L'invité du jour - Pierre Richard

  • l’année dernière
Thomas Sotto a eu l'honneur et le privilège de rencontrer Pierre Richard chez lui. L'acteur publie ce jeudi 30 novembre le livre « Souvenirs d'un distrait » avec Christophe Duthuron. 
Transcript
00:00 - Bonjour Pierre-Richard. - Bonjour Thomas.
00:02 Je suis très très heureux d'être là avec vous.
00:04 Merci infiniment d'accueillir Télématins chez vous.
00:06 On est vraiment très honorés.
00:08 Et moi quand je suis devant vous, j'ai 8 ans et demi,
00:10 je me mets à recroire au Père Noël.
00:12 Et j'ai envie de vous prendre dans mes bras.
00:14 - On y va ? - Si vous voulez, on peut commencer par ça.
00:16 Il n'y a pas de problème.
00:18 On est là parce que vous sortez ce livre.
00:20 Pierre-Richard avec Christophe Duturon.
00:22 Souvenir d'un distrait.
00:24 Ça sera aujourd'hui aux éditions du Cherchemily.
00:26 Mais dites-moi, pour commencer, il y a un truc qui ne colle pas.
00:28 Normalement quand on est distrait,
00:30 comment on fait pour avoir de la mémoire et des souvenirs ?
00:32 Quand on est distrait, on oublie tout, non ?
00:34 Oui, a priori.
00:36 Mais curieusement, je suis distrait
00:38 pour les choses qui ne m'intéressent pas.
00:40 Et dès que ça m'intéresse, je ne le suis plus.
00:42 - Vous êtes sélectif en fait. - Oui, j'ai une distraction sélective.
00:46 Les choses qui m'intéressent, les choses qui m'amusent,
00:48 les choses qui m'ont ému, je m'en souviens très bien.
00:50 Et puis tout le reste, et ça fait beaucoup,
00:52 tout le reste m'emmerde carrément.
00:54 Dans ce livre, pendant 170 pages,
00:56 vous essayez de nous démontrer,
00:58 souvent par l'absurde, que vous n'êtes pas distrait.
01:00 Même si vous écrivez avec une certaine lucidité,
01:02 il faut bien le reconnaître,
01:04 "Personne ne semble accorder le moindre crédit à mes dénégations."
01:06 Est-ce qu'elle vous a pesé cette étiquette de distrait dans la vie ?
01:10 Oui, un peu quand même.
01:12 D'autant plus que je n'ai jamais fait qu'un film sur la distraction, le distrait.
01:18 Si vous regardez la suite des films que j'ai faits,
01:20 j'ai été malchanceux,
01:22 j'ai été contestataire,
01:24 j'ai été maladroit,
01:26 mais je n'ai pas été distrait dans les autres films.
01:32 Même si vous voyez "La Chèvre",
01:34 je tombe dans une fosse.
01:36 Mais sinon, je ne suis pas distrait.
01:38 Je suis malheureux.
01:40 Il m'arrive des malheurs.
01:42 Vous n'êtes pas malheureux dans la vie ?
01:44 Non.
01:46 Je suis particulièrement heureux, même.
01:48 C'est pour ça que je peux regarder le malheur d'un œil rigolard.
01:50 Dans ce bouquin, mine de rien,
01:52 vous faites rimer "sourire et réfléchir",
01:54 comme dans ce chapitre qui s'appelle "La gueule de l'emploi".
01:56 Et quand on parle "gueule de l'emploi",
01:58 forcément, moi, j'ai envie de vous faire entendre ça.
02:18 Mustaqui était vraiment un ami.
02:22 Il habitait à l'île Saint-Louis à cette époque.
02:26 Il n'avait pas encore fait ses tubes.
02:28 Il en avait fait quelques-uns pour Edith Piaf.
02:30 Et on se voyait tout le temps.
02:32 On ne se disait pas quand, on se disait à demain.
02:34 Vous racontez que vous dormiez chez lui,
02:36 dans sa cuisine, souvent.
02:38 On avait fait une tournée ensemble.
02:40 "Les Cascades", c'était une pièce avec Jean Bouchot et mes amis.
02:44 Il était tout à fait disponible.
02:46 On tournait avec nous et il jouait de l'harmonium.
02:48 Et justement, à propos de cette chanson,
02:50 un jour, il nous a dit, on était en tournée,
02:52 donc on était dans un hôtel, mais des hôtels deux étoiles.
02:54 Un soir, il nous a dit,
02:56 "Venez dans ma chambre, je vais vous chanter,
02:58 mais j'ai écrit des nouvelles chansons."
03:00 Alors, on était tous assis,
03:02 on était quatre, cinq,
03:04 assis par terre contre le dos au mur.
03:06 Et lui, assis sur le lit.
03:08 (chantonne)
03:10 C'était l'époque de Claude François,
03:12 de Johnny Hallyday
03:14 ou de Dick Rivers.
03:16 Et nous, plus il chantait, plus on faisait "oum".
03:18 Et il nous dit,
03:20 "Qu'est-ce que vous en pensez ?"
03:22 On dit, "C'est bien, c'est bien."
03:24 Et à peine, on était dans le couloir,
03:26 après lui avoir dit "bonsoir", on s'est dit, "Le pauvre,
03:28 le pauvre, il va droit,
03:30 comme en pleine vague aillée,
03:32 avec ma gueule de métèque,
03:34 le pauvre."
03:36 Et le temps de retourner à Paris,
03:38 quinze jours après,
03:40 la chanson sort,
03:42 et elle casse tous les trucs.
03:44 Et à partir de là, il est devenu
03:46 la vedette de la chanson que vous connaissez.
03:48 - Vous dites que vous partagez la même inclination
03:50 pour les chemins de traverse. Pour le reste,
03:52 c'est un peu ying et yang, vous deux.
03:54 "Lui, les soucis, il s'en faisait des bouquets",
03:56 écrivez-vous, "quand vous vous décrivez comme un jeune acteur
03:58 intranquille." Et aujourd'hui,
04:00 elle en est où, l'intranquillité de Pierre Richard ?
04:02 - Quand on a 25 ans, on se dit pas pourvu que je puisse.
04:04 Quand on a mon âge, on se dit pourvu que...
04:06 Alors je reste quand même intranquille
04:08 parce que j'ai des choses que j'ai envie de faire.
04:10 Un prochain film,
04:12 une prochaine tournée, justement, que je vais faire.
04:14 Mon Dieu, faut que j'apprenne tout ça,
04:16 faut que j'apprenne ce texte.
04:18 J'ai plus la mémoire d'avant,
04:20 je cours plus comme avant.
04:22 Des fois, on me dit,
04:24 "incroyable à voir vos yeux,
04:26 quelle jeunesse." Je dis, "oui, mais il n'y a plus que mes yeux."
04:28 Le reste, je brinque-balle.
04:32 Alors oui, je suis intranquille,
04:34 mais d'un autre côté,
04:36 d'un autre côté, ça me m'aide
04:38 à... -Avancer.
04:40 -Avancer. -Vous écrivez aussi,
04:42 "dans mon métier si prompte au délit de faciès,
04:44 on vous catalogue dès que vous avez passé la porte
04:46 du premier cours de théâtre,
04:48 et finalement, on se dit qu'on n'a rien inventé, qu'on mettait déjà des gens
04:50 dans les cases il y a 40 ou 50 ans." Parce que c'est à l'époque que vous...
04:52 -Oui, on appelait ça les emplois.
04:54 -Oui. -Alors on avait... -La gueule de l'emploi.
04:56 -On avait la gueule de l'emploi.
04:58 Alors il y en avait qui allaient... Evidemment, c'est pas difficile
05:00 de dire que quand
05:02 Delon s'est présenté, il avait déjà la gueule de séducteur, ça.
05:04 Il n'a pas eu à défaut
05:06 à faire. Il était beau comme
05:08 la beauté du diable, ou Gérard Philippe.
05:10 Et alors moi, je savais pas
05:12 trop ma gueule. J'étais ni l'un ni l'autre.
05:14 J'étais pas beau
05:16 forcément, j'étais pas un mannequin.
05:18 J'avais une tête à claques, quoi.
05:20 Et alors Dieu sait que là,
05:22 j'ai donné.
05:24 -Vous en avez pris, aussi. -J'ai reçu
05:26 les claques de tout le monde. -Vous aviez en commun
05:28 d'être des poètes avec Moustaki, mais aussi
05:30 avec Nougaro, qui a été votre voisin turbulent
05:32 du côté de Montmartre. "J'ai souvent
05:34 regretté que les oreilles n'aient pas de paupières",
05:36 écrivez-vous. À quoi servent les poètes dans une
05:38 société comme la société d'aujourd'hui ?
05:40 -Je crois que c'est nécessaire à la santé des gens.
05:42 Une chanson peut,
05:46 quand elle est belle, quand elle est poétique,
05:48 vous émouvoir beaucoup.
05:50 C'est important, ça, d'être ému.
05:52 Quand on l'est plus jamais, c'est grave.
05:54 -Pierre Richard veut aussi marquer l'histoire de la publicité,
05:56 notamment avec la musique de "Ragoutoutou" qu'on va entendre.
05:58 C'est parfait pour qu'on parte en pub
06:00 et on se retrouve juste après pour la suite de Télématin.
06:02 A goutoutou !

Recommandée