils refont ma jeunesse, je suis sur écoute,
15:03 je suis filé, et puis un beau matin, ils débarquent chez moi.
15:06 Et je les attendais évidemment pas,
15:08 je comprends pas exactement ce qui se passe,
15:11 et puis l'enfer commence, quoi.
15:13 -Alors, l'enfer, ça aboutira à 40 jours de prison,
15:16 ça aboutira à un procès,
15:18 ça aboutira à Wikipédia,
15:20 où vous avez beau avoir écrit 40 romans
15:23 et être totalement innocent dans cette histoire,
15:26 on continue à raconter ça sur Wikipédia
15:28 comme si vous étiez une des âmes damnées,
15:30 ce qui n'est évidemment pas le cas d'Action Directe.
15:34 Le livre raconte donc l'enquête du début,
15:37 raconte ce qui s'est passé, c'est-à-dire le procès,
15:40 le développement de ce qu'eut fut cette période.
15:43 Et là où il est aussi inouï, c'est qu'un beau jour,
15:46 alors là, c'est le Dan Frank notable,
15:49 la porte, enfin, plutôt la sonnerie authentique chez vous,
15:54 et vous voyez arriver un des flics
15:57 qui est venu vous interroger au tout début de l'affaire.
16:00 -C'est-à-dire que moi, j'ai écrit ce livre en permanence.
16:03 Quand je suis arrivé à la santé, j'ai commencé à écrire,
16:06 je n'ai fait que ça, et j'y reviens depuis...
16:09 tout le temps.
16:10 -Plusieurs versions, dites-vous.
16:12 -J'ai fait plein de versions, plein de pages,
16:14 je savais pas comment l'écrire, et à un moment donné,
16:17 je me suis dit, je vais essayer de faire l'enquête policière.
16:20 Donc j'ai essayé, j'ai retrouvé des documents, etc.,
16:22 ce que les flics savaient sur moi, les rapports d'enquête,
16:25 ils ont été dans des inspections d'académie diverses,
16:27 dans les lycées que j'avais fréquentés,
16:29 ils ont cherché mes petites copines,
16:31 parce qu'ils pensaient que la fille qui avait débarqué chez moi
16:33 était l'une d'entre elles, enfin, bref,
16:35 ils savaient beaucoup, beaucoup de choses,
16:37 et je me suis dit, je vais construire le livre comme ça.
16:39 Et donc j'ai cherché pendant des années et des années,
16:41 le flic qui m'avait arrêté, que j'appelle le bordelais dans le livre,
16:44 et qui, à un moment donné, débarque chez moi,
16:47 c'est-à-dire qu'on se parle, il vient chez moi,
16:49 et je l'interroge, j'enregistre, il y a deux heures d'entretien,
16:52 c'est moi qui, pour le coup, l'interroge,
16:54 et là, on a un rapport absolument incroyable,
16:56 que je raconte aussi...
16:58 -Parce que c'est là qu'il vous raconte que vous avez été balancé depuis le début.
17:01 -Il me dit que j'ai été balancé, il me dit, en fait...
17:04 Ils savaient tout, j'ai menti depuis le début,
17:06 parce que je voulais pas, cette pauvre fille,
17:08 elle était larguée, j'ai essayé de la protéger,
17:11 je la connaissais pas, mais bon...
17:13 Et un jour, il vient chez moi, et c'est symbolique,
17:15 parce que toutes les...
17:17 Enfin, dans les enquêtes, c'était comme ça,
17:19 il arrive chez moi, on s'est vus deux, trois fois,
17:21 il cherche cette fille, et il arrive avec elle, la photo,
17:23 et il me dit "est-ce que c'est elle ?"
17:25 Et moi, je dis "non, c'est pas elle."
17:27 Et il téléphone au quai des Orphènes,
17:29 "non, non, il dit que c'est pas elle."
17:31 Et en fait, quand je le revois 40 ans plus tard,
17:34 il me dit "mais..." Je lui dis "mais j'ai menti."
17:37 Il me dit "moi aussi, parce qu'on l'avait arrêtée le matin."
17:39 Donc on savait très bien qui c'était.
17:41 Et on savait que vous saviez qui c'était.
17:43 Et tout est comme ça. Et les interrogatoires
17:45 que je raconte comme ça, c'est des parties
17:47 d'échecs qui sont terriblement compliquées,
17:49 parce que moi, je suis là-dedans, je comprends rien,
17:51 je suis pas un militant, je suis pas un voyou,
17:54 je suis pas un assassin, donc je suis complètement...
17:56 Et donc c'est très difficile de jouer
17:58 avec les interrogatoires, de jouer...
18:00 On sait pas ce qu'ils savent, ils en savent beaucoup,
18:02 c'est six mois d'enquête, six mois de filature,
18:04 six mois d'écoute téléphonique,
18:06 et en fait, on essaie de tenir,
18:08 on tient pas, on ment, et on ment mal.
18:10 – Regardez cette jolie phrase, Jean-Marie et Dan,
18:12 "J'étais comme la souris coincée dans un angle
18:14 par quatre chats", ça c'est les enquêteurs du début,
18:16 qui s'apprêtaient à me lacérer.
18:19 – Mais ils m'ont lacéré !
18:21 – Oui. Mais alors, l'extraordinaire, c'est que...
18:26 On peut pas tout raconter, mais l'extraordinaire,
18:29 à la fin, c'est que vous expliquez que
18:32 ceux qui ont su sur vous, tout su,
18:35 il y a eu deux choses, c'est que, un, c'était pas une enquête terroriste,
18:38 mais c'était une enquête de la Brigade Criminelle,
18:40 donc à chaque fois que vous mentiez, vous disiez la vérité,
18:42 ils le savaient avant vous, donc vous vous enfermez dans un truc
18:46 que vous ne maîtrisez pas,
18:48 et la deuxième chose, c'est quand même,
18:50 on est quand même dans la grande période Goldman,
18:52 c'est-à-dire la période où une partie de la classe intellectuelle en France,
18:56 vous, comme beaucoup de gens, ont de la sympathie pour Goldman,
18:59 l'écrivain, malgré son attitude,
19:02 on le sait, il y a eu encore un film aujourd'hui,
19:06 Brugger, qui est le juge qui mène tout ça,
19:09 ce qu'il veut, c'est couper le lien qui existe
19:12 entre les activistes révolutionnaires et la classe intellectuelle,
19:16 et ils disent "on va se servir de Dan Frank",
19:18 c'est-à-dire qu'on va taper sur Frank,
19:20 parce que Frank est un intellectuel, connu au milieu de ce monde-là,
19:23 et donc, en lui faisant les emmerdements, ça va refroidir les autres,
19:26 c'est ça l'idée, non ?
19:27 – Il y avait ça, il y avait aussi le fait que le juge Brugger,
19:30 il l'incarcérait beaucoup et souvent,
19:32 moi depuis j'ai des copains de juge que je vois de temps en temps,
19:35 donc ils connaissent l'histoire, et je leur dis "est-ce que vous m'auriez arrêté ?"
19:39 – Non mais c'est vous qui l'écrivez, moi je ne l'ai pas inventé quand vous dites ça.
19:42 – Non, non, bien sûr, c'est absolument vrai.
19:44 – Voilà, regardez, le seul moyen qu'avait Brugger de faire peur au milieu intellectuel,
19:47 c'était de t'arrêter, dit le flic qui vient vous voir.
19:50 – Oui, non mais c'est sûr, je m'explique ça 40 ans après,
19:52 mais j'avais un peu compris le truc, mais à part ça, il y avait quand même,
19:55 il avait une manie, Brugger, il arrêtait les gens,
19:58 on parlait de lui, enfin il y avait un peu tout ça, et surtout le fait que j'ai menti,
20:03 c'est-à-dire que je suis arrêté une première fois, je mens,
20:06 c'est-à-dire que je cache deux, trois choses que je savais,
20:08 je savais pas grand-chose, mais deux, trois choses,
20:10 et le flic qui me relâche au bout de 48 heures me dit "si vous avez menti,
20:14 on vous retrouvera", et moi je sais que j'ai menti, mais lui aussi il le sait,
20:18 et il sait qu'à un moment donné il m'aura, quoi,
20:20 et quand il vient me rechercher, trois mois ou six mois plus tard,
20:24 il me dit "bon ben, vous avez joué et mal joué",
20:27 et ben j'ai dit "oui", et puis après il m'a embarqué,
20:30 et après j'ai passé 40 jours à la santé.
20:33 – J'ai deux questions, Dan, attention,
20:36 on n'est pas dans un commissariat de police, c'est le bonheur,
20:39 au bonheur des livres, mais pourquoi vous avez,
20:42 parce que le studio de Dan a servi quand même de logistique
20:45 à ce qui était en train de devenir Action Directe,
20:48 qui était quand même par rapport à la fraction Ramay-Rouge
20:51 et les Italiens un peu des charlots,
20:54 mais pourquoi vous leur avez loué leur studio ?
20:56 – Non, non, c'est l'arnaque totale,
20:59 j'avais un ami qui était un ami d'adolescence,
21:02 avec qui j'avais fait les 400 coups après mai 68,
21:05 quand on était gamin, qui me le demande,
21:08 et pour lui je dis non, je dis non parce que je sais
21:11 qu'on est rouillant, que moi j'ai pas envie, etc., c'est pas mon truc,
21:15 ils disent "bah pour moi c'est pour mon frère, pour mon cousin,
21:18 qui est déserteur et qui a l'âge au Nice", et moi je le crois.
21:20 – Non mais c'est quand même incroyable que des gamins d'enfance,
21:23 c'est-à-dire que non seulement vous avez ces histoires de manipulation
21:27 qui arrivent comme dans un lointain carré plus tard,
21:29 mais vous avez un copain d'enfance, c'est exactement comme si,
21:33 je sais pas, Jean-Marie apprenait que Johnny, son copain,
21:37 faisait partie du Zdejk ou d'un groupe d'extrême gauche,
21:40 c'est votre copain d'enfance avec qui vous…
21:42 – Et il met son cousin là-dedans, et je découvre, ça je le sais,
21:46 je comprends à un moment, au bout de deux mois,
21:48 je comprends que c'est pas clair, donc je vire le cousin,
21:51 et en fait j'ai appris par les flics que mon studio
21:54 était devenu une base de repli, la base téléphonique d'action directe,
21:58 et j'ai découvert au cours de l'enquête et au cours des interrogatoires,
22:03 la multitude de trahisons dont j'ai été l'objet,
22:07 la pire étant l'inversion des rôles, c'est-à-dire c'est lui qui trahit,
22:11 c'est pas moi qui trahit, et c'est vrai que tout ça,
22:15 c'est très compliqué cette histoire, parce que non seulement…
22:17 – Oui c'est l'intérêt du réveil.
22:19 – … c'est pas génial d'avoir fait 40 jours de prison,
22:22 mais surtout c'est une amitié trahie, moi je suis…
22:26 l'amitié pour moi c'est très essentiel, et donc tout ça a été très douloureux,
22:32 et c'est pour ça que j'ai mis 40 ans à écrire ce livre.
22:35 – Charles Rondon a écrit un peu la même chose sur Charles Rondon,
22:38 sur son informateur en Irlande,
22:40 – Très beau livre.
22:42 – Qui considérait comme étant son informateur pour aller du côté Lira
22:46 et voir les informations, et en fait il s'est rendu compte
22:48 que c'était un agent… – Il travaillait avec les Anglais.
22:50 – Oui il travaillait avec les Anglais, c'était un agent des services secrets britanniques.
22:54 – Le traitre.
22:55 – Je vous conseille de lire "L'arrestation de Dan Frank",
22:58 vous allez vivre toute une époque, et donc "Mes nuits blanches" de Jean-Marie Perrier,
23:03 avec les textes de Jean-Marie, évidemment à propos de tous ceux qu'il a croisés.
23:08 Il y a quand même un personnage…
23:12 Alors je voudrais simplement donner le palmarès de Jean-Marie Perrier,
23:18 parmi tous les gens que vous avez vus, meilleur acteur, Nicholson, dites-vous,
23:24 personnage le plus mythique, j'ai failli mettre des renvers au Fred Astaire, dites-vous,
23:30 et musicien hors catégorie, Eric Clapton.
23:35 – Absolument, absolument.
23:37 – Pourquoi ce trio ?
23:38 – Ah mais j'en sais rien, la seule chose que je sais c'est que c'est grâce à…
23:42 – Ça c'est Astaire.
23:43 – Oui, parce qu'il mettait une cravate lui, il ne mettait pas de ceinture,
23:47 et puis c'était l'élégance sur terre.
23:50 – Et vous expliquez Jean-Marie, c'est pour ça que je me suis permis de mettre une veste aujourd'hui,
23:55 ce qui n'est pas toujours mon cas, vous expliquez, vous qui avez connu toute cette génération,
23:59 qu'il n'y a rien de plus insupportable que tous ceux qui sont en fond les hiérarches de la critique rock,
24:06 qui sont déguisés, alors que vous, vous avez toujours été à la rencontre de des stars…
24:10 – Ah moi je jouais ceci, le Beat'em moi, avec une cravate.
24:13 – Avec une cravate, une veste, etc.
24:15 Alors qu'eux, ils sont déguisés en Beatles pour aller voir les Beatles,
24:17 qui sont en général pas vus d'ailleurs.
24:19 – C'est très très étrange de vouloir ressembler à quelqu'un d'autre,
24:21 ça c'est une chose qui m'a toujours fasciné,
24:23 et c'est vrai que pour Dylan c'était infernal, parce que je me souviens,
24:27 il était entouré de mecs, c'était aussi bien des professeurs que des journalistes que des étudiants,
24:32 et ils marquaient tout ce qu'ils disaient, donc si un jour à table il disait "Passez-moi le sel",
24:37 les mecs marquaient "Passez-moi le sel",
24:39 donc il était forcément givré toute la journée pour échapper à tout ça.
24:44 – Il y a eu une photo formidable de François Perrier, triste, parce qu'il a été quitté, votre papa,
24:50 et une photo extraordinaire de François Perrier, car je tiens à lui rendre hommage,
24:54 en train de danser comme un fou avec Georges Sempoi, c'est très émouvant.
25:00 Les autres livres que nous vous recommandons,
25:03 alors vous avez Martial Yu qui est un jeune éditorialiste qui a publié un livre qui s'appelle
25:08 "Les années 70 sont de retour", c'est publié aux éditions Fayard,
25:11 donc ce n'est pas une compilation, mais c'est un travail autour des années 70, voilà, on les a évoqués.
25:19 Parmi les personnages qui ont un peu marqué cette époque,
25:22 il y a évidemment Jo Dassin et surtout Jules Dassin et Mélina Mercouri,
25:28 où là aussi on retrouve ce mélange entre la chanson, les variétés,
25:33 et en même temps le cinéma et l'engagement politique,
25:35 puisque ça a été le cas évidemment en Grèce de Mélina Mercouri,
25:40 n'oublions pas qu'à l'époque c'était aussi la Grèce des colonels.
25:43 Un personnage qui nous manque beaucoup, c'est évidemment Dabady, Jean-Louis,
25:48 à la fois les chansons qu'il a écrites pour Julien Clerc,
25:51 les films dont il a écrit le scénario, voilà, c'est aux éditions de l'Observatoire,
25:56 et c'est signé par Christophe Tardieu, et nous allons terminer par celui qui est,
26:01 alors je laisserai le dernier mot à Dan, qui est vraiment le joueur numéro un de la littérature française,
26:09 c'est-à-dire Georges Perrec-Jeux, c'est une librairie du 21e siècle,
26:13 seuil quelquefois de la littérature peut-être au-dessus de tout.
26:16 - C'est un immense écrivain bien sûr, avec un rapport à la lecture qui est formidable,
26:21 parce que c'est un joueur, il était olympien, c'est un joueur,
26:25 donc il a à la fois du jeu de la littérature, et il avait fait un jour,
26:29 il s'était assis au café de la mairie à la place Saint-Sulpice,
26:34 et il décrivait tout ce qu'il voyait, ça s'appelait "Tentatives d'épuisement d'un lieu parisien",
26:39 c'est un truc formidable, et un jour, j'ai écrit deux livres avec Anne-Kybille,
26:45 et on a eu l'idée de faire la même chose, de s'installer au même café,
26:49 et de regarder les femmes passer, ça s'appelle "Un siècle d'amour",
26:53 et on n'a pas fait du Pérec, parce que Pérec est inimitable,
26:57 mais cette qualité sociologique, parce qu'il était sociologue aussi,
27:02 sociologique de ce génie de la littérature était quelque chose d'extraordinaire.
27:06 - Je vous remercie vraiment d'être venus tous les deux, vos deux livres sont passionnants,
27:09 - Merci.
27:10 - Et les gens qui regardent "Au bonheur des livres", comme toutes les semaines,
27:14 vont se les arracher, en tout cas nous vous le souhaitons.
27:17 [Musique]

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